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Dès lors, leurs cordons rectilignes séparaient les étangs de la mer. Déjà les émissaires de ces étangs avaient leurs fits actuels, et les plus anciens moulins que les Rôles gascons montrent sur les ruisseaux n'ont pas bougé. Cordouan, dès l'ère chrétienne, était séparé de la terre ferme par un bras de mer aussi étendu qu'aujourd'hui: tout ce qu'on raconte de son rattachement au Médoc est phénomène de folk-lore. Folk-lore également les propos sur les villes disparues (la baie d'Anchise est une erreur de gravure, pour la baie d'Arcachon); folk-lore l'histoire des villages engloutis et des dunes qui marchent. Soulac n'a vu sa basilique investie par les sables que parce que les alentours en ont été négligés. Mais la dune voisine n'a jamais bronché.

M. Saint-Jours nous a offert un bel et rare exemple. Il s'est formé lui-même à la vie scientifique, il n'a cherché que la vérité; il ne l'a cherchée que par lui-même, la vue du sol et l'étude des textes; il a su la trouver. Et il a su renverser la plus tenace des erreurs, la plus contraire à la vraie science."

A la suite de la brillante conférence de M. C. Jullian, M. Emm. DE MARGERIE rappelle que, dès 1890, dans un compte rendu de la carte des Gaules de H. KIEPERT, inséré au Polybiblion, il a été l'un des premiers à protester contre l'hypothèse qui voyait dans les étangs littoraux de la Gascogne autant d'anciens golfes marins:

«Une pareille modification, écrivait-il alors, étant donnée l'altitude actuelle de la surface de ces nappes d'eau, conduirait à admettre que la côte s'est soulevée depuis l'époque romaine, suivant des proportions tout à fait inadmissibles. On sait, du reste, que les étangs des Landes résultent simplement du barrage opposé par la ligne des dunes à l'écoulement vers la mer des eaux pluviales, conformément à la pente générale du sol (1).»

M. Marcellin BOULE traitera au point de vue préhistorique des travaux de M. SAINT-JOURS dans la prochaine séance de la Section.

Une demande de souscription pour l'ouvrage de M. Eugène COQUIDÉ, Côtes et plages de France, est renvoyée à l'examen d'un rapporteur.

(1) Polybiblion, partie littér., t. LIX, 1890, 2° sem., p. 440.

M. Étienne AYMONIER rend compte de cinq fascicules de la Revue des questions coloniales et maritimes:

Je dois faire abstraction des nombreux articles de polémique courante, me borner à relever les quelques notions précises qui me semblent devoir être glanées.

Dans le numéro 351, mars 1914, M. Camille FIDEL parle de l'Emprise allemande sur l'Afrique équatoriale et centrale. Il constate que la voie ferrée de 1,250 kilomètres qui relie Dar-es-Salam, sur l'océan Indien, à Kigoma, sur le grand lac Tanganyika, a été ache-` vée en neuf années, soit quatorze mois de moins que ne l'avaient prévu les ingénieurs. Elle a coûté 125 millions de marks. Elle tirera son importance non pas tant de la richesse des pays allemands qu'elle traverse, que du trafic qu'elle doit drainer des possessions belges, à l'ouest du grand lac.

A l'Est, par cette voie ferrée et aussi par d'autres projetées, à l'Ouest, par les deux antennes arrachées à la France en 1911, l'immense Congo belge était fortement menacé, sans nul souci du droit de préemption de la France.

(Aujourd'hui, la grande guerre, effrontément déchaînée par l'Allemagne, fera évanouir, peut-on espérer, tous les rêves africains et coloniaux de cette puissance insatiable.)»

M. Jean DONON termine son article sur La Question indigène dans l'Afrique du Nord, en préconisant, à côté du développement de la colonisation européenne, la préservation des races indigènes et la propagation énergique de l'instruction des enfants de ces races, tant filles que garçons, afin d'activer l'évolution et la francisation de ces indigènes et l'amélioration de leur sort.

A mon avis, les événements actuels, où les Africains contribuent largement à la défense nationale, rendent peu contestables ces conclusions de M. Jean Donon.

Le numéro 352, avril 1914, contient une étude claire et bien documentée du sénateur Lucien HUBERT sur Les Travaux publics au Maroc: ports, routes et chemins de fer.

Notre beau et riche Maroc est dépourvu de bons ports: la bande espagnole ayant pris les meilleurs, ne nous laissant que les installations médiocres et coûteuses sur l'Atlantique. M. Hubert signale à juste titre les avantages spéciaux du port fluvial de Kenifra, sis à 8 kilomètres de la mer à vol d'oiseau, à 16 kilomètres par la voie

du Sebou, et pouvant recevoir dès maintenant des bateaux calant 3 mètres ou 3 m. 20.

Le numéro 353, mai 1914, reproduit une conférence faite à la Société par M. Nahum SLOUSCH, qui a exploré la région de l'Atlas, à l'ouest de Marrakech. Il a visité le beau district de Demnat, plus loin la vallée de Telouet, à 2,000 mètres d'altitude, la riche oasis de Skoura, à environ 1,000 mètres d'altitude, et la fertile vallée de l'oued Dadès, un affluent du Draa, à 1,300 mètres d'altitude, où il a rencontré une population berbère sympathique, intelligente et d'esprit très ouvert.

En somme, pourrait-on ajouter, des perspectives d'avenir très réconfortantes pour notre plus récente acquisition coloniale.

Le numéro 354, juin 1914, ne m'est pas parvenu.

Dans le numéro 355, juillet-août-septembre 1914, on peut citer une conférence de M. Eugène GALLOIS sur La France en Turquie d'Asie.

Le distingué voyageur fait ressortir le grand prestige de la France en ces contrées, résultat, pour la majeure part, de l'œuvre éducatrice de nos religieux et de nos religieuses. Partout on entend parler le français.

Le numéro 356, octobre-novembre-décembre 1914, ne contient, par suite des passionnants événements de la guerre, que des articles d'actualité, où rien n'est à signaler. "

M. Henri CORDIER examine le numéro de janvier 1915 du Geographical Journal, moins varié qu'à l'ordinaire : il renferme les mémoires suivants, dont, dit-il, je ne ferai qu'énumérer les titres : La géographie de la guerre, par Hilaire BELLOC; L'Afrique orientale portugaise entre les rivières Zambèse et Sabi; considérations sur la relation de ses caractères tectoniques et physiographiques, par E.-O. THIELE et R.-C. WILSON; Besoins cartographiques de la géographie physique, par Alan-G. OGILVIE.

« Je note la découverte d'une grande carte manuscrite du monde, par Juan VESPUCCI, neveu d'Amerigo, datée de 1526. Juan Vespucci fut un pilote habile et un bon cartographe, et lorsque Sébastien Cabot mit à la voile pour le Brésil, il fut en 1526 l'un des deux marins désignés à sa place pour l'admission des pilotes. Il semblerait que la carte de Vespucci se rapprocherait de celle de Maiollo de 1527. Il est à noter que, tandis que Maiollo, Verrazzano, Ribero

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et d'autres faisaient du Yucatan une île, Vespucci le rattache au continent par une étroite bande de terre. Cette carte, qui a près de 3 mètres de long, a été vendue par le libraire Quaritch à la Société hispanique d'Amérique. La nécrologie renferme des notices sur William Woodwille ROCKHILL, qui fut ministre américain à Peking et à Athènes, ambassadeur à Pétrograd et à Constantinople, mort le 8 décembre à Honolulu. M. Rockhill est bien connu par ses voyages au Tibet, sa traduction de l'ouvrage géographique du Chinois Tchao Jou-koua, et son édition pour l'Hakluyt Society des voyages de Guillaume de Rubrouck; du géologue Henry GANNETT, qu'on peut considérer comme le véritable représentant du Geological Survey des États-Unis; de Richard Nicklin HALL, dont les recherches dans les ruines de la Rhodesia, en particulier à Zimbabwe, ont eu tant de retentissement. "

A propos du compte rendu donné par M. Cordier des derniers numéros du Geographical Journal, M. Emm. DE MARGERIE ajoute quelques détails nécrologiques sur Henry GANNETT (1846-1914), membre correspondant des Sociétés de géographie de Paris et de Londres, et dont l'œuvre topographique, cartographique et statistique est considérable. Ce savant avait pris, à partir de 1872, une part active au levé des territoires de l'Ouest, et notamment du célèbre Parc National» du Yellowstone et du Colorado, sous la direction du Dr F.-V. Hayden. Il devint en 1879, lors de la fondation de l'United States Geological Survey, géographe en chef de ce service, fonction qu'il conserva pendant plus de trente ans. On lui doit un Dictionary of altitudes in the United States, qui a eu de nombreuses éditions. Enfin les atlas qu'il a fait paraître, à la suite des 10°, 11o et 12° recensements des Etats-Unis, ont formé la base de tous les travaux qui ont été consacrés depuis à la démographie de la grande république: «La géographie américaine, dit M. de Margerie, perd en Gannett un de ses représentants les plus distingués, dont le rôle, pour accélérer ses progrès, a été particulièrement remarquable."

M. Emm. DE MARGERIE lit un rapport sur les dispositions générales relatives aux cartes et plans de l'hydrographie française. [ Voir Comptes rendus.]

M. RENAUD remercie M. de Margerie des éloges qu'il a donnés

GEOGRAPHIE, Nos 1-2.

1915.

B

au Service hydrographique. Aux considérations qu'a exposées le rapporteur, il demande à ajouter quelques mots :

L'ouvrage de Signes conventionnels et abréviations de l'hydrographie française offre un véritable intérêt national. La France a toujours eu une réelle supériorité pour la netteté et la clarté de ses cartes marines qui, de ce fait, sont universellement appréciées des navigateurs. Or, depuis quelques années, on peut constater une tendance marquée à l'unification des signes conventionnels des documents hydrographiques publiés par les différentes puissances maritimes. La carte marine étant avant tout un instrument de navigation, il n'est pas étonnant que les hydrographes des divers pays arrivent, pour résoudre le même problème, à des solutions analogues. De plus, il y aurait un grand intérêt à ce qu'une carte hydrographique puisse être lue par tout navigateur, quelle que soit sa nationalité. Pour arriver à ce résultat, une conférence s'est tenue à Pétrograd en mars 1912; elle a étudié par quels moyens on pourrait établir une entente à ce sujet entre les différents bureaux hydrographiques. A cette réunion, les signes conventionnels des cartes françaises ont obtenu un grand succès.

Aussi un des buts de l'ouvrage que vient de publier le Service hydrographique est-il de grouper les dispositions adoptées pour les cartes marines françaises et de mettre en évidence leur qualité de clarté et leur caractère d'universalité, en vue de leur adoption pour le type de la carte marine, dont toutes les carles étrangères. doivent se rapprocher. »

M. Paul BOYER rend compte de l'ouvrage de M. A. WOEIKOF, Le Turkestan russe, qui fait l'objet d'une demande de souscription. [Voir Comptes rendus.]

M. Charles DE LA RONCIÈRE présente le Catalogue des cartes dressées par le géographe DELISLE, par M. ISNARD, du Service géographique de la Bibliothèque nationale. La Section vote l'insertion de ce travail dans le Bulletin. M. Henri CORDIER se propose d'y ajouter le Catalogue des travaux de Delisle conservés à la Bibliothèque des cartes et plans de la Marine ainsi que dans celle de l'Observatoire de Paris.

La séance est levée à 5 heures.

Le Secrétaire,
Henri CORDIER.

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