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Neustadt et Eischstaedt, ne sont point démunies de livres à offrir au public; Lindau possède plus de 16,000 volumes, et il existe également des collections à Aschaffembourg, à Dillingen, à Amberg, à Kempten, à Passau.

L'origine de la bibliothèque municipale de la ville de Ratisbonne remonte à l'an 1430, époque où le chanoine Conrad d'Hildesheim donna quelques manuscrits de jurisprudence. Jusqu'à l'époque de la réforme, il ne paraît pas que cette collection ait contenu autre chose que des livres de droit. Les controverses du xvr siècle dirigèrent l'attention vers la théologie; une collection spéciale fut formée pour le clergé, aux frais de la ville. Vers le milieu du XVIIIe siècle,

on résolut de fondre ensemble toutes ces collections isolées, et de construire un édifice destiné à les loger. Ce projet fut accompli en 1784. En 1790, la bibliothèque contenait 40,000 volumes et 16,000 opuscules. Les ouvrages les plus rares et les plus précieux ont, depuis, été enlevés et transportés à Munich; mais il paraît que la bibliothèque de Ratisbonne possède encore 25,000 volumes, auxquels le public a accès deux heures chaque jour, le dimanche excepté (34).

La bibliothèque des princes de la Tour et Taxis, établie à Ratisbonne, est également ouverte au public depuis 1755, époque à laquelle le prince Charles-Anselme acheta la collection du baron d'Ickstalt, à Ingolstadt. Cette bibliothèque renferme une grande quan

tité de livres et de brochures concernant deux époques importantes de l'histoire d'Allemagne la guerre de Trente ans et la guerre de Sept ans. On y trouve aussi une réunion importante d'opuscules sur le droit, la médecine et la philologie.

Le couvent de Saint-Emmeran, de l'ordre de Saint-Benoît, établi à Ratisbonne, possédait jadis une importante bibliothèque; elle a été transportée à Munich. On peut juger de son mérite en parcourant le catalogue, qui a été imprimé en latin, 1778, 4 vol. in-4.

L'antique cité de Nuremberg, placée au cœur de la vieille Allemagne, est celle où les vieux objets d'art, les livres séculaires abondent le plus.

En 1445, le docteur Conrad Kuchnofer offrit au sénat de Nuremberg quelques livres, comme base d'une bibliothèque municipale; la suppression des monastères vint, à l'époque de la réforme, fournir des matériaux considérables. En 1538, les livres ainsi rassemblés furent placés dans le couvent des Dominicains, où ils sont encore. En 1565, un ami de Mélanchthon, Jérôme Paumgaertner, fit don d'une collection importante, et de nombreux bienfaiteurs imitèrent cet exemple durant deux siècles. Vers 1750, C.-J. Imhoff légua une réunion nombreuse de livres bien choisis, et où se trouvait une Bibliotheca

(34) Il existe un ouvrage en allemaud de C. Th. Gemeiner (1785, in-8) sur les ouvrages imprimés an xv siècle et que possède la bibliotheque de Rati sbonne. Une notice de ce même savant sur

rerum Norimbergensium. En 1766, le sénat acheta pour 15,000 florins la bibliothèque de A.-R. Solger, contenant environ 8500 volumes, et parmi lesquels on distinguait une importante collection d'éditions du xv siècle. Peu de temps après, un ministre luthérien légua une Bibliotheca Melanchthoniana, composée de 2000 articles environ. Le syndic J.-C. Zeitler légua en 1773 une collection curieuse, comprenant un millier de volumes, et réunissant tous les ouvrages des jurisconsultes qui avaient professé le droit à Altdorf.

Dans le cours du siècle actuel, le sénat de Nuremberg a augmenté l'utilité de la bibliothèque municipale en y incorporant trois collections distinctes qui étaient déjà publiques, mais qui étaient logées à part. C'étaient, 1° la collection d'ouvrages sur Nuremberg et ses environs, réunis par le professeur G.-A. Will, d'Altdorf, et connue sous le nom de Bibliotheca Norica Williana; 2° la collection Marperger, comprenant plusieurs milliers de volumes, et relative surtout à la jurisprudence; 3° une collection de 700 volumes, la plupart ascétiques, et connue sous le nom de Bibliothèque des Convertis.

La ville de Nuremberg possède plus de 50,000 volumes et 800 manuscrits. On distingue parmi ces derniers quelques-unes des productions du cordonnier Hans Sachs, infatigable auteur dramatique; un manuscrit hébreu, curieux pour l'histoire des Juifs au moyen âge, et saisi lorsqu'ils furent, en 1499, expulsés de Nuremberg; le manuscrit original du traité de Mélanchthon, De anima; un livre de prières orné de belles miniatures, et qui fut donné, comme l'atteste un envoi du temps, « par le roy de France, Charles, à madame la Royne d'Engleterre » (femme d'Henri V). Citons enfin la moitié du manuscrit autographe de l'ouvrage d'Albert Durer sur les proportions humaines; l'autre moitié est à la bibliothèque royale de Dresde.

Il y a un siècle et demi environ, un touriste qui a laissé de ses voyages un récit intéressant, Keysler, visita la bibliothèque de Nuremberg, et il parle avec éloges du zèle du conseil municipal, qui « n'épargnait rien pour procurer tous les bons ouvrages nouveaux. » Il mentionne une anecdote fort apocryphe au sujet de la Bible de Luther, « qui fut retirée d'un grand feu sans avoir reçu le moindre dommage; » et il dit qu'on conserve le portefeuille de l'électeur Jean-Frédéric, sur lequel sont inscrites les notes que prenait ce prince lorsqu'il assistait aux sermons de Luther. Il ajoute que les catalogues des collections provenant des couvents sont encore conservés avec grand soin, tels qu'ils avaient été dressés.

Un voyageur plus moderne, M. Whitling,

l'acte original de la Confession d'Augsbourg conservé dans les archives de la ville, a été publié en 1818, in-4.

dit qu'en 1848 la bibliothèque de Nuremberg était exposée à une chance permanente et redoutable de destruction, le premier étage du local où elle était placée servant à loger des matières très-inflammables. Il faut espérer que cet état de choses n'existe plus; sinon, les administrateurs nurembergeois seraient inexcusables (35).

M. de Reiffenberg, dans son Pèlerinage à Munich (1840), donne une description curieuse de la bibliothèque de Nuremberg : « Fondée au commencement du xvr siècle, elle retrace fidèlement cette date. On y arrive par un escalier étroit et en spirale; les salles sont basses; le jour pénètre avec difficulté à travers des fenêtres à petits carreaux où le plomb tient autant de place que le verre ; des tableaux, vieux et noirs, aussi poudreux que les tables et les rayons, ajoutent à l'obscurité vénérable de ce lieu; presque tous les livres se montrent sous une reliure gothique. »>

La collection des incunables présente près de 2,000 articles. On y remarque les Méditations de Jean de Turrecremata, Rome, 1467, avec 34 figures sur bois; le Décaméron de Beccace, imprimé à Mantoue en 1472; un exemplaire sur vélin du Rationale de Durand, imprimé à Mayence en 1459. Un Térence de 1538 porte, au verso du titre, une note autographe de Luther. Erasme y est appelé : hostis omnium, Epicuri Lucianique perfectum exemplar et idea.

On compte, à la bibliothèque de Nuremberg, près de 700 Bibles, parmi lesquelles brille celle de Mayence, 1462.

Les manuscrits relatifs à la théologie sont au nombre de plus de 500; on distingue un Nouveau Testament et un Evangéliaire grec du xir siècle et un volume hébreu, le Machazor ou collection de prières et cantiques avec miniatures; les Juifs de Vienne voulurent le racheter en payant chaque feuillet un ducat, et il y en a 528.

La bibliothèque nurembergeoise ou norique de Will est classée systématiquement; elle réunit tout ce qu'on a pu découvrir de manuscrits, de gravures et d'imprimés relatifs à l'histoire de Nuremberg depuis les temps les plus reculés.

Un honorable citoyen de cette ville, M. Mayer, s'occupe, depuis sa jeunesse, de réunir une bibliothèque historique locale. Elle contient déjà quelques centaines de manuscrits, beaucoup de documents, de dessins, de gravures, etc., mais c'est une propriété privée.

(55) Mentionnons ici quelques ouvrages relatifs à la bibliothèque en question: J.-S. Aubert, Historia bibliothecæ reipublicæ Norimbergii duabus orationibus illustrate; accessit catalogus librorum proximis ab inventione typographiæ annis usque ad A. C. 1500 editorum. Norimbergæ, 1643, in-12; C.Th. de Murr, Memorabilia bibliothecarum Norimbergensium et Universitatis Altdorfinæ. Norimb., 1786-89, 3 tom. in-8; C.-C. Ranner, Beschreibungder

Arrivons à Bamberg. La bibliothèque de cette ville a pour base celle du couvent des Jésuites; le prince-évêque Jean-Godefroy d'Aschhausen appela ces religieux en 1630, et, non content de leur donner 5000 florins pour former une bibliothèque, il leur fit don des livres qui lui appartenaient. La collection s'accrut graduellement, et lors de la suppression, de l'ordre elle passa au pouvoir de l'U niversité. Le prince-évêque François-Louis d'Erthal lui fit don de 2000 volumes, et fit construire un local pour loger la collection, qui était alors formée de 18,000 volumes. En 1803 et dans le cours des années suivantes, la sécularisation de nombreux couvents vint apporter, dans la bibliothèque de Bamberg, une foule de livres précieux. Le chapitre de la cathédrale de Bamberg possédait près de 2000 manuscrits, la plupart sur vélin et remontant au x, au xi et aux siècle. D'autres monastères avaient de précieux incunatemps dépourvus d'arrangement. bles; mais tous ces trésors restèrent long

la bibliothèque du duc Charles de Deux-Ponts, En 1809, Bamberg reçut du roi de Bavière léguée à ce souverain. La médecine (par suite de l'acquisition des livres du docteur Huefel), l'histoire et la littérature françaises formaient la majeure partiede cette collection, qui, avant d'arriver à Bamberg, fut fortement réduite, et qui comprenait toutefois encore près de 11,500 volumes qui furent conservés et catalogués séparément. Divers dons se succédèrent, et parmi eux on distingue une collection de 70 Bibles offerte par la Société biblique anglaise, et 250 volumes relatifs à l'histoire d'Angleterre, donnés par le gouvernement anglais. En 1849, un écrivain qui s'est occupé avec beaucoup de zèle de l'histoire des arts, Joseph Heller (36), légua une précieuse bibliothèque artistique formée de 6000 volumes et comprenant une suite presque complète des ouvrages d'Albert Durer, de très-rares gravures des anciens maîtres allemands, de nombreux manuscrits relatifs à d'ouvrages du xv siècle imprimés à Nureml'histoire de la Franconie, et une collection berg. Cette collection importante est classée à part.

La bibliothèque de Bamberg a eu un bonheur dont bien d'autres collections beaucoup plus importantes n'ont point joui; elle a eu un conservateur plein de dévouement et de longues années, avec une véritable passion, zèle. Le docteur Jaeck a travaillé, durant de à accroître la bibliothèque qui lui était contoutes les occasions qui s'offraient à lui, il est fiée; à force de soins et en mettant à profit parvenu à l'enrichir d'un grand nombre d'ou

Nuarnberger Studtbibliothek, Nurnberg: 1821, in-8.

(56) Parmi les ouvrages justement estimés de cet auteur laborieux, nous signalerons ses travaux sur la vie et les œuvres de Lucas Cranach et d'Albert Durer, son Histoire de la gravure sur bois, son Dictionnaire des Monogrammes, son Manuel de l'amateur d'estampes, etc. Tous ces écrits sont en allemand. (Voir le Manuel du libraire, t. II, p. 536.)

Elle est ouverte au public tous les jours, excepté les dimanches.

vrages importants. Aujourd'hui elle possède environ 3200 manuscrits, et 70,000 volumes imprimés; dans ce chiffre est compris le nombre des volumes qu'on peut assigner à une réunion de 150,000 dissertations, oraisons funèbres et pièces de tout genre. Jaeck, après avoir consacré sa vie à administrer la bibliothèque qui, pour lui, était le monde entier, lui légua, en mourant, tout ce qu'il possédait.

Cette collection occupe vingt chambres ou corridors de l'ancien collége des Jésuites. Le catalogue méthodique remplit 209 volumes. Les livres sont partagés en vingt classes différentes.

Un catalogue rédigé en allemand de la bibliothèque dé Bamberg a été publié par H.-J. Jaeck en 4 vol. in-8 (Nuremberg, 1831-36). Les deux premiers volumes sont consacrés aux manuscrits; le tome I" fait connaître plus de 1100 manuscrits du vir au XVIII siècle; le tome II décrit plus de 1500 inanuscrits; la majeure partie de ces codices sont

inédits.

La bibliothèque de l'Université de Wurzbourg fut fondée, ainsi que l'Université, vers 1582, par le prince-évêque Jules Echter de Mespelbrunn, et, grâce à sa libéralité et à son zèle, elle fit, durant la vie de ce prélat, des progrès sensibles. Au commencement du siecle suivant, elle souffrit beaucoup des ravages de la guerre, ainsi que les autres villes de la Franconie.

Le grand-duché de Weimar renferme trois bibliothèques considérables: 1° celle des ducs de Weimar, fondée en 1691 par le duc Guillaume-Ernest. Elle s'accrut d'une façon notable par l'achat des collections de Lilienstein, de Logau et de Schurszfleisch. En 1766, elle fut retirée du château ducal afin d'être transportée dans le château français, circonstance heureuse, car le local qu'elle occupait avant ce déménagement devint la proie d'un incendie. Sous le gouvernement du granddue Charles-Auguste, elle fut considérablement augmentée, et un nouveau catalogue en fut dressé. Elle contient maintenant à peu près 140,000 volumes (37), et la bibliothèque militaire, conservée à part, en possède plus de 4000. Une somme de 1500 à 2000 thalers est affectée chaque année à des acquisitions nouvelles.

2 La bibliothèque de l'Université de Iéna fut créée en 1548, par le don que fit l'électeur Jean-Frédéric le Magnanime de l'ancienne collection du château de Wittemberg, composée de 3142 volumes. Les collections de divers savants, tels que Sagittarius, Danz, Birckner, etc., les livres provenant des couvents supprimés, des achats successifs, ont élevé graduellement cette bibliothèque au chiffre de 100,000 volumes tout au moins.

(37) Il existe un travail de N.-L. Schurtzfleisch : Notitia bibliothecæ principalis Vimariensis, Francofurti, 1712, in-4; le Journal von und für Deutschland a donné en 1789 (9 cahier) une descripLion succincte de la bibliothèque de Weimar. Vulpius a, dans ses Curiositäten, décrit quelques-uns des ouvrages les plus précieux que renferme celle collection. Voir aussi le Guide à Weimar, rédigé par DICTIONN. DE Bibliologie.

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3° La bibliothèque du Gymnase d'Eisenach, fondée en 1686 par le recteur Valentin Weinrich, et portée depuis à une certaine importance.

La bibliothèque de la ville de Gotha offre un intérêt réel. Le duc Ernest le Pieux, fondateur de la maison régnante de Gotha, en fut le créateur; enrichie par l'achat de diverses collections particulières et par l'annexion de la bibliothèque d'Altenbourg, elle a reçu, dans le cours du siècle dernier, un grand nombre de manuscrits et de livres anciens. Aujourd'hui on l'évalue à près de 160,000 volumes.

Le Gymnase de Gotha possède aussi une bibliothèque de quelque importance.

A Cobourg, on trouve deux bibliothèques dont la réunion donnerait 27,000 voluines environ. L'une a été fondée par le duc JeanCasimir; l'autre, d'origine plus moderne, l'a été par le duc Albert III en 1699.

A Meiningen, la bibliothèque du château renferme 40,000 volumes; le lycée de Saalfeld et le château d'Altenbourg possèdent des collections de livres ; il y en a d'autres à Dessau et à Coethen, au Gymnase de Gera. La ville de Rudolstadt a 40,000 volumes environ, et à Arolsen, dans la principauté de Waldeck, on trouve une bibliothèque de 30,000 volumes.

La bibliothèque de l'Université de Marbourg est la plus importante de celles que présente le grand-duché de Hesse. Formée, dans le principe, par la réunion des collections appartenant aux couvents, elle s'est graduellement accrue jusqu'à dépasser le chiffre de 100,000 volumes (38).

La bibliothèque de Cassel, créée au milieu du siècle dernier et d'abord peu considérable, s'accrut, grâce au don que fit le conseiller Philippe Jenning de sa riche collection; l'électeur Frédéric II fit construire alors pour la loger un édifice d'une grande beauté. Elle possède aujourd'hui 70,000 volumes environ; elle est riche en ouvrages d'histoire, et on y remarque une réunion à peu près complète des éditions de Bodoni.

Citons aussi, quoique bien moins considérable, la bibliothèque de Fulde, celle du Gymnase de Rinteln, et celle de la Société d'histoire naturelle de la Wetteravie, qui se trouve à Hanau et qui n'est point dénuée d'impor

tance.

Le grand-duché de Hesse-Darmstadt est encore mieux partagé; la bibliothèque de Darmstadt renferme près de 125,000 volumes; celle de l'Université de Giessen, plus de 100,000; la bibliothèque publique de Mayence en compte au moins 90,000.

Karl Gruebner, Erfurt, 1830. En 1740, le voyageur Keysler visita cette bibliothèque, et il la signale comme une des plus belles qu'il y eût alors en Allemagne.

(38) Le docteur C.-F. Hermann a publié en 1858 un Catalogus codicum manuscriptorum qui in bibliotheca academica Marburgensi asservantur latinorum, Marburgi, in-4.

9

Dans le duché de Nassau, la ville de Wiesbaden possède une bibliothèque publique de 50,000 volumes, et la ville libre de Francfort en renferme une qui a été fondée en 1484 par Louis de Marbourg, et qui contient 100,000 volumes environ. Elle est riche en ouvrages des premiers temps de la typographie. On cite aussi, à Francfort, la bibliothèque de la Société d'histoire naturelle.

La bibliothèque de l'Université de Greifswalde remonte à l'an 1604; elle s'est accrue, grâce aux legs qui lui ont été faits de diverses collections; c'est ainsi qu'elle reçut de J.-S. Scheffel 888 volumes, de A. Dreyser 2818 volumes, et de J. Ahlwardt, en 1792, 3143 volumes. La bibliothèque est ouverte tous les jours, et le prêt au dehors se fait à des conditions libérales. En 1843, on comptait 27,543 volumes. Un catalogue fort arriéré aujourd'hui a été publié par J.-C. Duehnert 1775-76, 3 tom. in-4.

Il y a aussi, à Greifswalde, une bibliothèque publique de jurisprudence (ou bibliothèque du tribunal suprême), qui fut d'abord établie à Weimar dans le xvir siècle, mais qui devint victime d'un incendie en 1781; on ne put sauver que quelques manuscrits. Le rétablissement de cette collection fut immédiatement entrepris, et fut secondé par des dons généreux. Le tribunal suprême ou Cour d'appel ayant été transporté de Weimar, d'abord à Stralsund en 1802, ensuite à Greifswalde en 1803, la bibliothèque subit ces déplacements; on en sépara ce qui n'avait pas rapport à la jurisprudence ou à l'histoire particulière de la Pomeranie. En 1844, cette collection comptait 5200 volumes environ, non compris les manuscrits et une réunion nombreuse de dissertations et de thèses. Elle a été ouverte au public depuis quelques années.

La bibliothèque municipale établie à Erfurt fut d'abord celle de l'Université, et sa fondation remonte à l'an 1440. En 1510, elle fut presque totalement détruite, et n'eut point d'importance jusqu'à 1717, époque où la munificence de Philippe-Guillaume, comte de Boinebourg, lui rendit de l'éclat, par suite du don qu'il fit généreusement de la belle collection dont il avait hérité de son père et qu'il avait considérablement augmentée. Il laissa aussi des fonds pour l'entretenir et 'accroître. Cette bibliothèque fut placée dans les locaux de l'Ecole de droit. Au-dessus de la porte on lit l'inscription: Hic mortui vivunt. Une statue du comte orne la grande salle, et au-dessous est cette inscription: Hic muti loquuntur. Plus tard, les livres des couvents supprimés et ceux du conseil municipal ont été joints à cette bibliothèque; on y a annexé également une petite mais ancienne collection de 900 volumes appartenant au

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collége Amplonien, fondé en 1412 par Amplonius Ratinck, et qui a subsisté jusqu'à 1816. Aujourd'hui Erfurt possède plus de 40,000 volumes et un millier de manuscrits.

La collection Boinebourg est digne d'une attention spéciale, par suite de la part que prit à sa création et à son arrangement l'ilÎustre Leibnitz, ami du comte. Ce gentilhomme, fort différent de la plupart des nobles allemands ses contemporains, entretenait une correspondance active avec un grand nombre de littérateurs et d'érudits, et il avait pour les publications bibliographiques un zèle dévoué. Il fit de grands efforts pour faire publier un catalogue de la grande bibliothèque de Wolfenbuttel; il cite comme un de ses livres favoris l'ouvrage de Naudé: Aris pour dresser une bibliothèque, et il engage vivement un de ses correspondants, le savant J.-C. Dieterich, à entreprendre un ouvrage semblable sur un plan plus étendu (G. Naudei liber De instr. bibl. mihi in primis carus est: remitte igitur eum proxime, aut accinge te operi quod urgeo bibliothecario).

Erfurt possède de plus une bibliothèque synodale fondée en 1646; elle contient quelques manuscrits hébreux, et une série intéressante d'éditions de la Bible.

Il nous reste à parler des villes anséatiques, beaucoup plus occupées d'ailleurs de commerce et de navigation que d'études littéraires ou scientifiques.

La bibliothèque municipale de Brême, fondée en 1636 par l'acquisition des livres du savant Melchior Goldast, s'est accrue lentemeut; Schmidt, dans l'ouvrage que nous avons déjà cité, ne lui donne pas (page 257) au delà de 16,000 volumes.

Le Gymnase de Brême possède une bibliothèque assez considérable.

Hambourg occupe un rang plus élevé. Créée en 1529 avec les livres du chapitre métropolitain, la bibliothèque de la ville fut ouverte en 1613 aux professeurs et aux élèves du Gymnase. Des bourguemestres, des professeurs, des savants, travaillèrent à l'agrandir. Le pasteur J.-C. Wolf lui fit don en 1739 de 25,000 volumes, et son frère Christian Wolf offrit, en 1749, 1200 manuscrits qu'il avait achetés aux héritiers d'Uffenbach. Aujourd'hui cette collection comprend plus de 200,000 volumes (39), sans parler d'une série de 20,000 dissertations. Les manuscrits sont au nombre de 5000 environ. On y remarque une Odyssée fort ancienne, et un Esope en latin, avec de curieux dessins. Le catalogue de cette bibliothèque n'a pas été imprimé. Le manuscrit, rangé par ordre alphabétique, remplit 40 volumes in-fol.

Hambourg possède aussi la bibliothèque du commerce (40), celle de la Société pour J. de Tournes, 1555, et les Figure del Nuovo Testamento, Lyon, 1554. Renvoyons aux ouvrages de D. Noune: Entwurf einer Geschichte... Essai historique sur la bibliothèque publique de Brême (1775, in-4.), et de J.-P. Cassel: Observationes litteraria de bibliotheca Bremensi (Bremæ, 1777, in-4). Un catalogue incomplet a paru en 1834, in 4. (40) Cette collection spéciale remonte à l'an

l'encouragement des arts et de l'industrie, la bibliothèque du Conseil d'hygiène, et une bibliothèque militaire.

En 1620, les magistrats de Lubeck réunirent les collections des diverses églises et de la municipalité, et fondèrent ainsi la bibliothèque de la ville, qui est arrivée aujourd'hui à près de 50,000 volumes; elle contient aussi 400 manuscrits. Elle a droit de recevoir, d'après une loi rendue en 1756, un exemplaire de tous les ouvrages imprimés ou publiés à Lubeck, et le produit d'une taxe prélevée sur toutes les ventes publiques de livres est consacré à l'agrandissement de la bibliothèque. Elle est ouverte tous les jours, excepté le dimanche. Deux mémoires rédigés par J.-G. Gessner, revus et publiés par L. Suhl (1782 et 1783, in-4), font connaître les ouvrages imprimés avant 1500, et de 1500 à 1520, que renferme cette collection.

Bibliothèques de la Prusse.

Berlin, ville de science et d'études sérieuses, possède vingt-neuf bibliothèques publiques. La bibliothèque Royale est la plus importante. Elle fut fondée par l'électeur Frédéric-Guillaume; en 1660 une salle lui fut réservée dans le château. Elle s'accrut aux dépens des couvents supprimés; diverses collections particulières lui vinrent par achats ou par dons. Négligée sous le règne tout militaire et despotique de Frédéric-Guillaume I", elle fut l'objet des soins du grand Frédéric, qui fit construire pour elle un nouveau local dont l'achèvement eut lieu en 1780; ce monarque fit l'acquisition de la collection remarquable du colonel Quintus Icilius. Le bibliothécaire Biester lui donna ensuite un classement nouveau.

Sous le règne de Frédéric-Guillaume III, elle reçut une allocation annuelle de 8000 thalers; on y joignit la bibliothèque espagnole du prince de Salm, les livres du botaniste Wildenow, ceux du président Jacobi à Munich, du professeur Arndt à Leipzig, et d'autres collections. On y réunit les doubles de la bibliothèque de l'Université de Munich, une partie de la bibliothèque de la ville de Posen, etc. Parmi divers legs importants dont elle a été l'objet, nous citerons celui qu'a fait un prélat, M. de Diez, lequel a voulu que ses collections, comprenant 17,000 volumes environ et 836 manuscrits, formassent un fonds séparé.

La bibliothèque Royale possède aujourd'hui plus de 425,000 volumes, et de nombreux manuscrits.

1735; elle comprend 40,000 volumes, et c'est, en son genre, ce qu'il y a de mieux en Europe. On remarque une réunion nombreuse de documents imprimés ou manuscrits relatifs à l'histoire de Hambourg. La collection de cartes et de plans est importante. Le catalogue de la bibliothèque du commerce est inprimé, et s'étend jusqu'à la fin de 1855; il est classé par ordre de matières.

Ajoutons qu'il existe à Hambourg un grand nombre de collections de livres qui, sans être publiques, dans l'acception du mot, sont toutefois d'un accès assez facile: telles sont les bibliothèques de la Société de jurisprudence, de la Société de phar

Parmi ces derniers, on remarque des papyrus égyptiens écrits en caractères démotiques; le savant Kosegarten, dans son ouvrage sur l'Ancienne littérature des Egyptiens, en a publié des fac-simile et des extraits. Les manuscrits orientaux sont nombreux et d'un grand prix. Il ne faut pas oublier divers ouvrages inédits et une volumineuse correspondance de La Croze, l'auteur du Lexicon Egyptiaco-Latinum, qui fut longtemps conservateur de ce vaste dépôt.

Le catalogue manuscrit de la bibliothèque de Berlin est soigneusement tenu à jour. On travaille à un catalogue méthodique qui oecupe déjà plusieurs volumes.

et

A partir de 1835, on a imprimé chaque année un Index librorum manuscriptorum impressorum quibus bibliotheca Regia Berolinensis aucta est. L'histoire de cette bibliothèque a été écrite en allemand par Fr. Wilken, 1828, in-8. En remontant à une époque plus reculée, on trouve les écrits de Chr. Hendreich Notitia bibliotheca Berolinensis (Berolini, 1687, in-4), d'Elreich, Entwurf einer Geschichte... (Essai historique sur la bibliothèque de Berlin, 1752, in-8), de Bodenschuz Ketua Bibliotheca Berolinensis æthiopica, cum præfat. J. D. Winckleri, Erlangen, 1752, in-8.

A Berlin, on s'est préoccupé des mesures à prendre pour combattre efficacement tout incendie qui viendrait à éclater dans cet établissement ou dans son voisinage. On a, dans ce but, établi des fils électriques qui partent des divers points de la bibliothèque et des logements des conservateurs, et qui aboutissent à l'état-major du corps des sapeurspompiers où un poste nombreux est toujours prêt à se porter, au premier signa', partout où un sinistre éclaterait. Une autre ligne télégraphique communique avec le ministère de la guerre, où se trouve constamment une compagnie d'infanterie mise à la disposition de la bibliothèque en cas d'incendie. Un seul mouvement d'une aiguille sur un cadran suffit pour indiquer l'existence du péril.

Une des collections berlinoises, la bibliothèque rabbinique du Betramidrasch ou école talmudique, a été l'objet d'un article inséré dans la Gazette nationale (Nationalzeitung) de Berlin, et reproduit dans le Serapeum do Leipzig, 1852, p. 39. Cette collection, ouverte au public, est importante; elle doit une partie de ce qu'elle possède à la libéralité d'un collectionneur zélé, R.-S. Gumpertz, qui, en

macie, du Collége médical, de la Société de pédagogie, de l'Harmonie, du Club des amis, des Loges réunies, etc.

Diverses bibliothèques particulières sont intéressantes. On cite celle d'un docteur en droit, M. J.-L. Hoffmann, auteur de quelques écrits sur l'histoire de la bibliographie, et de nombreux articies dans les journaux consacrés à la science des livres. M. Hoffmann a formé une réunion curieuse et intéressante de livres relatifs à ses études favo rites, On trouve chez lui notamment une réunion très-curieuse d'Indices librorum prohibitorum et de marques d'imprimeurs.

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