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251 fr. vente Libri en 1857; il avait été adjugé plus cher en Angleterre. Un exempl. sur vélin 30 1. st. vente Dunn Gardner en 1854.

Suidæ lexicon gr. In-fol.

Peu recherché.

Valerius Maximus. In-8, vél.

Parmi les éditions sans date publiées par Alde et qui sont d'un grand prix nous cite

rons :

Musaus, græce et latine, 1" édition,regardée comme le premier ouvrage qu'Alde ait imprimé; 395 fr. Libri. Il est décrit dans la Bibliotheca Spenseriana, qui donne, t. II, p. 179, un fac-simile des types grecs. Il y en a un autre dans l'ouvrage de Falkenstein; Geschichte der Buchdruckerkunst, Leipsig, 1840, p. 219.

Psalterium græcum, etc. Belle édition exécutée en rouge et en noir.

Lascaris De octo partibus orationis, in-4, volume rare, que M. Renouard regarde comme ayant été publié vers 1502.

Quintus Calaber, græce, in-4.

Galeomyomachia, tragoedia græca, opuscule de 20 pages imprimé avec les caractères du Museus; il y est question d'une guerre entre les souris et le chat (ou la belette). Une poutre qui écrase leur ennemi laisse la victoire aux souris. On peut consulter au sujet de ce livret très précieux le Manuel du libruire, t. II, p. 352, et Belve, Anecdotes of scarce books, t. III, p. 216. Un exemplaire non relié s'est trouvé en 1846 à la vente Delasize faite à Rouen, et il a été adjugé à 1105 fr. On connaît des exemplaires de ce livret à la bibliothèque impériale de Vienne, au Musée britannique, chez M. Trivulzio à Milan, dans la collection d'Elci à Florence, à la bibliothèque Mazarine à Paris.

Une ancre autour de laquelle se roule un dauphin, telle fut la marque qui, de bonne heure, fut placée sur les éditions aldines. Plusieurs imprimeurs ont fait usage, au frontispice des livres qu'ils publiaient, d'une ancre ressemblant plus ou moins à la marque adoptée par les Alde; parfois on a voulu signaler cette circonstance comme donnant quelque prix à des livres qui, d'ailleurs, en avaient fort peu. Parmi les typographes qui ont adopté l'ancre, ou peut nommer les frères Fr. et P.M. Marchetti de Brescia; mais les volumes sortis de leurs presses n'en sont pas plus recherchés. Nous avons également retrouvé l'ancre sur un Homère grec (Atrebutii, J. Crispinus, 1559-1567), sur les Justiniani edicta, E. Vignon, 1580, sur l'Isagogæ pars prima, Sancto Pagnino auctore, Avenione, 1525, etc., et sur d'autres volumes aujourd'hui oubliés, tels que le Scisma d'Inghilterra de B. Davanzati, Roma, G. Facciotto, 1602.

ALMANACH.- L'étymologie de ce mot est controversée; on l'a cherchée dans l'arabe, dans le saxon, dans le breton. Quoi qu'il en soit, c'est le nom vulgaire qu'on donne aux calendriers ou à tout ouvrage périodique ayant en tête ou à la fin un calendrier. Des écrits

tiquité, chez les Chinois, chez les Indiens. En de ce genre existent chez les peuples de l'anFrance, ils ne remontent pas au delà du XVI siècle. En 1533, Rabelais publia un Almanach calculé sur le méridional de la noble cité de Lyon.

Le premier almanach qui ait été imprimé, est, nous le croyons, celui que Jean Muller C'est un in-4° de 64 pages imprimé à Nurem(Johannes de Monteregio) publia vers 1475. berg. Une autre édition, Venise, 1476, est un indiqué au frontispice la date de l'impresdes plus anciens ouvrages sur lesquels on ait sion et les noms des imprimeurs; ces détails volume. Une traduction italienne, sortie des se plaçaient alors habituellement à la fin du mêmes presses, parut simultanément. Ce livre eut une grande vogue; il donna lieu à une foule d'imitations; on y plaça des indidicaux, et afin de stimuler davantage la cucations météorologiques, des préceptes médes prédictions, qui attirèrent les regards de riosité publique, on ne tarda pas à y insérer

l'autorité.

Le roi d'Angleterre Henri VIII lança une dont on se servirait pour abuser la crédulité ordonnance contre les fausses prophéties publique; mais ses efforts furent superflus, et l'Angleterre, dans la seconde moitié du xvi siècle, ne vit guère d'ouvrages obtenir autant de réimpressions successives que l'AlDigges, recueil d'absurdités astrologiques. manach et la Prognostication de Léonard manach ne fût publié sans le visa de l'évêque En France, Charles IX défendit qu'aucun aldu diocèse; en 1579, Henri III défendit d'inprédiction relative aux affaires politiques, et sérer dans les livres de ce genre aucune en 1628, Louis XIII renouvela cette défense.

Le plus célèbre de tous les almanachs est celui de Liége publié sous le nom de Mathieu Laensberg. On ignore si ce personnage a réellement existé. Les Liégeois le représentent comme vivant en 1650, et comme adonné point encore absolument délaissée à cette époà l'astrologie judiciaire, science qui n'était de Saint-Barthélemi, mais des recherches faique. On a dit qu'il avait été chanoine de l'église tes dans les archives du chapitre n'ont amené la découverte d'aucun titulaire de ce nom. Quoi qu'il en soit, le plus ancien almanach que l'on connaisse sous le nom de Lansbert (plus in-24; il est douteux qu'il soit le premier. tard modifié) fut imprimé à Liége en 1635, Nous avons sous les yeux l'almanach imprimé à Liége en 1851. Il porte en tête 226 année. douteux), l'origine de la publication remonSi cette indication est exacte (mais c'est fort terait à l'an 1625. C'est à partir de 1647 que Lansbert, le nom de Laensberg fut substitué à celui de

On trouve dans ces vieux almanachs force détails sur les règnes des planètes, et des préceptes de médecine passablement absurdes, mais que corrige le conseil naïvement donné au lecteur « de ne jamais rien aventugien. » L'indication des époques historiques, rer sans l'avis d'un bon médecin ou chirurdes fêtes mobiles, etc., n'offre rien de parti

culier, mais la prognostication et la prédication qui terminent l'ouvrage en ont assuré le succès; c'est là que Laensberg prédit le beau temps et la pluie, c'est là qu'il prophétise les événements qui doivent s'accomplir dans le cours de l'année. Sur un millier de prédictions, il s'en rencontre de temps à autre quelques-unes que le hasard rapproche de la vérité; il n'en faut pas davantage pour faire la fortune d'un devin. Dans la série infinie des annonces de Laensberg, de Nostradamus et d'autres prophètes de la même école, il s'en trouve forcément qui ressemblent plus tard à des faits accomplis, d'autant plus que l'obscurité sibylline de ces oracles les rend tout à fait propres à se prêter à d'innombrables interprétations.

De hauts personnages se sont parfois émus des prédictions du vieil astronome liégeois. En 1794, il annonça une conflagration prochaine, le gouvernement d'alors fit saisir et mettre au pilori toute l'édition. En 1823, le gouvernement des Pays-Bas, ordinairement moins susceptible et plus raisonnable, usa de sévérité à l'égard de quelques pensées de cet antique sorcier.

Voici plus de deux siècles qu'on ne cesse chaque année de publier l'Almanach de Mathieu Laensberg, et les contrefaçons sont nombreuses; on cherche en vain à leur donner le cachet d'une authenticité fallacieuse au moyen de titres pompeusement exagérés ; on fabrique en France le Triple véritable Almanach de Liége. D'ailleurs la marche du temps et des idées a modifié les publications qui conservent le nom du vieil astrologue; on a renoncé à peu près à lui faire prédire l'avenir; on l'a rendu plus raisonnable; ses assertions sur la météorologie et l'histoire sont devenues plus exactes; les figures en bois qui accompagnent ses paroles sont moins grossièrement taillées; autant vaut dire qu'aux yeux du public auquel il s'adresse, il a perdu une grande partie de son mérite, et qu'il est entré dans une crise de décadence qui le mènera à sa perte.

Renvoyons d'ailleurs pour plus amples détails touchant l'almanach de Mathieu Laensberg à un article de M. de Reiffenberg dans le Dictionnaire de la Conversation, et au Bulletin du bibliophile belge (t. II, p. 32; t. VIII, p. 98), que nous avons consultés avec profit. Ajoutons aussi que parfois cet almanach offre des ressources à l'étude des langues; celui qui s'annonce comme supputé sur le méri dien de Liége, et qui a paru de 1829 à 1843, 15 vol. in-16, renferme des poésies en dialecte wallon.

M. Nisard, dans sa curieuse Histoire des livres populaires ou de la littérature du colportage (Paris, 1854, 2 vol. gr. 8), est entré dans des détails fort étendus au sujet des alinanachs modernes que quelques imprimeries

(5) Voici un échantillon de cette poesie, habituellement peu conforme aux règles de la prosodie. Un almanach imprimé à Troyes donne le portrait du prince Louis-Napoléon, alors président de la République, et l'accompagne de ce quatrain:

françaises répandent dans le public en masse considérable(t. I, p. 1-150).

Le Liégeois, qualifié parfois de double, de triple, de véritable, est un des plus fameux.

D'autres s'intitulent le National, le Bavard, le Babillard, le Nouvelliste, etc. Il existe également l'Almanach du bon laboureur, l'Almanach de l'atelier, l'Almanach des enfants; d'autres se rattachent aux sciences occultes, à de ridicules procédés de divination; tels sont l'Almanach des songes, l'Almanach magique, l'Almanach des prophéties. La nomenclature des Messagers, des Courriers, elc., serait très-longue et peu intéressante.

Un vieil usage, qui remonte tout au moins au commencement du xvir siècle, exige qu'un almanach contienne quelques prédictions. En général, on les énonce aujourd'hui d'une manière vague et peu compromettante. Un almanach pour l'an 1853, que nous avons sous les yeux, annonce pour le mois de janvier : « L'attention sera fixée sur une innovation remarquable. Evénement extraordinaire. » Et pour le mois de février: « Pluies abondantes et neiges. Personnage qui fera parler de lui. »

Grand nombre d'almanachs renferment des horoscopes et des pronostics pour chaque jour du mois. Il serait difficile d'imaginer quelque chose de plus plat. Parfois on trouve un vocabulaire du langage des fleurs, et souvent on rencontre de mauvais calembourgs,des anecdotes suspectes, de plates plaisanteries. Quelques almanachs donnent de bons préceptes sur les travaux agricoles et horticoles, les hestiaux, les terres, les semences, les instruments et les procédés de culture. Il n'est pas rare de rencontrer l'indication de remèdes plus ou moins raisonnables contre les brûlures, les engelures, les coupures, etc. De mauvais vers se mêlent fréquemment à toute cette prose (3).

Il est très-peu d'almanachs qui ne contiennent des gravures, et très-souvent ces estampes n'ont aucun rapport non-seulement avec le sujet au-dessus ou au-dessous duquel elles se trouvent, mais encore avec aucun de ceux qui sont traités dans l'almanach. Ces absurdités viennent de ce que les éditeurs de la province achètent des bois de rebut et en font un emploi tel quel, les jetant au hasard, au milieu des pages de leur texte.

Parmi ces livres populaires qui remontent à une haute antiquité, un des plus curieux est le Grand Calendrier et compost des bergers; M. Nisard (loc. cit., t. I, p. 108-148) donne des détails étendus d'une édition publiée à Lyon en 1633, in-4°, 120 pages, laquelle reproduit un texte beaucoup plus an

cien.

Chaque mois se compose d'un quatrain latin qui en indique les diverses propriétés, de

L'anarchie, triste suite des révolutions,
Divisait notre France, l'entraînait à sa ruine;
Louis vint, et son génie, sa modération,
Nous rendirent la paix et nos sages doctrines.

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la liste des jours et des saints, d'un tercet latin sur le signe, de deux quatrains français, l'un pour trouver les festes, l'autre de l'estat de l'homme humain, enfin de la devise du mois, etc.; comme échantillon de cette poésie surannée, nous transcrirons la devise de novembre:

Je fais allumer maint tison,

Novembre suis qui règne à plein.
Toute personne de façon
Doit penser d'avoir vin et pain,
Et doit prier au souverain

Roy des cieux pour son sauvement;
Car en mon temps il est certain
Que tout meurt naturellement.

Une prétendue vision de Lazare, accompagnée de figures très-grossièrement gravées sur bois, forme la seconde partie. La troisième et la dernière, la plus considérable, renferme (en vers) la Science salutaire et le Jardin ou champ des vertus. L'auteur donne d'abord les prières qui sont les premières instructions; il en donne aussi une paraphrase qu'il appelle déclaration. Après diverses réflexions pieuses, l'ouvrage dont nous parlons fait une incursion dans le domaine de la médecine; it donne des gravures anatomiques, il oppose les signes par lesquels les bergers cognoissent l'homme estre sain et ceux par lesquels ils cognoissent qu'on est malade. On passe ensuite à l'astronomie; de longs détails sur le mouvement des cieux et des planettes, sur les estoiles fixes, etc., sont bien peu conformes, on le croira sans peine, à l'état actuel de la science.

En parlant des astres et de leurs influences sur les individus, on ne manque pas de parler des prédispositions que chaque homme apporte à ces influences, c'est-à-dire des tempéraments. C'est ce que fait le Grand Calendrier dans un article intitulé: S'ensuit la figure des quatre complexions.

Le volume en question finit par une pièce de vers qui offre quelque intérêt; elle a pour titre : Les dictz des oyseaux, comme les pasteurs, gardant les brebis, les oyent chanter et parler en leur langage. Chaque oiseau débité une strophe (il y en a 78) que termine une pensée morale et religieuse. Nous transcrirons deux de ces couplets :

L'AIGLE,

De tous oyseaux je suis le roy.
Voller je puis en si haut lieu,
Que le soleil de près je voy.
Heureux sont ceux qui verront Dieu.

LE ROSSIGNOL.

Quand ce vient le beau temps de may.
Je suis joly et amoureux,

Et je n'ai soucy, ni esmoy:

Qui craint Dieu, il est bienheureux. Un grand nombre d'almanachs politiques, enjoués, de tout genre enfin, furent publiés vers la fin du siècle dernier et pendant la Révolution. Le catalogue Leber n'en indique pas moins de 64. Voici les titres de quelques-uns: Almanach couleur de rose, - de la vieillesse, - des oisifs de Paris, des plaideurs, des proverbes, des revenants, -- des pauvres diables, sous verre, violet.

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Quelques rares amateurs de la poésie lé

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En fait d'almanachs qui rentrent dans la classe des curiosités bibliographiques, on peut signaler:

L'Almanach des almanachs, le plus certain pour l'an 1593, avec ses amples et merveilleuses prédictions du changement et mutation de l'air, Lyon, s. d. in-16 (ce petit volume est porté à 150 fr. sur un catalogue de M. Techener, libraire à Paris).

Almanach pour le temps passé, contenant Maître J. Guérin, Parisien, ci-devant président partie des affaires du monde, calculé par

de la Justice establie en la cuisine de la reyne Marguerite, 1623.

Nous ne nous occuperons pas des Almanachs en langue étrangère; nous dirons seuplus rares, l'Almanach for XII yere, London, lement qu'on peut ranger parmi les livres les Wynkyn de Werde, 1508, 8°, et que l'Almanach publié à Berlin en 1777 et 1778, par Nicolaï (sous le pseudonyme de Daniel Seuberlich), offre un recueil de chansons populaires allemandes très-goûté des amateurs

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ALPHABET. Les deux premières lettres des Grecs, alpha, béta, ont formé ce nom; on a défini, avec raison, l'alphabet d'une langue, la table des caractères qui sont les signes des sons particuliers concourant à la composition des mots de cette langue. L'origine de l'alphabet est entourée d'obscurité, mais elle a certainement sa source dans l'Orient. L'alphabet des Romains a servi de modèle à celui des divers peuples modernes, tels que les Anglais, les Français, les Italiens et les Espagnols; les Russes ont calqué en partie leur alphabet sur le grec. Les alphabets orientaux sont nombreux, et plusieurs d'entre eux ne sont bien connus que depuis typographiques établis dans diverses capiquelque temps. Les grands établissements tales et qui dépendent des gouvernements, l'imprimerie Impériale de Paris, celle de Vienne, celle de Berlin possèdent des alphabets gravés avec le plus grand soin et auxquels on s'est attaché à donner beaucoup d'élégance et de correction. Des modèles d'alphabet sont gravés dans divers ouvrages, notamment dans le Manuel typographique de M. H. Fournier. Des alphabets birmans. brachmaniques, thibétains, chaldéens, etc., ont été publiés à Rome, à la typographie de la Sacrée Congrégation de la Propagande. La collection se compose d'une vingtaine d'alphabets qui, ayant été imprimés à des époques éloignées, sont difficiles à réunir.

Parmi les anciens livres de cette classe qui ont une valeur réelle, il faut citer:

L'Alphabetum et preces Illyrica, Venetiis, 1527, 4, opuscule de 4 feuillets devenu extrêmement rare, et imprimé avec les caractères illyriques, dits de Saint-Jérôme.

Alphabetum græcum, Parisiis, Ægidius Gour

DICTIONNAIRE

montius, 1507, 4°. Ce livre, le premier ouvrage grec imprimé à Paris avec une date, contient, indépendamment de l'alphabet, les Vers dorés de Pythagore, les Sentences des sept sages, etc.

Les bibliophiles recherchent l'Alphabeta et characteres a creato mundo ad nostra usque tempora apud omnes nationes, cum figuris Theodori de Bry: Francofurti, 1596, 4°, oblong, 51 plan h. Un essai de ce travail avait paru en 1595 sous le titre de Nova Alphabeti effictio, 1595, 4°; 24 planches très-bien gravées.

Signalons aussi les ouvrages d'Edm. Frey: Pantographia containing accurate copies of all the known alphabets in the world (London, 1799, 2 tomes 8°) et d'A. Muller: Alphabeta ac notæ diversarum linguarum pene septuaginta; Berolini, 1702, Alphabet 4°. album: collection de soixante feuilles d'alphabets historiés et fleuronnés, tirés des principales bibliothèques d'Europe ou composés par Silvestre, gravés par Girault; Paris, 1843, in-fol. C'est un livre d'une exécution splendide, et que les artistes consulteront avec profit.

Les anciennes collections d'alphabets admettaient sans critique des alphabets imaginaires, tels que ceux d'Adam, de Noé, de David, de Salomon; on est allé (Voy. le Trésor des langues, de Duret, 1612, 4°) jusqu'à publier des alphabets du diable, et ceci nous fait souvenir qu'un prétendu fac-simile de l'écriture de Satan se trouve dans le curieux ouvrage de Theseus Ambrosius: Introductio in chaldaicam linguam... et decem alias: Papiæ, 1530, in-4°. Ce livre précieux s'est adjugé 150 fr. à la vente Libri en 1847 (n° 11 du catalogue; voir la note). Le fac-simile dont nous parlons reproduit en caractères trèsbizarres une lettre adressée à un magicien, Louis de Spolète.

Rappelons ici, à cause de son titre, l'Alphabetum tibetanum missionum apostolicarum commodo editum de A.-A. Georgi; Rome, Typis Congreg.prop. fidei, 1762, 2 tomes in-4. Cet ouvrage, précédé d'une dissertation sur Ja langue tibétaine et sur le manichéisme, est très-inexact, selon la Biographie universelle, tom. XVII, p. 415; il y règne une érudition confuse et superflue; le principal but de l'auteur semble avoir été de réunir, sans critique, des textes en toutes sortes de langues, coptes, hébreux, grecs, etc. Avec cet alphabet on ne saurait lire correctement une seule syllabe tibétaine. Les travaux de Csoma de Koros et de M. Foucaux sur cet idiome ont rendu inutiles tous ceux qui les avaient devancés.

Une curieuse collection d'alphabets se trouve dans un ouvrage publié en 1526, à Paris, par Geoffroy Tory, typographe érudit et artiste distingué, auquel nous consacrerons un article spécial. On trouve dans le livre qu'il a intitulé Champ-fleury les alphabets hébreu, grec, latin, le chaldaïque, le persan, l'arabique, l'africain, le turc et le tartarien. On y rencontre également l'alphabet des lettres cadeaulx (23 lettres et un

ALP 28 signes), des lettres bastardes (30 lettres ou point), des lettres de forme (24 lettres ou signes), des lettres tourneuses (23), des lettres goffes, aultrement dictes impériales et buldes lettres utopiques et voluntaires (23). Le latiques (23), des lettres fantastiques (23), tout se termine par un alphabet de 23 lettres fleuries et par une série de chiffres ou lettres entrelacées, au nombre de dix.

Nous devons ici faire mention de l'ouvrage d'un Allemand, M. Fr. Ballhorn: Alphabete orientalische (Alphabet des langues orientales et occidentales à l'usage des compositeurs tion vit le jour en 1853; elle a été l'objet et des correcteurs typographes). La 6° édid'une notice de M. A. Maury, dans l'Athenæum français, 1854, p. 1030. L'ouvrage combet cunéiforme persépolitain. Le second tamence par le tableau des lettres de l'alphaalphabets les plus anciens connus, le hiérobleau offre d'une manière synoptique les glyphique égyptien, le hiératique, le démotique, le phénicien, l'ancien alphabet hébreu, l'araméen, le numidique, le grec archaïque, l'étrusque, le palmyrénien et le koufique. Ce tableau intéressant est d'une grande utilité toire, encore fort obscure, de notre alphabet, pour les personnes qui s'occupent de l'hisde son origine et de son système de propagation. M. Maury observe que le tableau des trois écritures égyptiennes est fort incomplet et en quelques points inexact.

Malgré le grand nombre d'alphabets que renferme l'ouvrage de M. Ballhorn, on remarque encore bien des lacunes; on y chercherait en vain l'alphabet géorgien, le pehlvi, le mayadha le plus anciennement usité dans l'Inde, le guzarati, le tamoul, le télinga, le javanais, le bougi, l'écriture japonaise, dite katakana, qui sert à transcrire les livres chinoisen japonais; car pour ce qui est de l'écriture firaukana, employée par les Japonais pour leur propre littérature, elle est tellement compliquée et si peu connue en Europe, que l'on ne saurait actuellement en tenter une transcription. On peut s'étonner aussi de ne pas trouver dans ce recueil les 214 clefs de l'écriture chinoise et l'alphabet anglo-saxon.

Une partie des alphabets omis par M. Ballles types étrangers du spécimen de l'imprimehorn se trouve d'ailleurs dans la Notice sur rie Royale (1847, in-4) et dans le Catalogue des signes hieroglyphiques que possède cet établissement.

ajoute beaucoup de prix au livre de M. BallM. Maury termine en disant que ce qui horn, c'est le soin qu'a pris l'auteur de faire suivre les alphabets de tous les signes d'accentuation avec leur explication, et d'ur tableau de ligatures nombreuses et importantes.

Terminons cet article en indiquant quelsont dignes d'une mention. ques ouvrages qui, sous le nom d'alphabets,

Nous en laissons d'ailleurs de côté bien admis dans la collection d'un homme stud'autres qui, à divers titres, peuvent être dieux mais nous devons nous restreindre.

Alphabet arabe, turk et persan (par J.-J. Marcel), Alexandrie, an VI, in-4. (Livret fort rare.)

Alphabet coréen, par Klaproth, sans lieu ni date, gr. in-fol.

Alphabet irlandais, précédé d'une notice historique, littéraire et typographique, par Marcel. Paris, an XII, gr. in-8.

Alphabet mandchou, rédigé par Langlès, troisième édition. Paris, 1807, in-8.

Alphabet slavon expliqué par le romain. Venise, 1814, in-8.

Alphabeta linguarum orientalium. Paris, 1636, in-4.

Alphabetum arabicum, et historia Josephi patriarchæ ex Alcorano arabice, cum vers. lat. et notis Th. Erpenii. Leyda, 1617, in-4.

Alphabetum veterum Etruscorum, (ed. J.-C. Amadutius). Roma, 1771, in-8. (2 édition augmentée, 1775.)

Alphabetum græcum, Ed. F. Sylburg. Francof.

1591.

Opuscule savant, où il est question de la prononciation universitaire et de celle des Grecs modernes.

Alphabetum illyricum et preces illyrica. Venetiis, Andr. de Torresanis, 1527, in-4.

Cet opuscule, de huit pages seulement, imprimé en rouge et en noir avec les caractères illyriques dits de S.-Jérôme, est extrêmement rare. Il en a été payé un exemplaire à Londres 8 guinées à la vente Butler.

Alphabetum latino-anglicum: institutio compendiaria totius grammaticæ. Londres, 1542, in-4.

Il existe un exemplaire sur vélin de ce petit volume, qui a une grande valeur aux yeux des bibliophiles anglais.

On ne recherche guère que pour des collections spéciales de l'ancienne typographie lyonnaise l'Alphabetum seu Instructio sacerdotum. Lugduni, P. de Sancta Lucia, s. d. in-8 gothique.

Finissons en mentionnant un volume curieux et devenu peu commun: le Parfait alphabet, ou Alphabet analytique et raisonné des sons articulés, au moyen duquel on peut peindre la parole humaine. Paris, 1787, 8°.

mis

ANA. Ce mot grec, qui signifie sur, à la suite du nom de certaines personnes plus ou moins célèbres, indique une réunion de leurs pensées, de leurs observations, d'anecdotes qu'elles ont recueillies ou qui se rapportent à leur histoire, à leur vie privée. C'est ainsi que furent composés les premiers ana qui virent le jour au xvir siècle. Plus tard, l'ana devint une collection de bons mots, de saillies, de traits divers. Dans les premières années de ce siècle, il eut un instant de vogue, mais aujourd'hui il est complétement passé de mode. C'est un genre éteint; toutefois il a occupé dans l'histoire des livres une place assez étendue pour meriter une mention.

On trouve dans le Répertoire de bibliographie spéciale de Peignot (Paris, 1810) une notice sur les ouvrages publiés sous le nom d'ana. Ces livres, qui commencèrent à paraître

(4) Il existe un autre ouvrage du même genre, le Gouleana, in-8, 32 pages (Caen, 1812), réimprimé à 26 exemplaires seulement, sans lieu ni

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vers 1666, furent d'abord recherchés avec empressement; on y voyait avec plaisir des écrivains célèbres se laisser aller au sans-gêne d'une conversation familière, raconter des anecdotes peu connues, des traits piquants: Naudé, Huet, Charpentier, Chevreau, Segrais, Ménage, et autres auteurs en renom au commencement du règne de Louis XIV, furent les premiers personnages dont les noms servirent de titres à des ana. Plus tard parurent le Casauboniana, rédigé par le savant Wolf, et quelques ouvrages latins et sérieux en ce genre; mais au commencement de ce siècle surtout, le nom d'ana tomba dans un juste discrédit par suite de l'industrie de quelques compilateurs dénués de goût et de style qui exploitèrent de cette façon tous les personnages contemporains doués de quelque renommée, tous les sujets qui semblaient propres à séduire des lecteurs désouvrés.

Voici les titres de quelques-uns de ces volumes, qu'on ne trouve plus aujourd'hui qu'aux étalages les plus humbles :

Bonapartiana, Fredericiana (Frédéric II, roi de Prusse), Henriana (Henri IV), Ludoviciana (Louis XVI), Rousseana (Jean-Jacques Rousseau), etc.

Balourdisiana, Comediana, Femineana, Gasconiana, Gastronomiana, Ivrogniana, Revolutiana, et bien d'autres.

Nous ne voudrions pas transcrire sans exception tous ces intitulés.

La liste que donne M. Peignot renferme 110 ouvrages plusieurs ont eu diverses éditions, ou bien ils ont été, à plus d'une reprise, offerts au public sous des formes différentes.

Le plus rare sans doute des ana français, le plus cher (un exemplaire avec des notes manuscrites s'est élevé jusqu'à 114 fr. à la vente Nodier en 1830), c'est le Maranzakiniana, livret in-24 de 55 pages, imprimé à un trèspetit nombre d'exemplaires en 1730, pour amuser la duchesse de Bourbon-Condé. On peut consulter sur ce livret, qui n'est qu'un receuil de balourdises et de niaiseries, le ch. 3 des Mélanges extraits d'une petite bibliothèque, par Ch. Nodier. 1828, in-8°. Maranzac était un officier de chasse du dauphin, fils de Louis XIV; il était fort stupide, et on mit sur son compte des niaiseries de tout genre (4).

M. Beuchot a, dans le Mercure de France, 1811, tom. XLVI, p. 493-497, et tom. XLVII, p. 256-263, indiqué des ana qui avaient échappé à Peignot; mais cette énumération pourrait aussi recevoir des développements étendus, surtout en abordant l'indication des livres de ce genre publiés à l'étranger.

Un bibliographe belge, M. Namur, a donné en 1839 un catalogue des ana plus complet et mieux fait que tous ceux qui existaient déjà; mais il est impossible de ne rien omettre, lors même qu'on s'attacherait à traiter date (Valenciennes, par les soins de M. Hécart ). Voy. QUERARD, Supercheries littéraires t. V, p. 375.

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