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dont Chardin possédait un charruant volume exécuté pour la marquise de Pompadour, et plus sérieux qu'on ne l'attendait peut-être (Prières de Quarante heures).

Passons aux productions de Jarry que le Manuel n'enregistre pas, et qui, il faut en convenir, ne sont peut-être pas toutes authentiques, car le nom de ce célèbre calligraphe a parfois été ajouté à des productions restées anonymes.

A la vente Giraud, en 1855, nous avons vu figurer un volume in-16 signé Jarry Parisinus, 1662, et intitulé: Prières saintes et chrétiennes. Ce manuscrit, sur vélin très-fin, écrit en lettres romaines, se composait de 162 pages, dont chacune était encadrée de filets d'or. Il était enrichi de grandes lettres en or et en couleur, et de plusieurs fleurons et autres ornements, au nombre desquels on remarque deux couronnes de roses peintes en miniature et d'une exquise délicatesse.

Commune sanctorum, Orationes B. Virginis, Officium defunctorum, in-fol. Manuscrit orné de trois miniatures d'un fini admirable. (Cat. des Manuscrits et imprimés sur vélin du cabinet de M. Chardin, 1811, n° 71.)

Rituale pro episcopis, 1655, in-4, avec une très-belle miniature représentant le Sauveur du monde (même catalogue, no 102).

Heures de Mme de Chamillart, in-8, miniature de la plus belle exécution (même calalogue, n° 140).

Les Sept psaumes pénitentiaux, in-12 (attribués à Jarry, catalogue Chardin, 1823, no 123, quoique son nom ne s'y trouve pas).

Airs nouveaux de la Cour, in-8°, 505 fr., vente De Bure en 1853, n° 671.

En 1783, ce même manuscrit avait à peine atteint 10 fr. dans une vente publique.

M. Weiss a consacré, dans la Bibliographie universelle, t. XXI, p. 412, un article à Jarry; les divers manuscrits mentionnés au Manuel du libraire y sont indiqués, ainsi qu'un Recueil de poésies de Tristan l'Ermite que la bibliothèque du Roi acquit en 1739 par suite d'un échange fait avec l'abbé Rothelin.

Parini les contemporains de Jarry figure un calligraphe presque aussi habile que lui, Rousselet; le catalogue Chardin, n° 141, indique de lui un très-joli manuscrit, Oraciones para la Missa, in-8 (140 fr., vente Nodier en 1844), et n° 130, des Prières pour la messe. Duval, élève de Jarry, écrivait, en 1666, pour la comtesse de Soissons, un Exercice spirituel du chrétien (cat. Chardin, n' 132), et Prevot traçait, à la même époque, d'admirables Prières de la messe (même catalogue, n° 135). C. Gilbert écrivait, en 1662, une Paraphrase du Miserere (n° 21), mais nous doutons que ce soit le même personnage que P.-C. Gilbert, dont Chardin s'était procuré (n° 163) un charmant volume in-12, écrit en 1710 (Sollicitations pressantes pour faire rentrer une ame en elle-même). Un autre calligraphe non moins habile, S. Lecouteux, écrivait, en 1689, des Prières pour les jours de la semaine (cat. Chardin, 1823, no 126).

En 1669, P. Moreau, maistre écrivain juré, à Paris, avait gravé, après le naturel de la plume, quelques volumes, parmi lesquels on distingue les Saintes prières de l'âme chrétienne.

Au xviu siècle on rencontre Montchaussé,

Claude Petré de Guiscard traçait en 1746, pour la duchesse d'Aumont, un superbe livre de prières. En 1748, Piache exécutait des Exercices de piété pour le Dimanche (cat. Chardin, 1823, n° 127).

Vers la fin du siècle dernier, et au commencement de celui-ci, un calligraphe habile, Fyot, se montra fort expérimenté dans l'art d'écrire sur vélin des copies fac-simile, imitant, avec une rare perfection, l'imprimé des vieux livres. Il exécuta ainsi un assez grand nombre de livrets, s'attachant, comme de juste, à reproduire des écrits devenus excessivement rares. L'art qu'il cultivait a disparu avec lui. Charles Nodier en a dit un mot en passant : « Il est mort de faim sur une poignée de paille après avoir, suivant l'usage de tous les temps, contribué à la fortune des marchands de livres sans faire la sienne. »> Plusieurs catalogues, riches en ouvrages curieux, offrent un certain nombre de copies de la main de Fyot. M. Nodier en avait deux dans son catalogue de 1827 (n. 257 et 320); la bibliothèque dramatique de M. de Soleinne en possède au moins 40, parmi lesquels on rencontre des mystères devenus introuvables (Voy. le Bulletin du bibliophile, 8 série, 1847, p. 242). Les catalogues de Méon (1804) et de Chardin (1823), présentent également un certain nombre de ces copies.

Disons maintenant quelques mots des ouvrages relatifs à la calligraphic. Quelques-uns d'entre eux sont indiqués dans la Table méthodique (n. 9043-9059) qui accompagne le Manuel du libraire; nous ne la reproduirons pas, mais nous y ajouterons quelques indi

cations:

En fait d'ouvrages français, M. J.-Ch. Brunet signale ceux de Le Moyne (l'Instruction de bien et parfaitement escrire, Paris, 1556, dont il existe plusieurs éditions; une sans date, 50 fr., vente Nodier en 1844): de Du Tronchet (Finances et trésor de la plume française, 1572): de Beau-Chesne (le Trésor de l'écriture, 1580): de Legangneur (la Calligraphie, 1599; la Technographie de l'écriture française, 1599), le Paranymphe ou Modèles de diverses écritures gravés par F. Desmoulins, Lyon, 1625, in-fol. oblong; les Principes sur l'art d'écrire, par d'Autrape, gravés par Oger, Paris, s. d. grand in-fol., etc.

Si nous passons à des productions plus modernes, nous trouverons les Modèles d'écriture de Saintome l'aîné, gravés par James, in-fol.; le Manuel d'Ecriture cursive, par Verdet, 1833; le Manuel de Calligraphie, qui fait partie de l'Encyclopédie-Roret.

Plusieurs ouvrages en flamand sur la même matière sont enregistrés au catalogue Van Hulthem, t. II, p. 140.

Le Manuel ne signale qu'une édition, Venise, 1554, de l'Opere di frate Vespasiano nel quale si insegna a scrivere varie sorti di letiere. Il en existe une antérieure, Venise, 1548;

elle est indiquée au Catalogue des livres d'art de M. J. Goddé (Paris, 1852), n. 1581.

Une troisième édition, Venise, 1620, est intitulée : Il perfetto modo d'imparare a scrivere tutte le lettere cancellaresche.

Tagliente (G. Ant.), La vera arte dello eccellente scrivere, Venise, 1529, in-4. Six autres éditions sont indiquées au Manuel; nous en avons rencontré trois autres; 1524, in-4, payée 85 fr., vente C. R. en 1859, n. 420; 1531, adjugée à 53 fr., vente Libri en 1857, n. 2241; 1536, payée 19 fr. 50, vente Lamberty en 1840, n. 227.

Palatino (G. B.), Libro nel quel s'ensegna a scrivere ogni sorte di lettera; le Manuel signale huit éditions différentes. Ajoutons-en une neuvième, Roma, ne la contrada del Pellegrino, MDXLIV, in-4; elle est portée au catalogue M. (1851), n. 699. Un sonnet, gravé en rébus, occupe quatre pages.

Yçiar, Arte subtilissima por la qual se enseña a escrevir perfectamente, Caragoça, 1550, in-4°. Le Manuel signale d'autres éditions de 1552 et 1566. Nous en trouvons une datée de 1555 au catalogue S. D. (Paris, Potier, 1852), n. 13, mais peut-être y a-t-il dans l'indication du chiffre une erreur d'impression. Trois éditions d'un livre de ce genre imprimées dans la même ville, et dans une période de cinq ans, nous semblent une circonstance peu vraisemblable.

CARACTERES. Notre travail étant consacré à la bibliologie et non à la pratique de l'art typographique, nous n'avons pas à nous occuper ici, au point de vue industriel, des types qui servent à l'impression, et dont l'assortiment comprend les grandes et petites capitales, les lettres du bas de casse, les chiffres, les signes de ponctuation, etc. Les ouvrages spéciaux sur l'imprimerie renferment à ce sujet des détails étendus, et si l'on veut se contenter d'une notice succincte, on peut recourir à un article de M. L. Louvet dans le Dictionnaire de la conversation et de la lec

ture.

Nous nous contenterons de signaler quelques types dignes de figurer dans l'histoire de l'imprimerie.

Les beaux caractères grecs gravés et fondus par Claude Garamond, d'après l'ordre de François I", sont restés célèbres. Ils furent, comme nous l'avons déjà dit, exécutés d'après les modèles fournis par un très-habile calligraphe, Ange Vergèce, et il y en a de trois sortes. On croit que, dès 1538, Conrad Neobar, imprimeur patenté du roi pour l'impression des ouvrages grecs, commença à en faire usage. Le trait vif et net de ces types, la gracieuse facilité de l'écriture qu'ils reproduisent, n'ont pas encore été surpassés, et les caractères romains de Garamond offrent des formes distinctes, amies de l'œil, qui les placent peut-être au-dessus de ce qu'on a fait depuís.

C'est à un habile emploi des types fondus par Garamond que la typographie elzevirienne doit une grande partie de sa réputation, mais, ainsi que l'observe M. Renouard, dans aucune autre imprimerie, ce caractère de petit texte,

constamment employé et avant et après les Elzevier, n'a jamais donné aucun résultat qui puisse être comparé au Pline de 1635, au Virgile de 1636 et à l'Imitation, sans date. La jolie collection d'ouvrages divers imprimés par ordre du comte d'Artois, par F. A. Didot Par l'aîné (voy. l'article COLLECTION), est aussi exécutée avec un petit texte de Garamond, mais quoique tout neuf et fort bien fondu, elle présente bien moins de perfection que les meilleures productions des célèbres imprimeurs hollandais que nous venons de

nommer.

Divers imprimeurs ont publié des recueils offrant les modèles de leurs caractères. Un des plus anciens ouvrages en ce genre est l'Indice de' caratteri esistenti nella stampa Vaticana e camerale. Roma, 1628.

Quelques amateurs recherchent encore un livret qui offre l'Epreuve du premier alphabet droit et penché, ornée de cadres et de cartouches, gravé par ordre du Roi pour l'imprimerie royale; ce livret, tiré en 1740 et gravé par Louis Luce, artiste assez médiocre, offre le spécimen d'un caractère extrêmement menu qui n'a point été employé.

M. Renouard possédait (Čatalogue d'un amateur, I, 309) deux volumes in-fol. conte nant un grand nombre de divers échantillons des caractères de Firmin Didot, de Bodoni, de Baskerville, et de divers imprimeurs italiens et anglais qui se sont attachés à imiter ces grands typographes. Il y avait joint des essais de Unger de Berlin qui a joui d'une grande réputation en Allemagne, quoiqu'il n'ait pas fait mieux, pour les caractères latins, que les graveurs de Paris qu'il imitait, et ses types grecs, trop modernisés, ont encouru les reproches adressés avec raison à d'autre grec du même genre.

Nous devons faire mention d'un caractère particulier dit de civilité, parce que l'usage s'en est maintenu longtemps pour l'impression d'un livre sur la Čivile honnesteté. Il fut de mode vers le milieu du XVIe siècle, car on se proposa d'imiter ainsi l'écriture du temps, et il a provoqué de la part d'un amateur instruit et zélé (M. Jérôme Pichon) une notice insérée dans les Mélanges de littérature et d'histoire de la Société des bibliophiles fran, çais, 1850, p. 330-337. L'invention semble devoir être attribuée à l'imprimeur Granjon qui obtint d'Henri II un privilége le 26 décembre 1557; cependant, dès 1558, R. Breton et Danfric impriment un brief discours, et dans une dédicace en vers font honneur de cette mention à Lebreton, secrétaire du cardinal de Lorraine. Leur caractère est plus gros et plus beau que celui de Granjon qui cependant est fort bien exécuté. Quoique l'usage de ce caractère ait passé de Lyon et Paris à Anvers, le nombre des ouvrages qu'il servit à imprimer resta faible et alla toujours en diminuant jusqu'à ce qu'il demeura exclusivement consacré à un ouvrage d'éducation dit Civilité qui lui a donné son nom, mais le caractère est plus ancien que le livre; la première édition de la Civile honnestelé n'est que de 1560, et l'ouvrage connu aujourd'hui sous

ce nom est de J.-B. de la Salle, fondateur des Frères des écoles chrétiennes; il n'a paru pour la première fois qu'en 1713, d'abord en lettres rondes, puis ensuite en lettres françaises.

Voici une liste d'ouvrages en civilité à peu près complète :

Dialogues de la vie et de la mort, par Rhingier. Lyon, 1557.

Récréations de B. Desperriers, 1558 (à la vente Veinant, en 1860, un exemplaire de ce rare volume s'est élevé au prix exorbitant de 1,000 fr.)

Galtheri Alexandrecous, 1558.

L'Amie des Amies, par Bérenger de la Tour, 1558.

L'Amie rustique, 1558.

Discours de la Cour, par Danfric et Breton, 1558.

Oracles de Zoroastre,

par Habert, 1538. Epitome des vies de 54 personnages (extraits de Plutarque), par Ph. des Avenelles, Paris, 1558. Facéties et mots subtils, par Domenichi, ital. et fr., le français seulement en lettres de civilité, 1559, in-8. Lyon.

Le Jeu des eschecs, par Vasquin Philieul. Paris, 1559.

Sommaires des singularités de Pline, par Pierre de Champy, 1559.

Union des sentences de philosophie. Paris, 1559, in-8.

Préceptes nuptiaux de Plutarque, par Latapie

d'Aurillac. Paris, 1559 in-8.

Sophonisbe de Trissin, trad. par Mellin de SaintGelais. Paris, 1559; autre édition, 1560.

Brief traité de l'humanité, trad. par Dert. Paris, 1559, in-8.

Soulas, du cours naturel de l'homme, trad. par Dert. Paris, 1559, in-8.

Somme et fin de toute la sainte escriture, par Dert, in-8.

Dons de la langue française, par Abel Matthieu. Paris, 1559.

Second devis. Paris, 1560, in-8.

Deux dialogues de l'invention poétique, par Daniel d'Auge. Paris, 1560.

La civile honnesteté pour les enfants. Paris, 1560, in-8.

Recueil de la diversité des habits, par Descerpz, 1462.

Cent cinquante oraisons, par A. Marbrut. Lyon, 1563. (On trouve au cat. Crozet, no 208, une édit. de Paris, de l'imprimerie de Ph. Danfric, 1618, in-8.)

Briefve instruction pour tous estatz, par Girard Corlieu. Paris, R. Breton, 1571. Une autre édit. 1558, in-4 (cat. Taylor, 1751).

La civilité puérile et thrésor de la 'eunesse. Lyon, B. Rigaud, 1583, in-16.

Déclaration à l'usage du graphomètre, par Danfric. Paris, 1597, in-4.

Parmi les diverses imitations de caractères inspirés par la même idée que ceux de civilité, c'est-à-dire, l'imitation de l'écriture, nous nous contenterons de mentionner ceux qu'enseigna P. Moreau, nommé en 1642 im

(59) Ce volume est très-rare; le Manuel en signale des adjudications à 77 et à 115 fr. Nous en avons noté d'autres à 130 et à 160 fr., et un bel exempl. s'est même payé 411 fr., vente Nodier, en 1844.

On trouve au catalogue Barroud, 1821, no 1001, un recueil de 150 dessins à la plume et au bistre

370

primeur du roi et qui fit graver en 1631 in-8 (autre édition, 1649, vendue 70 fr. belle reliure, chez Nodier), les Saintes prières de l'âme chrétienne escrites après le naturel de la plume. On connaît quelques autres volumes imprimés avec les mêmes types, notamment une Imitation en français, 1643, et Les saintes lier qui commence par la vie de saint Longin. métamorphoses, 1643, ouvrage un peu singu

CARICATURES. La caricature, qui est une malice dessinée, une charge grotesque, était connue des anciens. Quelques peintures antiques appartiennent à ce genre, ainsi que l'ont démontré divers archéologues et notamment de l'Aulnaye dans son curieux traité de La saltation théâtrale, 1789, in-8.

Les Italiens à la renaissance de l'art se plurent à faire des caricatures; Léonard de Vinci dessina des têtes grotesques que de Caylus a gravées; elles forment un volume publié en 1730, in-4, réimprimé en 1767, et enrichi d'une lettre intéressante (de M. Mariette) sur Léonard de Vinci. Les 120 figures burlesques et énigmatiques qui forment les Songes drolatiques, publiés sous le nom de Rabelais et mis au jour pour la première fois à Paris, en 1565, sont de véritables caricatures dont la clef n'a pas été trouvée et sans doute ne le sera jamais (59), bien que dans l'édition dite Variorum (Paris, 1823, 9 vol. in-8), MM. Esmangart et Eloi Joanneau aient consacré un volume entier à la reproduction et à l'interprétation de ces estampes où ils croient reconnaître François I", Henri II, et autres grands personnages de l'époque.

Les partisans de Luther et de Calvin mirent au jour dans la seconde moitié du xvr siècle des recueils en vers ou en prose accompagnés de gravures sur bois dirigées contre la cour de Rome. Ce sont de véritables caricatures, et aujourd'hui elles sont appréciées à leur juste valeur au point de vue politique; mais leur rareté, leur singularité et le goût toujours croissant des amateurs pour les anciennes gravures sur bois leur procurent dans les ventes un rôle distingué. Nous sibibliographiques : gnalerons en ce genre comme des curiosités

1° Antithesis Christi et Antichristi (Genève 1557 et 1558, 1578); en français, 1561, 1578, 1583, 1600. Le texte latin est réimprimé dans les Lectiones de Wolf (Centuria XVI, p. 869), et on peut consulter à l'égard de cet ouvrage les Observationes selectæ,1700, t. IV; les Amanitates litteraria de Schelhorn, t. III, p. 151; la Bibliothèque curieuse de David Clément, t. VII, et l'Analecta biblion de M. du Roure, t. I, p. 434. On a attribué, mais sans preuves, à Lucas Cranach, les gravures d'un autre écrit semblable mais plus ancien et qui ne comprend que 28 pages: Antithesis figurata

qui paraît l'original de ces Songes.

Ajoutons que divers autres ouvrages du VI® et même du XVIIe siècle sont ornés de figures sur bois qui sont tout à fait dans le genre des Songes drolatiques nous nous bornerons à mentionner l'édition originale des Marmi de Doni, 1552, el les Récréations françaises, Lyon, 1662.

vite Christi et Antichristi. Un exemplaire rait oublier le nom de Callot, ce graveur cés'est payé 201 fr. en 1817 à la vente C. R. lèbre et d'une admirable fécondité. Il faut ranger dans la classe des caricatures :

On a remarqué depuis peu de temps seulement que l'Antithesis n'avait guère fait que reproduire un petit volume in-4, avec texte allemand, intitulé: Passionale Christi et Antichristi, ex arca Noe, in-4, 30 figures dont 28 sont copiées dans les impressions de Genève.

2 Expositio vera imaginum olim Norimbergæ repertarum ex fundatissimo veræ magia vaticinio deducta per doctor. Theophrastum Paracelsum. Anno 1570, petit in-8, 48 feuillets. C'est encore à ses gravures sur bois que ce livre doit le prix élevé qu'y mettent certains bibliophiles.

On trouvera des échantillons curieux de la caricature en France à toutes les époques dans une publication intéressante qui n'a point été terminée: le Musée de la caricature, dont il a paru 78 livraisons in-4 (1834-38), reproduit 235 estampes de diverses époques, depuis le moyen âge jusqu'à la chute du preinier empire.

Une des plus anciennes, datée de 1499, intitulée le Revers du jeu des Souysses, faisait des allusions malignes à la situation politique de l'Europe; à l'époque de la Ligue, des pamphlets violents dirigés contre Henri III étaient accompagnés d'estampes qui représentaient ce monarque faisant avec le déTuon des pactes horribles (60).

Vers le milieu du xvir siècle, un éditeur parisien, J. Lagniet, publia un Recueil des plus illustres proverbes, in-4, où se trouvaient un grand nombre de caricatures fort originales. Il est très-difficile de trouver cette collection complète, et elle a été parfois grossie de pièces qui n'en font pas nécessairement partie. Un exemplaire contenant 414 estampes, après avoir été payé 122 et 400 fr.,ventes Méon et Morel-Vindé, a été adjugé à 1005 fr. en 1838 (il est décrit en détail au catalogue B. (Bourdillon), novembre 1830, n° 53); revendu 35 liv. st. à Londres, il est proposé au prix de 1400 fr. sur le catalogue des livres appartenant à M. L. T. (Potier, 1844, n° 115).

Parmi les artistes qui ont le plus brillé dans le genre dont nous parlons, on ne sau

(60) Parmi ces pamphlets devenus très-rares et que les bibliophiles recherchent avec empressement, on peut signaler la Vie et faits notables de Henry de Valois, 1589 (payée 40 à 60 fr. dans quelques ventes, réimprimée dans les Archives curieuses de l'Histoire de France, t. XII); les Sorcelleries de Henry de Valois, 1589); le Départ du roy de Navarre, de Saint-Cloust, avec une estampe satirique représentant le convoi funèbre de Henri III, burlesquement composé de courtisans à cheval, en habits de moines (elle est gravée dans le Catalogue de la bibliothèque Leber, t. II, p. 205).

(61) Les amateurs s'empressèrent de bonne heure de rechercher les productions de Callot; tout le monde connaît le passage des Caractères de La Bruyère qui met en scène un curieux qui veut avoir parfaitement complet l'œuvre du maître. Nous n'avons pas à nous occuper ici des travaux de cet artiste; on trouvera à ce sujet d'amples détails dans le Manuel de l'amateur d'estampes de M. Ch. Leblanc, et surtout dans les Recherches de

Les Balli di Sfessania (danses fesceniennes) ou Curucuca 24 figures in-12;

Les Varie figure, Gobbi, 1616, in-8, 21 pièces; Les Capitani di Baroni, diverses attitudes de gueux; Les Trois Pantalons, etc. (61).

Longtemps après la mort de ce grand artiste, on mit au jour à Amsterdam un volume curieux, in-4: Il Callotto resuscitato, composé de deux parties de 24 planches. Des éditions plus récentes sont plus étendues. Ces planches sont gravées par Folkema. D'autres artistes, Tempesta, Quadt, etc., avaient, au xvir siècle, gravé des charges et des figures comiques.

La fin du xvii offre deux ouvrages fort difficiles à trouver :

1° Les Héros de la Ligue. A Paris, chez Louis-le-Grand, 1691, in-4. Ce volume, imprimé en Hollande, offre les traits travestis d'une façon grotesque, du roi, de Mme de Maintenon et de divers personnages alors puissants. M. Léon de Laborde en parle dans sa savante Histoire de la gravure en manière noire. Ces estampes ont été reproduites dans les Mémoires (apocryphes) de M. de Maurepas, publiés en 1792, 4 vol. in-8, et dans le Musée de la caricature, 1834, livraison 33′ et suiv. De beaux exemplaires de ce livre rare se sont payés 110, 130 et 98 fr. aux ventes La Bédoyère, Saint-Morys et Renouard.

2° Recueil de pièces héroïques et historiques pour servir d'ornement à l'histoire de Louis XIV (Hollande), 1693, in-fol. Ce mince volume se compose de treize estampes satiriques; il est de la plus grande rareté ; les pièces qui le composent sont de diverses dates, de divers formats et de divers burins. On peut consulter d'ailleurs le Dictionnaire des Anonymes de Barbier, n° 15,512 et le Catalogue de la bibliothèque Leber, t. III, p. 212. Ces estampes se rapportent principalement au projet de descente en Angleterre en 1692, et au combat de la Hogue. Elles furent saisies (62) chez le baron de Puechemeck, et il fut enfermé à la Bastille où il mourut. L'exem

M. Meaume sur la vie et les ouvrages de Callot (Mémoires de l'Académie de Stanislas, Nancy, 1856 et 1857), ainsi que dans l'ouvrage de M. Noël (Collections lorraines, p. 642-674): l'Anglais Green, Description of the works of Callot, 1814, est superficiel.

La Revue des Deux-Mondes, 1842, l'Artiste (5° série, t. III) ont apprécié le talent de Callot. L'œeuvre de ce maître à la bibliothèque Impériale ne comprend pas moins de 2,498 pièces (originaux et copies). On peut dire qu'il n'y a rien de plus commun que les faux Callot, et rien de plus rare que les véritables. Il existe au Louvre un très-précieux volume contenant 156 dessins de Callot et provenant de la collection Mariette.

(62) Il était périlleux à l'époque de Louis XIV de s'attaquer directement à ce monarque. On peut voir dans le Manuel du libraire, t. IV, p. 217, que des ouvriers imprimeurs accusés d'avoir travaillé à un libelle relatif au mariage secret du roi avec Mme de Maintenon (libelle orné d'une caricature qui parodiait insolemment la statuc de la place des

plaire Leber avait passé successivement dans les ventes Morel-Vindé (payé 100 francs) et N. (Noailles) à Londres, en 1835 (payé 5 1. st. 12 sh.).

Signalons encore l'Almanach royal commençant avec la guerre de 1701. Paris, de l'Imprimerie royale du Petit-Louis (Hollande, in-folio) ce recueil contient des estampes satiriques accompagnées de vers hollandais et français contre Louis XIV et Philippe V; il est rare. M. Leber (Catalogue, t. III, p. 212) indique les sujets de quelques-unes de ces estampes qui parurent successivement dans une période de plusieurs années.

Le système de Law et les spéculations extravagantes auxquelles il donna lieu provoquèrent la verve des graveurs hollandais; une publication collective, intitulée le Grand Théâtre de la Folie, vit le jour en 1720, in-fol.; elle comprend 75 pièces qui parurent en partie successivement, et dont il a été ensuite fait des recueils.

Les nombreuses caricatures mises au jour par les différents partis, à l'époque de la révolution, ne sauraient nous occuper ici; elles ont été l'objet d'un livre curieux, l'Histoire des caricatures de la révolte des Français, (Paris), vers 1792, 2 vol. in-8, fig. au bistre. Cet ouvrage de Boyer de Nimes n'a pas été achevé, et il est devenu bien rare. Le second volume est très-mince. Rédigée dans un sens opposé à la révolution, cette publication dut cesser, et il n'est pas douteux que des motifs de prudence, alors fort légitimes, n'aient fait détruire la plupart des exemplaires.

La révolution de 1830 donna en France l'essor à la caricature politique le journal qui prit ce nom, et qui parut depuis le 4 novembre 1830 jusqu'au 25 avril 1835, renferme 524 planches parmi lesquelles il en est de très-curieuses; la malice et l'habileté du dessin y brillent avec éclat. De nos jours des artistes en renom: Traviez, Gavarni, Danton, Grandville, Charlet, Daumier, Bertall, Cham, ont fait de spirituelles caricatures et des charges élégantes.

Chez les Anglais, habitués à porter dans la satire politique une liberté presque sans frein, et doués d'un grand fonds d'humour, la caricature devait se développer d'une façon remarquable. Hogarth, mort en 1764, l'éleva à une hauteur qu'elle n'avait pas atteinte jusqu'alors; l'œuvre de cet artiste, composé de 50 planches environ, est extrêmement recherché en

Victoires) furent pendus le 19 novembre 1694 après avoir subi la question; d'autres individus impliqués dans cette affaire furent envoyés aux galères.

On a prétendu que l'auteur d'un autre libelle imprimé en Hollande en 1689 et dirigé surtout contre l'archevêque de Reims, le Teller, et contre Mme de Maintenon, avait été enfer é dans une cage de fer au mont Saint-Michel, mais cette circonstance est demeurée fort obscure. Voy. le Catalogue Leber, n° 4,478, le Catalogue Pixerécourt, n° 1.587, et les Variétés historiques et littéraires publiées par M. Ed. Fournier, t. V, p. 209.

(63) Les amateurs français ne peuvent prétendre à la possession des estampes originales d'Hogarth, qu'il faut laisser aux Anglais toujours prêts à les

Angleterre (63). Le Manuel du libraire indique neuf reproductions diverses de ces planches, et plus ou moins complètes; elles ont été publiées de 1768 à 1817, en divers formats. Nous connaissons une autre édition, mise au jour en 1827, en 2 vol. in-4: Hogarth's works engraved by Cooke of Davenport, with descriptions, 1827.

Une liste peu détaillée de l'œuvre d'Hogarth se trouve dans le Manuel de l'amateur d'estampes, par Charles Blanc, t. II, p. 367369, et M. Francis Wey a consacré une notice à cet artiste, dans la Revue contemporaine, numéro du 31 mai 1853.

La caricature fut constamment, dans la Grande-Bretagne, un véritable journalisme politique en images, et un savant ingénieux, M. Thomas Wright, a pu trouver dans celles qui ont été publiées sous le règne des trois Georges, les matériaux d'une Histoire d'Angleterre sous les princes de la maison de Hanovre (Londres, 1848). Cet ouvrage, peu connu en France, a fourni le sujet de deux articles de M. Lemoine (La Caricature en Angleterre au xvш siècle), insérés dans la Revue des Deux-Mondes (t. III de 1849).

Fort au-dessous de Hogarth, mais doué cependant d'un véritable mérite, se place Rowlandson, possédant une facilité infatigable; on regarde en général comme ce qu'il a fait de mieux, les Miseries of human life, recueil de 50 estampes grotesques, qui accompagnent une des nombreuses éditions d'un ouvrage enjoué, dont le succès a été grand en Angleterre, et dont il a paru, en 1809, une traduction française intitulée : les Petits malheurs de la vie humaine.

Parmi les ouvrages que Rowlandson a illustrés de ses dessins, on peut citer une édition du Vicar of Wakefield, 1823, les Sen timental Travels in France before the revolution, 1821; un volume intitulé Naples and the Campagna Felice, 1815; et surtout le Tour of Doctor Syntax in search of the picturesque, 1813, in-8, avec 30 planches, facétic qui a obtenu une grande vogue.

Parini les artistes anglais, qui ont brillé en ce genre, aucun n'a surpassé James Gil Iray, né en 1757. Après une jeunesse assez orageuse, il se livra à l'étude de l'art du graveur. Il acquit bientôt une habileté consommée dans le maniement du burin, et parmi ses productions qui furent alors fort goûtées, on distingua la Délivrance des pri

couvrir d'or. Quand une mesquine et chétive estampe, grande comme un dessus de tabatière, est payée en vente publique 32 livres sterling (vente Gulston en 1786), et 40 liv. st. 8 sch., une autre dont le prix originaire était de 4 shellings, tout homme qui n'a pas à sa disposition les trésors des Nababs, ne pense plus à de telles curiosités. Hogarth eut, il est vrai, un très-grand mérite; il fut peintre de mœurs c'est là son véritable titre de gloire. Il saisit admirablement ce que la société offre de ridicule et de vil, et dans ses compositions presque toujours exagérées à dessein, il fit entrer des conceptions éminemment philosophiques. (Renouard, Cat. d'un amateur, I, 346.)

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