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pagnes furent ou détruits ou transformés en chapelles placées sous le vocable des premiers martyrs chrétiens.

Le culte de saint Gervais prit naissance dans le ve siècle, plus de deux cents ans après son martyre. Un grand nombre d'églises nouvelles furent, à cette époque, placées sous son invocation.

La chapelle de Petromantalum, comme il arriva souvent en pareil cas, devint, en raison de sa situation sur la grande route de Paris à Rouen, le centre d'un groupe d'habitations, et la nouvelle circonscription paroissiale fut désignée par l'autorité ecclésiastique sous cette dénomination fort usitée dans les dix premiers siècles pour les localités peu importantes: Apud Sanctum Gervasium. Le village a conservé jusqu'à nos jours et conserve encore le nom de Saint-Gervais; le vieux nom gallo-romain tomba dans l'oubli au moyen âge avec le souvenir même de ceux qui le lui avaient imposé.

Il serait peut-être intéressant, croyons-nous, que des fouilles intelligentes fussent pratiquées dans ce village, surtout dans le voisinage de l'église; elles mettraient assurément au jour les substructions du sanctuaire primitif et peut-être celles du castellum romain.

SUR LE CHATEAU ET SUR LE COUVENT

DES CORDELIERS DE NOISY-LE-ROI;

PAR M. Adrion MAQUET, CORRESPONDANT.

I. Histoire du Château.

Les vieux châteaux disparaissent chaque jour et, pour beaucoup, c'est à peine si l'on trouve la trace de leurs ruines et de leurs fondations.

Quelques-uns même ont totalement disparu.

Celui de Noisy est de ce nombre; tout au plus découvre-t-on sous les hautes herbes et les bouquets d'arbres qui ont poussé sur ses ruines, les fondations de deux des pavillons des angles du bâtiment au fond de ce qui fut les fossés du château, et quelques caves à demi écroulées ou effondrées entièrement. Le fer à cheval ou du moins ses fondations sont traversées par le chemin dit « du Fer à Cheval, » et ce qui reste de ce château démoli est tellement caché dans les ravins et le bois, qu'il faut toute l'ardeur de l'archéologue pour retrouver ces débris d'un manoir que la famille de Gondi avait élevé à grands frais, vers la fin du seizième siècle.

Dès 1589, le maréchal de Retz, Albert de Gondi, qui l'avait fait bâtir, put y habiter avec toute sa famille. Le cardinal de Gondi y résidait aussi assez souvent, et vers la fin de l'année 1589, M. de Villeroy, secrétaire d'Etat, accompagné de MM. de Videville et Zamet, alla trouver le cardinal à Noisy. M. de Bellièvre s'y rendit aussi à la prière de M. de Villeroy, au sujet de la paix que l'on s'efforçait de conclure avec le duc de Mayenne, chef de la Ligue, et pour assister au conseil réuni, à cet effet, par le cardinal Cajetan, envoyé et légat du pape Sixte - Quint. L'archevêque de Lyon, arrêté à Blois, au moment de l'assassinat des Guises, et sorti de prison à cette époque, s'y trouva aussi.

Le cardinal de Gondi se rendit ensuite à Paris, après l'arrivée du légat, qui y fut reçu, malgré l'absence du duc de Mayenne, occupé au siége de Pontoise.

Mais le cardinal Cajetan ne tint guère compte des bons conseils du cardinal, des misères de la France, ni des remontrances des gens de bien; au lieu de l'office de père commun, comme l'on espérait et croyait que c'était l'intention du pape qu'il fit, il embrassa et favorisa ouvertement le parti des turbulents, et sous main les desseins des Espagnols, au grand préjudice de la religion et de la France (1).

En 1590, après que ces négociations eurent échoué, le cardinal de Gondi partit de Paris, très-mal édifié du légat, et se retira de nouveau à Noisy. Vers la fin du mois de mars de la même année, le cardinal de Gondi envoyait à M. de Villeroy un passe-port du Roi pour aller à Noisy et à Mantes, où était Sa Majesté, les habitants lui ayant rendu la ville après la bataille d'Ivry.

(1) Mémoires d'Etat de M. de Villeroy.

M. de Villeroy s'étant rendu à Noisy, y vit le cardinal qui lui dit qu'après ce coup, il était encore plus nécessaire que devant de bâtir un bon accord pour sauver la religion et garantir la ville de Paris, laquelle courait grande fortune, et qu'il était d'avis qu'il allât à Mantes trouver le Roi, et lui faire ouverture de la paix. M. de Villeroy, arrivé près de Mantes, y trouva, non Sa Majesté, mais M. Du Plessis-Mornay, et s'en revint assez mécontent de ce dernier. De retour à Noisy, il y trouva, avec le cardinal, le légat Cajetan et M. de Bellièvre, conférant pour le bien du royaume et de la paix. Mais le légat tendait plutôt à diviser les catholiques d'avec Sa Majesté, et à les exciter, solliciter et presser de renvoyer à l'Eglise, qu'à faciliter un bon accord, tant il désirait complaire au roi d'Espagne et le servir.

Enfin, au mois de janvier 1592, M. de Villeroy vint encore une fois à Noisy trouver le cardinal; là il apprit la charge que Sa Majesté avait donnée au sieur de La Verrière (1), et le fondement d'icelle. Sur quoi ils convinrent de faire proposer au Roi qu'il devait assurer son intention de revenir à la religion, catholique dans un temps fixé, afin de lever l'opinion que plusieurs avaient qu'il ne la mettait en avant que pour amuser le monde; et qu'il déclarât aussi son intention être de se réunir à l'église catholique et de s'instruire pour cela (2).

Par suite du séjour du cardinal de Gondi au château de Noisy, l'on peut dire que cet humble village vit se réunir à plusieurs reprises dans ses murs les hommes de bien et de grand talent que la France avait produits

(1) Pierre Séguier, président à mortier au Parlement de Paris, puis chancelier de France, mort en 1606.

(2) Mémoires d'Etat de M. de Villeroy, années 1589 et suivantes.

à cette époque, et que la paix, signée en 1593, y fut discutée, recherchée et proposée pour le bien de tous.

Au commencement du dix-septième siècle, le château de Noisy était déjà, pour ainsi dire, abandonné par les descendants de ceux qui l'avaient construit. L'on voit dans les Historiettes de Tallemant des Réaux que le feu cardinal de Retz (1) tint trois ans tous ses grands chevaux et tous ses coureurs à Noisy, près Versailles, disant tous les jours : J'y irai demain. Ses gens, pour les tenir en haleine, passaient au Pré-aux-Clercs, qui était alors la Voirie, et relançaient quelques chiens qui couraient jusquà Meudon. Le cardinal y voulut aller une fois. Le chien courut jusqu'à mi-chemin de Noisy, mais le cardinal n'y alla pas pour cela. Et Tallemant continue, en disant : J'ai ouï raconter de lui une chose assez raisonnable. A Clairac, il racheta pour six pistoles une belle fille, que les soldats emmenaient; puis, comme elle eut témoigné qu'elle serait bien aise d'être religieuse, il lui donna mille écus pour se mettre en religion à Toulouse, et ne lui toucha pas le bout du doigt (2). Cette anecdote fait l'éloge du Cardinal qui en avait d'autant plus de mérite, que la licence des mœurs de l'époque n'avait pas envahi seulement les classes les plus élevées de la société, mais que quelques membres du clergé en donnaient aussi le triste exemple.

Le cardinal de Retz ne posséda le château de Noisy que pendant la tutelle de son neveu, de 1604 à 1615, et ce dernier, nommé aussi Henri, devenu majeur en 1615, se mit en possession de la seigneurie et du château.

(1) Henri de Gondi, évêque de Paris, président du Conseil du roi.

(2) Tallemant des Réaux, Historiettes. Voir Henri de Gondi.

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