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SOCIÉTÉ DES SCIENCES MORALES, DES LETTRES ET DES ARTS

DE SEINE-ET-OISE

SÉANCE SOLENNELLE

DU 27 NOVEMBRE 1874

Présidée par M. DE CROZE, conseiller de préfecture, délégué par M. le Préfet, président d'honneur, empêché.

Discours de M. DURAND DE LAUR,
Président titulaire.

MESDAMES, MESSIEURS,

Pendant que Louis XIV faisait construire le palais de Versailles, cette image imposante de sa grandeur, il voyait s'élever autour de lui des monuments d'un autre genre qui devaient illustrer à jamais son règne; je veux parler de ces monuments littéraires qui, se multipliant à l'envi, révélaient une merveilleuse perfection. Quelle fut la part du roi dans ces créations du génie? voilà ce que je voudrais examiner rapidement devant vous. Dans ces séances solennelles, nous aimons à reporter nos regards vers ce passé glorieux dont tout dans cette cité nous offre l'empreinte ineffaçable.

Le génie est un don de Dieu; il souffle où il veut. Le pouvoir d'un roi, quelque éclairé, quelque généreux qu'il soit, ne saurait le créer; mais il peut favoriser ou

contrarier son développement, aider ou gêner son essor. L'influence de Louis XIV sur les productions littéraires de son règne fut grande; mais il ne faut pas l'exagérer.

Lorsqu'il prend les rênes du gouvernement, notre nation est déjà parvenue à sa maturité. Corneille, après avoir donné au public le Cid, Horace, Cinna, la Mort de Pompée, Polyeucte, Rodogune, a terminé avec Nicomède sa carrière de gloire; il va se précipiter vers un déclin irrémédiable. Descartes, en publiant son Discours de la méthode, a fondé la prose philosophique; par son Principe de l'Evidence, il a émancipé l'esprit humain; par sa méthode empruntée aux mathématiques, science où il excelle, il a voulu le régler. Son spiritualisme hardi et profond a posé les bases d'une philosophie nouvelle que professeront les esprits les plus religieux du siècle. Après lui, Pascal dans ses Provinciales, portant la prose française au plus haut degré de perfection, a donné un modèle accompli de la discussion solide et de la fine plaisanterie, tandis que Molière, La Fontaine, Bossuet, Mme de Sévigné, arrivent à la maturité de l'âge et entrent en pleine possession de leur génie.

Toutefois l'enflure espagnole et l'afféterie italienne gâtent encore la plupart de nos écrivains. Si Descartes et Pascal en sont exempts, Balzac, Voiture, Corneille lui-même, sans parler des autres, n'y ont pas échappé. Ainsi quoique l'esprit français ait déjà enfanté des chefsd'œuvre qui ne seront pas surpassés, une qualité maîtresse, le goût fait encore défaut à l'époque où Louis XIV annonce la ferme volonté de régner par lui-même.

Peu cultivé dans son enfance, mais doué d'un sens droit, le jeune prince aime les lettres, il les considère comme l'ornement d'un grand règne. Tout ce qu'un souverain magnifique peut faire pour les favoriser, il le

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