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» s'occuper lui-même de ma première éducation. | sée, à la fin de mai 1839. Ses incursions à Port>> Chaque fois qu'il était content de moi, il me Natal furent des recherches d'ornithologie, entre> donnait des objets d'histoire naturelle provenant prises au milieu de dangers toujours renaissants, » de ses collections. Peu à peu, ma jeune imagi- et par des chaleurs extraordinaires. Il fit ensuite »> nation fut ou séduite par le brillant coloris ou la chasse des hippopotames, des lions, des élé» frappée de la singularité et de la bizarrerie des phants; il rencontra une grande quantité de ces >> formes; premières impressions qui, répétées, derniers par bandes et, entre autres, une com>> finirent par me laisser un goût ardent pour tout posée de plus de six cents sujets dont il abattit » ce qu'il y a de curieux dans la nature. Lorsavec ses compagnons trente-neuf. » qu'enfin arriva l'âge où, d'ordinaire, les idées » se développent, je lus les intéressants voyages » de Levaillant, et me sentis de plus en plus en>> traîné par l'amour de cette liberté, insaisissable >> partout ailleurs qu'au sein des déserts de l'A>> frique.

>> Malheureusement pour moi, j'étais destiné » soit au barreau, soit à la magistrature, par une » volonté que je considérais alors comme im» muable ; j'étais soumis, mais non changé, sans >> cependant oser espérer que, dans l'avenir, nai>> traient des jours meilleurs, où je n'aurais qu'à » me laisser entraîner par le vent de la fortune » vers une terre de merveilles.

>> Des circonstances advinrent qui me permirent >> de rompre avec cette vocation forcée que je com>> parais à un cauchemar. Il fallait instantanément >> en adopter une autre, et, dans ma joie, je m'ar>> rêtais au métier de marin. Cinq années de na»vigation, tant dans le nord de l'Europe qu'au » Sénégal et dans les Antilles, me firent prendre >> en horreur cette vie trop limitée du bord, sans >> toutefois me dégoûter des voyages. Une fièvre >> tenace contractée à la Guadeloupe me fit faire » de sérieuses réflexions, et je revins en France. » Ma santé exigeait un long repos; mais la vie » inactive me fatiguait plus encore que la fièvre >> aussi, au fur et à mesure que j'avançais dans >> ma convalescence, revenait à mon esprit tout ce » que j'avais vu de séduisant sur les belles côtes » de la Gambie et de Sierra-Leone, où la végéta» tion semble avoir étalé tout son luxe. J'étais >> trop faible pour résister à mon goût dominant; » la vue de ces tableaux enchanteurs, peints dans >> mes souvenirs et sans cesse présents à mon ima>> gination, donna naissance à des projets qui furent immédiatement suivis d'exécution.

» Le 10 mai 1838, je quittai Douai accompagné » des vœux de mes amis, et je me rendis à Paris » pour y faire les préparatifs d'un long voyage, » et, ces préparatifs terminés, je partis pour Bor>> deaux. >>

Delegorgue s'embarqua dans ce port et fit voile pour le cap de Bonne-Espérance. Après avoir visité la ville du Cap et une partie de ses alentours, où il se livra à la chasse, il reprit la mer et se rendit au Port-Natal. Il parcourut tour à tour le Dingaan, les rives du Tonguela, les Amazoulous, la baie Sainte-Marie, le pays des Marsalicatzi et Vaayenport. Il fut sur le point de périr dans cette traver

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Que de marches, dit-il, que de contre-marches >> pour atteindre ce but, souvent privés d'eau par » un soleil brûlant! Que de nuits passées dans » les bois, où lions et panthères rugissaient à >> l'envie, et où, pour couronner nos fatigues, les >> orages tonnants fracassaient les arbres devenus »> nos uniques abris ! J'ai su me faire à tout cela » et je ne saurais le dépeindre, car il est des im>> pressions qui passent à l'état normal pour être >> trop répétées; dès lors elles ne sont plus senties » et chacun peut se figurer la difficulté de les re>> produire. »

De retour à Port-Natal après trois années, Delegorgue s'y embarqua avec ses riches collections. pour le Cap, où il séjourna encore deux mois, attendant un navire qui fit voile pour l'Europe. Il en partit, et treize jours plus tard, il touchait à Sainte-Hélène, où il ne demeura que peu de temps. pour visiter le tombeau vide des restes de Napoléon. Le Sarah-Charlotte qui le portait reprit, la mer. A la fin de novembre 1844, notre voyageur revoyait la France et nous rapportait ses belles et riches collections. Peu de temps après, Delegorgue fut nommé chevalier de la Légion d'honneur. Tout en s'occupant de la mise en ordre et du classement de ses belles collections, il écrivit la relation de son voyage qui parut en 1847 (1).

Il se décida en 1850 à entreprendre une nouvelle excursion dans l'Afrique occidentale, et s'embarqua sur le Juste. Hélas! le 30 mai 1858, il succombait à une inflammation du pylore, en pleine mer et par une chaleur de quarante degrés, àgé de trente-cinq ans et six mois, et dans les bras de son ami le capitaine Lieffenbach. On ne pouvait conserver son corps qui fut lancé à la mer au grand désespoir de ses amis du bord, presque en face même du but de son voyage.

Voici le portrait que nous en a donné son ami, sire Henri Berthoud :

<< Delegorgue voyageait dans l'intérieur de l'A>> frique avec des chariots traînés par des bœufs >> et escortés par des indigènes.

» Jamais son sang-froid ne se démentit en face » du péril, et il sut toujours dominer par sa fermeté les peuplades sauvages avec lesquelles il >> se trouvait en contact.

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>> On comprenait sans peine cette influence de

avec dessins et cartes, par Adolphe Delegorgue, de Douai. (1) Voyage dans l'Afrique centrale exécuté de 1838 à 1844 Paris. A. René, 2 vol. in-8 1847.

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DUMARQUEZ ((L.-J.), religieux d'Eaucourt, poète, membre de la société des Rosati, né à (Artois). M. V. Advielle possède les manuscrits autographes de ce poète. Ils forment dix petits volumes in-8 qu'il a achetés à la vente Godin, à Arras (1875).

DUMÉRII. (Constant), ancien maire de Saint-Omer, président de la chambre de commerce, ancien membre du conseil général de l'agriculture, ancien membre de l'Académie nationale et des manufactures de Paris, etc., etc.

Né en 1809 d'une famille qui compte parmi ses membres tant de savants, tant de littérateurs, Constant Duméril aurait pu suivre la magnifique voie qui lui était tracée. S'il préféra l'industrie, c'est qu'il comprenait qu'il saurait y tenir sa place, comme l'ont prouvé toute sa carrière et les nombreuses médailles qu'il a obtenues à toutes les expositions.

Il y avait chez lui, à côté de l'industriel, l'homme érudit, capable de s'élever aux spéculations les plus pures de l'esprit humain, et, dans toutes les circonstances où il se trouva placé, il sut toujours être à la hauteur de la tâche que ses concitoyens lui avaient confiée.

Nommé à l'âge de vingt-cinq ans, en 1834, membre du conseil municipal de Saint-Omer, il a, depuis cette époque, plusieurs fois fait partie de cette assemblée. Les registres des délibérations prouvent toute la part qu'il a prise dans l'expédition des affaires municipales ; ses rapports si bien conçus, si savamment étudiés, ont été d'un grand poids dans les décisions du conseil qui les a toujours approuvés.

Successivement appelé aux fonctions de juge au tribunal de commerce, de président de la chambre de commerce, d'administrateur des hospices, du lycée et de l'école des Beaux-Arts, il a partout

Il est mort le 8 février 1877.

DUSSAUSSOY (Omer-Constant-Joseph), naquit à Maizières, canton d'Aubigny, le 6 mai 1778. Ses parents, après lui avoir procuré toute l'éducation que comportait la modicité de leur fortune, le destinèrent à la profession d'imprimeur et le confièrent, jeune encore, aux soins du sieur Duflos, typographe à Saint-Pol. Cet homme éclairé, qui plus tard devint membre du conseil des Cinq-Cents, s'attacha promptement à son élève, dont l'intelligence et l'aptitude révélaient déjà un avenir ho

norable et certain.

L'âge approchait pour Dussaussoy de paraître sous les drapeaux, et sa famille s'effrayait d'abandonner aux hasards de la guerre l'appui qu'elle en attendait. Par le crédit du sieur Duflos, et au moyen d'un emploi d'écrivain dans le district de la localité, on parvint à le soustraire à la réquisition. Dussaussoy se livrant sans relâche au travail, partageait son temps entre ses devoirs de l'atelier et ceux de son emploi, dont le faible produit venait en aide à ses parents.

En se résignant à une vie paisible, il faisait toutefois une douloureuse concession; car la voix du pays alors en armes, retentissait non moins puissante que celle de la nature dans son cœur simple et dévoué. Mais la destinée, généralement favorable aux hommes de bonne et ferme volonté, n'accepta pas ce sacrifice et lui fournit bientôt une nouvelle occasion d'entrer, en sûreté de conscience, dans la carrière à laquelle il aspirait. En 1798, une nouvelle levée de troupes appelle aux frontières son frère, plus jeune et moins robuste que lui. Dussaussoy demande à marcher à sa place, surmonte à force de prières les scrupules et les résistances qu'on lui oppose, et se fait incorporer, au mois de décembre, dans le 8 régiment d'artillerie, en garnison à La Fère.

Il fit en 1799 partie de l'un des corps de l'armée de l'Ouest, et se trouva plusieurs fois sous le feu des Anglais. En 1808, après la pacification des provinces, il fut embarqué à bord du vaisseau Î'Indivisible, l'un de ceux de la division que l'amiral Gautheaume devait conduire de Brest au secours de l'armée d'Egypte, et qui ne parvint pas à sa destination.

Rentré à Toulon, Dussaussoy passa, au mois de mars 1801, dans le 1 régiment d'artillerie, en garnison à Douai; deux mois après, il était fourrier, et fut fait sergent au commencement de 1802.

Mettant à profit les loisirs que lui procurait cette

situation, sans autre ressource que les conseils de ses supérieurs, aidé sans doute de la bienveillance de quelques professeurs, il osa penser que l'Ecole polytechnique s'ouvrirait devant lui. Et, en effet, par un effort peu commun de travail et de constance, il arriva à ce point que sur seize élèves qui se présentèrent à l'examen public à Douai, en 1803, il fut reçu l'un des premiers.

Son avenir s'élargit dès lors devant lui. A sa sortie de l'école de Metz, en octobre 1806, il revint dans ce même 1er régiment, témoin de ses succès. Il fut immédiatement attaché au 6 corps de la grande armée, dont il suivit jusqu'en 1812 les nombreuses évolutions du nord au midi de l'Europe. Il assista successivement aux combats de Cantrouck, d'Ostrolenka, à la bataille de Burgos, et prit part à cette multitude de rencontres qui, en Espagne, signalaient presque toutes nos journées, Ses services et sa bravoure lui valurent, dès le mois de mars 1808, la croix de la Légion d'honneur. Toujours infatigable, il savait encore, pendant l'intervalle des actions de guerre, remplir dans les parcs et près des généraux les fonctions qui se rattachent à l'entretien et à la création du nombreux matériel de l'artillerie.

Ses premiers essais dans ce genre de service qui exige non moins d'ordre et de méthode que de véritable science, furent pour lui l'occasion de manifester l'aptitude investigatrice particulière qui rendait ses avis et son jugement précieux en toutes choses. Aussi, devenu capitaine au commencement de 1811, et toujours attaché au 6° corps, on le mit à la tête de la 7 compagnie d'ouvriers d'artillerie, et avec cette tronpe d'élite, il prit la part la plus active aux travaux de la fonderie de Séville et à la fabrication des poudres et projectiles nécessaires aux armées du midi de l'Espagne. Cependant ses forces s'épuisèrent un instant dans cette fatigue incessante de l'esprit et du corps, et, à la suite d'une maladie aiguë, les médecins exigèrent son retour en France; il y revint à la fin d'octobre 1812.

Il reprit bientôt le cours de ses travaux, et dès le mois de mars 1813, il fut attaché à l'arsenal de Paris. Peu après, envoyé en Allemagne, on le chargea d'organiser des fonderies de projectiles d'abord à Hambourg, puis à Magdebourg, dont le gouverneur le nomma d'office chef de bataillon, et, outre ses autres fonctions, lui confia le commandement de l'artillerie de l'un des fronts d'attaque de la place.

Après les événements de 1814, le commandant Dussaussoy fut appelé au comité central de l'artillerie à Paris. Chevalier de Saint-Louis au mois de février 1815, il fut peu de temps après nommé directeur du parc de l'armée dite royale, que le gouvernement d'alors crut pouvoir opposer à l'ascendant de Napoléon, et qui ne servit qu'à escorter le dernier triomphe de l'empereur. Il continua ses services pendant les Cent-Jours, tant au comité que

dans les ateliers d'armes de la capitale. Il fut ensuite successivement sous-directeur de l'artillerie à Mézières en 1816, sous-directeur de la fonderie. de Toulouse en 1817, sous-directeur à Cambrai en 1822, directeur de la fonderie de Douai en 1826, et reçut la même année la croix d'officier de la Légion d'honneur. Ses services dans ce dernier établissement lui valurent en 1832 le grade de lieutenant-colonel, avec lequel il continua de le diriger jusqu'en 1737, époque où il fut nommé colonel et directeur d'artillerie à Rennes. Atteint l'année suivante par l'inflexible loi de la retraite, il revint en 1838 se fixer à Douai et y reprendre sa place parmi les plus honorables membres de la cité. Outre les emplois permanents où son esprit d'analyse et d'exactitude se signalait dans les améliorations de détail du régime des arsenaux, M. Dussaussoy eut à remplir, pendant cette même période de 1814 à 1838, de nombreuses missions temporaires d'un haut intérêt qui toutes lui méritèrent les félicitations officielles et les témoignages particuliers d'estime des chefs les plus renommés de l'artillerie. Nous citerons les plus importantes : les expériences sur la fabrication et l'épreuve des poudres faites à Toulouse en 1817; celles auxquelles il prit part en 1821, à la fonderie de Douai, de concert avec MM. Gay-Lussac et Darcet, pour déterminer les meilleures proportions à donner à l'alliage qui constitue le bronze des canons et pour établir la loi des variations de densité que le refroidissement opère entre les diverses parties d'un alliage homogène en fusion; loi dont la connaissance était nécessaire pour fixer la longueur qu'il convient de donner aux masselottes dans le coulage des bouches à feu. Même pendant sa retraite, le colonel Dussaussoy fut appelé à concourir en 1840 aux travaux d'une commission composée des plus habiles métallurgistes de France, et chargée de préparer la refonte générale des anciennes monnaies de billon.

Revenons maintenant à l'homme simple et bon qui, dès le début de sa jeunesse, se fit par son dévouement le chef et l'appui des siens. Les nombreux travaux qu'il sut accomplir, lui valurent souvent, en dehors de ses traitements militaires, de justes indemnités et des gratifications. A l'exception de ce qui n'était pas rigoureusement nécessaire à son entretien, tout passait à sa famille, dont, en moins de vingt ans, il parvint ainsi à changer et rehausser l'existence.

Riche de ses antécédents et de l'estime qu'il s'était acquise, il fut accueilli avec empressement, en 1815, dans une famille distinguée, et accepté pour gendre par M. Louvet, ancien membre du corps législatif. Dix-huit ans après, les plus hauts témoignages de la considération publique venaient se joindre à ceux dont ses compagnons d'armes l'avaient toujours entouré, il fut élu député du Pas-de-Calais dans cette même ville de Saint-Pol

où son nom et les exemples qu'il a fournis sont honorés et cités dans les familles. Il siégea à la Chambre pendant les sessions de 1833 et 1834.

Il était membre de l'académie de Toulouse et de la société d'émulation de Cambrai, qui l'avaient élu en 1820 et 1822. La société royale et centrale du département du Nord, appréciant à son tour l'étendue et la variété de ses connaissances, l'appela dans son sein en 1827; et depuis cette époque, il ne cessa de prendre la part la plus active à ses nombreux travaux. Il y fit constamment partie des commissions de l'agriculture, et des sciences exactes et naturelles. Souvent président de ces commissions, honoré plusieurs fois de la vice-présidence de la société, il est peu de questions pratiques dans lesquelles son expérience et sa perspicacité n'aient apporté de vives lumières. Il présenta notamment un mémoire sur la culture du tabac,

un autre sur la machine à battre les grains de MM. Fiévet de Masny. Les rapports et les notices dont il se chargeait si fréquemment, étaient généralement clairs et substantiels.

Le germe mortel qu'il portait, prenant tout à coup un développement inattendu, le colonel Dussaussoy jugea bientôt lui-même que sa fin approchait. Sa constance n'en fut point troublée. Au milieu de sa femme, de ses enfants, de son gendre qui l'entouraient de vénération et d'amour, il semblait n'être occupé que du soin de leur faire partager sa résignation. Il s'éteignit peu à peu, non sans de vives souffrances, et ferma les yeux le 12 janvier 1868, dans sa soixante-huitième année, avec le calme que donne une conscience pure, et plein d'espoir dans les assurances consolantes de la religion.

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Les réfractaires étaient nombreux; ils s'étaient réfugiés en grand nombre à Lestrem, dans le pays de l'Alleu et dans les communes voisines, protégés qu'ils étaient, tant par la bienveillance des habitants que par la nature du pays, au milieu de l'inextricable dédale de chemins bourbeux et impraticables, de fossés, de buissons et de marais. -Louis Fruchard, implacable ennemi de la Révolution, s'était mis à leur tête et avait soulevé le pays au nom du roi. Il y organisa contre les gendarmes de l'Empire une sorte de guerre de guerillas sans trève ni merci. Rien ne pouvait dompter cet intrépide partisan- et Napoléon dut se résoudre à envoyer contre lui un de ses généraux à la tête d'une division de la garde. - Mais il fallait compter avec les difficultés matérielles de la contrée, et

le général Boyer de Ribeval dût, après une tentative infructueuse, se rabattre sur Béthune et y attendre qu'une gelée permit à ses soldats de pénétrer dans le pays et de poursuivre les insurgés.

De vives escarmouches eurent lieu à Lestrem et

à Merville; enveloppés et traqués par les troupes, les réfractaires se concentrèrent bon gré mal gré sur la place d'Estaires, où eût lieu un combat sanglant et décisif; retranchés dans les maisons et dans l'Hôtel-de-Ville, ils opposèrent la plus opiniâtre résistance et ce ne fut qu'à la force et au nombre qu'ils se rendirent enfin. - Fruchard fut pris comme ses compagnons, et conduits à Béthune où on eût la naïveté de les incorporer dans la garnison de cette ville; au premier dégel ils ne manquèrent pas de prendre la clef des champs et de retourner dans leurs foyers, où on ne les inquiéta plus.

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Quant au héros de cette épopée, Louis Fruchard, entra, à la Restauration, dans les armées de Louis XVIII; il atteignit le temps de sa retraite, avec le grade de capitaine et la décoration de la Légion d'honneur.

H

HÉNARD. Né à Ardres, le 11 octobre 1774. Hénard entra au service en 1793, dans le 28 de ligne. Sergent en 1801, il était sous-lieutenant en 1806, lieutenant en 1809, capitaine en 1810, mis à la retraite en 1816. Ses grades furent par lui vaillamment conquis pendant les campagnes de Hollande, d'Italie, d'Allemagne, de Russie; les champs

| de bataille de Wagram, d'Austerlitz, de Marengo, furent témoins de sa bravoure et il arrosa de son sang ceux d'Eylau, de Henisten et de Namur; à Moscou, ce fut lui qui, le premier, planta son étendard sur le Kremlin.

Il est mort le 1er décembre 1845.

L

LENGLET (Emile), né à Arras le 1er avril 1811, d'une famille de négociants, fut envoyé à Paris en 1827 pour y terminer ses études universitaires.

Bien que très-jeune alors, après avoir passé ses examens de baccalauréat, il se trouva mêlé aux luttes politiques qui amenèrent la chute de la dynastie des Bourbons, au profit de la monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe.

D'une nature généreuse à l'excès et d'une bravoure poussée jusqu'à la témérité en présence du danger, Emile Lenglet était cependant doué d'un jugement solide et réfléchi. qui l'empêchait de tomber dans les extrêmes, malgré les ardeurs de son tempérament.

La France, et Paris qui en est la tête aussi bien que le cœur et l'esprit, bouillonnaient en présence des exigences d'un régime dynastique ramené dans les fourgons de l'étranger.

C'était une époque de réveil intellectuel, politique et littéraire; cette génération des hommes de 1830, qui a produit les Foy, les Casimir Périer, les Armand Carrel et les Thiers animait d'un souffle puissant la grande nation, et la poussait à la revendication de sa liberté.

En 1829, Emile Lenglet eut un duel à l'épée avec un officier de la garde royale qu'il blessa grièvement, ce qui attira sur lui l'attention publique.

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Nommé délégué de la jeunesse des Ecoles, foyer des idées généreuses à cette époque, il se trouva en rapport, malgré son extrème jeunesse, avec tous les hommes politiques qui émergèrent dans la suite, et prit une part active aux journées de juillet 1830; il combattit vaillamment avec le coTonel Charras, (qui aimait à le lui rappeler), lors de la prise de la caserne de Babylone.

Emile Lenglet, de 1830 à 1836, époque où il revint à Arras, conserva des relations avec les adversaires politiques marquants de la dynastie orléaniste, et fut notamment en rapport avec Armand Carrel, qui avait pour lui une estime toute particulière.

En 1836, Emile Lenglet se fit inscrire au barreau, où il ne tarda pas par son talent, sa nature ouverte et communicative, à prendre une grande situation.

L'agitation des banquets réformistes, qui précéda la chute de Louis-Philippe, eut en lui un de ses principaux initiateurs à Arras et dans le Pasde-Calais.

Elu par 72,000 suffrages à l'Assemblée constituante, il y joua un rôle actif, et sut y acquérir des amitiés qui lui restèrent fidèles.

En juin 1848, il réclama comme un honneur d'être désigné parmi les Représentants du peuple délégués pour la répression du mouvement insur

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