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Enfin, dans le domaine de l'histoire et de la statistique, nous citerons encore les noms de P.-E. Müller et d'Oppermann.

Le mouvement forestier. Nous avons déjà parlé de l'action énergique et bienfaisante de la Société des Landes, qui publie un bulletin apprécié. L'Association forestière danoise (Det Danske Skovforening) groupant un grand nombre de propriétaires, de praticiens et de commerçants en bois, joue aussi un rôle im portant dans le mouvement forestier, tant en intervenant pour la défense et le progrès des forêts que par les réunions périodiques de ses comités locaux, où l'on détermine des prix de base pour les bois façonnés, destinés à servir d'indication aux propriétaires et aux négociants. Cette société avait naguère à son service quelques forestiers pour remplir les fonctions de conseillers techniques auprès des particuliers, mais cette institution a disparu, n'ayant plus sa raison d'être depuis la création des Forstkonsulenter (1). Le journal de l'Association forestière danoise, qui est en même temps l'organe de l'Union des Forstkandidater, publie des articles très scientifiques, et compte un grand nombre de collaborateurs dont il rémunère les communications, soumises à l'approbation d'un comité de rédaction dirigé par le professeur Helms.

Au total, on s'intéresse beaucoup aux forêts en Danemark, autant parce que le faible taux de boisement du pays permet de mesurer leur utilité que parce que l'opinion publique voit dans l'arbre l'agent primordial de la remise en valeur des landes du Jutland. Avec l'esprit minutieux, mais clair, des races du Nord, propriétaires et forestiers s'appliquent à tirer le meilleur parti de leurs massifs, en cherchant à satisfaire de plus en plus largement aux besoins du présent, sans compromettre l'avenir.

(1) Cf. p. 81.

CONCLUSION

Nous nous sommes efforcé, dans les études qui précèdent, d'analyser les principes et les méthodes de l'art forestier danois, et quelquefois d'en faire une étude critique, en exprimant notre sentiment personnel à leur sujet.

Si nous cherchons à dégager une impression d'ensemble sur le Danemark forestier, sans oublier qu'il s'agit d'un pays grand comme quelques-uns de nos départements, nous ne pourrons, d'abord, qu'apprécier à sa juste et très grande valeur, l'action de nos collègues du Nord. En matière de reboisement, l'effort accompli en Jutland est, toutes proportions gardées, fort considérable et assure aux générations futures, sinon un grand revenu, du moins une notable amélioration du climat, du régime des eaux, et plus généralement des facteurs agronomiques et sociaux du pays. Dans les domaines de la sylviculture et de l'économie forestière, la pratique des régénérations artificielles permet d'obtenir dans un minimum de temps des peuplements remarquablement pleins et réguliers; la fréquence et l'intensité des éclaircies, avec emploi de révolutions plutôt courtes, ont pour résultat des rendements impressionnants.

Mais dans quelles conditions, ressortissant parfois de l'art des parcs presque autant que de la sylviculture, sont obtenus ces brillants résultats?

Nous ne songeons nullement, bien au contraire, à critiquer la richesse des effectifs forestiers danois dont nous avons pu constater la haute compétence et qui nous paraît indispensable pour assurer une gestion vraiment intensive; nous reconnaissons sans réticences que la pratique des régénérations artificielles est souvent d'une nécessité absolue, soit par suite de l'état du sol, soit pour changer l'essence encore que les cultures soient parfois si coûteuses qu'on peut se demander si le propriétaire retrouvera jamais l'intérêt du capital engagé.

Mais ne serait-il pas possible, en quelques endroits, de réduire les dépenses en recourant aux systèmes de régénération naturelle français, qui même dans des conditions défavorables arrivent avec le temps à produire sans frais, ou presque, des semis en large suffisance. La régularité absolue des peuple

à l'état de pureté complète, doit-elle représenter l'idéal du forestier? Au point de vue économique, peut être; au point de vue biologique, certainement non. Une prudence plus forte dans les premières éclaircies n'améliorerait-elle pas la qualité du bois, et peut-être la forme des arbres? Le maintien d'un certain nombre de sujets dominés et d'un léger sous-bois n'empêcherait-il pas, au moins partiellement, la formation du mʊr si redouté, et aussi l'éclosion, à la moindre lumière, des herbes si abondantes dans les sols humides; ne faciliterait-il pas par suite la régénération naturelle?

Toutes ces remarques ne sont pas sans avoir déjà appelé l'attention des forestiers danois, surtout de ceux qui connaissent les forêts françaises; et si, en disciple de nos vieux maîtres, nous n'hésitons pas à les formuler ici, nous n'hésitons pas non plus à émettre l'opinion que notre sylviculture gagnerait à s'inspirer en diverses occasions des méthodes danoises.

La technique du reboisement des landes jutlandaises ne pourrait-elle, dans quelque mesure, être adaptée à la reforestation de nos landes de Bretagne, du plateau de Millevache, voire des sommets chauves des Vosges et du Massif Central?

Les difficultés que nous rencontrons dans la régénération du hêtre, en sol granitique acidifié à la surface, ne pourraient-elles être combattues, sinon aplanies, par un traitement analogue à celui du « Mor »; et une partie de nos forêts, morvandelles et autres ne pourraient-elles pas ainsi demeurer de bonnes et perpétuelles hêtraies, au lieu de faire place trop souvent à d'éphémères plantations d'épicéa? Enfin et surtout, ne pourrions-nous, en ces temps de disette de bois, accroître sensiblement, par des interventions moins espacées et moins timides, le rendement de nos futaies? L'exécution des éclaircies fortes à grand rendement est évidemment des plus délicates, voire dangereuse, la densité des peuplements devant être constamment maintenue à la limite où le sol risque de se détériorer; elle ne peut être

assurée que par des praticiens sûrs d'eux-mêmes, connaissant leurs forêts aussi bien que leur métier; et à cet égard, il est certain que, l'extrême variabilité de nos massifs au point de vue des essences, du climat et du terrain pourrait entraîner des fautes et des erreurs.

Mais il ne nous appartient pas de répondre à toutes ces questions...

... Et en exprimant la conclusion que le Danemark mérite en matière sylvicole une renommée égale à celle dont il jouit déjà en matière agricole, nous nous bornerons à constater que les excellents résultats qu'on y obtient tiennent simplement à l'application intensive de méthodes issues de l'expérience et parfaitement adaptées aux conditions locales. Tant est vraie la parole du vieux Reventlow: Af gode Forstböger laerer man meget, men langt mere ved selv agte paa, hvad der har bidraget til eller skadet Traeernes fordelagtige Fremvaekst.

On apprend beaucoup à lire de bons livres forestiers, mais plus encore à observer par soi-même ce qui s'est montré favorable ou préjudiciable à la bonne croissance des arbres. >>

H. PERRIN.

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(1) Les ouvrages marqués d'un astérisque n'ont pu être consultés par l'auteur.

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