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la façon de fixer la durée des périodes en fonction du temps, éminemment variable, qui est nécessaire pour obtenir la régénération naturelle (1). Voici ce qu'on lit dans cet ouvrage, page 80 de la première édition, page 108 de la deuxième (1860) : « Dans les contrées où les années de semence sont fréquentes, où la régénération naturelle s'effectue promptement et facilement, on peut diviser la révolution en périodes de courte durée... Cependant il est rarement possible, même dans les conditions les plus favorables, de réduire la durée des périodes en deçà de 20 ans sans risquer d'entraver la marche régulière des coupes de régénération. >>

« Au contraire, dans les forêts où les années de semence sont rares, où la régénération naturelle s'effectue lentement et difficilement, où les semis naturels ont besoin dans leur jeune âge d'un abri prolongé, il faut donner aux périodes une durée beaucoup plus longue, 30 à 40 ans... Ce cas se présente surtout dans les sapinières des climats rudes... >>

Une autre modification, beaucoup moins heureuse, de la méthode de Parade, apparaît dans la troisième édition du livre de Nanquette (2) et surtout dans les ouvrages de Tassy (3), qui ont visiblement influencé les deux dernières éditions du Cours d'aménagement.

(1) De Salomon avait déjà enseigné à Nancy que la durée des périodes doit dépendre du temps nécessaire pour la régénération (Traité d'aménagement publié en 1836, tome I, P. 74).

(2) 3o édition du Cours d'aménagement de Nanquette, publiée par Broilliard en 1878 Nancy, I vol. in-8 de 348 p. - BROILLIARD, inspecteur des forêts, qui fut pendant quelques années répétiteur, à Nancy, du cours d'aménagement, déclare lui-même, à la première ligne du livre qu'il fit imprimer en 1878, que celui-ci n'est qu'une nouvelle édition du cours de Nanquette. En réalité, c'est un ouvrage assez fortement remanié dans certaines parties, et, le plus souvent, en progrès sur le livre de Nanquette.

(3) TASSY (Louis), né en 1816, entré comme élève à l'École forestière avec la 13o promotion (en même temps que Nanquette) en 1836, plus tard chef de bureau à l'Administration centrale, conservateur des forêts, vérificateur général des aménagements, admis à la retraite en 1875.

Tassy a été pendant huit ans, de 1857 à 1862 et de 1865 à 1868, à la tête d'une mission de forestiers mise par le Gouvernement français à la disposition du Gouvernement ottoman. Il fonda à Constantinople, en cette qualité, une école forestière dont il fut le directeur, mais qui n'eut qu'une existence éphémère.

Il fut aussi professeur de sylviculture à l'Institut agronomique de Versailles de 1848 à 1852 et à l'Institut national agronomique de Paris de 1876 à 1882.

Il mourut à Aix-en-Provence le 1er décembre 1895.

Les écrits de Tassy se distinguent par une assez grande vivacité de polémique, et, supérieurement, par un véritable et brillant talent littéraire, qui en rend la lecture fort attrayante

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Vérificateur général des aménagements à l'Administration des Forêts, de 1868 à 1875.

(D'après une photographie communiquée par la famille de Tassy.)

Elle consiste dans la conception d'une forêt idéale, dite normale, divisée une fois pour toutes, sur le terrain, en affectations immuables, véritables unités topographiques, attribuées pour la réalisation à des périodes successives, coupures faites à jamais dans une durée de révolution intangible (1).

Comme conséquence de ce système, chaque affectation devait former un bloc d'un seul tenant, sans égard aux sacrifices d'exploitabilité qui en résultaient nécessairement; les affectations devaient être naturellement délimitées, en montagne par les principales lignes dessinant le relief du terrain, en plaine par des laies largement défrichées, etc. (2).

et explique peut-être surtout la grande influence qu'ils exercèrent sur les forestiers en leur temps. Parmi ces écrits je mentionnerai ici les suivants :

Etudes sur l'aménagement des forêts, Paris 1858, 1 vol. de 375 p. in-8°; 2o édit., Paris 1872, 1 vol. de 498 p. in-8° et 3e édit., Paris 1887, 1 vol. de 591 p. in-8°.

Tassy a publié, en 1872, un rapport très étendu sur les forêts de l'Algérie, et, de 1882 à 1884, plusieurs travaux importants sur la Restauration des montagnes. Enfin je signalerai principalement, en dehors de ses œuvres scientifiques, les très belles et émouvantes notices biographiques sur Lorentz et Parade qui ont paru, réunies en un volume (Paris 1866, 1 vol. de 160 p. in-8° avec deux portraits.)

(1) Parade était non seulement étranger, mais franchement opposé à cette conception des aménagements définitifs, à réglement général irrévisable. Il a écrit dans sa préface à la 2o édition du Cours d'aménagement: « A mesure de l'exécution (l'application) des aménagements on reconnut combien sont incertaines les prévisions qui... s'étendent à des époques éloignées, combien il y avait d'illusion à prétendre, un siècle d'avance, enchaîner, pour ainsi dire, la marche de la nature et contraindre l'intervention des hommes ». Il est assez piquant de voir cette déclaration en préface au livre de Nanquette.

(2) On groupera les parcelles qui doivent former chaque affectation. (L'aménagement des forêts, par A. PUTON, sous-inspecteur des forêts, chargé de cours à l'École forestière. Paris 1867, 1 vol. in-18 de 170 p.; 2o édition, in-18 de 218 p. en 1874; 3o édition en 1883, in-18 de 218 p. Cet ouvrage a été traduit en allemand en 1894 par Liebeneiner (Parey, éditeur à Berlin, 1 vol. in-8° de 144 p.).

«Chaque affectation doit être formée de parcelles contigues ou d'un groupe de parcelles d'un seul tenant >> (3o édition du Cours d'aménagement de Nanquette, par Broilliard, p. 144). « Je recommande surtout de ne jamais scinder les affectations... les affectations sont d'autant plus propres à assurer l'exécution de l'aménagement qu'elles sont plus massées... on conçoit que cette nécessité de former des affectations d'un seul tenant puisse faire colloquer dans une affectation des bois plus jeunes ou plus âgés qu'il ne faudrait; la régularisation de la forêt et les grands avantages qu'on a le droit d'en attendre pour l'avenir le veulent ainsi... Pourtant il n'est pas rare de voir des agents forestiers... qui ne comprennent pas qu'au-dessus des besoins du peuplement il y a ceux de la forêt... ces erreurs proviennent d'un défaut de portée dans les vues. Les agents n'ont pas toujours l'intelligence des sacrifices qu'il convient de faire à la régularisation de la marche des exploitations » (Études sur l'aménagement, par TASSY, 3e édition, op. cit.).

On voit par cette dernière citation qu'à l'époque où écrivait Tassy (1887) beaucoup (la majorité, je crois) parmi les agents forestiers s'étaient détournés de la conception du règlement général intangible, des affectations unités topographiques d'un seul tenant, naturellement délimitées, formées une fois pour toutes comme des coupures permanentes de l'étendue de la série.

Telle est, à grands traits, la genèse, et tel l'exposé succinct de la méthode combinée, à règlement général permanent (ou, comme on dit quelquefois, à affectations permanentes) qui, pendant plus d'un quart de siècle, fut la seule appliquée aux futaies pleines en France.

Dans la partie de la forêt non soumise aux coupes de réalisation, il est pratiqué des coupes d'amélioration (1) qui sont, en principe et essentiellement, des coupes d'éclaircie. On a vu ces coupes décrites, étudiées dans leur pratique et leurs effets, par les auteurs forestiers de l'ancien régime et surtout par Varenne de Fenille, à la fin du xviie siècle (2).

En l'an VII, Poullain-Grandprey (3) présenta au Conseil des Cinq-Cents un rapport, à l'occasion d'un projet de code forestier (qui n'eut pas de suite). Il dit, à propos de l'article 46 du Code projeté, qu'il convient de régler les futaies à 120 ou 180 ans et d'y pratiquer des « nétoyements » (c'est-à-dire des éclaircies) de trente en trente ans.

De Perthuis (4) s'exprime de la façon suivante, à propos des « éclaircissements » :

« Pour accélérer l'accroissement des futaies pleines, il faut procéder à un éclaircissement périodique que l'on peut déterminer de cette manière :

« A 30 ans, on fera un premier éclaircissement..., à 60 ans on en fera un second (qui laissera les arbres espacés de 5 pieds

(1) Bien que cet ouvrage, de par son titre même, soit uniquement consacré à l'histoire des aménagements en France, je ne craindrai pas trop de faire ici, comme je l'ai fait à d'autres occasions, dans la première partie, quelques incursions dans le domaine de la sylviculture, ainsi qu'on m'en a exprimé le désir. Aménagement et sylviculture ont du reste une frontière commune et souvent indécise, ce qui justifie mes digressions sur un terrain si voisin du mien.

(2) Voir plus haut p. 105 et suiv.

(3) POULLAIN-GRANDPREY, magistrat à Neufchâteau (Vosges) et membre du Conseil des Cinq-Cents, était fils d'un maître particulier des Eaux et Forêts. Le rapport auquel je fais ici allusion a été publié in extenso dans une brochure imprimée par l'imprimerie nationale en l'an VIII; il se trouve en tête du texte du projet de code forestier présenté au Conseil.

(4) Le baron L. DE Perthuis de LAILLEVAUT, né en 1757, mort en l'an IX, publia, sous la Révolution, divers mémoires sur des questions forestières qui furent coordonnés en un volume in-8° de 384 p. publié en l'an XI, après sa mort, par son fils, sous le titre de Traité de l'aménagement et de la restauration des bols et forêts de la France. Les passages cités ci-dessus se trouvent p. 190 et suiv. de cet ouvrage.

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