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20 Il est pratiquement impossible de recommencer, tous les cinq ou six ans, l'inventaire du matériel d'une forêt de quelque

de sa main, daté du 16 avril 1886. Il avait prévu une rotation de 6 ans pour les coupes qui comporteraient un recépage des sous-bois (à l'exception des semis) et l'exploitation d'un certain nombre d'arbres. En fait, étant donné la pauvreté patente de la futaie au début, les coupes d'arbres n'ont guère porté que sur les bois dépérissants. Gurnaud, dans sa note manuscrite mentionnée ci-dessus, promettait un taux d'accroissement de 8 % pour le matériel principal, de sorte que le volume de ce matériel devait se trouver augmenté de 40 % à la fin de la première rotation.

Dès l'année 1892, Gurnaud lui-même reconnut la nécessité d'augmenter la durée de la rotation des coupes, qu'il porta à 12 ans. En 1898, après sa mort, on suspendit jusqu'à nouvel ordre, sur ma proposition, les recépages systématiques du taillis, les remplaçant par des dégagements de semis très énergiques, et le traitement de la série du contrôle fut, en pratique, celui de la futaie claire (Voir p. 201 et suiv.).

Lorsque survint la dernière guerre, la forêt de Champenoux servit, pendant quatre ans, d'abri à nos troupes de première ligne. La série du contrôle, située à l'extrémité est de la forêt, eut surtout à souffrir, non seulement des coupes exécutées par les militaires, mais aussi des obus ennemis. Son peuplement fut à peu près complètement détruit et le sol bouleversé, ce qui mit fin nécessairement à l'expérience entreprise.

Des inventaires minutieux du matériel avaient été pratiqués en 1886 (janvier), en 1892 (décembre) en 1905 (février) et 1910 (novembre). En voici les principaux résultats en ce qui concerne le développement du matériel principal. J'emprunte le dispositif et les chiffres des deux tableaux ci-après à un mémoire publié, en 1920, par la Station de recherches de l'École nationale des Eaux et Forêts.

Production moyenne annuelle, en mètres cubes, du matériel principal.
(Tous les chiffres sont rapportés à l'hectare.)

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ESSENCES

Taux de production du matériel initial par essence et catégorie de grosseur.

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% % %

2,38 0,92 2,03 3,57 2,15 1,34 1,75 2,86 2,14

% %

%

de

Hêtre

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Charme et divers
Bois blancs.

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1,61 2,52 4,28 3,281,94 3,26 5,38 1,14 2,93 5,50 4,05 D 1,25 3,19 2,96 0,96, 2,42 2,29 1,81 4,36 4,28 1,75 2,10 2,08 Ensemble du peuplement. 1,40 2,06 3,86 2,80 0,96 2,01 3,02 2,31

3,74

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I, 10, 2, 22

1,99 3,17 3,74 3,66 1,40 1,98 2,96 2,35

On voit que le taux d'accroissement de l'ensemble, pendant toute la durée de l'expérience, a été d'environ 2,35%. Si les gros bois, qui ne formaient que 23 % du volume (au

importance. Une telle façon de procéder peut convenir à un propriétaire particulier assez épris de sa forêt, qu'il connaît en quelque sorte arbre par arbre, pour consacrer une partie excessive de son temps et de son argent à des comptages sans cesse renouvelés. Il ne saurait s'adapter à la gestion de forêts publiques tant soit peu étendues.

Gurnaud paraît s'être rendu compte lui-même, dans quelque mesure, vers les derniers temps de sa vie, de cette impossibilité d'inventorier sans trêve le capital d'une forêt, et il inclinait à augmenter notablement la durée des rotations, l'intervalle des inventaires dans l'application de sa méthode d'aménagement au risque, m'a-t-il déclaré verbalement un jour, de voir se réduire les taux d'accroissement.

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Il me reste maintenant à formuler, contre la méthode du contrôle, une objection de principe très grave, qui s'oppose absolument à son emploi pour l'aménagement des forêts publiques. Les procédés de calcul de Gurnaud fournissent - ou plutôt sont prétendus fournir (1) un moyen de connaître le taux d'accroissement de toutes les parties du matériel ligneux sur pied en forêt, mais ils n'aboutissent à indiquer aucun chiffre de possibilité, ils n'assignent aucune importance à la quotité des réalisations. C'est-à-dire que, dans la méthode de Gurnaud, la partie la plus essentielle de l'aménagement d'une forêt publique, la définition exacte de la grandeur et de la nature des revenus, est laissée dans l'imprécision, ou plutôt est entièrement omise. Le propriétaire de la forêt devra, chaque année, au vu des derniers inventaires et des derniers calculs d'accroissement effectués, décider quelle sera l'importance de la coupe. Il prendra sa détermination selon ce qui lui paraîtra le plus opportun,

lieu de moitié qui est la proportion normale, d'après Gurnaud) avaient été normalement représentés; si les jeunes bois (qui formaient 45 % au lieu de 20% qui est la normale) l'avaient été moins, le taux d'accroissement de l'ensemble eût été de moins de 2 % moins du quart, par conséquent, de ce que Gurnaud avait annoncé.

J'aurai l'occasion, lorsque je parlerai plus loin de la futaie claire, d'exposer les résultats extrêmement intéressants au point de vue cultural obtenus par les coupes à très courte période de la méthode du contrôle (p. 201),

(1) Il est remarquable que toutes les erreurs des méthodes de calcul de Gurnaud ont uniformément pour effet d'exagérer l'apparence de grandeur des accroissements et des taux d'accroissement.

d'une part en considération de l'état de la forêt, d'autre part, et sans doute surtout, suivant les convenances momentanées de sa situation financière personnelle. Il augmentera ou réduira son capital ligneux, augmentera ou réduira la proportion des bois de telle ou telle catégorie de grosseur, suivant ce que lui inspireront ses propres convenances actuelles.

Un tel mode de procéder peut convenir à un particulier soucieux d'adapter ses recettes à ses exigences, libre d'user et même d'abuser non seulement de son revenu, mais aussi de son capital. Il est inconcevable, pour des raisons que je n'ai pas besoin de développer ici, de prétendre l'appliquer dans la gestion des forêts de l'État, des communes et des établissements publics (1).

(1) Je n'insisterai pas davantage sur l'examen critique de la méthode du contrôle dans cet ouvrage dont j'entends exclure toute polémique. La méthode du contrôle est exposée et discutée avec quelque détail dans le tome III de mon Économie forestière, p. 442 et suiv. de la rre édition.

TROISIÈME SECTION

LES TAILLIS SOUS FUTAIE

CHAPITRE I

ORIGINE DU TRAITEMENT EN TAILLIS SOUS FUTAIE

Lors de la fondation de l'École forestière, en 1824, les forêts feuillues de notre pays étaient soumises depuis des siècles au régime des coupes par contenance avec réserve de baliveaux. Elles se présentaient, partout où la durée de révolution des coupes était inférieure à une cinquantaine d'années, dans un état analogue: comme des suites de peuplements formés principalement de rejets de souche, surmontés d'un nombre parfois considérable, au moins dans certaines provinces, de grands arbres disséminés d'âges divers.

Ce type de forêts provenait de deux origines distinctes. Tantôt c'étaient des taillis d'existence ancienne, qu'on avait traités autrefois avec des révolutions de 10 ans ou moins encore, dont l'âge d'exploitation avait été élevé jusqu'à 15 ou 20 ans au XVIIe siècle et très généralement fixé à 25 ans au cours du XVIIIe dans les forêts des communautés laïques et ecclésiastiques. Tantôt c'étaient d'anciennes futaies pleines, d'origine le plus souvent domaniale, dont l'âge d'exploitation avait été abaissé progressivement de 200 ou 150 jusqu'à 60, 50 et 40 ans, tant pour augmenter le revenu en argent des coupes que pour faciliter la formation de renaissances, par l'appoint de rejets, en l'absence de semis suffisants.

Toutes ces forêts furent confondues par les premiers professeurs de la science forestière en France sous le nom de taillis

composés (1) ou taillis sous futaie et ce terme désigna dès lors un mode de traitement spécial que l'on trouve décrit dans la première édition du Cours de culture de 1837 (2).

Le mot taillis, je l'ai déjà fait remarquer, a pris sa signification actuelle vers 1825 et c'est, semble-t-il, Baudrillart qui l'a employé le premier avec le sens qui fut du reste adopté par l'enseignement de l'École forestière dès son début. Les mots taillis sous futaie paraissent avoir été employés pour la première fois, comme désignant un mode de traitement, par Lorentz (1825). On chercherait en vain ce terme dans le dictionnaire de Dumont (an XI), lequel décrit comme un « système d'aménagement » la futaie sur taillis, qui comporte la division de la forêt en 20 assiettes de coupes annuelles au moins et 50 au plus; lors de chaque exploitation, on recèpe les taillis et on coupe partie des arbres en réservant, par hectare, 60 baliveaux, 20 modernes, 12 anciens (3), 8 vieilles écorces, plus tous les arbres propres à la marine (4). (Dictionnaire forestier, t. II, p. 78.)

Il n'est pas non plus question de taillis sous futaie comme mode de traitement dans le dictionnaire de Baudrillart (1825).

(1) Le taillis sous futaie est une exploitation composée en ce sens qu'on y réalise à la fois plusieurs catégories de produits principaux : le taillis et des arbres d'âges divers. (2) Dans le cours qu'il professa à Nancy, de 1825 à 1830, Lorentz se déclarait catégoriquement adversaire du taillis sous futaie; il eût voulu voir les forêts traitées en futaie ou bien, là où le taillis s'imposait (par exemple pour la fourniture de charbonnette à des hauts fourneaux, verreries, salines, etc...), en taillis simple. C'est d'après cette conception qu'il aménagea, en 1826, la forêt d'Amance près de Nancy. Il considérait qu'il y avait incompatibilité entre la production de taillis et celle d'arbres de réserve.

(3) « Les baliveaux de l'âge sont ceux que les marchands sont obligés de réserver de l'âge du bois taillis qu'ils exploitent; les modernes sont ceux qui ont été réservés aux coupes précédentes depuis 80 à 60 ans et au-dessous, les anciens sont ceux qui ont atteint ou passé l'âge de 100 ans (DE FROIDOUR, op. cit.). A l'époque où Froidour écrivait (1668) les coupes d'arbres réservés au-dessus des taillis se faisaient toujours à titre extraordinaire de sorte que leur âge n'était pas en relation avec l'âge d'exploitation des taillis. (4) Une instruction ministérielle du 23 mars 1821 porte que lors du martelage des arbres réservés au-dessus des taillis, les baliveaux de l'âge et les anciens seront marqués d'une seule empreinte à 5 décimètres au-dessus du sol et les modernes à 1 mètre du sol du côté du nord.

Le 10 août 1822 cette instruction fut rapportée et le ministre décida :

1o Que les baliveaux de l'âge seront marqués à la patte et le plus près du sol qu'il se pourra;

2o Que les modernes seront marqués à la racine, sur deux blanchis rapprochés l'un de l'autre ;

3o Que les anciens seront marqués sur un seul blanchis à la racine;

4° Que, pour l'exactitude des martelages et la facilité des récolements, les marques seront toujours faites d'un seul et même côté, et au nord.

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