Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Les opérations de conversion, reprises vers 1843 ou 1844, s'étendirent rapidement sur des étendues de plus en plus grandes.

En 1856 les statistiques officielles indiquaient 96.500 hectares de taillis sous futaie domaniaux en conversion; en 1866, 148.000 hectares; en 1868, 283.000 hectares; en 1878, 290.000 hectares; en 1885, 300.000 hectares.

à convertir fut réduite à 1.358 hectares; en 1835, elle fut relevée à 2.078 hectares, mais une nouvelle ordonnance du 14 septembre 1839 rendit la forêt tout entière au régime du taillis sous futaie. A cette date la forêt renfermait déjà 784 hectares de taillis vieillis d'une quarantaine d'années. Les agents forestiers locaux, espérant que la mesure prise en 1839 serait bientôt rapportée, évitèrent tant qu'il leur fut possible de toucher aux cantons a mis en réserve et ce n'est qu'en 1851 qu'ils durent se résigner à y asseoir des coupes de taillis sous futaie. Il n'en subsistait que 312 hectares lorsqu'une décision ministérielle de 1858 vint ordonner l'étude d'un nouvel aménagement, qui fut faite par Nanquette, Bagneris et Barré.

Cet aménagement, que sanctionna un décret du 26 mars 1859, prescrivit la conversion en futaie d'une étendue de 5.311 hectares des meilleures parties de la forêt; 1.221 hectares sur les rains du massif, en terrain généralement médiocre, furent aménagés en taillis sous futaie à la révolution de 35 ans. Il est encore suivi dans ses grandes lignes à l'époque actuelle et on peut estimer que près des deux tiers de l'étendue vouée à la conversion sont déjà couverts de jeunes futaies créées par voie de régénération naturelle. Parmi les cantons les plus intéressants, je signalerai la quatrième affectation de la huitième série qui renferme des hauts perchis hêtre et chêne de toute beauté, âgés d'une soixantaine d'années.

CHAPITRE IV

ABANDON PARTIEL DE LA CONVERSION

DES FORÊTS DE CHÊNE

NOTE SUR LES CONVERSIONS

ENTREPRISES PAR LE SERVICE FORESTIER ALLEMAND EN ALSACE ET LORRAINE

C'est vers 1885 que les opérations de substitution de futaies pleines aux taillis composés atteignirent leur plus grande extension; à cette époque, les trois quarts des anciens taillis sous futaie domaniaux étaient traités en vue de leur conversion. Dans certaines conservations forestières, comme celle de Nancy, cette proportion atteignait 96 %.

Cependant, depuis plusieurs années déjà (1), il s'était manifesté une nouvelle réaction contre les conversions. Elle était provoquée, cette fois, par des forestiers que rebutaient les diffi cultés techniques de ces opérations, et qui s'effrayaient des dégâts commis dans beaucoup de forêts, surtout de chêne, par des entreprises téméraires et malheureuses. Les échecs étaient souvent imputables à des tentatives de « conversion directe », mais les coupes préparatoires étaient aussi suivies d'insuccès trop fréquents.

En 1886, l'Administration des Forêts provoqua, parmi ses agents, une enquête générale sur les résultats des tentatives de conversion et sur l'opportunité de leur poursuite. La conséquence en fut que, déjà en 1892, il ne restait plus en conversion que 149.000 hectares de forêts, un peu moins de moitié de ce qu'on comptait en 1885. En 1900, l'étendue des taillis en conversion

(1) En 1874, l'inspecteur des forêts à Toul signalait les résultats déplorables obtenus dans la forêt domaniale de la Reine (1.310 hectares sur les argiles oxfordiennes), une des plus belles forêts de chêne de la région, par les opérations de conversion (suivant la méthode directe) entreprises en 1862. Cette forêt a été rendue au taillis sous futaie en 1887.

était officiellement de 120.000 hectares et la dernière statistique, celle de 1912, n'en indique plus que 97.606 hectares seulement (1).

La conversion en futaies pleines des taillis domaniaux, entamée avec tant d'ardeur, d'enthousiasme même il y a un siècle,

(1) Il existait, dans les territoires que nous avait ravis le Traité de Francfort en 1871, environ 16.000 hectares de taillis sous futaie domaniaux en conversion, dont 4.650 avaient été mis en réserve et avaient vieilli en bloc depuis une quarantaine d'années déjà. Il existait de plus, dans la Conservation forestière de Metz, 10.000 hectares domaniaux encore traités en taillis sous futaie.

Les coupes de taillis furent généralement supprimées, dès 1871, dans toutes les forêts domaniales de l'Alsace-Lorraine. Jusqu'en 1882, les règlements d'exploitation se bornent à prévoir des coupes d'amélioration dans les anciens taillis qu'on laissait vieillir. Parfois, comme dans la forêt de Haguenau, on fit rentrer purement et simplement (dès 1873) les anciennes séries de taillis sous futaie françaises dans l'aménagement des futaies pleines voisines.

En 1882, on décida la conversion en futaie pleine de tous les taillis sous futaie subsistant dans les bois de l'État. On en forma des séries destinées à être converties pendant une durée de révolution de 80 ans divisée en quatre périodes égales. Aucune période préparatoire d'attente ne devait précéder l'entreprise immédiate des coupes de régénération dans la première affectation. Dans les trois autres affectations, les coupes de taillis furent complètement supprimées. Les peuplements y devaient rester sur pied jusqu'au moment où ces affectations viendraient en tour, c'est-à-dire encore 60 à 80 ans pour les peuplements de la quatrième affectation, mais on prescrivit la coupe systématique immédiate de toutes les vieilles réserves qui s'y trouvaient. Cette fâcheuse mesure (motivée sans doute par des considérations d'ordre financier), fut révoquée plus tard, au moins officiellement et en théorie, mais elle a eu pour effet de ruiner totalement certains cantons pour lesquels toute possibilité d'une conversion prochaine est maintenant exclue. On ne s'étonnera pas, après cela, que les chefs du service forestier d'Alsace-Lorraine aient pu déclarer officiellement que les conversions, loin d'être une cause de diminution de recettes, comme on le croit généralement, sont au contraire l'occasion d'une augmentation du revenu forestier. La conversion directe a produit en Alsace-Lorraine ses résultats ordinaires. Les plants qu'on mettait en terre ne pouvaient être sauvés de la pression des rejets de souche qu'au prix de dépenses excessives. On essaya de planter des hautes tiges, mais le gibier (cerfs et chevreuils) vint brouter avec prédilection ces jeunes chênes ou frênes dégagés, mis bien en évidence au milieu du fourré.

On finit par renoncer complètement à former, comme on avait fait d'abord, la première affectation d'un seul tenant avec les parcelles placées au nord-est du massif (en vue d'éviter les dégâts du vent). On remania les affectations, formant la première des taillis les plus âgés et des quelques îlots qui avaient conservé des arbres de réserve. On renonça à régénérer complètement la première affectation en une durée de période; on se borna à faire des coupes de régénération par petites taches, çà et là, sur les points où l'état des peuplements s'y prêtait. On abandonnait ainsi complètement la pensée de créer des peuplements équiennes de futaie pleine (*).

Les opérations de conversion entreprises par l'administration allemande n'ont pas été heureuses. Elles ont laissé les forêts appauvries, parfois ruinées, et dans le plus indescriptible désordre.

(*) Les renseignements qui précèdent sur les conversions en Alsace-Lorraine sont empruntés à une conférence faite en 1907 à la 8 As emblée de la Société forestière allemande à Strasbourg, par E. Ney alors conservateur des fotêts à Metz, et à diverses statistiques officielles. On peut voir pour plus de détails Revue des Eaux et Forêts, fascicules de juin 1909 et de décembre 1918.

a abouti à un échec, au moins en ce qui concerne les taillis sous futaie à réserve constituée en chêne, ceux-là-mêmes qu'il y avait le plus d'intérêt à transformer en futaies.

Plus des deux tiers des taillis qu'on avait entrepris de convertir ont dû être rendus à leur ancien mode de traitement. J'exprime le vif souhait, au moment où je clos ce chapitre de l'histoire de nos forêts, que le vœu de Lorentz, qui n'a pu être réalisé par la conversion des taillis en futaies pleines, le soit un jour par la conversion de ces taillis en futaies claires.

Les futaies claires réaliseront, je le désire ardemment pour le bien de mon pays, dans les provinces du nord-est de la France, dans celles qui sont le plus richement forestières, ces hautes forêts de chêne, abondamment productrices de beaux arbres, qu'avaient rêvé de créer nos premiers maîtres de l'École forestière de Nancy.

IMPRIMERIE BERGER-LEVRAULT, NANCY-FARIS-STRASBOURG

1927

« VorigeDoorgaan »