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Mais indépendamment de ces instruments de perfectionnement, il devait autrefois en exister d'autres pour l'ébauche.

Supposons, en effet, l'ouvrier potier ob igé de fabriquer un grand récipient du genre de la lagène trouvée à Vervins sur l'emplacement de La Planchette on peut naturellement supposer que l'ébauche en a été faite non-seulement avec les mains, mais aussi à l'aide d'un instrument quelconque. Les mains seules auraient été insuffisantes pour manœuvrer la masse de terre nécessaire, pour la dresser, la lisser, la comprimer de manière à donner aux parois une texture suffisamment tenace en raison du peu d'épaisseur. Il fallait pour arriver à ce résultat faire usage d'un instrument particulier.

Prenons un autre exemple dans la fabrication d'un vase beaucoup plus parfait que celui que nous venons d'indiquer et de dimensions moindres, un vase à reliefs. On sait que ces vases étaient généralement faits dans des moules gravés en creux dont on voit différents spécimen dans les collections publiques. Ces moules, pendant le travail, étaient mis sur le tour, et la terre préparée y était déposée en quantité suffisante, puis étendue avec les doigts d'abord, et ensuite avec un outil, un polissoir, qui la pressait contre le moule, faisait pénétrer la matière molle dans les creux destinés à former les reliefs (1), donnait aux parois du vase une épaisseur uniforme et aux surfaces intérieures un poli bien égal, où on découvre néanmoins les stries concentriques laissées ou tracées par l'instrument.

Cet instrument, le même sans doute que celui qui servait à la fabrication des grands vases, n'est décrit dans aucun des nombreux ouvrages que nous avons consultés ou compulsés, et jusqu'à présent, il ne semble pas avoir été connu.

Nous croyons l'avoir découvert.

Sans doute, la connaissance d'un outil d'une simplicité primitive peut paraître chose assez insignifiante au premier abord. Cependant, il reste tant à apprendre en ce qui concerne les métiers et les arts chez les nations anciennes, qu'aucune découverte, de quelque minime importance

(1) Les moules étaient faits à la main, et tournés aussi; les ornements en creux étaient obtenus avec des poinçons mobiles imprimés dans l'argile fraîche. Pour varier l'ornementation, les mêmes poinçons pouvaient recevoir des combinaisons différentes (De Payan-Dumoulin, loc. cit).

qu'elle soit, ne devrait passer sans être mentionnée; un fait nouveau pouvant très-bien ne manifester sa valeur réelle que plus ou moins longtemps après qu'il s'est révélé.

Nous croyons donc pouvoir, sans courir le risque d'être accusé de puérilité, signaler à l'attention de la Société un instrument nouveau et dont nous avons recueilli de nombreux exemplaires autour de nous.

Le village de Haris, éloigné de Vervins de quelques kilomètres seulement, est assis sur l'ancienne voie romaine de Reims à Bavai, au fond d'une vallée formée par le bassin de la Brune.

Bien que cette localité ne soit pas indiquée sur les anciens Itinéraires, il est certain qu'à l'époque romaine elle était composée de nombreuses habitations. A l'entrée et à la sortie du village actuel, le sol est mélangé de tous les débris qui caractérisent une station gallo-romaine d'une certaine importance.

Il y a quelques années, un habitant de la commune de Haris faisait enlever son jardin en terrasse pour construire un bâtiment et le mettre au niveau de la route, lorsqu'on remarqua un espace assez circonscrit où le sol ne présentait pas la même apparence qu'aux alentours.

Un ouvrier intelligent, M. Daniel Lagasse, ancien briquetier, se trouvait là; pour lui le territoire de Haris n'a guère de secrets; il en apprécie la valeur archéologique; il a étudié tous les débris antiques qu'il y a remués; et la forme et la pâte des vases qu'il y a recueillis lui sont bien familières; aussi ne tarda-t-il pas à reconnaître que l'on était tombé sur un flan ou pâté d'argile jaunâtre, mélangée de nombreux petits morceaux de pierre calcaire, et de gravier siliceux, et préparée, selon toute apparence, pour des travaux de céramique commune. L'épaisseur de la terrasse qui surmontait cette argile pétrie, était composée de décombres, de tuiles, terre calcinée, morceaux de vases, etc. En même temps, son attention fut attirée par une pierre d'une espèce particulière, dont les lignes bizarres présentaient un cachet tout spécial. Il comprit qu'il se trouvait en présence de quelque chose d'extraordinaire, recueillit et la pierre et un échantillon de l'argile, et bientôt nous pûmes constater avec lui qu'il ne s'était pas trompé; que la terre avait été réellement préparée pour la fabrication de vases communs, et que la pierre était un outil destiné à venir en aide au travail manuel de l'ouvrier chargé de cette fabrication.

Il suffit de comparer un fragment calciné de l'argile préparée, avec un morceau de vase de grande dimension, pour ne conserver aucun doute sur la similitude des deux pâtes.

Quant à l'outil, nous allons essayer de le décrire.

Il est fait d'un galet de quartz rougeâtre, serré et compacte, un peu moins gros que le poing. Dans l'origine, sa forme était à peu près ovoïde; aujourd'hui, soit par suite d'un long usage, soit qu'il ait été travailié avec intention, il présente des surfaces gauches très-pures de forme, et limitées par des arêtes courbes assez vives. Ces conditions étaient nécessaires pour en faire un outil bien en main, pouvant servir à la fabrication de vases de grandes dimensions. (Voir Pl. 3, fig. 1re).

Mais ce qui ressort évidemment de la forme générale de l'instrument, c'est que ces surfaces et ces courbes ne sont pas le résultat du hasard ou d'une disposition naturelle elles sont le fait du travail de l'homme, elles ont facilité le travail de l'homme, et cela, dans les manipulations de l'industrie de la poterie, puisque l'instrument a été recueilli près d'un pâté de terre préparée pour cet usage.

On aurait pu, dans l'origine, conserver quelques doutes sur l'attribution de qualité que nous faisons en faveur d'une pierre que l'on voudrait persister à considérer comme vulgaire; si l'échantillon était unique, mais cela n'est plus possible aujourd'hui.

Une fois l'attention éveillée, les découvertes se sont multipliées bientôt, l'emplacement de Verbinum, qui n'était pas fouillé alors comme il l'a été depuis, nous en fournissait un deuxième exemplaire tout aussi authentique que le premier, quoique un peu moins beau.

M. Matton en recueillait un troisième au milieu de débris gallo-romains et mérovingiens, sur l'emplacement d'un bois défriché, au territoire de Luzoir.

Enfin lorsque l'exploration de Verbinum eut lieu dans le cours des années dernières (1), et tout incomplète que fut encore cette exploration, elle mit au jour au moins une vingtaine de ces singuliers instruments de diverses grandeurs, les uns en quartz rougeâtre, d'autres en quartz laiteux, quelques-uns en grès dur et serré ou même en silex. Les uns entiers et de

(4) Au moment où ces lignes ont été lues à la Société, les fouilles du théâtre romain n'avaient pas encore été opérées.

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