l'autorisation de faire des fouilles. Nous ignorions alors qu'une autorisation semblable avait été demandée par M. E. Collin, qui se proposait de déblayer le dolmen pendant les vacances de 1894. Les 27, 28, 29 et 30 août 1894, nous exécutâmes les fouilles. Les résultats, pour n'ètre pas très importants, ne présentent pas moins un certain intérêt à un mètre de profondeur nous avons retrouvé la moitié de la pierre percée qui séparait le vestibule de l'allée. Cette pierre mesure 2m92 de longueur; le milieu du trou se trouve à 125 de l'extrémité gauche de la pierre; l'ouverture du trou a 0-60 de diamètre et la partie restant en place présente plus du tiers du trou primitif. FIG. 2. Dolmen d'Aveny (Eure), d'après un dessin de M. Lucas, août 1894. Un dessin exécuté par M. l'abbé Lucas, de Dampsmesnil, joint à cette note (fig. 2), montre cette pierre dégagée, au moment des fouilles. Aujourd'hui, elle n'est déjà presque plus visible, ayant pris nous-même, pour empêcher la dégradation, la précaution de recouvrir la partie lisse de l'ouverture par une lourde pierre et les nombreux visiteurs ayant remblayé l'excavation que nous avions pratiquée en avant de la pierre. L'inclinaison de cette dalle percée était assez importante; telle qu'elle est actuellement, il y a une différence de 030 entre la base et la partie supérieure par rapport au fil à plomb. Un détail sur lequel nous devons appeler l'attention, détail dont M. de Mortillet a fait remarquer l'importance à propos d'un autre monument (1), c'est la présence d'une feuillure autour du trou de la dalle percée. Cette feuillure a 75 millimètres de profondeur sur 70 de largeur; elle est très nette et la grande partie qui en reste montre qu'elle était, comme le trou qu'elle encadrait, presque parfaitement circulaire. Au-dessous de la feuillure, la dalle séparative du vestibule et de l'allée mesure 023 d'épaisseur. Le sol naturel que nous avons atteint était à une profondeur de 076 du bord inférieur du trou. Il existait, reposant sur le sol, un dallage formé de pierres plates brutes, longues de 025 de 0-25 à 035 en moyenne sur 0-15 à 020 de largeur. Ce dallage, qui existe encore en place, formait le fond du dolmen et était à 2 mètres de profondeur des dalles de couverture; la hauteur à l'entrée était même de 2o25. La largeur intérieure de l'allée, prise entre les supports opposés des grands côtés est de 167; la longueur entre la dalle percée et celle formant le fond est de 581. Bien que de proportions restreintes, l'allée couverte d'Aveny n'en présentait pas moins, ainsi que ces chiffres l'établissent, une chambre d'une capacité de 20 mètres cubes. Nous avons éprouvé de grandes difficultés dans le déblayement de la chambre, par suite de la présence d'une souche d'arbre aux racines vivaces, qui est cause que malgré quatre jours de travail, notre fouilleur n'est pas parvenu à déblayer beaucoup plus de la moitié du monument. Notre fouille méthodique de déblayage, au sommet des matériaux d'emplissage, s'est arrêtée à 3 de la pierre percée ; ce n'est qu'à 1 décimètre ou 2 du dallage du fond que nous avons trouvé quelques objets intéressants. Le remuement de la grande masse des terres supérieures était donc un travail sans résultat; mais nous avons néanmoins passé au crible toutes les terres rejetées. Dans la partie inférieure du déblayement, c'est-à-dire à 20 (1) A. de Mortillet: L'Allée couverte de Dampont, commune d'Us (Seine-etOise). 1889, p. 8. 3 12 C 10 de poterie et des morceaux de tuiles à rebords. Une petite et 25 centimètres du dallage, nous avons trouvé des débr is FIG. 3. Plan du dolmen d'Aveny, commune de Dampsmesnil (Eure). Dessin de M. Martial Imbert. -- recueillis au même niveau, ajoutés aux débris de poterie, mondalle d'entrée, ainsi que de nombreux ossements humains pièce de bronze d'aspect romain, ramassée à 120 de la trent que le monument a servi de sépulture à une époque historique et que, pour cette nouvelle occupation, il a dû être vidé des restes et objets appartenant aux constructeurs du monument. Cependant ce lointain nettoyage de la nécropole n'avait pas été fait avec assez de soin pour que tout vestige des premiers occupants ait disparu; aussi, nous avons eu la bonne fortune de trouver à quelques centimètres du dallage une jolie pointe de flèche barbelée à pédoncule, en silex gris, d'une excellente exécution et d'une conservation parfaite. Au même endroit nous avons recueilli un petit cylindre en os de plus de 2 centimètres, percé dans le sens de la longueur; cette pièce peut être donnée sans hésitation comme une perle de collier. Tous les objets trouvés ont été remis à la Société d'anthropologie. Nous avons recueilli de nombreux fragments de crânes, mais nous n'avons pu constater aucune trace de trépanation; nous recherchions ces traces avec d'autant plus de soin que le dolmen de Coppière, voisin de celui d'Aveny, a fourni à M. Collin des spécimens remarquables de rondelles craniennes. Un des supports du côté gauche a été déplacé, le plan que nous joignons à cette note (fig. 3) en indique la position actuelle; pour en déterminer la forme et les dimensions, nous avons fait pratiquer un sondage autour. La présente note n'étant qu'une relation des fouilles que nous avons exécutées, nous ne nous étendrons pas sur quelques particularités intéressantes que présente ce dolmen et dont une des plus remarquables est la figure sculptée (fig. 4) qu'offre une des dalles supports du vestibule. La description en a été donnée par M. A. de Mortillet dans les Bulletins de la Société d'Anthropologie (1). Nous n'avons donc pas à nous en occuper, ne rappelant la présence de cette représentation. féminine que pour montrer que l'allée couverte d'Aveny mérite de fixer l'attention des archéologues. Cette sculpture, la présence de la feuillure autour du trou d'accès et l'existence du dallage, enfin, concourent à établir le soin que les constructeurs de l'allée apportèrent à son édification. 1. A. de Mortillet: Figures gravées et sculptées sur des monuments mégalithiques des environs de Paris, 1893, p. 663. |