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PIOCHE ROBENHAUSIENNE

trouvée à Moulineaux (Seine-Inférieure)

Par Léon DE VESLY.

Les travaux opérés depuis vingt ans pour faciliter la navigation de la Basse-Seine, ont nécessité la construction de digues et des dragages pour l'approfondissement du chenal. Ces derniers ont fait extraire du lit du fleuve un cube énorme de vase et de gravier, au milieu duquel de nombreux objets. ont été découverts. Beaucoup de ces trouvailles ont été perdues pour la science, parce qu'elles ont été acquises par des collectionneurs qui les ont enfermées et cachées dans leurs vitrines.

Cependant un ingénieur des Ponts et Chaussées, M. Georges Lechalas, avait prévenu cette dispersion en suivant l'exemple de son collègue M. Poccard Kerviler, de Saint-Nazaire. Il avait obligé ses subordonnés à recueillir tous les objets rejetés par les dragues et à noter exactement les piquets (1) entre lesquels les armes, vases, outils, objets divers avaient été trouvés. C'est ainsi qu'on put voir, exposés au Palais des Consuls à Rouen, en 1884, des épées, des scramasaxes, des fauchards, des lances, etc., retirés de la Seine entre le barrage de Martot et le pont de l'ile Brouilly. Ces armes sont entrées au Musée départemental des antiquités de la Seine-Inférieure et mises. ainsi à la disposition des travailleurs.

L'œuvre de M. Lechalas a encore eu un autre résultat : elle a permis de reconnaître, par l'abondance des récoltes, certains passages du fleuve, fréquentés dès la plus haute antiquité, et qui n'avaient été désignés jusque-là que par nos hypothèses: Tels le port du gravier à Orival; la vallée de la Perreuse à Oissel; le ravin de Thuringe près Rouen, Bévane à Tourville, etc. etc... On ne saurait donc trop féliciter M. G. Lechalas de

(1) On sait que des bornes kilométriques et hectométriques sont placées sur les bords de la Seine, le long du chemin du halage.

son heureuse initiative et le remercier du concours qu'il a apporté à la science archéologique.

Mais combien d'autres découvertes ont échappé à la surveillance du savant Ingénieur? Ce déficit était inévitable dans des travaux entrepris entre deux grandes villes: Elbeuf et Rouen, où amateurs et brocanteurs sont nombreux. Nous pourrions citer maints objets vendus directement par les ouvriers et que leurs propriétaires tiennent cachés.

L. de V

Fig. 5. Pioche en corne de cerf, 1/3 gr.

Nous avons été assez heureux pour retrouver, au cours de nos enquêtes archéologiques sur la forêt des Essarts, un curieux objet de l'époque robenhausienne. Il était en possession de M. Barré, instituteur à Moulineaux (Seine-Inférieure). C'est une pioche taillée dans la ramure d'un grand cerf (Cervus elephus) et retirée de la Seine, il y a 10 ans, lors de la confection de la digue de la « Queue de Couronne » et des dragages qui ont suivi la construction de cet ouvrage.

Cet outil dont nous donnons le croquis (fig. 5) mesure 0,265 de longueur. Il porte une pointe obtenue par le polissage, à l'une de ses extrémités, et de l'autre une cavité ouverte dans le canal médulaire pour pouvoir enchâsser un silex. Au milieu, à la naissance d'un andouiller qui a été sectionné, c'est-à-dire à la partie la plus résistante, un trou de 0,027 de largeur a été percé pour l'emmanchement.

C'est le prototype des pioches modernes. Il rappelle comme travail les gaines servant à l'emmanchure des haches polies reproduites par M. A. de Mortillet dans les pl. 47 et 48 du Musée préhistorique. M. Barré n'ayant pas voulu se dessaisir de cet outil qu'il tenait d'un ami, j'ai heureusement pu obtenir que les ateliers du Musée de Saint-Germain en fassent un moulage.

LES MUSÉES DU DÉPARTEMENT DE L'AIN

Nous commençons dès aujourd'hui la publication d'une liste des musées et des collections publiques de France. Un de nos amis, M. Etienne Loppé, a bien voulu se charger de ce travail, qu'il s'efforcera de rendre aussi complet que possible. Cet inventaire sera au besoin accompagné de courtes notices, dans lesquelles seront signalées les pièces et les séries les plus importantes en fait d'archéologie, d'ethnographie et d'histoire naturelle, que possèdent ces collections, riches en documents de toutes sortes malheureusement trop souvent ignorés (1).

Dans chacun de nos fascicules nous passerons en revue un département, en suivant l'ordre alphabétique. C'est donc celui de l'Ain qui ouvre la marche.

-

BOURG. Musée Lorin, rue Bichat (conservateur : M. Loiseau). Ce musée fondé par Mme Lorin, qui légua à la ville ses collections et une somme d'argent, est avant tout artistique. Il comprend six salles. La première est consacrée à l'histoire naturelle; au milieu se trouve une pièce fort intéressante, le Stenosaurus burgensis, crocodilien secondaire à museau étroit et allongé, découvert dans les carrières de Montmerle. Les salles suivantes contiennent des tableaux et des statues. Il y a dans la sixième quelques antiquités.

-Musée de la Société d'histoire naturelle et d'archéologie de l'Ain, 56, boulevard Victor Hugo.

La Société d'Emulation de l'Ain possède l'herbier Augud, précieux à consulter pour la flore du Bugey.

BELLEY. Musée cantonal (conservateur: M. Rochaix). - Collection d'antiquités au Collège.

PONT-DE-VAUX. Musée (conservateur M. Berthet).

(1) Nous recevrons avec reconnaissance tous les renseignements et toutes les observations que l'on voudra bien nous adresser à ce sujet.

NOUVELLES

Ecole d'Anthropologie

Programme des cours de l'année scolaire 1902-1903, dont l'ouverture a eu lieu le 3 novembre dernier :

Anthropologie générale. M. Etienne Rabaud, conférencier; le lundi à 3 heures. système nerveux et les organes des sens.

- Le

Irritabilité et sensibilité.

Anthropologie anatomique. M. G. Papillault, professeur-adjoint; le lundi à 4 heures. Le cerveau.

Anthropologie préhistorique. M. L. Capitan, professeur; le lundi à 5 heures. Les bases de la préhistoire. Paléontologie, industrie.

-

Histoire comparée des religions et de la philosophie. M. Maurice Vernes, conférencier; le mardi à 3 heures. Vues générales sur l'évolution religieuse et philosophique des sociétés humaines.

M. Jean Clédat, conférencier; L'Egypte aux premiers siècles de notre

Ethnographie et histoire orientales. le mardi à 4 heures. ère.

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Ethnographie et linguistique. M. André Lefèvre, professeur ; le mardi à 4 heures (l'ouverture de ce cours sera ultérieurement annoncée). La langue et la nation françaises. Azincourt. Jeanne d'Arc.

Ethnologie. M. Georges Hervé, professeur; le mardi à 5 heu- Ethnologie de l'Europe: l'Alsace. L'œuvre scientifique d'Abel Hovelacque.

res.

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Technologie ethnographique. M. A. de Mortillet, professeur ; le mercredi à 4 heures. La vie chez les peuples primitifs anciens et modernes chasse, pêche, domestication des animaux, agriculture.

Anthropologie zoologique. M. P. G. Mahoudeau, professeur ; le mercredi à 5 heures. L'origine de l'homme. La généalogie des hominiens. Les mammifères.

Anthropogénie et embryologie, M. Gustave Loisel, remplaçant

M. Mathias Duval, professeur ; le vendredi à 3 heures. Le problème des sexes. Les caractères et les fonctions sexuels.

Géographie anthropologique. M. Franz Schrader, professeur; le vendredi à 4 heures. Causes géographiques, résultats humains.

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Anthropologie physiologique. - M. L. Manouvrier, professeur ; le vendredi à 5 heures. Physiologie des variétés de conformation. Applications anthropotechniques, notamment à l'éducation physique et intellectuelle.

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heures.

Linguistique.-M. Julien Vinson, conférencier; le samedi à 3 La science du langage, sa nature, sa méthode. Histoire des études linguistiques. Les langues des peuples inférieurs.

Sociologie.

M. Fauconnet, conférencier; le samedi à 4 heures.

Le crime et la peine dans les sociétés inférieures.

Ethnographie. M. Zaborowski, professeur-adjoint; le samedi à 5 heures. Le Centre-Asie et les migrations aryennes.

Anthropologie biologique. M. J. V. Laborde, professeur. Nous regrettons vivement que le savant professeur, un des plus aimés et des plus suivis de l'École, n'ait pu, pour des raisons de santé, reprendre ses leçons cette année.

Collection Piette

Nous sommes heureux d'annoncer à nos lecteurs que la remarquable collection préhistorique formée par notre vénérable et sympathique collègue Edouard Piette est entrée au Musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, où l'on procède actuellement à son installation.

Parti de la géologie, Ed. Piette a consacré de nombreuses années à une patiente et méthodique exploration des dépôts archéologiques des grottes et abris du sud-ouest de la France.

Ni son temps ni sa fortune n'ont été épargnés dans ces recherches, où il a même laissé un peu de sa santé. Les artistes naïfs et sincères des époques lointaines de Solutré et de la Madeleine l'ont surtout rempli d'enthousiasme, et il a eu la bonne fortune de réunir une série importante de leurs œuvres, série comprenant notamment les plus belles sculptures paléolithiques connues jusqu'à présent.

Une fois en possession de ces richesses, recherchées avec passion, recueillies avec joie, Piette, malgré le chagrin qu'il a dû éprouver de

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