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NOUVELLES STATIONS PRÉHISTORIQUES

EN BASSE-PROVENCE

par Marius DALONI

Secrétaire de la Société d'Archéologie de Marseille

L'étude du Préhistorique de la Basse-Provence a été commencée avec méthode, il y a quelques années, par M. Eugène Fournier, aujourd'hui professeur de géologie à la Faculté des Sciences de Besançon, qui a fouillé et décrit de nombreuses stations situées, pour la plupart, aux environs de Marseille ; ces recherches ont fait connaître, de façon déjà satisfaisante, l'importance, numérique surtout, des établissements néolithi ques dans notre région. M. Fournier a attribué plusieurs des stations fouillées par lui aux époques Campignienne, Tourassienne ou Mas-d'Azilienne et Magdalénienne.

La découverte de la riche station Robenhausienne de Chateauneuf-lès-Martigues par le docteur Repelin, qui l'a longuement fouillée et minutieusement décrite, nous a fourni de nombreux documents sur l'industrie du Néolithique supérieur en Basse-Provence; elle est assez analogue à celle des palafittes suisses.

Les résultats d'ensemble des recherches de MM. Fournier et Repelin ont été publiés récemment (en 1902), dans le mémoire Recherches sur le Préhistorique de la Basse-Provence.

Je dois citer, quoiqu'il s'agisse d'une époque plus récente, les belles fouilles de M. le professeur Vasseur au plateau du Verger, près Simiane (Bouches-du-Rhône), qui ont jeté un jour tout nouveau et assez inattendu sur l'état de la civilisation ligure en Provence, à l'époque de l'établissement des Grecs (1).

(1) G. VASSEUR, Note préliminaire sur l'Industrie ligure en Provence, au temps de la colonie grecque.

Suivant la voie tracée par ces excellents maîtres, j'ai commencé, il y a plus de deux ans, des recherches personnelles qui ont donné des résultats aujourd'hui assez nombreux pour qu'il soit utile de les signaler et de donner une brève nomenclature, en attendant une étude détaillée sur celles de ces stations qui, les fouilles achevées, présenteront une importance exceptionnelle.

STATIONS NOUVELLES

I. Grotte murée, à l'Estaque. Station extrêmement intéressante, et sur laquelle je reviendrai longuement, après l'achèvement des fouilles. C'est une petite grotte, située audessus de la route de l'Estaque au Rove, dans la chaîne de la Nerthe, à peu de distance de l'abri de la Corbière fouillé par M Fournier. L'industrie lithique y est très développée ; les silex, très nombreux, sont taillés plutôt en éclats utilisables, de formes peu définies, et un petit nombre seulement ont des retouches grossières. Je n'ai trouvé dans cette station ni poterie ni pierre polie. La faune présente des caractères archaïques marqués; parmi les ossements, les plus importants sont trois crânes humains, dont un en bon état, avec diffé. rentes parties des squelettes. Malgré la présence de ces squelettes, qui pourrait faire croire à une grotte sépulcrale, il s'agit évidemment d'une véritable station.

II. Abri du Ravin,à l'Estaque. - Cette station est d'abord remarquable en ce que, malgré sa proximité de l'abri précédent, son industrie est franchement néolithique, très probablement robenhausienne même, puisque, dans une fouille superficielle, j'ai recueilli, avec des silex taillés, un polissoir en grès et de la poterie ornée. Mais mes fouilles y sont encore peu avancées.

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III. La Station Campignienne (?) d'Ensuès est située à une centaine de mètres au nord de l'église de ce hameau, qui fait partie de la commune du Rove (Bouches-du-Rhône); dans une jolie grotte, que je fouille depuis assez longtemps avec M. Marin, la couche archéologique contient en abondance. des silex taillés, de formes variées, avec répétition assez fréquente du type dit bec-de-perroquet. Pas de poterie ni de pierre polie, du moins jusqu'à présent.

Cette station est peut-être Campignienne.

IV. Camp néolithique de Laure, près Gignac (Bouches-duRhône). Cette remarquable station est située sur un plateau de la chaîne des collines de bordure de l'étang de Berre; je la fouille depuis deux ans en collaboration avec M. Marin. Elle nous a donné les plus belles pointes de flèches trouvées jusqu'ici dans la région, une hache polie en jadéite, plusieurs haches en serpentine, et une grande abondance de poterie ; les vases sont à fond plat et ornés de curieux dessins géométriques.

Il n'y a pas trace de métal, ni des diverses poteries qu'on trouve en grande quantité dans les oppida. L'industrie du camp de Laure caractérise donc le Robenhausien supérieur ; elle est absolument pure.

V. Station en plein air du plateau de la Gallinière, près Simiane (Bouches-du-Rhône). Sur le plateau dolomitique de la Gallinière, à proximité des sources de la Roque, existe une station très importante par la quantité des débris de poterie préhistorique, et les haches polies qu'on recueille à la surface du sol. La poterie, grise, compacte et dure, est postérieure au Néolithique et paraît représenter la céramique spéciale de l'âge du Fer; mais des fouilles assez importantes seront nécessaires pour être fixés de manière plus certaine.

VI. Station de l'âge du Fer, aux Trois-Frères, près Simiane. Plus près du village de Simiane, au flanc de la colline qui porte le hameau des Trois-Frères, est une curieuse station, qui m'a été signalée par M. E. Fournier, et que je fouillerai prochainement; c'est une grande cabane, formée par une fissure naturelle du roc, dont les parois ont d'ailleurs été reculées et égalisées par les Préhistoriques qui s'y étaient établis. L'enceinte est continuée par un mur de construction primitive. J'ai recueilli sur le sol de nombreux fragments de cette poterie grise qui semble caractéristique de l'âge du Fer. VII. Atelier de taille de Châteauneuf-lès-Martigues. A quelques centaines de mètres à l'ouest de la riche station néolithique découverte à Châteauneuf-lès-Martigues par M. Repelin, j'ai constaté récemment l'existence d'une grande accumulation de silex taillés à l'état d'ébauches, de pièces dégrossies et d'éclats de taille. C'était certainement l'atelier de taille de la station; toute la région est d'ailleurs abondam

ment pourvue de gros rognons de silex de l'Aptien, et les Néolithiques trouvaient sur place la matière première de leur industrie. On peut faire, en comparant les ébauches façonnées à l'atelier, avec les instruments terminés de la station, d'intéressantes observations.

VIII. Alluvions de Caronte, près Martigues.- Sur l'un des monticules du dépôt d'alluvions anciennes de la rive droite du chenal de Caronte, près de l'ancien moulin à vent dit des Capucins, j'ai recueilli des silex curieux, d'une taille originale, entre autres un grattoir et une base de poignard d'une jolie facture et habilement retouchés. Des fouilles en ce point donneront sans doute des résultats satisfaisants. On trouve aussi, à la surface des alluvions, des fragments d'une poterie à ornements en relief qui n'est pas néolithique.

Différentes stations préhistoriques m'ont été signalées dans la région par d'aimables correspondants, que je remercie vivement; mais le temps m'a fait jusqu'ici défaut pour aller les reconnaître. Je dois me borner,pour l'instant, à fouiller les quelques stations citées plus haut, et dont quelques-unes méritent un intérêt tout spécial.

FOUILLES ET DÉCOUVERTES

La grotte de la Beaume-Longue

PRÈS DE DIONS (GARD)

Depuis le commencement de l'année, d'intéressantes découvertes ont été faites dans plusieurs grottes du département du Gard. Nous avons déjà signalé, dans cette revue (1), le résultat des fouilles exécutées dans les grottes des Buissières et du Figuier.

La grotte des Buissières, dite aussi de Meyrannes, située sur le territoire de cette commune, près des bords de la Cèze, canton de Saint-Ambroix, a donné quelques objets en silex ainsi qu'un vase et des débris de poteries. Mais les principales pièces recueillies, au milieu de nombreux ossements humains, sont de l'âge du bronze et consistent en une quarantaine de bracelets de dimensions et de modèles variés, de bagues, de pendeloques, de vases.

Fig. 64.

Bracelets en bronze trouvés dans la Grotte de la BeaumeLongue. 3/4 grandeur. Dessin de M. Emile Boursier.

Les différents objets de parure trouvés mélangés aux ossements humains, semblent démontrer que l'on se trouve en présence d'une sépulture.

(1) L'Homme préhistorique. No 6, juin 1903 ; No 8, Août 1903.

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