Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub
[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

1. La lettre ou Z archaïque occupait la septième place de la série alphabétique des Latins, entre Fet H. Cette lettre ne se rencontre sous sa véritable forme que dans un seul des monuments qui se sont conservés jusqu'à nous, l'inscription de Milionia où nous lisons le mot vezune, ainsi écrit: VIIVNII. Cette inscription est, à la vérité, en langue marse, mais les Marses se servaient de l'alphabet latin. On en trouverait deux autres exemples dans le mot cozeulodoizeso du chant des Saliens; mais Varron qui nous a seul transmis l'unique fragment de ce vieux poème où l'on rencontre ce mot, n'y a pas reproduit la forme des lettres archaïques 3. L'existence du z ancien dans le chant des Saliens nous est en outre attestée par le grammairien Vélius Longus : « Mihi videtur nec aliena (latino) sermoni fuisse (z littera), cum inveniatur in carmine Saliari *. »

2. On remarquera que dans la seconde colonne de notre alphabet latin archaïque, la place du reste vide; c'est que, à une certaine époque, cette lettre disparut de la langue. Elle était probablement déjà tombée en désuétude au temps de la Loi des XII Tables; et depuis l'an 450 environ, jusqu'à l'an 150 avant J.-C., aucune des inscriptions latines qui nous sont connues ne nous en fournit un seul exemple. En outre,

[ocr errors]

1. Nom d'une déesse. Voy. le fac-simile dans notre chapitre DE L'ORTHOGRAPHE.—2. Mommsen, Die unteritalischen Dialekte, p. 345 et pl. 25. 3. F. Lenormant, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, rédigé sous la direction de MM. Ch. Daremberg et Edm. Saglio; au mot Alphabetum. Varron. De lingua latina, vii, 26. — 4. De orthographia, p. 2217, édition Putsch. Hanovre. MDCV.

Marius Victorinus affirme que le poète Attius dans ses études grammaticales ne fit pas mention du z1. Cette lettre ne reparut dans la langue qu'à l'époque où l'on y introduisit des mots grecs. Elle y fut d'abord très rare; Plaute ne s'en servit pas, et si nous la voyons dans plusieurs de ses manuscrits, c'est le fait des copistes. Le ne devint d'un usage général qu'à l'époque de Cicéron; mais sa forme archaïque étant définitivement oubliée, ce fut sous sa forme grecque contemporaine, et seulement dans les mots d'origine grecque ou barbare, que les Romains l'employèrent. Ils lui donnèrent alors la dernière place de la série alphabétique.

C, K, G

[ocr errors]

3. La place restée vacante par la disparition du archaïque, est, comme on le voit dans le tableau, occupée par une lettre nouvelle, par le G. Cette innovation demande à être expliquée.

Primitivement la lettre latine < ou C, ayant la même forme et occupant la même place que le gamma chalcidien, se prononçait de même. En voici plusieurs preuves. Les abréviations C, CN, G, GN et les noms. qu'elles représentent Caius, Cnæus, Gaius, Gnæus s'emploient concurremment dans tout le cours de la latinité; et il est même à remarquer que la prononciation véritable de ces noms étant Gaius et Gnæus, les abréviations C et CN restèrent néanmoins les plus usitées 3.

En outre, on lit sur la colonne rostrale de Duilius: LECIONES, MACISTRATOS, EXFOCIONT, (PV)CNANDOD, PNCN(AD), CARTACINIENSES, pour legiones, magistratus, exfugiunt, pu

1. Ars grammatica, page 2456, édition Putsch. 2. Corssen. Über Aussprache, Vokalismus und Betonung der lateinischen Sprache. Tome I, p. 6. 3. G nova est consonans, in cujus locum C solebat apponi; hodieque cum Gaium notamus Cæsarem, scribimus C. Cæsarem. Diomède, Ed. Putsch. p. 118.

gnando, pugna, Carthaginienses; et dans différentes inscriptions fort anciennes

ACER, ACETVR, CALLI, CESET,

CNATVS, COCNOMEN, COIVCES, DENECAVIT, NECOTIA, PHILARCVRI, SINCVLA, etc., pour ager, agetur, Galli, gessit, gnatus, cognomen, conjuges, denegavit, negotia, Philarguri, singula1.

4. Quant à la gutturale forte, elle s'écrivait K. Le K commença à disparaître vers l'an 450 avant J.-C., époque où l'ancien C s'étant durci tendit à le remplacer, sans doute parce que sa forme était plus facile à tracer et plus agréable à l'œil. Néanmoins les inscriptions conservèrent assez longtemps, dans un certain nombre de mots, le k devant un a concurremment avec le c KALVMNIA et CALVMNIA, KAVSSA et CAVSSA, MERKATVS et MERCATVRA, IVDIKANDIS et IVDICATA, KARMENTALIA et CARMENTALIA, KAILIVS et CAELIVS, KALENVS et CALENVS, KASTORVS et CASTORVS, etc. 2; et l'on rencontre encore sous l'empire karo et kaput (chapitre).- Kalendæ et Karthago à côté de Calendæ et de Carthago ne cessèrent même jamais d'ètre en usage; et ce fut exclusivement par un K que l'on écrivit certaines abréviations: к pour Cæso; K ou kal pour calendæ; к pour caput (chapitre) 3. Les abréviations KA pour capitalis, KK pour castrorum, кs pour carus suis se rencontrent dans les inscriptions.

5. Le C s'étant durci au point de remplacer le K dans un nombre considérable de mots, n'en servait pas moins à représenter la gutturale douce dans tous les mots où les Latins avaient l'habitude de la prononcer. Pour deux emplois différents, on ne disposait plus que d'un signe. Un pareil inconvénient ne pouvait pas durer. C'est alors qu'on eut l'idée d'indiquer la prononciation douce de la gutturale en prolongeant un peu de bas en haut et verticalement l'ex

1. Corpus inscriptionum latinarum. Académie de Berlin; t. I, p. 601 et passim. — 2. Id., ibid., p. 607. - 3. Corssen, ouvrage cité, t. I, p. 8 et 9.

[ocr errors]

trémité du C, et en outre, dans les plus belles inscriptions, en posant sur ce prolongement vertical une petite barre horizontale. C'est ainsi que la lettre G prit naissance.

6. A quel moment cette invention se produisit-elle? Plutarque la place vers le commencement de la seconde guerre Punique, car il l'attribue au grammairien Spurius Carvilius Ruga', qui ouvrit une école à Rome vers l'an 231 avant notre ère. Mais il est certain, dit M. Corssen, qu'elle est antérieure de près d'un siècle, car on trouve déjà le G vers l'an 290 avant J.-C., dans l'épitaphe de Scipion Barbatus: GNAIVOD, PROGNATVS, SVBIGIT2. Quelques personnes, il est vrai, concluent de la présence du G dans ce monument ou que nous n'en avons pas l'original, mais une copie inexacte, ou qu'il est d'une date postérieure à celle qu'on lui assigne communément. Mais cette opinion, en admettant qu'elle soit fondée, ne saurait, dit M. F. Lenormand, confirmer l'assertion de Plutarque, car on trouve aussi le G sur l'as libral de Lucéria, qui certainement remonte au-delà de l'an 485 de Rome3 (269 av. J.-C.). Il faut donc penser que Spurius Carvilius se borna à vulgariser l'usage du G.

La nouvelle lettre prit alors dans la série alphabétique la place laissée vacante par la disparition du archaïque, entre F et H.

[blocks in formation]

7. La lettre I servait aux Latins à représenter à la fois une voyelle et une consonne; il en était de même de la lettre V. Car ce n'est qu'au dix-septième

[ocr errors]

1. Quæstiones Romanæ, ch. LIV. - 2. Ouvrage cité, t. I, p, 10. 3. Ouvrage cité, p. 217, 2o colonne. La présence du G sur l'as libral de Lucéria, constatée par M. de Wiczay, a été niée depuis par MM. Riccio, Ritschl et Mommsen. Nous montrerons à la fin de notre chapitre DE L'ORTHOGRAPHE que c'est M. de Wiczay qui a raison.

siècle que prit fin cette confusion, et qu'on employa exclusivement J pour exprimer I consonne, et U pour exprimer V voyelle.

8. Excepté dans les inscriptions que nous donnons en capitales, nous emploierons dans nos citations latines les lettres I et V, J et U, avec leur valeur moderne, bien que cette distinction ait été inconnue aux Latins : nous préférons sur ce point la clarté à l'exactitude. Du reste, les Romains eux-mêmes avaient senti les inconvénients d'une pareille confusion; et Vélius Longus nous apprend (p. 2219) que Cicéron représentait l'i consonne par deux i: Maiia, Aiax1; mais cette innovation n'eut pas le succès qu'elle méritait. Il en fut de même de l'idée qu'on eut d'employer un i plus grand que les autres lettres malor, prolecit, alo. Cette dernière invention est d'autant plus à remarquer que les modernes l'ont reprise, et qu'avec une légère modification, elle a donné naissance à notre j.

Quant à la forme arrondie du V, dont nous avons fait notre U, elle est fort ancienne, et date de l'époque où l'on employa la capitale rustique. (Voy. p. 16 et 17).

X

9. Il n'est pas du ressort de la grammaire latine d'expliquer comment la lettre qui, chez les Grecs, dans la langue commune, représente uniquement la gutturale aspirée, a pu chez les Latins servir à exprimer le double son cs ou gs; en un mot, comment X (chi) est devenu X (ix). Nous nous bornerons à dire que ce changement de valeur ne s'opéra pas dans le Latium, et que les Romains ne firent qu'imiter les peuples auxquels ils empruntèrent leur alphabet;

1. Pompeii quoque genitivum per tria i antiqui scribebant, quorum duo superiora loco consonantium accipiebant, ut si dicas Pompei-ii. Priscien, p. 546. De mème coniiicit. Vél. Longus, p. 2219.

« VorigeDoorgaan »