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Tous les monuments que nous allons rencontrer appartiennent à la civilisation qui a brillé autrefois sur les bords du Nil et qui, pendant toute sa durée, a usé des hiéroglyphes comme écriture.

Pour interprêter et comprendre ces monuments, la science puise à trois sources diffé

rentes.

Il est évident que la première et la principale source, ce sont les monuments, témoins irrécusables et souvent contemporains des événements qu'ils racontent. Après eux vient Manéthon, prêtre égyptien qui écrivit en grec une histoire d'Égypte. On placera en dernier lieu les écrivains grecs et latins qui ont voyagé en Égypte ou ont rapporté ce qu'ils en ont entendu dire.

A. Monuments.

Les monuments sont

aussi nombreux que variés. Il y en a en Égypte; il y en a dans les Musées. Les

monuments qu'on trouve en Égypte sont des temples et des tombeaux (1). Les monuments qu'on trouve dans les Musées sont de toute nature et de toute provenance. Quelques notes rapides feront connaître les principaux d'entre eux.

1o Les Temples. Ce n'est pas le moment. de décrire les temples qu'on rencontre dans un voyage de la Haute-Égypte, la notice des temples ayant sa place marquée dans les pages qui vont suivre. Mais nous pouvons, dès maintenant, mettre entre les mains du lecteur le fil destiné à le guider dans l'intérieur de ces monuments.

Un temple au complet se compose de l'édifice proprement dit et d'une enceinte. Le temple est construit en pierres, l'enceinte est construite en grosses briques crues. Elle est très-haute et très-épaisse. Quand la porte

(1) Nous ne comptons pas les ruines des villes. Les villes proprement dites ont disparu si complétement, que c'est à peine si quelques tumulus sans forme en marquent ça et là l'emplacement.

qui y donne accès est fermée, on ne peut certainement rien voir ni rien entendre de ce

qui s'y passe.

On aurait tort de prendre un temple égyptien pour une église ou même pour un temple grec. On n'y célèbre aucun culte public; on ne s'y assemble pas pour des prières en commun; personne même n'y est admis, que les prêtres. Le temple est un proscynème royal, c'est-à-dire un monument de la piété du roi qui l'a fait élever pour mériter la faveur des dieux. C'est une sorte d'oratoire royal et rien de plus.

L'immense décoration dont les murs des temples sont couverts ne s'explique même que si l'on admet ce point de départ. Remarquons bien que le principe de la décoration est le tableau, que plusieurs tableaux sont rangés symétriquement côte à côte et que plusieurs séries de tableaux superposés par étages couvrent les parois des chambres de haut en bas. Tel est l'inévitable arrangement. Quant au sens des tableaux, il est partout le même. Le roi d'un côté, une ou plusieurs divinités

de l'autre, c'est là le seul sujet de la composition. Le roi adresse une offrande (table chargée de victuailles, fleurs, fruits, emblèmes) à la divinité et demande que la divinité lui accorde une faveur; dans sa réponse, la divinité concède le don demandé. Il n'y a donc dans la décoration du temple rien autre chose qu'un acte d'adoration du roi, répété sous toutes les formes. Un temple n'est ainsi que le monument exclusivement personnel du roi qui l'a fondé ou décoré. C'est même ainsi qu'on explique la présence de ces trèsprécieux tableaux de bataille dont les murs extérieurs de certains temples sont ornés. C'est à la divinité et à sa protection que le roi fait remonter la première cause de ses victoires. En combattant les ennemis de l'Égypte, en les amenant enchaînés dans les temples, le roi a fait un acte agréable aux dieux, comme il a fait un acte agréable aux dieux en leur offrant de l'encens, des fleurs et des membres d'animaux sacrifiés. Par là il témoigne de sa piété et n'en mérite que davantage les faveurs que la construction du temple a pour objet de lui faire obtenir.

Les temples égyptiens sont toujours dédiés à trois dieux. C'est ce que Champollion a appelé la triade. Le premier est le principe mâle, le second le principe femelle, le troisième le produit des deux autres. Mais ces trois dieux s'amalgament de manière à n'en former qu'un. Le dieu père s'engendre luimême dans le sein de la mère et devient ainsi à la fois son propre père et son propre fils. Par là s'expriment la non-création et l'éternité de l'Etre, qui n'a pas eu de commencement et qui n'aura pas de fin.

Quant au culte, il consiste en prières récitées dans l'intérieur du temple au nom du roi, et surtout en processions. Dans les processions, que le roi est censé conduire, on porte les enseignes des dieux, on porte les coffres dans lesquels sont enfermées leurs statues, on porte les barques sacrées. Celles-ci sont ordinairement déposées dans le temple. Les jours de fêtes, on les y vient chercher. Au milieu s'élève, caché sous une voile, le coffre dans lequel est déposé l'emblème que personne ne doit voir. Les processions circulent habi

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