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était en effet pleine encore, bien que violée par les premiers chrétiens, d'à peu près tout ce qui n'était pas or ou matières précieuses. Une coutume avait surtout contribué à enrichir la tombe de documents utiles. A certains jours de l'année, ou bien à la mort et aux funérailles d'un Apis, les habitants de Memphis venaient rendre visite au dieu dans sa sépulture, et comme souvenir de cet acte pieux laissaient une stèle, c'est-à-dire une sorte de dalle carrée arrondie par le haut qu'on encastrait dans l'une des parois de la tombe, après qu'on y avait gravé un hommage au dieu au nom du visiteur et de sa famille. Or, ces documents, au nombre de 500 environ, ont été retrouvés pour la plupart à leur place antique (voyez surtout la chambre d'entrée au nord), et comme beaucoup d'entre eux sont datés à la mode du temps, c'est-à-dire de l'année, du mois, du jour du roi régnant, on voit quel secours la comparaison de ces stèles peut fournir à la science et particulièrement à la chronologie.

B. Tombes de Ti et de Phtah-hotep. Après le Sérapéum, les voyageurs visitent habituellement une ou plusieurs des tombes de l'AncienEmpire dont la nécropole de Saqqarah est si

riche. Nous choisissons les tombes de Ti et de Phtah-hotep.

En général, une tombe de l'Ancien-Empire s'annonce à l'extérieur par un édicule qui a la forme d'un mastaba (1). Le mastaba lui-même se compose de trois parties. On y trouve une ou plusieurs chambres prises dans la masse de la construction, un puits et un caveau toujours creusé dans le roc sur lequel s'élève l'édicule extérieur.

Saqqarah n'offre que peu d'occasions d'étudier sur place l'intérieur des mastaba, et les Pyramides conviennent mieux pour cet objet.

Le massif de l'intérieur des mastaba n'est pas toujours plein. On y trouve le serdab, sorte de corridor étroit caché dans l'épaisseur de la maconnerie où l'on déposait des statues du mort, plus une ou plusieurs chambres toujours accessibles par une porte qui s'ouvrait sur une des rues de la nécropole.

Le serdab est toujours sans inscription; les

(1) On sait déjà que, sous l'Ancien-Empire, les général des tombes des particuliers sont en mastaba, nous voulons dire des espèces de pyramides tronquées tout près de la base qui, de loin, se présentent sous la forme d'immenses couvercles de sarcophages.

chambres en sont, au contraire, le plus souvent ornées, et ces représentations ont un intérêt tel, qu'il convient de nous y arrêter.

Chose remarquable, tout y est aussi peu funéraire que possible. Dans les tombes des autres époques (nous en verrons plus d'un exemple à Bab-el-Molouk) une armée de dieux bizarres, fantastiques, a envahi les murs de la chambre. Le mort y est véritablement dans l'autre monde, et dans un autre monde peuplé d'êtres le plus souvent impossibles à décrire. Ici rien de semblable. En vain cherchera-t-on sur les murs une seule image de divinité. Le défunt est, non dans l'autre monde, mais dans celui-ci. (1). Il est représenté debout, le bâton de commandement à la main, ou bien assis. Sa femme est à ses côtés. Ses enfants l'accompagnent. Ses serviteurs sont devant lui. Il semble qu'il n'ait pas encore quitté la terre.

(1). Voyez les restrictions apportées à cette manière de voir dans l'Avant-propos, page 19. L'Avant-propos est écrit en 1872; la présente description des tombes du Saqqarah remonte à 1869. Ces divergences d'opinion sont la marque du travail de transformation que subit la science. Des faits mieux observés ou d'autres faits encore inconnus nous forceront peut-être à modifier encore une fois l'opinion que nous émettons aujourd'hui.

Pénétrons un peu plus avant dans le sens des tableaux, et nous verrons la tendance que nous venons de signaler s'affirmer de plus en plus. Au dehors de la porte d'entrée de chaque tombeau (malheureusement cette partie est très-souvent démolie) est une inscription assez longue qui sert en quelque sorte d'enseigne au monument. On y lit le nom et les titres du défunt, puis une invocation qui résume en quelque sorte les tableaux que nous trouvons en si grand nombre dans l'intérieur. Dans cette invocation, en effet, on demande à Anubis: 1° d'accorder au personnage nommé une bonne sépulture dans la nécropole, après une vie longue et heureuse; 2o de favoriser la route du défunt dans les régions d'outre tombe; 3° d'assurer pour l'éternité l'apport de ce que le texte appelle « les dons funéraires ». Or, c'est spécialement à ces trois parties de l'inscription que se rapportent les tableaux de l'intérieur, ce qu'il est facile de prouver puisqu'en définitive il n'est pas un seul de ces tableaux qui ne puisse entrer dans une des catégories suivantes :

1° Tableaux relatifs au personnage encore vivant. Le tombeau de Ti offre plusieurs de ces

tableaux très-intéressants à étudier. Le défunt est chez lui. Des femmes de la maison exécutent des danses (couloir étroit de l'entrée, paroi du sud). Des musiciens jouent de leurs instruments; des chanteurs les accompagnent en battant la mesure avec les mains (ibid). Le défunt chasse dans les marais (grande chambre, paroi du nord). Il est debout sur une barque en roseaux de papyrus; d'une main il tient des appelants; de l'autre il lance sur les oiseaux aquatiques répandus dans les longs roseaux un bâton recourbé qui part en tournoyant (ibid). Dans l'eau sur laquelle vogue la barque sont blottis des hippopotames et des crocodiles. Des serviteurs cherchent à les prendre. Un curieux épisode est le combat de deux de ces amphibies; le crocodile est vaincu. A côté un serviteur de la maison prend un hippopotame avec une sorte de crochet, ce qui rappelle immédiatement les deux versets de Job:

Attires-tu le léviathan avec un hameçon ? et « avec une corde lieras-tu la langue? lui mets<< tu un roseau dans la narine, et avec un crochet << lui perces-tu la machoire? » (étudiez de près la figure du tombeau). Une autre scène est celle de la chasse aux oiseaux aquatiques faite par les serviteurs du défunt. Plus loin (grande chambre

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