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de la tradition classique. « La main droite « ouverte, avec les doigts étendus, dit Dio<< dore de Sicile, représente le besoin d'ac« quérir; la main gauche fermée, la con<<servation et la garde des biens. » << Pour désigner la haine, dit Plutarque, ils peignent un poisson. A Saïs, on avait « gravé dans le vestibule du temple de Miner« ve un enfant, un vieillard, un épervier, << un hippopotame. C'était évidemment au<< tant de symboles qui voulaient dire ô << vous qui arrivez à la vie, et vous qui êtes << près d'en sortir, Dieu hait l'impudence. << Ainsi l'enfant désigne la naissance, le << vieillard la mort, l'épervier la divinité, le << poisson la haine à cause de la mer, et l'hip«popotame l'impudence. » « Un vau

<< tour signifie la nature, dit Ammien Mar<«< cellin. Pourquoi ? parce qu'on enseigne << que parmi ces animaux il ne se trouve pas << de mâles. Un roi est représenté sous la «< forme d'une abeille qui façonne le miel. << Pourquoi ? parce que le roi est le modéra<<teur de ses peuples, qu'il doit savoir rete

<<nir par la douceur en même temps qu'ai<< guillonner (1). »

Mais la découverte de Champollion a fait justice de ces erreurs. L'écriture hiéroglyphique n'est pas une écriture énigmatique ;

(1) Tout n'est pas faux dans ces traditions. Un poisson se prononce betu, et betu signifie le mal, le péché, l'abomination. L'abeille se prononce sekhet et désigne la royauté sur la Basse-Égypte. Si le temple de Minerve à Saïs était de basse époque, il est certain que pour obéir à l'esprit maniéré du temps on a pu, excluant toute liaison grammaticale, écrire un enfant, un vieillard, un épervier, un poisson, un hippopotame, ce qu'on traduirait : ô << enfant, ô vieillard, la divinité a en abomination << le mal (l'hippopotame étant considéré comme << un animal typhonien). » A la rigueur, Diodore, Plutarque, Ammien Marcellin ne nous entrainent donc pas à leur suite dans une erreur absolue. Mais ce qui est faux, c'est le point de départ et la conclusion. De ce que les Égyptiens ont fait avec l'enfant, le vieillard, etc., un jeu d'esprit, il ne s'ensuit pas que cette sorte de jeu soit la règle de l'écriture hiéroglyphique. Les auteurs que nous venons de citer n'ont pas l'air de se douter que l'écriture hiéroglyphique puisse être alphabétique, et ils ont contribué à faire vivre cette erreur jusqu'à nos jours.

on la lit, on la prononce tout comme l'écriture hébraïque ou l'écriture syriaque; elle a son alphabet.

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On se rappelle ce que nous avons dit plus haut de la Pierre de Rosette. Quand Champollion, étudiant la Pierre de Rosette s'eperçut que les signes hiéroglyphiques qui sont tracés appartiennent à un alphabet, il n'avait fait que la moitié du chemin. A quoi sert, en effet, de posséder l'alphabet d'une langue, si on ne sait pas ce que cette langue signifie? Mais bientôt Champollion reconnut. que les mots ainsi retrouvés faisaient du Copte. Toute l'importance de la découverte de Champollion est là. La langue copte n'est, en effet, une langue morte que parce qu'on ne la parle plus; mais elle vit dans les livres.

En somme l'écriture hiéroglyphique n'est pas un vain jeu d'esprit. Elle n'est ni plus compliquée, ni plus difficile à lire que d'autres. Du moment où on s'habitue à voir un a dans un aigle, unb dans la jambe humaine, un c dans le verrou, etc., on en vient facilement à bout. Ce qui, pendant des siècles, a détourné

l'attention de la vraie signification des hiéroglyphes, c'est précisément le choix un peu étrange des formes adoptées pour représenter des lettres de l'alphabet. A priori, tout le monde devait se figurer que ce singulier mélange de figures d'animaux et d'objets usuels ne pouvait servir à autre chose qu'à des symboles, et, le renom mystérieux de l'antique Egypte aidant, on était tout naturellement porté à croire que sous ces symboles les prêtres cachaient leurs mystères. Aujourd'hui le voile est déchiré, et l'écriture hiéroglyphique est une écriture qui n'est pas beaucoup plus difficile à lire que les autres.

Vu la nature des signes qui la composent, l'écriture hiéroglyphique peut être disposée indifféremment en colonnes verticales ou en colonnes horizontales. Quand on étudie un texte hiéroglyphique, on remarque facilement que toutes les têtes d'animaux ou d'hommes sont tournées du même côté. Le côté vers lequel les têtes sont tournées, est le côté où commence l'inscription. Il s'ensuit qu'à la volonté du scribe l'écriture hiéroglyphique

peut être disposée de manière à être lue de gauche à droite, ou de manière à être lue de droite à gauche (1).

Dans une inscription hiéroglyphique on distingue les signes qui doivent être prononcés et les signes qui ne doivent pas être prononcés.

Les premiers sont de beaucoup les plus nombreux. On y comprend en premier lieu les signes purement alphabétiques ; l'alphabet est de vingt-quatre lettres; seulement il y a plusieurs formes pour l'a, plusieurs formes pour le b, etc., etc. On y comprend en second lieu les signes syllabiques; ainsi l'échiquier se prononce à lui seul men, le vase debout se prononce hes, le cœur se prononce het, etc. On y comprend en troisième lieu les

(1) L'écriture hiératique et l'écriture démotique sont des écritures rapides, dérivées à des degrés divers de l'écriture hiéroglyphique. On ne les emploie guère que pour les papyrus. Cependant on trouvera à Gebel-Silsileh d'excellents spécimens de la première de ces écritures. A Philæ sont des proscynèmes assez nombreux, gravés sur les murs du temple en écriture démotique.

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