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commença la décadence d'Héliopolis? Les fureurs de Cambyse, comme le veut Strabon, furent-elles pour quelque chose dans la chute de ses édifices? c'est ce que nous ignorons. En tous cas Strabon qui voyageait en Egypte quelques années seulement avant notre ère, nous la dépeint comme à peu près déserte. Aujourd'hui il n'en reste rien, que l'enceinte du temple principal et l'obélisque qui s'élève au milieu.

Nous disons « l'enceinte du temple principal » et en effet ce serait une erreur de prendre les hautes et longues murailles qui forment l'enceinte d'Héliopolis, pour les murailles de la ville. On remarque bien autour de l'obélisque et assez loin de ce monolithe des pans de murs abattus, des vestiges de maisons dans lesquelles on est tout disposé à voir les restes des maisons de la ville. Mais il est arrivé à Héliopolis ce qu'on remarque à Medinet-Abou, à Dendérah, à Abydos, et en d'autres lieux. Quand la religion égyptienne est tombée, les Egyptiens devenus chrétiens, c'est-à-dire les Coptes, se sont emparés des édifices sacrés pour les habiter, et les parvis des temples jusqu'alors inviolables et sacrés ont été couverts des maisons de la ville. Les ruines qu'on voit à Héliopolis autour de l'obélisque sont donc,

non les ruines de la ville antique, mais les ruines de la ville Copte qui, à la chute des anciens dieux de l'Egypte, a remplacé la ville païenne (1), et la grande enceinte qui leur sert de limite est, tout étendue qu'elle soit, (2) l'enceinte du temple.

Quant à l'obélisque, on doit le regarder avec intérêt, car il est le plus ancien de tous les obélisques d'Egypte. Il porte en effet les cartouches d'Ousertasen 1er, deuxième roi de la XIIme dynastie. Il a 20 mètres 27 cent. de hauteur. Originairement un pyramidion de cuivre, qu'Abd-el-Latyf (3) a vu encore à sa place, en recouvrait la pointe. Un second obélisque complétait avec celui-ci la décoration de la façade principale du temple pour lequel ces deux monolithes avaient

(1) De la ville proprement dite il n'est rien resté. D'habitude, on reconnaît le site des villes antiques aux buttes grises ou rougeàtres formées par les maisons de briques qui se sont successivement éboulées les unes sur les autres, et ces buttes se sont groupées régulièrement autour des grandes enceintes au centre desquelles s'élevaient des temples. Ici, rien de semblable. Comme Memphis, Héliopolis a porté la peine de son voisinage du Caire, et la ville a disparu jusqu'aux fondements.

(2) Elle a neuf cent mètres environ sur douze cents.

(3) Abd-el-Latyf, médecin arabe de Bagdad, visita l'Egypte vers 1190.

été érigés; tombé par terre et fendu en deux, dès le temps de l'historien arabe que nous venons de citer (1), il a aujourd'hui disparu jusqu'au dernier fragment.

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L'excursion des Pyramides, comme l'excursion d'Héliopolis, se fait habituellement en voiture. On traverse le nouveau quartier qui, du nom de son fondateur, s'appelle Ismailieh.

(1) Voici le passage d'Abd-el-Latyf: « C'est dans « cette ville que se trouvent les deux obélisques si << renommés, que l'on appelle les deux aiguilles de « Pharaon, Ces obélisques consistent en une base << carrée, longue et large de dix coudées, et d'une << hauteur à peu près égale établie sur une fonda«tion solide dans la terre. Au dessus de cette base << s'élève une colonne carrée, de forme pyramida« le....... La tête est recouverte d'une espèce de << chapeau en cuivre, en forme d'entonnoir, qui << descend jusqu'à trois coudées environ du som« met. Ce cuivre, par l'effet de la pluie et des « années, s'est rouillé et à pris uue couleur verte : « une partie de cette rouille verte a coulé le long << du fût de l'obélisque. Toute la surface de l'obélis<< que est couverte de ce genre d'écriture dont << nous avons parlé. J'ai vu une de ces deux obélis<<ques qui était tombée et s'était fendue en deux << en tombant, à cause de l'énormité de son poids. << On avait enlevé le cuivre qui couvrait la tête << de cet obélisque... »

Le Nil est franchi sur le pont de Kasr-el-Nil, et bientôt on atteint la tête de la route charmante construite par S. A. le Khédive, qui, de Gyzeh, conduit en face des Pyramides. De l'Esbékyeh aux Pyramides, on compte en ligne droite 12,000 mètres. Il y a 8,300 mètres du Nil au plateau sur lequel sont bâtis les monuments que nous allons décrire.

Il est juste d'accorder aux Pyramides l'admiration qui leur a valu d'être rangées au nombre des sept merveilles du monde. Il faut dire cependant que cette admiration ne s'impose pas au visiteur dès qu'il arrive au pied de ces monuments célèbres. L'immensité du désert environnant et le manque d'un point de comparaison rapetissent, en effet, les Pyramides et empêchent de les bien juger. Mais à la réflexion les Pyramides grandissent et reprennent leurs véritables proportions. On s'étonne alors de l'immensité de ces constructions. On y voit les monuments les plus durables et les plus élevés sous le ciel que jamais l'homme ait bâtis. Les Pyramides ont six ou sept mille ans de date; mais il n'y a aucune raison pour que dans cent mille ans elles ne soient pas encore telles que nous les voyons aujourd'hui, si des mains ignorantes ou

criminelles ne viennent pas aider à leur destruction.

Les trois grandes Pyramides sont les tombeaux de Chéops, de Chéphren et de Mycérinus; les petites sont les tombeaux des membres de la famille de ces rois. La grande avait primitivement 146 mètres de hauteur; dans l'état actuel elle n'en a plus que 138; son cube est de 2,562,576 mètres. Tout ce que l'on a dit, toutes les phrases qu'après Hérodote on a faites sur la haine que ces rois s'étaient attirée par suite des corvées imposées aux Egyptiens qui travaillaient aux Pyramides, peut être réduit à néant; les monuments contemporains, témoins bien plus croyables qu'Hérodote lui-même, nous montrent en effet que, de leur vivant et après eux, Chéops et Chéphren, à l'exemple de tous les autres rois, étaient honorés par un culte spécial; quant à Mycérinus, c'était un roi si pieux, qu'il est cité dans le Rituel comme l'auteur de l'un des livres le plus en renom de la littérature religieuse de l'Egypte. En ce qui re· garde l'usage auquel les Pyramides étaient destinées, c'est faire violence à tout ce que nous savons de l'Egypte, à tout ce que l'archéologie nous a appris sur les habitudes monumentales

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