Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

EXEMPLES DE NOMS DE « FUNDI »

FORMÉS A L'AIDE DE

GENTILICES ROMAINS ET DU SUFFIXE -ACUS.

Nous avons parlé dans le volume précédent de noms de lieu créés à l'époque mérovingienne à l'aide de noms d'homme et du suffixe -iacus. Voici quelques noms de lieu plus anciens où l'on trouve le suffixe gaulois -ācus précédé d'un gentilice romain.

Achiniagas, pour Aquiniacas (sous-entendu villas ou domus), est un nom de lieu mentionné dans un diplôme de Charlemagne remontant à l'année 779 et qui porte le numéro 71, chez Sickel Acta regum et imperatorum Karolinorum. Ce nom dérive d'Aquinius. Aquinius est un gentilice romain, le nom par exemple d'un poète contemporain de Cicéron et mentionné par Catulle1. Il a été porté aussi par plusieurs personnages qui figurent dans les inscriptions, une notamment de Lyon2. Acigné, nom d'une commune de l'Ille-et-Vilaine, suppose la forme gallo-romaine Aquiniacus ou sa variante Aciniacus.

Aciacus, dans un diplôme faux de Childebert Ier, attribué à l'année 5413, désignerait une localité du nom d'Assé au diocèse du Mans, soit Assé-le-Bérenger (Mayenne), soit Assé-le-Boisne, soit enfin Assé-le-Riboul, tous deux dans la Sarthe. Aciacus, dans le pagus Auliacensis, fut donné à la basilique de Saint-Fargeau, par l'abbé Widerad, en 721. Aciacus est une orthographe de

1. Voyez les textes réunis par De-Vit, Totius latinitatis Onomasticon, p. 403. 2. A. de Boissieu, p. 355, 356.

3. Pardessus, Diplomata, t. I, p. 103; K. Pertz, Diplomatum imperii tomus I, p. 122, ligne 36, p. 123, ligne 6.

4. Pardessus, Diplomata, t. II, p. 324.

basse époque pour Acciacus, avec un double c. La variante Acciagus, par un double c et par un g, substitut bas-latin du c antique, nous est offerte par un diplôme d'Angilramne, évêque de Metz en 780, qui donne à l'abbaye de Gorze des biens dans la villa Acciagus1. Il s'agit d'Essey, qui est en quelque sorte un faubourg de Nancy. Un autre Essey, situé dans le département de la Meurthe, comme le précédent, est appelé Aciacus dans une charte de l'année 846; mais une pièce de l'année 895, où la même localité est appelée Acci, nous autorise à restituer l'orthographe Acciacus par un double c3. Ce nom de lieu dérive d'Accius.

Accius est un gentilice romain porté par divers personnages, dont le plus connu est le poète tragique L. Accius, né l'an 170 avant J.-C. et qui paraît avoir vécu fort longtemps, car Cicéron raconte qu'il a souvent causé avec lui. Il serait mort vers l'année 94 avant notre ère1. Ce gentilice se rencontre de temps en temps dans les inscriptions; ainsi T. Accius Marcus figure avec Accius Maximus dans une inscription de Carinthie. T. Accius est un fabricant de tuiles dont la marque est conservée au musée de Klagenfurt. On a trouvé près d'Este le tombeau de C. Accius Boethus, à Moggio celui de L. Accius Libellus; Este et Moggio sont deux localités de l'Italie septentrionale. D'autres inscriptions établissent la fréquence de ce nom dans l'Italie méridionale. On le rencontre aussi en Espagne 10. L'existence de ce gentilice en Gaule est attestée par un monument funèbre de Lyon; ce monument fut élevé par les héritiers du défunt, et l'un de ces héritiers était le soldat M. Accius Modestus".

Aconiaca finis est un territoire situé dans le pagus Scarpo

1. Dom Calmet, Histoire de Lorraine, Preuves, I, col. 289.

2. Lepage, Dictionnaire topographique du département de la Meurthe, p. 47. 3. Lepage, Dictionnaire topographique du département de la Meurthe, p. 47. 4. Voir les textes réunis par Teuffel, Geschichte der ræmischen Literatur, 3o édition, p. 214-217; Ribbeck, Tragicorum latinorum reliquiæ, l'appelle Attius. Il a réuni ses fragments aux pages 114-194 de ce volume.

5. Corpus inscriptionum latinarum, III, 4830.

6. Corpus, III, 5758.

7. Corpus, V, 2551.

8. Corpus, V, 1827.

9. Voyez les index du Corpus, t. IX, page 703; t. X, p. 1023.

10. Corpus, t. II, index, à la page 715.

11. A. de Boissieu, Inscriptions antiques de Lyon, p. 355, 356.

nensis, aux termes du diplôme par lequel Chrodegang, évêque de Metz, fonda, en 745, l'abbaye de Gorze1. Aconiaca dérive d'Aconius.

Aconius est un gentilice d'abord obscur, mais qui dut une certaine notoriété à deux Aconius Catulinus, l'un proconsul d'Afrique de l'an 316 à 319 après J.-C. et l'autre consul trente ans plus tard. D'autres Aconius sont connus par les inscriptions. L'un est l'auteur d'une inscription votive au dieu Mercure, à Spire3. Un autre a dédié un autel à Jupiter sur les bords du lac Majeur. Leur nom est écrit par un double c, Acconius. Mais le nom de Q. Aconius et celui d'Aconia, son affranchie, tous deux par un simple c, sont conservés par une inscription de Treia 5. La même orthographe Aconia a été relevée dans la nécropole de Lambessa".

Acutiacus apparaît, écrit Aguciacus, dans un diplôme du roi Clotaire III donné vers l'année 657 (chez Tardif, Monuments historiques, no 13, p. 11). M. Longnon a reconnu qu'il s'agit d'Aguisy, hameau de la commune de Chelles (Oise). Aiguisy, nom d'un hameau du département de l'Aisne, s'explique aussi par un primitif Acutiacus. Ce nom de lieu dérive du gentilice Acutius. Acutius est le nom d'un tribun du peuple élu par l'influence des patriciens en l'an 399 av. J.-C. Le même nom est porté plus tard par un grand nombre de personnages dont la mémoire nous a été gardée par des inscriptions". L'une de ces inscriptions est conservée au musée d'Aix-en-Provence 8.

Albiacus, dans la légende d'une monnaie mérovingienne", dans un diplôme de Charles le Chauve 10, vient d'Albius.

Albius est le nom d'une gens à laquelle appartenait la mère

1. Pardessus, Diplomata, t. II, p. 398.

2. De-Vit, Onomasticon, t. I, p. 43.

3. Brambach, no 1797.

4. Corpus, V, 5496.

5. Corpus, IX, 5660.

6. Corpus, VIII, 3319.

7. Corpus, V, douze exemples; VIII, quatre; IX, deux; X, huit. Sans compter les femmes.

8. Herzog, Galliæ Narbonensis historia, t. II, p. 77, n° 366.

9. A. de Barthélemy, dans la Bibl. de l'École des chartes, t. XXVI, p. 450. 10. Tardif, Monuments historiques, no 212, p. 136.

de l'empereur Othon, Albia Terentia1. Ce gentilice se rencontre de temps en temps dans les inscriptions et dans quelques autres documents, dont le plus connu est le discours de Cicéron pro Cluentio, où il est souvent question de l'empoisonneur Statius Albius Oppianicus Larinas. Des inscriptions nous apprennent que ce gentilice avait pénétré en Gaule3. Il y a en France trois communes du nom d'Aubiac; deux sont dans la Gironde, une dans le Lot-et-Garonne.

Albiniacus est le nom d'une propriété de l'abbaye de SaintMartin de Tours, suivant un diplôme donné par Charlemagne en 7751. C'est aujourd'hui Aubigny-sur-Nère (Cher). Deux autres Albiniacus, situés en Rouergue, apparaissent au xr° siècle dans le cartulaire de l'abbaye de Conques 5.

Albinius, d'où vient Albiniacus, est le nom d'une gens plėbéienne de Rome, dont les plus anciens membres connus sont : 1o L. Albinius Paterculus, un des deux premiers Romains créés tribuns du peuple en l'an 493 avant notre ère; 2° un certain L. Albinius, contemporain de la prise de Rome par les Gaulois en 390; celui-ci est connu pour le zèle pieux qu'il montra après la bataille de l'Allia, quand, prenant en pitié les vestales qui s'en allaient de Rome à pied, il les fit monter dans son char, après en avoir fait descendre sa femme et ses enfants".

Ce nom persista sous l'empire romain : des inscriptions d'Italie l'attestent. Il pénétra en Gaule: un certain T. Albinius Januarius figure dans une inscription de Nimègue. Ce nom a fourni à la Gaule septentrionale un nom de lieu formé au moyen du suffixe -anus; c'est Albiniani, aujourd'hui Halphen, mentionné à

1. Suétone, Othon, c. I.

2. De-Vit, Onomasticon, t. I, p. 194, 197, 198.

3. A. de Boissieu, Inscriptions antiques de Lyon, p. 28, 30; Allmer, Inscriptions de Vienne, 1, 78; III, 419. Albius en latin est un dérivé d'Albus. Les Gaulois possédaient un thème Albio, dont nous ignorons le sens, et qui nous est connu par la dédicace Marti Albiorigi (Orelli-Henzen, 5867).

4. Ce diplôme, publié sans date par dom Bouquet, t. V, p. 737, est le no 42, p. 27, de Sickel, Acta Karolinorum, et le n° XVIII de Mabille, la Pancarte noire de Saint-Martin de Tours, p. 69.

5. Desjardins, Cartulaire de l'abbaye de Conques, p. 39, 40, 311.

6. Tite-Live, II, 33. Cf. De-Vit, Onomasticon, I, 196.

7. Tite-Live, V, 40.

8. Voyez par exemple Corpus, V, 5506, 5522, 5478, 6375.

9. Brambach, n° 73.

la fois dans l'Itinéraire d'Antonin et dans la Table de Peutinger1. Le nom d'Aubignan (Vaucluse) a été formé d'après le même procédé. Mais c'est à l'emploi du suffixe -acus qu'on doit les noms d'Albignac (Corrèze), de quatre Aubigné (Ille-etVilaine, Sarthe, Deux-Sèvres, Maine-et-Loire), d'Aubigney (Haute-Saône) et de dix-huit autres communes qui s'appellent Aubigny (Aisne, Allier, Ardennes, Aube, Calvados, Cher, Côted'Or, Nièvre, Nord, Pas-de-Calais, Deux-Sèvres, Somme, Vendée); total vingt-quatre communes, dont le nom actuel s'explique par un primitif Albiniacus.

Aliacus est le nom d'une localité où Berchaire, fondateur de l'abbaye de Montier-en-Der, avait une propriété dont il fit donation à cette abbaye en 6732.

Allius est un gentilice romain; les personnages les plus importants de ce nom paraissent avoir été C. Allius Alba, triumvir monetalis de l'an 106 à l'an 102 avant notre ère3; M. Allius Nepos, contemporain de l'empereur Tibère et célèbre par ses dettes; Q. Allius Maximus, consul l'an 49 de notre ère5. On en rencontre plusieurs autres dans les inscriptions: L. Allius Victor, dans une inscription funéraire de Mayence; le légionnaire C. Allius, fils de Caius, dans une autre inscription funéraire du musée de la même ville 7; un second, C. Allius, également C. filius, dans une inscription funéraire de Gueldre 8.

Nous ne savons pas où était située la villa Al[l]iacus mentionnée dans le testament de Berchaire. Alliacus a dû donner en français Ailly, en provençal Aillac. Il y a en France cinq communes du nom d'Ailly, une dans l'Eure, une dans la Meuse, trois dans la Somme, et une commune d'Aillac (Dordogne).

Alsiacus, villa appartenant à l'abbaye de Saint-Germaindes-Prés, suivant un diplôme de Charlemagne daté de 786o. Alsius est un gentilice assez rare; cependant, nous pouvons

1. Desjardins, Géographie de la Gaule d'après la table de Peutinger, p. 39. 2. Pardessus, Diplomata, t. II, p. 159.

3. De-Vit, Onomasticon, t. I, p. 230.

4. Sénèque, De Beneficiis, liv. II, c. vii, ¿ 2.

5. De-Vit, Onomasticon, t. I, p. 230.

6. Brambach, 1280.

7. Brambach, 1172.

8. Brambach, no 84.
9. Dom Bouquet, V,
750 b.

« VorigeDoorgaan »