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LES

PORTRAITS PEINTS DE CHARLES VIII

ET D'ANNE DE BRETAGNE

A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE.

Les calques de M. le comte de Bastard, si libéralement donnés par sa veuve au Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale, contiennent deux figures au trait des plus curieuses: ce sont les portraits d'un seigneur et d'une dame de la fin du xve siècle, que l'éminent iconophile nommait Louis XII et Anne de Bretagne. Malheureusement, ses renseignements s'arrêtent là; il ne dit ni si c'étaient des peintures, ni où les originaux se trouvaient conservés. En comparant ces calques aux médailles de Louis XII et de la reine Anne, j'avais relevé uné inexactitude. L'homme ainsi représenté n'était pas le second mari de la princesse bretonne, mais le premier, Charles VIII, marié en 1488 et mort dix ans après; la superbe médaille du prince, rapprochée du calque, ne laissait subsister aucune incertitude à cet égard. Quant à la reine, le même procédé de critique confirmait pleinement l'opinion de M. de Bastard, c'était Anne de Bretagne jeune.

L'allure très particulière de ces croquis faisait vivement désirer d'en découvrir les originaux. J'avais vu autrefois le panneau de M. le marquis de Biencourt à Azay-le-Rideau, où se trouvent reproduits les traits de la reine et de Louis XII; il n'avait rien de commun avec nos calques. Les effigies médiocres données par Leroux de Lincy, dans sa Vie d'Anne de Bretagne, ne leur ressemblaient en rien. Depuis, je m'étais donné la tâche de parcourir tous les manuscrits de la fin du xve siècle à la Bibliothèque nationale et à l'Arsenal, mais sans succès. Quelques-uns

m'avaient échappé toutefois, et, parmi ceux-là, un petit livre de prières du xve siècle, latin 1190, exposé dans les vitrines de la galerie Mazarine. Je l'avais négligé pour cette raison que, provenant de Gaignières, il me paraissait improbable d'y rencontrer les originaux recherchés. Gaignières, en effet, n'eût pas manqué de faire transcrire par son artiste ordinaire les miniatures d'un de ses manuscrits, s'il les eût jugées dignes de figurer dans la suite des portraits historiques. Or les portraits calqués par M. de Bastard ne sont dans aucun des recueils du grand collectionneur.

Une note de M. Vallet de Viriville, publiée en 1850 dans la Revue archéologique sur le manuscrit 1190, pouvait faire naître des suppositions. Notre regretté confrère expliquait la curieuse construction de ce volume dont les ais de reliure en bois contiennent deux portraits de personnages du xv° siècle, enfermés dans une véritable boîte à couvercle glissant. Cette fois j'allais presqu'à coup sûr; en demandant communication de ce livre, je savais y rencontrer des peintures. A peine l'avais-je ouvert que les originaux des calques apparaissaient indiscutables. En appliquant sur le panneau le papier transparent de M. Bastard, les moindres traits concordaient sans le plus petit mécompte. Gaignières n'avait reconnu ni le roi ni la reine; la note de son inventaire dressé en 1711 mentionne le ms. en ces termes : « Livre des << évangiles et lettres gotiques sur vélin. Au commencement est << le portrait d'un homme caché par une coulisse dans la couver<ture. A la fin celuy d'une femme de mesme. 4°. Tapisserie de petit point qui représente la passion. >>

Cette tapisserie sert de reliure à l'extérieur. C'est un travail enfantin en soie sur canevas, qu'on expose comme une curiosité, et de fait elle le mérite.

Les portraits de Charles VIII et d'Anne de Bretagne comblent un grand vide dans l'iconographie de nos rois. Ils sont un spécimen curieux et du plus haut intérêt de la peinture purement française du xve siècle, entre l'école merveilleuse de Fouquet et celle des Clouet.

Henri BOUCHOT.

BIBLIOGRAPHIE.

BINDING. Handbuch der deutschen Rechtswissenschaft.

H. BRUNNER. Deutsche Rechtsgeschichte. Erster Band. Leipzig, Duncker et Humblot, 1887. In-8°, x-412 pages.

M. Charles Binding, professeur à Leipzig, a entrepris la publication d'une encyclopédie méthodique du droit allemand, en quarante-quatre volumes, sous le titre de Systematisches Handbuch der deutschen Rechtswissenschaft, et il s'est assuré la collaboration de professeurs, magistrats et jurisconsultes renommés. Le droit romain sera représenté par dix volumes dont les trois premiers (Histoire générale du droit romain, Histoire des sources, Histoire du droit public) sont confiés à MM. de Ihering, Krüger et Mommsen. Le droit ecclésiastique, en deux volumes, sera rédigé par M. Sohm. M. H. Brunner s'est chargé, depuis plusieurs années, de l'Histoire du droit allemand, qui formera trois volumes. Huit volumes sont déjà parus : les Institutes de droit allemand, de M. A. Heusler, en deux volumes; le Manuel de droit maritime, de M. R. Wagner, t. I; le Manuel de procédure civile, de M. A. Wach; le Manuel de procédure criminelle, de M. J. Glaser, t. I et II; et le t. I de l'Histoire du droit allemand, de M. Brunner, que nous annonçons aujourd'hui.

De tous les jurisconsultes d'outre-Rhin, M. Brunner est celui qui connaît le mieux l'histoire de notre droit. Par la netteté de la pensée, la sobriété des développements et la clarté de l'exposition, il nous représente, plus exactement que tout autre, l'École historique de F. de Savigny, qui continue en Allemagne les traditions de nos grands érudits du xvire et du xvIe siècle. Toutes ses publications sont donc dignes d'une sérieuse attention; mais le volume qu'il vient de terminer nous intéresse particulièrement, puisqu'il traite d'une époque où l'histoire du droit français et l'histoire du droit allemand se confondent. Dans ce premier volume, l'auteur étudie l'époque germanique et l'histoire générale du droit de la période franque, comprenant l'histoire des sources, en déclarant que, pour ne pas sortir du cadre de cette encyclopédie juridique, il n'a point voulu faire les recherches approfondies qui conviennent à des monographies, ni s'efforcer d'en savoir plus qu'on ne peut le faire dans l'état actuel de la science.

Ce volume comprend, après l'Introduction, un premier livre consacré

à l'époque germanique, et la première partie du second livre: Histoire générale du droit de la période franque.

Introduction.

L'auteur y délimite son sujet, indique la méthode et les grandes divisions qu'il suivra; il trace ensuite un tableau sommaire des sources principales ou auxiliaires de l'histoire du droit, et donne la bibliographie des travaux les plus importants sur ces diffé

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Livre premier. L'époque germanique. germaine. ariens.

de famille.

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La maison ou la vie

-

Les Germains dans l'empire romain. Leurs royaumes Régime économique de cette époque.

classes de personnes.

La parenté, ou les groupes de famille. Les diverses Le droit, son origine, son caractère, ses plus anciennes sources. L'organisation politique les Reges et les PrinL'organisation militaire et le La Faida et la Freda. Le

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cipes; les assemblées de la tribu. Comitivat. L'organisation judiciaire. bannissement, la confiscation, la peine de Deuxième livre. Période franque.

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générale du droit. I. Le royaume franc. II. Régime économique de cette époque. Grandes propriétés foncières et concessions territoriales. Système monétaire. La famille et la parenté. Les personnes dans la société : Servi; lites et affranchis; nobles et hommes libres. - III. Formation et sources du droit. - Personnalité de la loi. - Les étrangers et les juifs. Lois nationales et édits royaux. Rédaction des coutumes. Leges populares et autres textes qui seront énumérés plus bas avec la date que M. Brunner leur assigne.

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Il est bien difficile d'analyser un volume qui traite succinctement un si grand nombre de questions controversées. M. Brunner les a nettement exposées et fait un choix fortement motivé entre des opinions si divergentes. Nous nous bornerons à indiquer en quelques mots les conclusions auxquelles il s'est arrêté sur la rédaction des textes que nous considérons comme une des sources de notre droit, sans y attacher la même importance que nos voisins d'outre-Rhin. L'étude attentive de notre droit national donne de plus en plus la conviction que l'élément germain n'y a joué qu'un rôle secondaire et que notre droit coutumier procède surtout du droit romain, du droit canonique et du droit féodal, dont les monuments les plus anciens appartiennent à la France ou au nord de l'Espagne. L'histoire des origines du droit français est du reste trop complexe et trop peu étudiée dans les véritables textes, pour qu'il convienne d'insister présentement sur cette question générale où nous ne saurions admettre les théories soutenues par les savants allemands et leurs disciples.

Pour l'histoire des monuments juridiques de la période franque, les opinions auxquelles M. Brunner s'est arrêté peuvent être parfois contestées; mais elles sont présentées d'une manière si claire et si démons

trative qu'on est toujours tenté de les adopter. Nous suivrons en les résumant l'ordre dans lequel le savant auteur a rangé les textes.

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Loi salique. Dans les controverses sur l'histoire de cette loi, on n'a pas suffisamment distingué deux questions très différentes : la date des plus anciens textes qui nous sont parvenus, et la date de la rédaction primitive. D'après une tradition conservée par le grand prologue qui précède la loi dans de très anciens manuscrits, cette première rédaction ou fixation des coutumes des Saliens remonterait à l'époque où ils étaient encore païens et soumis au régime aristocratique; mais dans le plus ancien texte que nous ayons, on trouve le titre 1er (De Mannire), qui n'est autre qu'un édit royal, et le titre 47, relatif à la revendication mobilière, qui ne peut dater au plus tôt que des dernières années du règne de Clovis, après la défaite des Visigoths, ou n'est peut-être qu'une addition du temps de Chilpéric Ier. La loi suppose partout la royauté existante; si elle ne renferme aucune disposition relative au christianisme, elle ne contient aussi nulle trace de paganisme. Le système monétaire nous fait, en outre, descendre à une époque postérieure à la fondation du royaume franc, et on croit remarquer, dans quelques chapitres, des emprunts à la législation du roi visigoth Euric. Mais, d'autre part, les Romains ne sont pas encore assujétis au service militaire comme ils le seront sous les fils de Clovis; le fonctionnaire qu'on appellera bientôt Comes porte le titre de Grafio, et il ne préside pas encore le Mallus. On est donc en droit de conclure que le texte le plus ancien de la loi salique qui nous soit parvenu, dégagé des additions qu'on peut reconnaître, date du règne de Clovis. La Lex emendata n'est pas un texte officiel, mais il est probable que cette revision de la loi a été faite sous l'inspiration de Charlemagne.

Loi ripuaire. L'uniformité des mss. de cette loi, quelques-unes de ses dispositions et une mention expresse portée sur un ms. de Vienne autorisent à supposer qu'on a seulement une revision de la loi faite à l'époque carolingienne. Le texte originaire était postérieur à la loi salique et antérieur à 596; des édits royaux de date diverse y ont été successivement ajoutés.

Pacte et Loi des Alemans. Les fragments qui nous restent du Pactus Alamannorum, ou texte primitif de la coutume des Alemans, contiennent des termes de droit salien qui permettent de l'attribuer à une époque où l'influence franque était prédominante; ils mentionnent, d'autre part, l'affranchissement in Ecclesia: on peut donc en fixer la date à la première moitié du vire siècle, ou, au plus tôt, à la fin du vre.

La Lex Alamannorum nous offre une rédaction plus développée et mieux ordonnée. Merkel a imprimé trois textes de cette loi dans les Monumenta Germaniæ historica; mais il est aujourd'hui reconnu qu'on ne peut admettre ces trois revisions de la loi. Les différences qui ont

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