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Savoie, selon toute apparence à Menthon, sur le lac d'Annecy, dans le cours du xve siècle. Il présente, en raison de cette origine, et bien qu'écrit en pur français, certains caractères linguistiques qui ne manquent pas d'intérêt. Enfin, il n'en existe qu'une seule copie conservée dans la famille de M. le comte de Menthon. Ces circonstances nous ont déterminé à accepter le projet de publication présenté par M. Lecoy de la Marche, qui avait autrefois pris copie du manuscrit. Un mystère composé et joué en Savoie a d'ailleurs par lui-même et quelle que soit sa valeur le mérite particulier d'apporter un témoignage précieux sur la propagation de la langue française hors de son centre d'origine, hors des territoires dépendant de la couronne de France, dans un pays où l'idiome populaire était déjà notablement différent du français proprement dit. Le témoignage que nous fournit le mystère de saint Bernard de Menthon n'est du reste point isolé, puisqu'on sait que plusieurs de nos anciens mystères ont été représentés dans la région des Alpes au xve siècle et au XVIe : il n'en est pas moins bon à recueillir.

Si depuis dix-huit mois nous n'avons mis sous presse que deux volumes, alors que nous avons coutume d'en publier trois chaque année, ce n'est pas que les propositions nous aient fait défaut. Je réserve pour mon rapport de l'an prochain la mention des projets que votre Conseil a admis en principe. Mais le nombre des ouvrages en cours d'impression est encore supérieur à nos besoins. La régularité de nos prochaines distributions étant désormais assurée, nous devons attendre, avant d'entreprendre de nouvelles publications, que nous ayons mis au jour quelques-unes de celles qui sont actuellement sur le point d'être terminées.

SOCIÉTÉ LIBRE DE L'EURE.

En souvenir de M. le marquis de Blosseville, son ancien Président, la Société libre d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l'Eure met au concours l'Histoire des confréries religieuses existant ou ayant existé en Normandie pour l'inhumation des morts et connues vulgairement sous le nom de Charités; sujet que son regretté Président désirait voir traiter.

Un prix de six cents francs, offert par M. le marquis de Boury, neveu de M. le marquis de Blosseville, sera décerné, sous le nom de Prix de Blosseville, au meilleur mémoire. La Société serait en outre disposée à donner, s'il y avait lieu, une récompense au travail qui serait jugé le second en mérite.

Les mémoires présentés resteront la propriété des auteurs; mais la Société pourra s'entendre avec le lauréat pour la publication du manuscrit récompensé.

Les memoires devront être adressés francs de port au secrétaire perpétuel de la Société, à Évreux, avant le 31 décembre 1888. Ils porteront une épigraphe ou devise répétée dans un billet cacheté qui contiendra le nom de l'auteur. Les concurrents sont prévenus que ceux qui se feraient connaitre seront exclus du concours.

SELDEN SOCIETY.

La Société qui vient de se former à Londres sous cette dénomination se propose de publier des textes relatifs à l'histoire du droit anglais. Les travaux qu'elle entreprend seront de la plus grande utilité pour nos études; elle a, en effet, pour but de faire connaitre un choix d'anciens documents tirés des archives judiciaires de l'Angleterre, et de preparer de nouvelles éditions des traités des vieux jurisconsultes de ce pays (Glanville, Bracton, Fleta, le Miroir, etc.). Elle voudrait aussi recueillir les matériaux d'un Dictionnaire des termes juridiques anglo-français.

La Société est placée sous la présidence du « Lord chief Justice of England. Elle a déjà recruté beaucoup d'adhérents en Angleterre et aux États-Unis. Le prix de la cotisation annuelle, donnant droit à un exemplaire de toutes les publications, a été fixé à une guinée. Les adhésions peuvent être adressées à M. P. Edward Dove, secrétaire honoraire et trésorier de l'association (23, Old Buildings, Lincoln's Inn, London, W.-C.).

La première publication annoncée sera un volume consacré aux Plaids de la couronne, du XIe siècle; il sera publié par M. le professeur F.-W. Maitland, qui joindra au texte original une traduction et des tables détaillées.

L'ÉVANGÉLIAIRE DE SAINTE MARGUERITE,

REINE D'ÉCOSSE.

La bibliothèque Bodléienne vient de s'enrichir d'un précieux évangéliaire anglo-saxon du xre siècle, dans lequel se lit, au recto du deuxième feuillet, en caractères de la fin du même siècle, une pièce de vers ainsi conçue :

Christe, tibi semper grates persolvimus omnes,
Tempore qui nostro nobis miracula pandis.
Hunc librum quidam inter se jurare volentes
Sumpserunt nudum sine tegmine nonque ligatum.
Presbyter accipiens ponit sinuamine vestis;
Flumine transmisso, codex est mersus in amnem.
Portitor ignorat librum penetrasse profundum,

Sed miles quidam cernens post multa momenta
Tollere jam voluit librum de flumine mersum,
Sed titubat subito librum dum vidit apertum,
Credens quod codex ex toto perditus esset.
Attamen inmittens undis corpus cum vertice summo'
Hoc evangelium profert de gurgite apertum.
O virtus clara cunctis! O gloria magna!
Inviolatus enim codex permansit ubique,
Exceptis foliis binis que cernis utrinque,
In quibus ex undis paret contractio quedam,
Que testantur opus Christi pro codice sancto.
Hoc opus ut nobis majus mirabile constet,
De medio libri pannum lini abtulit unda.
Salvati semper sint Rex Reginaque sancta,
Quorum codex erat nuper salvatus ab undis!

Gloria magna Deo, librum qui salvat eundem ! »

M. Madan, sous-bibliothécaire de la Bodléienne, a reconnu que l'évangéliaire ainsi miraculeusement sauvé des eaux est le livre dont il est question dans la Vie de Marguerite, sœur d'Eadgar Ætheling, femme de Malcolm III, roi d'Écosse, et belle-mère de Henri Ier, roi d'Angleterre, morte en 1093. Pour justifier cette attribution, il n'a eu qu'à rapprocher des vers ci-dessus reproduits un passage de la Vie de sainte Marguerite, sur lequel son attention avait été attirée par miss Lucy Hill. Voici ce qu'on lit dans la Vie contemporaine, composée soit par Thierri de Durham, soit par Turgot, évêque de Saint-André :

<< Habuerat librum evangeliorum, gemmis et auro perornatum, in quo quatuor evangelistarum imagines pictura auro admixta decorabat; sed et capitalis quæque littera auro tota rutilabat. Hunc codicem, præ ceteris, in quibus legendo studere consueverat, carius semper amplexata fuerat. Quem quidam deferens, dum forte per vadum transiret, liber, qui minus caute pannis fuerat obvolutus, in medias aquas cecidit; quod ignorans portitor, iter quod inceperat securus peregit; cum vero postea librum proferre vellet, tum primum quod perdiderat agnovit. Quaerebatur diu nec inveniebatur. Tandem in profundo fluminis apertus jacere reperitur, ita ut illius folia impetu aquæ sine cessatione agitarentur, et panniculi de serico violentia fluminis abstraherentur, qui litteras aureas, ne foliorum contactu obfuscarentur, contexerant. Quis ulterius librum valere putaret? Quis in eo vel unam litteram parere crederet? Certe integer, incorruptus, illæsus, de medio fluminis extrahitur, ita ut minime ab aqua tactus videretur. Candor enim foliorum et integra in omnibus formula litterarum ita permansit, sicut erat antequam in fluvium ceci

1. Vers de sept pieds.

disset, nisi quod in extremis foliis, in parte, vix aliquod humoris signum videri poterat. Liber simul et miraculum ad Reginam refertur: quæ, reddita Christo gratiarum actione, multo carius quam ante codicem amplectitur. Quare alii videant quid inde sentiant; ego propter Reginæ venerabilis dilectionem, hoc signum a Domino fuisse opinor. »

La notice dans laquelle M. Madan rend compte de son intéressante découverte a été publiée par le journal The Academy, le 6 août 1887.

CHARTE LAPIDAIRE D'ÉTOILE, PRÈS VALENCE.

M. l'abbé Cyprien Perrossier, curé de Parnans, vient de publier, dans le Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'archéologie religieuse des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers (cahier de mai-juin 1887, p. 200), le texte d'une charte de l'année 1244, contenant les franchises accordées aux habitants d'Étoile par Aimar, fils du comte de Valentinois. Cette charte se lit sur une table de marbre, longue de 1m, 63 et large de 0m, 57, qui est encastrée au-dessus de la porte latérale de l'église d'Étoile; les caractères, gravés avec le plus grand soin, ont 0m, 032 de hauteur. Nous en reproduisons ie texte d'après l'édition de M. l'abbé Perrossier :

« Noverint universi litteras has inspecturi quod anno Domini M° CC XL. IIII°, Ix° kalendas marcii, nos Ademarus, filius comitis Valentinensis, non circumventi, non seducti aliqua fraude vel dolo, sed mera et spontanea voluntate, pure, simpliciter et irrevocabiliter, inter vivos donamus, laudamus et concedimus, per nos et heredes vel successores nostros, usque in infinitum, omnibus hominibus castri de Stella et ejus mandamenti, qui nunc immediate nostro dominio subjacent et in posterum subjacebunt, cujuscumque sexus sint vel fuerint habitantes in castro Stelle et ejus mandamento et qui habitabunt in futurum, et eorum heredibus sive successoribus, habitantibus in dicto castro et ejus mandamento, plenissimam libertatem et immunitatem ab omni exactione toute et tallie et quiste, quas nos et heredes vel successores nostri possumus vel possemus accipere et exigere a dictis hominibus et heredibus sive successoribus eorum, juste vel injuste, usu vel abusu, consuetudine sive jure. Item donamus, laudamus et concedimus, per nos et heredes seu successores nostros, omnibus hominibus castri de Stella et ejus mandamenti, tam illis qui nunc immediate ad nos pertinent et pertinebunt quam aliis qui sunt vel erunt homines vel subjecti militum et clericorum, domicellorum et monasterii Sancti Marcellini, vel alicujus religionis seu aliorum virorum, illorum scilicet qui in castro Stelle et ejus mandamento nunc habitant et in posterum habitabunt, et heredibus sive successoribus eorumdem, plenissimam libertatem et immunitatem ab omni acceptione, requisitione et exac

tione feni et palee, quod vel quam nos vel heredes sive successores jure, consuetudine sive usu, accipere et requirere possumus vel possemus, promittentes quod neque [per] nos neque per armigeros, domicellos vel per alios homines, paleam vel fenum hominum dictorum accipiemus aliquatenus nec queremus, absolventes homines nostros ab omni acceptione, exactione toute, tallie et quiste feni et palee, et homines aliorum solummodo ab omni exactione feni et palee penitus liberantes; promittentes per nos et heredes sive successores nostros tibi, Petro Bontos, baiulo Stelle, stipulanti et recipienti nomine universitatis. hominum Stelle et ejus mandamenti, ad hoc specialiter constituto, quod in futurum de novo toutas, talias, quistas, fenum vel paleam non faciemus nec exigemus nec aliquo tempore requiremus, promittentes dictas donationes, concessiones et absolutiones tenere et contra non venire, inviolabiliter observare, renunciantes super his omnibus et specialiter et expressim beneficio minoris etatis et in integrum restitutionis et nove constitutionis, et exceptioni doli, et in factum errori, et specialiter legi que dicit donationem factam sine insinuatione ultra D solidos non valere, ut ita valeat ac si esset insinuata, et legi que dicit generalem renunciationem non valere, et omni juri canonico et civili quo possemus aliquo tempore nos tueri. Insuper nos Ademarus, filius comitis Valentinensis, tactis sanctis evangeliis, juramus et promittimus omnia supradicta et quelibet predictorum rata et firma perpetuo habere et tenere, nec ratione vel occasione alicujus consuetudinis, usus, statuti, juris canonici vel civilis promulgati vel promulgandi, contra predicta aliquo tempore veniemus, sed inviolabiliter observabimus omnia predicta et singula predictorum. Acta sunt hec anno, mense, die quibus supra, apud Stellam, in platea Mali Consilii, presentibus et ad hoc vocatis testibus Girberno priore Sancti Marcellini, Gi. Bastet, Amarico de Rupe Forti, Ugone de Petra Gorda, Rai. de Tornone, militibus, Guillelmo Bertrant, Berengario de Balasta, Jarentone de Rivo Sicco, Bonafide Salientis, Petro de Bais et pluribus aliis. Insuper nos Ademarus, filius comitis Valentinensis, presens scriptum voluimus fieri, ad perpetuam rei memoriam et firmitatem habendam. »

PEINTRES ROMAINS PENSIONNAIRES DE PHILIPPE LE BEL.

Dans les fragments d'un Journal du trésor royal que notre confrère M. Henri Moranvillé a copiés, d'après le recueil de Menant, à la bibliothèque de Rouen (fonds Leber, n° 5870, t. III), on remarque à la date du 28 février 1309 (nouveau style) la mention de trois peintres romains, auxquels Philippe le Bel avait accordé des pensions viagères : « Veneris ultima. Philippus Bizuti, pictor de Roma, pro annuo

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