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qui séparent les deux capitales. Le cheval n'a donc pas couvert, dans le même temps, la moitié du chemin qu'a fait le bicycliste.

Ces deux faits établissent la double puissance du vélocipède, c'est-à-dire, d'une part, une grande vitesse pour une courte distance et, d'autre part, la possibilité, sans fatigue excessive, de marcher pendant un temps plus long qu'avec tout autre mode de transport.

Nous n'avons pas à entrer dans les particularités de détail de la construction des vélocipèdes, avec leurs nombreux types. Le plus usité est, comme on le sait, le type à bandage pneumatique.

M. Michelin rappelle que les premiers vélocipèdes avaient leurs roues cerclées de fer, avec lesquelles il était impossible de gravir les rampes un peu fortes: la roue motrice patinait sur place. Le caoutchouc plein constitua un progrès, que vint encore accentuer le caoutchouc creux. Plus de glissement, on pouvait gravir les côtes en atténuant sensiblement les secousses si fatigantes pour le coureur.

Le bandage pneumatique vint donner la solution complète du problème. C'est, en principe, un tube de caoutchouc disposé autour de la jante de la roue. On prend un tube de caoutchouc toilé, fort analogue à un tuyau d'arrosage, et on soude les deux extrémités, de façon à avoir un cercle sans fin. Le caoutchouc étant étanche pour l'air, les toiles qu'il contient résistent à la pression. On soude sur ce tube un petit conduit qui traverse la jante; on garnit d'une valve de retenue ce petit conduit, et à l'aide d'une pompe à main on y introduit de l'air, jusqu'à ce que la pression soit suffisante pour que le tube ne s'écrase pas sous le poids du coureur.

Le tube qui constitue l'anneau a un diamètre qui varie de 40 à 60 millimètres; ses parois sont minces: leur épaisseur est d'environ 5 millimètres.

Le bandage pneumatique surélève la jante de 3 ou 4 centimètres au-dessus du sol. Il en résulte que le véhi

cule suspendu sur pneumatiques pourra passer sur des obstacles de 2 à 3 centimètres sans que ceux-ci viennent au contact d'autre chose que de l'air qui gonfle le pneumatique, et sans même qu'il y ait soulèvement du véhicule. On comprend le confort et l'économie de force qui résultent d'une suspension aussi parfaite.

En somme, on peut donner une idée assez juste de l'élasticité du pneumatique en disant que « le cycliste roule sur de l'air, à 2 centimètres au-dessus des obstacles de la route ».

Les résultats de cette élasticité merveilleuse sont les suivants, selon M. Michelin. La vibration continue, produite par les mille aspérités de la route, qui fatiguaient le cycliste en même temps que la machine, est supprimée. Les chocs, au lieu d'être brutaux, sont atténués; les ruptures de machines sont devenues très rares. Le pavé, quel qu'il soit, est accessible.

Mais l'avantage décisif a été une augmentation énorme de la vitesse, due à plusieurs causes: d'abord le pneumatique, en se moulant sur la route, a une adhérence considérable; la plupart des chocs sont supprimés, ainsi que les pertes de force vive. Enfin le cycliste est infiniment moins exposé aux chutes, puisqu'il peut franchir sans danger tous les obstacles qu'on est exposé à rencontrer sur une route; il donne donc sans crainte son maximum de vitesse.

C'est ainsi que Terront couvrit en 71 heures, c'est-àdire en un peu moins de 3 jours, les 1200 kilomètres de la course de Paris-Brest, tandis que Corre, le premier des coureurs montés en caoutchoucs creux, avait mis plus de 4 jours sur la même route.

Les premières formes du bandage pneumatique, destinées spécialement aux courses sur piste, présentaient l'inconvénient très grave, au point de vue du tourisme, que la réparation en était fort ennuyeuse et fort longue. Sur une route, il arrive qu'on rencontre un tesson de bouteille ou un clou placé la pointe en l'air: de là, avec

un pneumatique, la perforation, et par suite le dégonflement. Grâce au bandage extérieur, qui est fait d'une forte toile caoutchoutée et qui peut résister à la pression de l'air comprimé, les réparations sont devenues faciles en pleine route.

La conclusion du travail de M. Michelin, c'est que l'invention du pneumatique a fait faire un pas considérable à la vélocipédie, en diminuant la fatigue nerveuse qui résultait des trépidations produites par les cycles creux ou pleins.

La course organisée en 1893 de Paris à Trouville par le Journal a mis en relief les avantages du pneumatique Michelin: le coureur Meyer, arrivé premier, montait un de ces pneumatiques.

Depuis a eu lieu (27 août 1893) l'inauguration, devant 15 000 personnes, du Vélodrome de la Seine. Le Championnat de France y a été couru et gagné par le célèbre coureur Cassignard en 1 minute 59 secondes. Paris possède en outre le Vélodrome de Buffalo, celui du Palais des Machines du Champ-de-Mars, où a été couru le fameux match Corre-Terront.

Rappelons que les machines de course donnent, par coup de pédale, un développement de 5,50, presque autant qu'une locomotive de grande vitesse.

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Les fontaines d'eau chaude.

On a installé dans les rues de Paris, en 1893, un certain nombre d'appareils automatiques, qui, moyennant le prix de 5 centimes, fournissent à leurs clients anonymes 8 à 10 litres d'eau chaude, à la température de +60 à +80 degrés. Une distribution d'eau chaude par une canalisa

tion souterraine aurait présenté, sinon une impossibilité complète, du moins de grandes difficultés pratiques.

L'eau est chauffée sur place, par un ingénieux système dû à l'inventeur, M. Robin, dans de petits édicules semblables aux kiosques à journaux. Pour obtenir l'eau chaude, il suffit d'introduire dans une fente une pièce de 5 centimes et de pousser un bouton. On sait que des appareils analogues distribuaient déjà, dans les rues et les gares de chemins de fer, des paquets de chocolat, des papiers à cigarettes, etc. La distribution d'eau chaude a un caractère plus utilitaire.

La Ville de Paris, en donnant sa concession à la Société qui exploite ce système, a exigé qu'elle en pourvoie les postes de voitures. Les cochers pourront ainsi, en hiver, renouveler aisément l'eau de leurs bouillottes, et l'on évitera l'emploi des chaufferettes à charbon aggloméré, qui ont occasionné quelques accidents. Quant au parti que pourra en tirer la population ouvrière, qui, retenue au dehors de son domicile par son travail, ne peut que difficilement faire chauffer l'eau nécessaire à ses besoins, il est d'une évidente utilité.

Dans les distributions analogues de liquides chauds, café, punch ou vin chaud, qui ont été essayées à Paris, l'appareil est chargé à l'avance de liquide chaud, dont on ne fait qu'entretenir la température. Ici, au contraire, l'eau est froide, et le gaz enflammé qui sert de combustible ne s'en approche que lorsque la pièce de monnaie, introduite dans l'orifice du distributeur, met l'appareil en action.

La rampe à gaz ne brûle que pendant le temps nécessaire à l'échauffement de l'eau ; le gaz de chauffage n'a, en effet, automatiquement accès à cette rampe que pendant le passage de l'eau sous pression montant au serpentin. Il s'allume à un petit bec-veilleuse, qui est constamment allumé et dont la consommation de gaz est extrêmement faible.

L'eau chaude est déversée dans le récipient disposé devant l'appareil par le client.

L'inventeur, M. Robin, avait combiné depuis plusieurs années toute une série d'appareils à gaz analogues à celui que nous venons de décrire, qui avaient figuré à diverses expositions. Les salons de coiffure, les cabinets de toilette publics ou privés, les salles de bains, etc., ont reçu, entre les mains de M. Robin, des dispositions de ce genre qui se prêtent à toutes sortes d'usages hygiéniques. Le système consiste toujours à faire traverser par l'eau froide un serpentin constituant une petite chaudière à gaz à très grande surface de chauffe, ce qui rend l'échauffement extrêmement rapide. Un petit bec brûlant en veilleuse sert à allumer la chaudière au moment voulu, comme pour les fontaines. On obtient aisément un degré de chaleur plus ou moins élevé, dans les appareils domestiques, en réglant la vitesse d'écoulement au moyen du robinet de sortie. Dans les fontaines publiques, cette régularisation n'est pas possible; il en résulte que, lorsque plusieurs clients, coup sur coup et sans interruption, mettent leur pièce de monnaie dans l'orifice de l'appareil, l'eau obtenue par les derniers est à une température sensiblement plus élevée que celle obtenue par le premier qui a fait usage. Mais c'est là un petit inconvénient dont personne jusqu'à présent n'a songé à se plaindre. S'il est, en effet, difficile de se procurer de l'eau chaude, on a toujours sous la main l'eau froide nécessaire pour ramener l'eau trop chaude à la température que l'on veut. Une vingtaine de ces appareils fonctionnent déjà à Paris, et le nombre en sera certainement augmenté.

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En Amérique, on a mis à l'essai un système plus large, consistant à distribuer la chaleur à domicile par une canalisation, soit au moyen de l'eau chaude, soit au moyen de la vapeur. Mais il y a dans les fontaines automatiques d'eau chaude inaugurées à Paris, en 1893, un principe de progrès très réel, et d'autant plus intéressant qu'il est de nature à procurer aux personnes peu fortunées un élément d'hygiène et d'économie.

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