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Signaux transmis par les nuages.

Reprenant des expériences de télégraphie optique qui ont été, il y a quelques années, inaugurées en France, l'amiral sir W. Hunt Grubbe a fait des expériences intéressantes à une assez grande distance du cap de BonneEspérance, pour la transmission de signaux au moyen des rayons d'un arc de lumière électrique réfléchis par les

nuages.

Le faisceau lumineux d'une lampe électrique à arc, d'une puissance de 100 000 bougies, fut dirigé vers les nuages, au moyen d'un réflecteur et interrompu conformément aux règles du code des signaux héliographiques. Le signal fut facilement recueilli et enregistré à Cape-Town.

D'autres expériences ont été faites ensuite pour l'intercommunication entre le vaisseau amiral et un bâtiment envoyé en mer à cet effet : les signaux ont pu être compris jusqu'à la distance de 90 kilomètres.

On a essayé avec un certain succès, dans le même but, sur terre et sur mer, des aérostats opaques, alternativement éclairés par la projection du faisceau lumineux et plongés ensuite dans l'ombre.

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Les cuirassés français le Charles-Martel et le Jaureguiberry. L'agrandissement progressif des dimensions des cuirassés et des paquebots océaniens.

La mise à l'eau du grand cuirassé le Charles-Martel, qui a eu lieu le 19 juin 1893, en présence du ministre de la marine, a été un des événements maritimes de l'année 1893, tant à cause des dimensions du bâtiment, que par la rapidité, inusitée jusqu'ici, avec laquelle sa

construction aura été conduite, car elle a été de deux ans à peine.

Le Charles-Martel aura, une fois armé, 11 882 tonneaux de déplacement.

Jamais encore un navire d'un tel tonnage n'est descendu de nos chantiers nationaux. Sa longueur est de 116 mètres sur 22 mètres de large; la force de la machine de 13500 chevaux pour des vitesses de 17 nœuds 5 et 18 nœuds. L'auteur des plans est M. Huin, directeur des constructions navales à Rochefort, à qui l'on doit déjà le Hoche, le Neptune, le Marceau, le Magenta, le Brennus, et qui a fourni aussi les plans du Bouvet, en chantier à Lorient.

Le Charles-Martel est un Hoche allongé et amélioré. Pour la cuirasse de ceinture, il ne diffère pas sensiblement du Hoche et du Marceau; il possède, en plus, de bout en bout, une autre ceinture d'environ 12 centimètres d'épaisseur et 1,20 de hauteur, dite ceinture des cofferdams, destinée à protéger le pont cuirassé contre l'action. directe des obus explosifs puissants.

Relativement à l'artillerie, les mêmes principes que sur le Dupuy-de-Lôme et le Brennus sont appliqués, c'est-à-dire protection complète par des tourelles fermées de toute l'artillerie de gros et de moyen calibre; réduction correspondante du nombre des pièces de moyen calibre. Les canons de quatre calibres sont disposés en losange; ce sont des pièces de 30 centimètres aux extrémités et de 27 centimètres sur les flancs. Il y a huit canons de 14 centimètres à tir rapide dans les tourelles cuirassées à 10 centimètres réparties entre les grandes tourelles. On a suppléé autant que possible à la diminution du nombre des pièces en les disposant convenablement, et sept d'entre elles peuvent tirer aussi bien en pointe que par le travers. Toute l'artillerie sera des modèles postérieurs à 1887, par conséquent à grande longueur d'âme et de vitesse initiale de près de 800 mètres à la seconde.

Les pièces légères à tir rapid e seront réparties sur

l'immense passerelle allant d'un mât à l'autre, et dans les hunes militaires. Il y en aura une trentaine, dont quatre de 65 millimètres aux angles de la passerelle; le reste de 47 millimètres et 37 millimètres système Hotchkiss. Pour le lancement des torpilles, il y aura six tubes de travers, dont deux sous-marins.

Comme aspect général, ce cuirassé a l'arrière bas, l'avant élevé. L'étrave est droite, avec un court éperon en saillie.

Au-dessus du pont principal, où sont le carré et les chambres des officiers, s'élève la batterie avec sabords, servant de poste d'équipage, puis le pont des gaillards renfermant les logements de l'amiral et des officiers supérieurs; enfin, le pont supérieur, qui recevra les embarcations au poste de mer et les treuils à vapeur pour les hisser. Deux mâts militaires et deux cheminées, le tout relié par la grande passerelle.

La vitesse devra être supérieure à 17 nœuds au tirage naturel et atteindre 18 nœuds au tirage forcé.

Le Charles-Martel est long, fin de l'avant, haut sur l'eau; il tiendra donc la mer par tous les temps, en perdant très peu de sa vitesse, et son artillerie élevée (9 mètres pour l'axe de la pièce de 30 centimètres en avant) sera toujours utilisable. Joignez à cela un bel approvisionnement de combustible, et l'on conviendra que le Charles-Martel est un instrument de combat très puissant et qui répond à peu près aux besoins du moment. Sur les cuirassés suivants, il y aura quelques différences dans l'artillerie la protection y sera augmentée par un double pont cuirassé, le plus épais en dessous.

Après le Charles-Martel, il faut signaler le Jauréguiberry, qui a été lancé au mois d'octobre 1893, en présence de l'amiral Avellan et du Président de la République, au milieu des fêtes franco-russes données à Toulon.

Le Jauréguiberry est un grand cuirassé d'escadre, construit conformément au programme de 1891, par

M. Lagane, directeur des Chantiers de la Seyne, près Toulon. Son déplacement sera, après achèvement complet, de 11818 tonnes.

Ses dimensions principales sont :

Longueur entre perpendiculaires..
Largeur maximum, hors cuirasse.
Creux au pont des gaillards.. .

108,50

22m,15

14,63

On espère qu'il atteindra une vitesse de 17 nœuds. La puissance nécessaire pour obtenir cette vitesse, que ne possède aucun de nos cuirassés actuellement en service, sera produite par deux machines à vapeur verticales, à pilon et à triple expansion, actionnant chacune une hélice en bronze manganésé de 5m,80 de diamètre environ. La vapeur leur sera fournie par 24 corps de chaudières, du système d'Allest et Lagrafel, timbrés à 15 kilogrammes.

Au tirage forcé, les deux machines pourront développer 14500 chevaux.

Son artillerie comprend quatre gros canons, placés chacun dans une coupole cuirassée tournant avec lui et à chargement central du système Canet. Ces quatre tourelles sont disposées en losange de la façon suivante : les deux tours de 30 centimètres sont placées dans l'axe du navire, l'une à l'avant, l'autre à l'arrière, avec un champ de tir de 250° environ; les deux tours de 27 centimètres sont au milieu de la longueur du navire, l'une à tribord, l'autre à bâbord, avec un champ de tir de 180° environ.

L'artillerie légère est composée de 4 canons de 65 millimètres à tir rapide; 12 canons de 47 millimètres à tir rapide; 8 canons-revolvers de 37 millimètres, répartis sur les passerelles et dans les hunes.

Six tubes lance-torpilles, dont deux sous-marins, complètent cet armement, dont la disposition a été judicieusement combinée.

Son système de protection se compose d'une ceinture cuirassée allant de bout en bout à la flottaison et ayant

45 centimètres d'épaisseur. Au-dessus de cette ceinture, et également sur toute la longueur du navire, règne une cuirasse plus mince, protégeant, sur toute sa hauteur, l'entrepont, placé immédiatement au-dessus du pont cuirassé, contre l'action des obus explosifs.

Le pont, cuirassé à 100 millimètres, est complété par un pare-éclat.

Enfin, les tourelles de 30 centimètres, de 27 centimètres et de 14 centimètres ont, outre leurs carapaces proprement dites, leurs passages de munitions très fortement protégés par des tubes cuirassés, descendant jusqu'au pont cuirassé.

Tout l'ensemble du revêtement pèse plus de 4000 tonneaux; c'est dire quelle importance on a attachée à la puissance défensive du nouveau bâtiment.

Enfin, par une innovation très intéressante, des moteurs électriques actionneront tous les mécanismes.

Le Jaureguiberry et le Charles-Martel ne seront pas les seuls cuirassés français d'une force aussi formidable. Les chantiers de la Seyne, à Toulon, ont reçu du ministère de la marine la commande d'un cuirassé de premier rang, le Masséna, destiné au port de Brest.

Ce bâtiment jaugera 12 000 tonneaux, mesurera 117 mètres de longueur et plus de 20 mètres de largeur.

Sa puissante artillerie sera bien protégée et son pont recouvert d'une cuirasse de 7 centimètres d'épaisseur. Le cuirassement de ceinture sera formé de plaques d'acier variant de 45 à 25 centimètres, du bord supérieur au bord inférieur.

Sa vitesse devra atteindre au moins 18 nœuds, c'est-àdire environ 33 kilomètres à l'heure.

Le Masséna, ainsi que les cuirassés Charles-Martel, Jaureguiberry et Lazare-Carnot, seront les navires de combat les plus terribles de notre flotte.

car un

Malgré les dépenses énormes qu'entraînent la construction et l'entretien de ces mastodontes de la mer, bâtiment de guerre cuirassé, comme le Masséna ou le

L'ANNÉE SCIENTIFIQUE.

XXXVII. 11

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