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n'aurait que quatre écluses. Sa largeur au plafond serait de 35 mètres; elle serait portée dans les courbes à 45 mètres, c'est-à-dire à deux fois la largeur du canal de Suez.

« La Société de Paris port de mer a fait d'ailleurs toutes les études nécessaires et a plusieurs fois modifié son projet, de façon à tenir compte de certains vœux exprimés par le Conseil général des Ponts et Chaussées et par les Commissions d'enquête.

« Pour réaliser le projet actuel, elle se propose de constituer, tant en actions qu'en obligations, un capital de 150 millions, somme suffisante pour assurer le creusement de la Seine, l'exécution des travaux d'art et les dépenses accessoires. Sans faire appel au public, elle a déjà reçu des souscriptions d'actions qui s'élèvent à 70 millions de francs.

« Forte du but qu'elle poursuit, des concours financiers qu'elle a trouvés dans la grande industrie, des manifestations qui se sont produites dans les Chambres de commerce de France et dans la population des départements les plus directement intéressés, elle ne demande rien au Gouvernement que la liberté de faire. Pour mener à bonne fin cette entreprise, elle ne sollicite d'aucun pouvoir public ni subvention ni garantie d'intérèt.

<< Son œuvre est essentiellement une œuvre d'initiative privée.

« Le rôle des travaux publics dans un gouvernement démocratique ne consiste-t-il pas à encourager de semblables efforts, lorsqu'ils répondent à un intérêt général sans exiger aucun sacrifice du budget de l'État?

<< Ici l'intérêt général n'est pas discutable.

« Les ports de pénétration sont une condition essentielle pour la prospérité commerciale d'un pays: Anvers, Hambourg, Manchester en sont la preuve éclatante. En ce moment, dans divers pays de l'Europe, on cherche, même au prix de coùteux sacrifices, à rattacher les centres importants à la mer. A une époque où toutes les rivalités s'agitent, où chaque année marque un progrès nouveau, où la concurrence déplace si aisément les marchés, il importe de ne pas se laisser distancer par nos voisins. La France a réalisé des progrès considérables dans le développement des voies ferrées; elle doit se prêter à la multiplication et à l'amélioration constante des canaux intérieurs, qui sont la condition des transports à bon marché. Les approfondissements successifs de la Seine ont toujours eu pour conséquence l'augmentation du fret des

ports du Havre et de Rouen. Il est certain que les navires viendront encore en plus grand nombre lorsque les marchandises du monde entier pourront arriver à Paris sans rompre charge et trouver comme moyens d'écoulement les têtes de ligne de tous les chemins de fer français.

<< Les dernières discussions du Parlement ont montré combien on se préoccupe en France d'avoir les matières premières à bas prix. Sur le canal maritime de Paris à la mer, certaines d'entre elles composeraient le fret d'aller; quant au fret de retour, il comprendrait les produits agricoles et manufacturés, et certaines matières premières, telles que le plâtre, dont un écoulement plus facile augmenterait la production.

<« Nous soutiendrons plus aisément la concurrence du port d'Anvers, en attirant le trafic des marchandises en petite vitesse de l'est de la France, qui prennent actuellement, de plus en plus, le chemin de la Belgique. Les travaux relatifs aux terrassements, aux dragages, à la construction des ponts et des écluses, à la rectification des voies ferrées, à la création d'un outillage, distribueraient à l'industrie française la presque totalité du capital de 150 millions et procureraient pendant quatre ans de l'ouvrage à de nombreux travailleurs. << Enfin, il n'est pas inutile de faire remarquer que la création d'un canal maritime reliant Paris à la Manche serait d'un puissant concours pour assurer la défense nationale. Sans parler des avantages tactiques qu'il procurerait, n'est-il pas hors de doute qu'il assurerait, en prévision d'un investissement, le ravitaillement du camp retranché de Paris? Quel avantage de pouvoir, en quelques jours, par voie d'achats rapides et de réquisitions, réunir une flotte qui, sans transbordement et en laissant disponibles nos voies ferrées, concentrerait dans le port de la capitale les approvisionnements indispensables!

Vingt Conseils généraux ont spontanément exprimé des vœux pour la réalisation de cette œuvre; le Conseil municipal de Paris, les Conseils généraux de la Seine et de Seine-etOise ont aussi demandé une enquête sur le projet de M. Bouquet de la Grye.

<< Le 11 juillet 1888, la Chambre des députés a pris en considération la proposition de résolution ainsi conçue : « La << Chambre invite le Gouvernement à mettre à l'enquête pres«< crite par le titre I de la loi du 31 mai 1841 le projet << de canal maritime de Paris à Rouen, présenté par la Société

<< d'études de Paris port de mer. » La Commission spéciale de la Chambre, à la date du 9 juillet 1859, a été unanime à demander la mise à l'enquête immédiate du projet. La fin de la législature n'a pas permis de statuer définitivement sur cette proposition, qui a été reprise le 4 mars 1890, à la Chambre, par 69 députés, et le 20 mars de la même année, au Sénat, par 27 membres de la haute Assemblée.

« L'enquête a été faite auprès de toutes les Chambres de commerce de France et des colonies.

<< Elle a donné des résultats incontestablement favorables à l'entreprise. Quant aux Chambres de commerce françaises établies à l'étranger, elles ont été unanimes à demander la construction d'un canal maritime comme éminemment utile aux intérêts qu'elles ont mission de représenter.

<< Dans le département de la Seine, qui est le plus directement intéressé, 345 000 électeurs ont signé des pétitions aux Chambres, et la Commission spéciale d'enquête, qui comprenait des sommités de la science, de l'industrie et du commerce, a démontré, dans un rapport fortement motivé, la nécessité de réaliser sans retard. un projet véritablement national et démocratique intéressant le pays entier.

« Il nous a semblé, pour toutes ces raisons, que nous avions le devoir de soumettre à l'examen du Parlement une grande œuvre en faveur de laquelle l'opinion publique s'est hautement prononcée, et dont il a lui-même reconnu l'utilité en ordonnant la mise aux enquêtes, et nous avons l'honneur de déposer sur le bureau de la Chambre la proposition de loi

suivante :

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«Proposition de loi. ARTICLE UNIQUE. Est déclaré d'utilité publique le projet de Canal maritime de Paris à Rouen, soumis aux enquêtes par arrêté du 22 août 1890. »

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Adduction à Paris des eaux de la Vigne et de l'Avre. — Trop d'cau! - C'est le système de l'épandage qui a nécessité les dépenses et embarras d'énormes approvisionnements de nouvelles eaux par la ville de Paris.

Le 30 mars 1893, on a inauguré à Paris, ou plutôt à Saint-Cloud, l'arrivée des eaux des sources de l'Avre et de la Vigne, depuis longtemps attendues.

La cérémonie d'inauguration a eu lieu à deux heures, au réservoir de Montretout, en présence d'environ quinze cents personnes. Étaient présents: les membres du conseil municipal de Paris et du conseil général; MM. Poubelle, préfet de la Seine; Lozé, préfet de police; Humblot, directeur des travaux de la ville; Belmontet, maire de Saint-Cloud, ainsi qu'un grand nombre de maires du département de Seine-et-Oise et de fonctionnaires du ministère des travaux publics et de la préfecture de la Seine.

Les invités, partis de la gare Saint-Lazare à une heure, ont trouvé à Saint-Cloud des voitures qui les ont conduits à l'entrée du réservoir, non loin duquel une tente avait été dressée.

En passant, on aperçoit une partie des ouvriers qui ont contribué aux travaux de l'entreprise attablés et faisant honneur au banquet qui leur est servi par les soins des entrepreneurs et des ingénieurs. Beaucoup de curieux se tenaient derrière les barrières qui protégeaient l'enceinte du terrain sur lequel se trouve construit le réservoir.

De là le cortège s'est rendu dans le grand réservoir souterrain de 20 000 mètres carrés que, pour la circonstance, on avait illuminé de milliers de lampions multicolores. L'aspect en était féerique. Rien de plus pittoresque que cette perspective souterraine éclairée par des rubans de feu. Tous les visiteurs étaient enthousiasmés devant ce gigantesque travail

En quittant le réservoir, on s'est rendu sous une tente, où un buffet avait été préparé. C'est là qu'entourés par la foule, M. le préfet de la Seine, M. le président du conseil municipal et M. Humblot ont prononcé leurs discours.

Les discours terminés, les invités ont descendu la colline, et sont arrivés à la passerelle. Là une surprise leur avait été réservée. Tout à coup, de chaque côté de la passerelle, huit magnifiques jets d'eau, de 25 mètres de hauteur, ont jailli, retombant en une pluie fine dans la Seine, étonnée sans doute de recevoir de l'eau propre. Le spectacle de ces grandes eaux était merveilleux.

A quatre heures et demie, la cérémonie était terminée. Le discours de M. Sauton, président du Conseil municipal, se termine ainsi :

« Paris dispose par jour, à l'heure actuelle, de 290 litres d'eau par habitant, alors que Londres n'en a que 155, Edimbourg 180, Vienne et Bruxelles 100, Berlin 75, Leipzig 150. Dans ce total, les eaux de source entrent pour 250 000 mètres cubes, soit un peu plus de 100 litres par habitant, et cependant le Conseil municipal ne considère pas comme terminée l'œuvre qu'il a entreprise depuis 1871 et qu'il poursuit sans relâche avec le concours du service des eaux.

<< Certes, il a été beaucoup fait.

« Le volume des eaux susceptibles d'ètre distribuées était en 1872 de 348 000 mètres cubes; il est double aujourd'hui. « 800 kilomètres de conduites ont été posés.

« Le nombre des bouches de secours contre l'incendie et de celles des appareils de lavage et d'arrosage des rues a été considérablement augmenté.

« Cependant il reste beaucoup à faire.

« Les besoins de Paris vont toujours grandissant; nous devons nous mettre en mesure de parer aux exigences que nécessite l'assainissement des habitations, tenir compte des sécheresses qui peuvent diminuer le volume des eaux dérivées; nous avons donc à préparer l'adduction, dans un avenir prochain, des nouvelles eaux dont les sources ont été acquises par la ville de Paris.

« Nous devons assurer largement le lavage des rues, l'alimentation des réservoirs de chasse des égouts, et, par suite, la nécessité s'impose d'accroître les ressources en eau de rivière, qui sont déjà insuffisantes dans les hauts quartiers.

Lés canalisations d'eaux de source, supportant des pressions considérables, ne peuvent être établies que dans les égouts, eu égard aux dangers que feraient courir aux immeubles des ruptures de conduites toujours possibles, et l'achèvement de notre réseau d'égouts ne saurait tarder plus longtemps.

« Ces diverses mesures doivent être complétées par l'épuration des eaux d'égout au moyen d'irrigations qui rendront à la culture des engrais perdus par le déversement direct de ces eaux dans la Seine, qu'elles infectent.

<< Tel est le programme d'assainissement que poursuit le Conseil municipal et à l'occasion duquel il vient de décider

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