Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

suffiraient amplement. A quoi donc peuvent servir les 260 litres en surplus? La question vous embarrasse! Je me hâte de vous tirer d'inquiétude. Les 260 litres d'excédent serviront à laver les égouts!... On fait venir à grands frais des rivières d'eaux pures, pour les consacrer à nettoyer les sentines parisiennes. En effet, les égouts de Paris sont mal construits, ou, si l'on veut, d'une pente insuffisante pour donner aux liquides et solides qui les parcourent un écoulement suffisant. Dans les hauts et les bas quartiers, la pente n'est point égale. De là une gêne dans la circulation du flot impur et la nécessité d'y jeter des torrents d'eau pour obtenir une chasse qui suffira à tout entraîner. De nouveaux égouts devront être construits en beaucoup de quartiers. Et pourquoi la nécessité de ces chasses violentes dans le réseau des égouts? Afin de supprimer les fosses des maisons, et de pouvoir consacrer toutes les eaux des égouts à l'épandage, sur les terrains perméables d'Asnières, de Gennevilliers, d'Achères, de Saint-Germain et autres lieux.

Les énormes dépenses auxquelles on a été contraint pour amener à Paris les sources de l'Avre et de la Vigne, et bientôt celles du Loing et du Lunain, sont donc la conséquence de cet absurde et ruineux système de l'épandage sur des sols absorbants. Si l'on eût, il y a vingt ans, adopté le système du tout à la mer, c'est-àdire si l'on eût construit un canal souterrain conduisant les eaux des égouts à la mer, sans se préoccuper de leur utilisation agricole, on aurait évité ces excessives et inutiles dérivations d'eaux lointaines. Le système de l'épandage, qui est antihygiénique, a donc eu cette triste conséquence d'entraîner la ville de Paris à des dépenses formidables. Et notez qu'il faudra peut-être encore revenir un jour à ce canal à la mer. N'aurait-il pas mieux valu construire ce canal à la mer que de faire tant de dérivations d'eaux, si dispendieuses pour leur exécution et pour l'entretien des réservoirs? Exécuté il y a trente ans, le canal à la mer aurait épargné tant d'ennuis et tant d'argent!"

[ocr errors]

La Chambre des députés a été saisie, en 1893, d'un projet de loi relatif à l'assainissement de Paris, sur le rapport de M. Mesureur. Il s'agit d'autoriser la ville de Paris à emprunter 117 millions pour des travaux neufs et pour créer une taxe de vidange destinée à assurer le service des intérêts et l'amortissement dudit emprunt.

La Revue industrielle du 18 novembre 1893, sous la signature de M. Ph. Delahaye, s'exprime ainsi au sujet de la nouvelle dépense imposée aux contribuables en vue d'étendre à Méry-sur-Oise le système d'épuration des eaux des égouts par l'épandage.

« Le rapport de M. Mesureur, dans son exposé général des méthodes d'assainissement applicables aux grandes villes, ne nous apprend pas grand'chose, dit M. Ph. Delahaye. C'est toujours le thème connu depuis vingt ans, et agrémenté de variations d'une exactitude souvent contestable sur les merveilleux résultats obtenus en France et à l'étranger par l'irrigation agricole, sur la prétendue démonstration faite à Gennevilliers de l'application en culture de 40 000 mètres cubes d'eau par hectare et par an.

« Il s'agit de continuer et d'achever les travaux déjà en cours pour l'extension des irrigations à l'eau d'égout sur le domaine d'Achères, de créer et d'aménager complètement les autres champs d'épuration en vue de la totalité de l'emploi des eaux écoulées par les collecteurs (140 millions de mètres cubes prévus par an), et aussi de compléter le réseau des égouts de Paris par l'addition de 250 kilomètres d'égouts neufs aux 900 kilomètres existants déjà, afin que toutes les voies publiques sans exception soient désormais systématiquement drainées. Une dizaine d'années ne sera pas de trop pour mener à bien la seconde série d'opérations et rattacher aux égouts les habitations riveraines. La taxe qui doit gager l'emprunt ne produira donc pas de sitôt les recettes prévues, à moins qu'on ne l'exige, comme pour le balayage, sans rien donner en compensation : le procédé serait arbitraire, mais tous les moyens sont bons quand on a besoin d'argent.

« Les dépenses, pour ce qu'il est convenu d'appeler l'assainissement de la Seine par l'épuration agricole, sont exposées

comme suit :

« 1° Opération d'Achères. Le projet approuvé s'élève à 10,5 millions, sur lesquels il reste à créditer 9,2 millions;

« 2° Opération de Méry. Les travaux d'adduction, usines, acquisitions de terrains pour agrandir le domaine municipal et l'aménagement du champ d'épuration demanderont. 10,8 millions;

<< 3° Les opérations complémentaires, comprenant la création de nouveaux champs d'épuration dans la vallée de la Seine, sont estimées à 15 millions;

« 4° Les bâtiments d'exploitation, le matériel, l'outillage, etc., figurent ensuite pour 5 millions.

«Nous voilà bien vite amenés à 40 millions de dépenses de premier établissement, en regard desquelles nous ne trouvons pas un centime de recettes probables. Il est vrai que le choix de Méry comme champ d'épuration n'est pas des plus économiques : il suffit de voir la cote des terrains par rapport à Clichy pour comprendre que les eaux n'y arriveront pas sans être vigoureusement refoulées. M. Mille avait déjà songé à utiliser le domaine où M. Haussmann voulait transporter les cimetières parisiens, il y a une trentaine d'années, et M. Mille ne parlait de rien moins que de créer un barrage sur la Seine, à Asnières, pour obtenir la force nécessaire. Aujourd'hui on aura recours à la vapeur; mais elle aussi fera payer ses services. Le projet de loi prévoit bien l'intérêt et l'amortissement de l'emprunt: il oublie les dépenses d'exploitation annuelles, et elles valent pourtant la peine d'être examinées, ne fût-ce qu'au point de vue de l'équilibre des budgets de la ville de Paris.

<< En admettant que les évaluations précédentes ne soient pas dépassées, ce qui serait peu conforme aux habitudes administratives, la ville de Paris immobilisera un capital de 40 millions pour envoyer ses eaux d'égout en Seine-etOise. Si nous ajoutons à ce chiffre tout ce qui a été dépensé à ce jour, sans le moindre résultat d'ailleurs, puisque la Seine est de plus en plus infectée, nous croyons rester audessous de la vérité en estimant à 55 millions le total des sommes absorbées par l'entreprise. Ce capital, au taux normal de 4 pour 100, aurait droit à un intérêt annuel de 2,2 millions, correspondant à 22 millions par mètre cube d'eau, pour un débit annuel de 100 millions de mètres cubes des collecteurs.

« Avec les frais d'exploitation, on doit arriver à un chiffre compris entre 25 et 30 millions, et certainement à un chiffre supérieur pour les terrains de Méry. N'eût-il pas été préférable, il y a vingt ans, lorsque la question a été mise à l'étude, de faire appel à l'industrie privée, de ne pas l'exclure systé

matiquement de ces entreprises d'assainissement, mais d'encourager ses efforts, en réservant le capital jusqu'au jour où des expériences assez variées et assez prolongées auraient conduit à admettre soit une solution préférable aux autres, soit un ensemble de solutions répondant aux exigences de tous les intéressés, habitants de Paris et de la banlieue. L'administration a voulu traiter seule une question à laquelle elle n'entendait rien: elle a fait et fait encore son apprentissage aux frais des contribuables, car il ne faut pas croire que ce sera fini quand Achères et Méry auront remplacé Asnières et Gennevilliers on aura déplacé le mal, sans le guérir, et des difficultés inattendues se présenteront au départ pour l'évacuation de volumes d'eau aussi considérables et aux points terminus pour leur utilisation.

<«< Le Conseil municipal s'est laissé séduire par les beaux discours de ses ingénieurs, et il s'est tellement avancé qu'il lui est bien difficile de revenir sur ses décisions antérieures. Il commence toutefois à s'apercevoir que les ingénieurs abusent un peu de sa naïveté, et il leur a donné une petite leçon en refusant de voter le projet d'acquisition de terrains destinés à la création de champs d'épuration. >>

En résumé, si quelques grandes villes de France ou de l'étranger veulent faire de nouvelles distributions d'eaux potables, nous leur conseillons de jeter les yeux sur ce qui s'est passé à Paris... pour faire autrement.

6

Le nouveau phare du cap de la Hève.

Les modifications faites aux dispositions anciennes du phare de la Hève portent à la fois sur l'appareillage électrique et sur le système optique.

En ce qui concerne la partie électrique, les anciennes magnétos de la Compagnie l'Alliance sont supprimées et remplacées par quatre nouvelles machines, dont deux dynamos à courant continu produiront de 25 à 100 ampères sur 70 volts, et 2 magnétos Méritens à courants alter

natifs donnant la même intensité sous une tension de 40 à 55 volts.

Le courant émis sera utilisé dans des régulateurs Serrin, munis de charbons cylindriques à âme de diamètres proportionnés aux intensités et variant de 10 à 23 millimètres.

L'appareil optique destiné à remplacer les anciens feux fixes est d'un nouveau type, imaginé par M. l'ingénieur en chef Bourdelles. C'est un appareil à éclats blancs se succédant toutes les cinq secondes et présentant sur les anciens appareils cette particularité que le nombre des panneaux lenticulaires qui, dans les phares de premier ordre, varie de 8 à 16, a été réduit à 4. La difficulté de faire tourner les panneaux avec la vitesse nécessaire pour que les éclats se produisent à des intervalles assez rapprochés avait empêché jusqu'ici de réaliser cette importante amélioration.

Cette difficulté a été franchie de la façon la plus ingénieuse. Un flotteur placé dans un bain de mercure supporte les panneaux optiques, dont le poids considérable est équilibré par la poussée du liquide. La résistance à vaincre, dans le mouvement de rotation, se trouve ainsi réduite au frottement sur le mercure. Grâce à cette disposition, le nouveau phare de la Hève pourra faire une révolution complète en vingt secondes, tandis que pour les phares de premier ordre du type ordinaire il faut quatre minutes au minimum.

Ce nouvel appareil a été construit par la maison SautterHarlé et Cie. L'appareil optique est formé de verre de composition spéciale sortant des usines de Saint-Gobain.

Pour installer le nouvel appareil, on a démoli la lanterne carrée qui surmontait le phare nord de la Hève et on l'a remplacée par une lanterne circulaire à montants inclinés, couverte par une coupole en cuivre. Le feu sud sera supprimé en tant que phare de grand atterrage et servira uniquement de feu de direction pour les navires mouillant sur rade.

« VorigeDoorgaan »