Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

tant je pus y constater à certains endroits une légère différence, basée sur la présence d'une quantité plus ou moins grande de cendre et d'argile. La surface était couverte de 8 à 12 centimètres de terre calcaire, meuble, grisâtre, mélangée de pierres anguleuses, de fragments d'os et d'éclats de silex. Au-dessous se trouvait une couche de terre et de cendre de 10 centimètres d'épaisseur. C'était probablement le foyer. Là j'ai rencontré en abondance des silex taillés, des os calcinés, quelques débris de poterie et aussi des galets oblongs en basaltite, usés et meurtris à leur extrémité, qui ont dû servir de marteaux. Plus bas la terre devenait argileuse, un peu rougeâtre et contenait encore des traces de charbon et de cendre. Plus bas encore, à la profondeur de 1m, 20, c'étaient surtout des pierres, des débris d'os et des silex agglutinés dans une terre calcaire notablement durcie.

<< Partout j'ai trouvé, invariablement à toutes les profondeurs, des os, des instruments primitifs et des nuclei. Les premiers ossements humains mis au jour se trouvaient sous le gros bloc stalagmitique, à 40 centimètres de profondeur, pêle-mêle avec une belle mâchoire de Sus scrofa, des dents et des débris de mâchoire de cerf. C'était un fémur gauche, un os frontal avec les fémurs d'un fœtus de six à sept mois. Ces ossements, à l'abri de l'humidité sous ce gros rocher, sont assez bien conservés. Ailleurs j'ai déterré plusieurs humérus humains, dont deux sont perforés; plus loin, à 60 centimètres de profondeur, un tibia presque entier, très aplati, c'est-à-dire beaucoup plus large qu'épais.

« Les ossements humains n'étaient pas réunis sur un point, mais disséminés parmi les débris d'os d'animaux et les instruments de silex. La plupart des ossements d'animaux sont tellement brisés et fendus, qu'il est souvent difficile de reconnaître à quelle espèce ils ont appartenu. Des os longs, il ne reste le plus souvent d'intact que les extrémités. J'ai trouvé environ deux cents mâchoires, mais pas une seule entière.

« Les instruments primitifs recueillis dans cette grotte sont nombreux. Ce sont des couteaux, des grattoirs et des scies en silex, taillés avec art et admirablement retouchés sur leur pourtour; des pointes et des poinçons en os; des cornes de cerf portant des entailles certainement faites à la main.

<< La dispersion des ossements humains parmi les os d'animaux, leur état de conservation et leur incrustation identiques, prouvent que l'homme a été contemporain de ces animaux.

« Les anciens habitants de la grotte d'Antélias vivaient du produit de leur chasse. Leur gibier le plus ordinaire était le cerf. Ils se montraient particulièrement friands de la moelle des os, car il n'en est peut-être pas un seul contenant de la moelle qui n'ait été cassé en long. Ils devaient manger aussi des mollusques de terre et de mer, et peut-être n'avaient-ils pas horreur de la chair humaine. Un os humain marqué de stries qui paraissent être faites au silex, d'autres ossements d'homme brisés comme ceux des animaux, le donneraient à penser.

[ocr errors]

Voici, d'après la détermination de M. le professeur Charles von Fritsch, les noms des animaux auxquels ont appartenu la plupart des ossements trouvés dans la grotte d'Antélias:

« Bos priscus, Ursus (arctos), Felis pardus, Sus scrofa, Cervus elaphus, Cervus mesopotamicus (?), C. capreolus, Cervus, espèce indéterminée, Capra primigenia, Capra Beden, Lepus ægyptiacus, Mustela, Spermophilus (?), Perdix græca. »

8

Village néolithique de la Roche-au-Diable, près de Tesnières.

Ayant entrepris, au mois d'octobre 1892, des fouilles dans la vallée du Lunain, M. Armand Viré a constaté près

de Tesnières, canton de Lorez-le-Bocage, l'existence d'un village néolithique, d'un type non encore rencontré jusqu'ici.

Il se compose d'une série de fonds de cabanes carrées, se touchant les unes les autres, orientées à peu près de l'est à l'ouest, et formant une rue très régulière.

A l'extrémité orientale était une sorte d'enceinte carrée en pierres, élevée de 60 à 80 centimètres au-dessus du sol, mesurant à peu près 2m,503, percée d'une porte au sud, et présentant à l'intérieur, vers le linteau gauche de la porte, une cavité circulaire de 30 centimètres de diamètre sur 20 centimètres de profondeur, paraissant encore contenir des cendres, et dont les parois d'argile étaient cuites sur une épaisseur de 30 à 5 centimètres. Il est d'autant plus évident que ce trou servait de foyer, que M. Armand Viré a pu constater pendant l'été de 1892, dans les gourbis des Kabyles du Djurjura (Algérie), l'existence de semblables foyers.

A 1 mètre de cette construction en venait une autre, circulaire, de 2 mètres et quelques centimètres de diamètre intérieur, composée de moellons de calcaire et de grès. La paroi sud était formée de deux énormes grès laissant à la base un espace de 50 centimètres et se rejoignant au sommet; ils formaient ainsi une porte triangulaire. Cette construction était un four pour cuire les aliments ou la poterie, car l'aire intérieure, composée d'une terre mélangée de grès et de calcaire, était absolument cuite sur une épaisseur de 15 centimètres, présentait de nombreuses bulles, comme une brique chargée de matières organiques, et contenait encore des traces de cendres; les parois de calcaire et de grès présentaient de nombreuses traces d'éclatement par le feu. Près de cette ouverture, un gros tas d'escargots (Helix pomatia).

Un peu plus loin venait une série de cabanes analogues à la première et des mêmes dimensions, avec des foyers semblables. Elles étaient au nombre de sept et étaient suivies de deux autres plus grandes (3 m. 3m,75) et sans

foyer, suivies elles-mêmes de trois autres cabanes semblables aux premières, mais dont l'axe général s'inclinait au nord-ouest. La longueur totale est d'environ

114 mètres.

Toute la maçonnerie était faite de blocs de grès ou de calcaire non calibrés, dont les plus gros avaient jusqu'à 1,18 0,94 0,51, tandis que d'autres avaient à peine la grosseur du poing. Comme ciment, de l'argile.

Au fond des cabanes ou au milieu d'un gros tas de cendres précédant les trois cabanes de l'ouest, il a été recueilli quelques haches en silex, des pointes, des grattoirs, des percuteurs.

L'industrie la plus caractéristique de ce centre de production est celle du grès. Une demi-douzaine de haches en grès, polies ou préparées pour le polissage, d'innombrables éclats ou déchets éclatés par percussion ou par le feu, et surtout de gros instruments de grès ayant de 0m,20 à 0,40, en forme de haches ou de massues grossières, dont l'un des bords présente une surface plane, et dont le talon a été aminci pour être pris facilement à la

main.

Tous ces instruments, au milieu desquels aucun objet de métal n'a été trouvé, sauf une hache en bronze, datent nettement ce village et le font remonter à la période néolithique.

9

Un nouveau vertébré fossile.

Dans des couches de grès du Cap de Bonne-Espérance, on a découvert les restes très complets d'un animal gigantesque qui, parmi les vertébrés fossiles, paraît former le passage entre les Batraciens et les Lézards: c'est un squelette énorme, car il mesure 3,50 de longueur, 1m,25 de largeur, sur 0,65 seulement de hauteur. On peut y

voir une sorte de crocodile porté sur des pattes massives, munies de pieds plantigrades aux griffes puissantes. La tête, qui forme le cinquième de la longueur du corps, offre une particularité curieuse qui pourrait faire rentrer l'animal dans la classe des Lézards. On trouve, en effet, entre les os pariétaux, sur le crâne de certains lézards vivants (Uromastyx varan), une sorte de dépression ou un véritable trou creusé dans la paroi supérieure du crâne entre les yeux, et, d'après des recherches histologiques récentes, il faut y voir la place d'un organe sensoriel, le rudiment d'un œil impair ancestral, qui s'est atrophié peu à peu au cours de l'évolution du type saurien. Si maintenant on considère le crâne du Pareiosaurus, on y voit une énorme cavité, un peu moins considérable que les orbites normaux : ce qui prouve que ce singulier vertébré possédait un troisième œil très développé. On peut donc le considérer, ainsi qu'on l'a dit plus haut, comme un animal de passage entre les Batraciens et les Lézards.

Cet être extraordinaire, si on le compare à la faune actuelle, appartient aux premières périodes de l'époque secondaire, c'est-à-dire à l'époque du trias.

C'est au naturaliste Owen, récemment enlevé à la science, que l'on doit la découverte de ce nouveau vertébré fossile, qui a été désigné sous le nom de Pareiosaurus Baini et placé dans le groupe des Sauriens qui porte nom de Dinosauriens (Sauriens terribles).

le

D'après sa structure organique, le Pareiosaurus Baini devait parcourir des lagunes marécageuses et saumâtres formées sur des rivages à régime variable, c'est-à-dire avec des alternatives d'évaporation et de remplissage par les eaux marines.

« VorigeDoorgaan »