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jets (no 394), lors de son apparition, débitait en 24 heures de 12 000 à 15 000 mètres cubes de gaz et causait une véritable éruption, projetant de la boue et des pierrailles; il a duré six semaines, mais en perdant peu à peu de son intensité. Le jaillissement du pétrole est en général si subit, que les ouvriers en sont inondés.

Les pompes que l'on installe sur les sources à pression affaiblie fournissent de l'eau salée. Dans l'une d'elles, celle de Kutzenhausen, la teneur en sel s'élevait à 20 pour 100. En analysant, il y a soixante ans, l'eau mère de la saline de Soultz-sous-Forêts, qui s'alimentait dans ces mêmes couches pétrolifères, Berthier avait déjà remarqué, d'une part, qu'elle ne contient pas de sulfates, d'autre part, qu'elle est très riche en brome, et qu'on pourrait en extraire cette substance avec profit. Ces deux caractères se retrouvent dans l'eau salée exploitée à Kreutznach, qui jaillit du porphyre, et que Berthier avait antérieurement examinée. Or, d'après les analyses que vient de faire M. Wilm, il en est de même dans les sources rencontrées dans les sondages récents. Ces deux caractères distinctifs des eaux salées des couches pétrolifères sont remarquables.

Pour donner une idée de l'abondant débit en pétrole qu'atteignent ces sources artificielles, M. Daubrée cite les chiffres suivants.

Un forage exécuté, en 1890, près de Surbourg, jusqu'à la profondeur de 250 mètres, débuta par un rendement journalier de 7500 kilogrammes de pétrole; puis il descendit à 4000 kilogrammes, qui est actuellement le chiffre normal.

D'un sondage peu éloigné de Surbourg, il est sorti de 5000 à 10000 kilogrammes de pétrole par jour. Il est une source dont le débit a atteint 3000 000 de kilogram

mes en un an.

La persistance dans l'arrivée de l'huile minérale se montre dans la source no 146, qui a fourni, depuis 1882 jusqu'au 21 juin 1893, c'est-à-dire en dix années environ,

10 420000 kilogrammes de pétrole, dont 3002900 kilogrammes par jaillissement, et 7 417 100 kilogrammes au moyen des pompes; elle continue à fonctionner.

On peut évaluer à 80000 kilogrammes par jour ce que peuvent donner aujourd'hui toutes les sources de la concession, soit jaillissantes, soit par les pompes.

Il convient de remarquer que les débits des principaux puits auraient été encore plus considérables si le diamètre de l'ouverture des trépans avait été plus grand, par exemple comme ceux de Bakou. D'ailleurs, on ne les a pas fait fonctionner jour et nuit, à cause de la faible. puissance de l'usine où les huiles sont traitées. Peut-être certaines fortes sources auraient-elles atteint 50 000 kilogrammes par jour.

Le débit de plusieurs sources de Pechelbronn est comparable à celui des sources des États-Unis ou de la région Caspienne.

Cette abondance est surtout remarquable quand elle est rapprochée de ce que fournissait, avant l'ère nouvelle, l'exploitation par puits et galeries. Quarante ouvriers extrayaient du sable bituminifère qui, traité à l'eau bouillante, rendait 1,60 pour 100 de son poids en huile minérale du commerce, et ce long travail ne donnait annuellement que 70 000 à 80 000 kilogrammes de pétrole.

La quantité de pétrole qui est sortie depuis 1881, époque du premier forage, jusqu'au 1er avril 1893, des couches de la concession de Pechelbronn, est évaluée à 69 529 685 kilogrammes, dont 27 086 800 kilogrammes jusqu'au 31 décembre 1888, et 42442 885 kilogrammes depuis la constitution de la nouvelle Société.

Ces chiffres correspondent à une moyenne annuelle d'environ 5 700 000 kilogrammes, c'est-à-dire plus de 70 fois supérieure à ce que fournissait l'ancienne exploitation souterraine.

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Une baleine dans la baie de la Seine.

Nous avons rapporté, dans notre dernier Annuaire, les nombreux cas d'échouement de Cétacés sur les côtes françaises. Un nouvel échouement de baleine s'est produit le 21 octobre 1893 sur notre littoral.

Vers 6 heures du matin un Cétacé s'est échoué vivant en face de la poterie de Criquebœuf, petite commune voisine de Villerville, à 6 kilomètres en aval de Honfleur. Cet animal, harcelé par des pêcheurs qui le traînaient sur le littoral, et succombant au manque d'eau, put vivre encore jusqu'à 2 heures après midi.

M. H. Renoult, naturaliste d'Honfleur, reconnut qu'on était en présence d'un individu mâle du genre Rorqual (Balaenoptera Musculus), famille des Balénéides.

M. H. Renoult a donné dans la Nature les détails suivants sur le Cétacé ainsi échoué sur notre plage.

« Ce Cétacé, dont les caractères extérieurs se rapprochent beaucoup du Rorqual rostré (Balanoptera rostrata), appelé aussi baleine naine ou baleine d'été à cause de sa petite taille (10 mètres), est réellement un jeune baleineau de l'espèce Rorqual commun (Balanoptera Musculus de Linné), dont il existe un spécimen empaillé de 27 mètres de long au Muséum de Paris, à gauche du porche d'entrée.

<< Bien que le dépècement de l'animal eût été fait par des marins dans le seul but d'en tirer la graisse et de dégager le squelette, il a été constaté par l'examen des organes internes que le sujet échoué n'était pas encore propre à la reproduction. On a donc bien affaire à un jeune sujet de l'espèce Balaenoptera Musculus, qui atteint jusqu'à 30 mètres de long. Nous pensons, comme plusieurs naturalistes, que la grande quantité d'espèces de Balanoptères qui ont été décrites, en raison du petit

nombre de spécimens pris dans nos mers tempérées, étudiés complètement et conservés, ont pu quelquefois donner lieu à des désignations de variétés particulières affectées à de jeunes sujets d'espèces déjà connues. Il est très probable que, dans le jeune âge, le développement des nageoires représentant les membres antérieurs et postérieurs n'est pas toujours aussi proportionné que chez l'animal adulte. Ce fait se produit du reste chez des mammifères d'un ordre plus élevé.

« Nous regrettons que l'estomac du Rorqual de Criquebœuf n'ait pu être ouvert et examiné. On aurait pu avoir des renseignements sur l'alimentation particulière de l'espèce, ainsi que sur une large poche dilatable située près de l'œsophage avec lequel elle communique, remplissant chez ces animaux, d'après Lesson, le même office la vessie natatoire des poissons.

que

« Le Rorqual est plus souvent évité que poursuivi par les baleiniers, en raison de sa férocité et de sa vitesse prodigieuse. En outre, son huile est moins recherchée. que celle de la baleine franche. Lorsqu'il est harponné, au lieu de fuir, il plonge avec rapidité, entraînant au fond de l'eau le canot qui porte les pêcheurs; ou bien encore il se retourne agressif contre ses adversaires, et détruit d'un seul coup de queue l'embarcation qui les porte.

<< La partie septentrionale de l'océan Atlantique est la région la plus fréquentée par cet animal. Cependant il descend quelquefois plus au sud, à la suite des bancs de harengs dont il est très friand. On ne le rencontre alors qu'isolé ou par petites bandes. >>

L'individu échoué à Criquebœuf, que les grandes marées ont rejeté sur le cordon littoral de galets, a été adjugé, par les soins de l'Administration de la marine, à M. SimonMax, directeur du Casino de Villerville, pour la somme de 400 francs. Le squelette, qui sera conservé et monté, va être placé au Casino et deviendra une des curiosités de cette petite station balnéaire.

Deux autres Cétacés vivants ont, paraît-il, été aperçus

L'ANNÉE SCIENTIFIQUE.

XXXVII. -20

au large de la baie de la Seine par les pêcheurs qui fréquentent nos côtes.

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Acclimatation en France de nouveaux Salmonides.

Pour l'alimentation du canal de la Marne à la Saône, on a créé plusieurs réservoirs en Haute-Marne. Le plus important, celui de la Liez, obtenu par le barrage d'une vallée au fond de laquelle coule le ruisseau de la Liez, est situé sous Langres. Il mesure environ 19 kilomètres de tour; la surface en eau est de 292 hectares, dans plus de la moitié desquels la profondeur varie de 1 à 15 mè

tres.

En janvier 1891, dit M. Daguin dans une note présentée à l'Académie des sciences, la Société des chasses et pêches de ce réservoir projeta dans cette masse d'eau 400 alevins de Saumon Quinnat, provenant de l'aquarium du Trocadéro ils mesuraient alors 6 centimètres. Des alevins d'autres espèces y étaient déjà.

En octobre de la même année, trois Quinnats furent pêchés, on les rejeta à l'eau : leur longueur était de 16 centimètres. En avril 1892, on en prit un, qui de même fut rejeté sa longueur atteignait 35 centimètres. Quelques mois plus tard, deux autres furent pris, non plus dans le réservoir, mais dans les écluses du canal, à la hauteur de la gare de Langres. Ces deux poissons venaient évidemment du réservoir, d'où ils avaient dû être entraînés par le courant du déversoir. On peut croire que d'autres ont, de même, gagné le canal et qu'on s'en apercevra tôt ou tard.

Enfin, dans les derniers mois de 1892, 7 saumons ont été pris dans le réservoir; l'un d'eux, le plus gros,

pesait

5100 grammes. C'est donc une croissance de 2500 grammes par an.

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