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Un papillon géant.

Parmi la riche collection d'insectes rapportée par M. Jean Dybowski de sa périlleuse expédition au Congo, on a remarqué un papillon d'une envergure considérable et qui est connu de tous les naturalistes comme une espèce d'une rareté extraordinaire : c'est le Papillon Antimaque (Papilio antimachus). Ce remarquable insecte fut trouvé pour la première fois à Sierra-Leone et décrit à la fin du siècle dernier, en 1782, par Drury, dans son ouvrage Illustrations of natural history.

MM. Paul Tertrin et Badage ont donné dans la Nature une intéressante description de cet insecte, qui va nous fournir tous les renseignements nécessaires à son sujet.

Après avoir énuméré les caractères extérieurs particuliers à cette espèce, MM. Tertrin et Badage ajoutent :

« Ce qui, dans le Papillon Antimaque, est la particularité la plus remarquable, c'est certainement son envergure considérable. En effet, le Papillon Antimaque est le géant des Papilio. L'exemplaire décrit par Drury mesurait, les ailes déployées, près de huit pouces et demi, c'est-à-dire 21 cm. 589, en supposant que cet auteur se soit servi de la mesure anglaise. Les exemplaires rapportés par M. Dybowski ne sont pas inférieurs comme taille au précédent; car leur envergure est de 21 centimètres et demi, et la petite différence qui existe peut parfaitement s'expliquer par certaines modifications dans le mode de préparation. La base des ailes supérieures des derniers forme une ligne horizontale qu'il est difficile de retrouver dans celui qui est figuré dans l'ouvrage de Drury, où les ailes sont peu relevées, et il est probable que, si la préparation eût été la même, les exemplaires rapportés du Congo seraient plus grands que les autres.

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Jusqu'ici le Papillon Antimaque était très rare dans les collections, et le laboratoire d'entomologie du Muséum d'histoire naturelle de Paris n'en possédait aucun exemplaire avant 1891, année où fut faite l'acquisition d'un mâle, mesurant 19 centimètres d'envergure, à un prix très élevé, que les personnes familières avec l'entomologie peuvent seules soupçonner. Un autre, mesurant seulement 18 centimètres, se trouve dans la collection léguée par feu M. de Beaulieu. Les papillons provenant de Bangui viendront former, de la plus heureuse manière, une série d'individus de taille bien différente.

« Bien que décrit depuis plus d'un siècle, le Papillon Antimaque, par suite de sa rareté, n'a pas été l'objet de travaux nombreux. Les auteurs n'ont fait que reproduire la description de Drury, sans y ajouter aucun renseigne

ment nouveau.

<< Les mœurs de cet insecte ne sont pas connues, et les voyageurs n'ont fourni que des remarques peu importantes. Cependant M. Hettwisson, au nom de M. Rogers, a donné un récit assez précis de la capture d'un de ces exemplaires.

« M. Rogers le prit dans une petite île voisine de Fernando-Po. La patience de ce voyageur fut vraiment mise à l'épreuve; car, le premier jour, il dut se contenter de l'admirer; mais, avec une persistance digne de louanges, il revint le lendemain et aperçut l'insecte volant autour de la cime d'un arbre et se tenant toujours hors de portée. Le chasseur devait commencer à perdre patience, lorsqu'une pluie torrentielle vint à tomber, et le Papillon Antimaque, fuyant ce déluge, se dirigea vers M. Rogers, qui le captura du premier coup de filet. Inutile de dépeindre la joie de l'heureux possesseur d'un trésor semblable. « Au point de vue de la distribution géographique de cette espèce, le dernier envoi présente un intérêt tout particulier. L'Antimaque était considéré par certains auteurs comme habitant exclusivement le littoral. Les captures précédentes ont été faites soit à Fernando-Po,

soit à Sierra-Leone; la nouvelle localité, Bangui, se trouve située à une grande distance de la côte. C'est là évidemment un point très intéressant et qu'il est utile de noter. L'aire géographique du papillon est d nc très étendue. Il doit se trouver dans toute l'Afrique occidentale, et il est à espérer que des voyageurs plus heureux rapporteront ces insectes en plus grande quantité et surtout récolteront des chenilles : ce qui permettra d'étudier toutes les métamorphoses de cette magnifique espèce. De cette étude découlera peut-être plus d'un fait intéressant comme classification. Le Papillon Antimaque, rangé jusqu'ici dans le genre Papilio, pourrait fort bien être rattaché au genre Ornithoptère, dont il possède certains caractères. »

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L'Araucaria Bidwillii.

La Revue des sciences naturelles appliquées consacre une Notice intéressante à un arbre dont les graines jouissent de propriétés nutritives peu communes, qui pourraient sans doute être utilisées dans la thérapeutique. Il s'agit du Bunya-bunya (Araucaria Bidwillii), dont les graines, longues de 4 centimètres sur 2 de large, insérées par deux sous les écailles des cônes, fournissent une alimentation très estimée, mais peu abondante, cet arbre ne fructifiant qu'une fois en trois ans.

La récolte, effectuée en janvier, est une véritable fête pour les Australiens. Depuis de longues années ils ont dressé le compte des Araucarias croissant à proximité de leurs villages et ils les ont répartis entre les tribus, qui, à leur tour, ont partagé leur lot entre les différentes familles dont elles se composent. Le groupe d'arbres attribué à chaque famille est un bien héréditaire, se transmettant de génération en génération, et cette coutume est vue d'un œil très favorable par les autorités an

glaises, qui cherchent autant que possible à la propager. Les graines d'Araucaria se consomment fraîches, quand on les a cueillies avant leur maturité, ou rôties, quand on les a laissés mûrir. Leur puissance nutritive paraît considérable, car les indigènes engraissent d'une façon très appréciable pendant le peu de temps qu'ils peuvent en consommer. Contrairement à leur habitude de vivre au jour le jour, ils en font du reste des réserves, enfouies dans des trous creusés en terre; mais elles subissent alors un commencement de germination qui les rend très dangereuses à consommer pour les Européens, tandis que les Australiens n'en éprouvent aucun malaise et les préfèrent même aux graines récemment cueillies. Suivant M. Bennet, les indigènes éprouveraient, après s'être nourris pendant un certain temps de graines d'Araucaria, un besoin absolu de nourriture animale, et cette sorte d'excitation déterminait jadis, pendant les années de récolte, des luttes entre tribus, toujours suivies de scènes de cannibalisme.

L'Araucaria Bidwillii supporte très bien le climat de la région de l'Oranger; on en voit de beaux exemplaires à Hyères et en d'autres lieux du littoral de la Provence.

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Une mine d'arbres.

On a parlé quelquefois de mines d'ivoire, et le fait est que les défenses de Mammouths se trouvent dans certaines régions en assez grande abondance pour justifier le nom de mine; cette fois c'est d'une mine d'arbres qu'il s'agit. Nous en trouvons la mention dans un récent rapport consulaire sur le commerce de Mongtze, en Chine.

En ce point il se fait un trafic très important de planches pour cercueils, provenant du Haut-Tonkin. Or ces planches et les troncs d'arbres d'où on les débite ne proviennent pas, comme on pourrait le penser, de coupes

faites dans les forêts du Tonkin; ils sont extraits de mines d'arbres c'est, nous le répétons, le seul nom qu'on puisse donner à ces agglomérations d'arbres dans la terre.

M. le lieutenant Gaudaire, chargé de lever topogra phiquement cette partie de la frontière, est le premier Européen qui ait visité ces exploitations. Les arbres sont enfouis dans un terrain sablonneux, à une profondeur variant entre 2 et 8 mètres; ils sont parfaitement conservés et quelques-uns atteignent 1 mètre de diamètre. Si l'on en juge d'après la nature du sol et la position des troncs, il est fort probable que ces arbres composaient jadis une immense forêt, qui a été ensevelie par un tremblement de terre ou un bouleversement. Quant à l'époque où ce phénomène s'est produit, elle est impossible à déterminer. Chez les Chinois, où pourtant les traditions se conservent avec une fidélité extraordinaire, on ne trouve aucun renseignement à ce sujet. Et pourtant, cet ensevelissement ne doit pas remonter très loin, car il est des arbres dont les hautes branches sont parfaitement

conservées.

Ces arbres sont une variété de sapin, que les indigènes appellent nam-hou, et qui contient une essence spéciale la rendant imputrescible: c'est pour cela que ce bois est particulièrement recherché pour la confection des cercueils. On les met au jour et on les exploite au fur et à mesure des besoins. Ce produit se vend très bien, puisque les cercueils confectionnés avec ces planches coûtent jusqu'à 600 taëls la pièce (le taël vaut de 5 à 6 francs).

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Culture de la coca.

La Coca (Erythroxylon Coca), depuis que M. Mariani en a popularisé l'usage en Europe, comme le reconstituant par excellence, et depuis que son action spécifique sur les

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