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d'après Topinard et Manouvrier, la taille moyenne varie de 1m,637 dans le XIIe arrondissement pauvre de Reuilly, à 1,658 dans le VIIIe arrondissement riche de l'Élysée. A Paris, comme ailleurs, la pauvreté et la misère tendent à ralentir le développement, à abaisser la taille, que tendent à accroître l'aisance ou la richesse1.

Quant aux jeunes gens appelés à concourir au recrutement de l'armée, voici les chiffres recueillis de 1881 à

1887 :

Pour la France, sur 1000 conscrits, 122,6 sont exemptés de tout service militaire, et 53,5 sont classés dans le service auxiliaire.

Pour le département de la Seine, sur 1000 conscrits appelés, 130,1 sont exemptés, et 43,5 classés dans ledit service auxiliaire.

« Les infirmités à Paris motivent done, dit M. Lagneau, un peu plus d'exemptions de tout service et un peu moins de renvois au service auxiliaire, ce qui semble signifier que, sans être beaucoup plus nombreuses, ces infirmités sont plus sérieuses. »

Morti-natalité. - Pendant la période 1881-1885, elle a été représentée ainsi :

Pour la France: 45 mort-nés par 1000 accouchements. Pour Paris :

74

La disproportion de ces deux chiffres est si notable, qu'il y a lieu de faire intervenir l'exactitude de la déclaration des mort-nés.

Toutefois, à Paris, où ces déclarations tendent à se faire assez régulièrement, la morti-natalité a été en 1891 de 71,73 pour 1000 nés vivants, soit 1/14 des naissances au moins ayant donné des mort-nés.

1. « Je suis persuadé, dit M. Manouvrier, que c'est du nombre relatif des familles bourgeoises vivant dans l'aisance, ou bien dans la gêne, que dépend l'élévation ou l'abaissement de la taille moyenne dans chaque arrondissement. >>

En terminant cette analyse, transcrivons le jugement d'ensemble que porte M. Lagneau sur la population de Paris :

« La population parisienne, par sa composition constamment renouvelée, par le mélange à chaque génération d'un tiers de natifs pour deux tiers d'habitants venus du dehors, est la résultante de races notablement différentes de France, voire même de pays étrangers. Elle se recrute principalement de descendants de Celtes, d'Aquitains, de Galates, de Belges, de Franks, de Bourgundions, de Normands, de Juifs, etc.; aussi les Parisiens ne présentent-ils aucun type particulier, aucune caractéristique anthropologique. »

D'après M. Lagneau, pour évaluer la mortalité parisienne, il conviendrait d'ajouter aux décès enregistrés à Paris les très nombreux décès des nouveau-nés parisiens envoyés en nourrice.

On verrait alors que la vie moyenne, ou l'âge des décédés de Paris, n'est approximativement que de vingt. huit ans un mois, alors que, pour l'ensemble de la France, cet âge moyen s'élève à environ quarantedeux ans deux mois.

A Paris, les naissances sont peu nombreuses par rapport aux nombreux adultes en âge de procréation.

Par contre, la mortalité est élevée, d'abord par athrepsie des nouveau-nés, par diphtérie et par rougeole pour les enfants des quartiers ouvriers, et surtout par phtisie et autres affections tuberculeuses.

<< Si la population parisienne s'accroît de plus en plus, dit M. Lagneau, c'est uniquement par le fait de l'immigration incessante de nombreux provinciaux et étrangers, de sorte qu'il y a à Paris deux immigrés pour un natif.

<< Par suite de la faible natalité et de la haute mortalité, les familles parisiennes, lorsqu'elles ne s'unissent pas avec ces immigrants, s'éteignent la plupart en trois ou quatre générations, exceptionnellement en cinq générations. >>

Les conclusions de M. Lagneau sur l'extinction des familles parisiennes après trois ou quatre générations

sont assez attristantes, mais, comme nous le disions en commençant, toute vérité est bonne à connaître quand elle éclaire des faits auxquels il est possible de porter remède.

L'outillage sanitaire de la Ville de Paris.

Pour prévenir dans les villes le développement des maladies contagieuses, il est indispensable:

1o De faire aux autorités de la ville la déclaration de la maladie contagieuse; 2o en cas de variole, de pratiquer l'inoculation immédiate; 3° d'isoler autant que possible les malades atteints de maladies transmissibles, et de les transporter dans des locaux appropriés; 4° de désinfecter tout ce qui a pu être souillé, contaminé par le malade; 5o enfin, de désinfecter le logement lui-même.

Les progrès de la science permettent d'appliquer avec certitude cet ensemble de moyens, et la ville de Paris doit être citée avec éloges pour avoir mis à exécution toutes les mesures sanitaires énoncées plus haut.

En 1892, le Conseil municipal de Paris, à l'occasion de l'invasion du choléra dans la capitale, décida la création, à la Préfecture de la Seine, d'un service central d'assainissement des habitations et de salubrité.

Le Dr A. Martin, connu par d'excellents travaux sur les questions d'assainissement et de salubrité, fut nommé inspecteur de ce service, et il s'est consacré, pendant les années 1892 et 1893, avec le plus grand zèle, à ses nouvelles fonctions.

:

Le 21 février 1893, le Dr A. Martin a lu à l'Académie de médecine, sous ce titre L'outillage sanitaire de la Ville de Paris, un mémoire où il fait connaître l'organisation du nouveau service et les résultats déjà réalisés.

Nous présenterons un résumé de l'intéressante communication du Dr Martin.

<< La Ville de Paris, dit le Dr A. Martin, grâce à l'appui persévérant et à la générosité de son Conseil municipal, a pu constituer peu à peu un outillage qui, en dehors de la vaccination antivariolique, assurée depuis plusieurs années par des services publics, grâce auxquels la variole est devenue extrêmement rare, comprend principalement les moyens de transport et les procédés de désinfection.

« Les premiers consistent dans des services de voitures de deux modèles, appartenant à deux administrations distinctes; ils ont effectué, en 1892, environ 6000 transports, contre 19000 pour l'ensemble des malades transportés par ces mêmes voitures pour diverses causes.

<«< Deux stations spéciales et deux postes hospitaliers ont été installés à cet effet. Dans les stations se trouvent en permanence des infirmiers diplômés qui accompagnent le malade pendant le parcours, afin de pouvoir lui donner des soins, s'il est nécessaire, et d'éviter la contagion pour la famille.

<< Actuellement trois stations de désinfection existent à Paris, comprenant six étuves à vapeur sous pression et tout le matériel nécessaire pour pratiquer la désinfection à domicile. Dans quelques mois, deux nouveaux établissements semblables vont s'ouvrir.

<< Dans ces établissements, des précautions minutieuses sont prises pour pratiquer la désinfection avec tout le soin désirable et de la manière la plus absolue. La séparation y est complète entre la partie recevable des objets contaminés et celle où sont déposés les objets qui ont subi les opérations de désinfection.

«Le personnel des désinfecteurs se compose aujour d'hui de 55 agents, plus des hommes de peine; un chef les surveille, 3 mécaniciens-chauffeurs conduisent les appareils, 3 chefs dirigent les opérations dans chaque station; des cochers pour les voitures; le reste est occupé à la désinfection proprement dite à l'étuve et à domicile.

Au cours de la dernière épidémie cholérique, ce personnel a été porté, à certains jours, à 88 agents.

« On a bien des fois déjà, en décrivant les procédés employés pour la désinfection par la Ville de Paris, fait remarquer qu'ils se recommandaient par leur simplicité et leur facilité d'exécution. En effet, comme procédé de désinfection, on a recours à l'étuve à vapeur sous pression pour les tissus, les étoffes, les matelas, la literie, etc.; aux pulvérisations au sublimé à 1/1000 pour tous les autres objets et les locaux infectés, et au nettoyage à l'aide du sulfate de cuivre à 50/1000 pour les cabinets d'aisances et les vases souillés.

« En 1889, de la fin de mai jusqu'au 31 décembre, les étuves municipales ont pratiqué 78 opérations; en 1890, 652; en 1891, 4139; en 1892, 18464. Il est vrai qu'au cours de cette dernière année est survenue l'épidémie chclérique, dont le nombre approximatif des victimes a été d'un millier, en y comprenant les enfants, et, par suite, le nombre des opérations de désinfection en a été aussitôt accru. Cependant l'augmentation graduelle ne cesse pas, puisque, au mois de janvier 1893, on a compté également plus de 2000 désinfections.

« Si l'on met en regard de ces chiffres (et même on y pourrait ajouter le nombre inconnu, mais assez faible, des opérations faites par des établissements privés) celui des décès par maladies transmissibles pendant la même période, on remarque que ce n'est que depuis le mois de juillet 1892 que les désinfections ont dépassé en nombre les décès dus aux maladies pour lesquelles la désinfection est demandée. Mais si l'on observe que chacun de ces décès correspond à une moyenne de dix malades, on voit combien on est loin encore d'avoir réalisé cette précaution pour toutes les atteintes des maladies transmissibles dans la capitale.

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Cependant il est extrêmement rare que les malades et leurs familles refusent la désinfection; les agents sont généralement bien accueillis, même lorsqu'ils sont en

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