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vérifiée les poumons, la plèvre, les ganglions présentaient des lésions tuberculeuses avancées.

Après cette belle expérience, on comprend que le Congrès ait adopté le vœu de soumettre à l'épreuve de la tuberculine les animaux reproducteurs présentés aux concours régionaux d'agriculture.

M. Nocard a développé en ces termes, dans sa communication, les principes de l'essai de la tuberculine chez les bœufs, comme moyen de diagnostic de la tuberculose.

<< La cause des tuberculoses bovines, qui constituent actuellement pour notre pays une situation désastreuse, c'est avant tout la contagion, à la suite du séjour dans des étables infectées par d'autres animaux tuberculeux. Pour supprimer cette contagion, il suffirait de séparer les animaux sains des animaux malades, et de mettre les animaux sains dans une étable complètement désinfectée.

« Le diagnostic de la tuberculose des bovidés était très difficile dans ces derniers temps, et il était impossible de faire d'une façon sérieuse la sélection dont il est question. Cette difficulté de diagnostic n'existe plus depuis que nous avons dans la tuberculine de Koch le moyen de faire un diagnostic absolument précoce. C'est ce moyen, que j'emploie depuis deux ans, qui m'a permis de constater que, dans certaines étables, le nombre des contaminés dépasse souvent les deux tiers et les trois quarts de l'effectif.

« Ceci posé, voilà, ajoute M. Nocard, ce que je proposerais :

<< Tous les animaux qui réagiraient à la tuberculine devraient être rigoureusement isolés des animaux sains, que l'on placerait dans une étable désinfectée.

«Les sujets reconnus malades ne seraient pas perdus pour cela. On pourrait les engraisser rapidement pour la boucherie; dans ces conditions, les lésions seraient si limitées qu'aucun inspecteur n'oserait demander la saisie. »

Les conclusions de M. Nocard ont été acceptées avec de légères nuances par MM. Degive (de Bruxelles), Thomassen (d'Utrecht), Siegen (de Luxembourg).

M. Degive a constaté qu'en Belgique, depuis décembre 1892, l'emploi des injections de tuberculine est en quelque sorte officiel. L'École vétérinaire de Bruxelles tient un dépôt de tuberculine à la disposition de tous les vété rinaires.

M. Thomassen s'est assuré de même, en Hollande, que tous les animaux qui réagissent à la tuberculine sont tuberculeux.

M. Siegen s'est servi avec avantage des mêmes procédés d'inoculation dans le duché de Luxembourg. Son avis a d'autant plus de valeur que, dans un certain nombre de cas, pour établir un diagnostic précis, M. Siegen avait employé comparativement la recherche du bacille, l'inoculation des produits suspects, enfin les injections de tuberculine.

Fort de ces approbations successives, M. Nocard a résumé ainsi le débat :

« Quid faciendum?

<< Injecter la tuberculine à tous les bovidés, surtout lorsqu'il y a eu dans l'étable un cas suspect; séparer les tuberculeux des animaux sains; désinfecter rigoureusement les étables.

« Grâce à ces moyens, les propriétaires pourront reconstituer leur troupeau au moyen de jeunes animaux nés chez eux et qui n'auront pas réagi à la tuberculine. »>

Enfin, M. L. Petit, secrétaire du Congrès de la tuberculose, a fait un rapport sur les résultats pratiques qui ont couronné les vœux adoptés par le Congrès en 1891. Ces vœux ont été transmis aux pouvoirs publics et soutenus avec persévérance par MM. Brouardel, Chauveau, Nocard, etc.

Le Congrès avait adopté un vœu tendant à la suppression des abattoirs particuliers, où la surveillance sanitaire est absolument insuffisante quand elle existe. Cette question a été agitée à propos de l'abattoir de Clichy. Un

arrêté du Conseil d'État a renvoyé, à propos d'un mot mal interprété, cette question devant un autre tribunal, ce qui met en suspens la solution de cette intéressante question.

Un autre vœu tendait à poursuivre, par tous les moyens possibles, la saisie de la viande reconnue tuberculeuse. Déjà en Allemagne, dans le grand-duché de Bade, le principe de la saisie et de l'indemnité due au propriétaire a été appliqué avec succès et a été étendu depuis à d'autres territoires de l'Allemagne.

En France, un nouveau projet de code rural admet le principe de l'indemnisation.

Un troisième vou, relatif à la consommation du lait provenant de vaches tuberculeuses, reste encore à l'étude. Cependant l'État de New-York a adopté une loi autorisant le gouvernement exécutif à employer les moyens nécessaires pour retirer de l'alimentation le lait provenant d'animaux contaminés. La loi affecte un fonds destiné à payer les inspecteurs et à indemniser les propriétaires dont le lait aurait été saisi.

Enfin, le vœu concernant la désinfection des locaux où ont habité ou sont morts des tuberculeux, a été d'une incontestable utilité. Dès qu'il a été connu dans le public, les demandes de désinfection d'appartements ont afflué à Paris, et bientôt cette pratique s'étendra à d'autres grandes villes de la France.

En 1892, le nombre de ces demandes s'est élevé à Paris à 4445, et dans les six premiers mois de 1893 il a dépassé 4000, presque autant par conséquent que dans toute l'année précédente. Le Conseil municipal a attribué en 1893 la somme de 285 000 francs à la désinfection des locaux.

Le Congrès a également demandé la désinfection des crachats. Aux États-Unis, cette idée a déjà reçu une solution pratique. Il s'y est formé une ligue contre l'habitude de cracher partout, et spécialement dans les omnibus et les tramways. Aussi a-t-on inscrit dans ces véhicules une ordonnance portant : « Défense de cracher ».

On sait que la même mesure a été prescrite à Paris, en 1893, pour les omnibus et les tramways.

Ainsi beaucoup d'idées pratiques ont été popularisées par le nouveau Congrès et un tribut sérieux a été apporté à la question des mesures préventives de la contagion tuberculeuse.

La Ligue bordelaise contre la tuberculose, fondée à Bordeaux par le Dr Armaingaud, a été pour beaucoup dans cette diffusion des bonnes pratiques. C'est M. Armaingaud qui, sur tous les points du territoire français, au moyen de conférences et de brochures populaires, sème et répand la bonne parole: elle ne tardera pas à fructifier. Disons, en terminant, que le prochain Congrès se réunira à Paris en 1896, sous la présidence du professeur Nocard, d'Alfort.

Les causes du choléra.

Le choléra, s'il n'a pas sérieusement sévi en Europe, à l'exception de la Russie, de l'Allemagne, de la Turquie, de la Roumanie, pendant l'année 1893, s'est manifesté dans plusieurs centres de population de l'Orient. Il a fait de regrettables ravages en divers points de la Russie asiatique et de l'Asie centrale; mais, quelque gravité qu'il y ait présentée, il s'est rarement propagé d'un lieu à l'autre. Il a été arrêté sur place, grâce à l'application des mesures hygiéniques et antiseptiques dont tous les peuples ont maintenant connaissance et qu'ils s'empressent de mettre en pratique.

En ce qui concerne la marche de l'épidémie cholérique, un hygiéniste anglais bien connu, le Dr Hart, dans une conférence tenue à Londres devant les officiers médicaux du service d'hygiène et des autorités sanitaires anglaises, a traité avec une grande compétence la question du

mode de propagation du choléra d'une région à l'autre. Nous trouvons dans le Journal des connaissances médi cales une analyse de cette leçon du Dr Hart, que nous croyons devoir reproduire.

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Après avoir rappelé que l'incubation cholérique dure, d'après des recherches récentes, de un à quinze jours, et qu'elle est en moyenne de deux à cinq jours, le médecin anglais démontre qu'il est inévitable que des personnes atteintes de choléra passent les frontières sans pouvoir être arrêtées.

<< Le Dr Hart ajoute que les quarantaines sont inutiles, car elles ne peuvent être parfaites, et que, par conséquent, elles ne donnent qu'une fausse sécurité.

« L'inspection médicale, avec la désinfection et le pouvoir de retenir les personnes malades, lui paraît un moyen meilleur, car il arrête la majorité des cas de choléra, quoique, comme la quarantaine, il laisse également échapper de nombreux cas.

<«< De nos jours, dit le Dr Hart, le choléra n'est plus un mystère; il faut rejeter absolument les termes de constitution épidémique, d'influence tellurique, de nuages ou vapeurs cholériques, et être bien persuadé que le choléra est une maladie de la saleté, qu'elle est portée par des gens sales dans des lieux sales. Le choléra ne peut se développer que dans les points où il existe des endroits sales dans le sens hygiénique du mot, et où l'on boit de l'eau infectée, où l'on vit sur un sol infecté.

« Le choléra n'est pas, dit le Dr Hart, porté par l'air, on ne le contracte qu'en buvant de l'eau ou en mangeant des aliments contaminés. Les germes du choléra ne sont pas portés par l'air comme ceux de la scarlatine, de la rougeole, de la coqueluche, etc.; il est nécessaire, pour que la maladie se manifeste, de boire de l'eau infectée ou de manger des aliments également infectés.

« Le choléra est porté par l'homme le long des voies de communication, soit par des vêtements sales, soit par des déjections.

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