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Comme le dit avec raison l'auteur de cet article, ce qui semble constituer le danger dans le choléra, c'est la formation des toxines sécrétées par les bacilles de Koch. De là cette indication, bien des fois formulée d'ailleurs, depuis vingt ans, à l'instigation du Dr Jules Guérin, de combattre énergiquement, en cas d'épidé mie, toute diarrhée dès son apparition. Il est permis de supposer qu'en arrêtant la diarrhée dès le principe, sans laisser aux toxines le temps de se former, on préservera le malade d'accidents cholériques qui n'auraient pas tardé à éclater par suite d'une auto-intoxication progressive.

La maladie des raffineurs de pétrole.

Une nouvelle maladie professionnelle a été signalée en 1893 par MM. les Drs Léon Derville et Guermonprez, qui l'ont observée dans des raffineries de pétrole du département du Nord. Cette nouvelle affection consiste dans des élevures verruqueuses, que les auteurs appellent papillomes. Elles se développent sur les parties découvertes et surtout sur les avant-bras, la face dorsale des mains et des doigts. On les rencontre beaucoup plus rarement sur les paupières, le nez et les jambes. C'est toujours au niveau d'un poil que la lésion commence; le follicule pileux paraît être la porte d'entrée des matières irritantes.

Ces verrues grandissent autour du poil qui leur sert d'origine, et qui finit par disparaître. Si l'on n'intervient pas, elles peuvent atteindre les dimensions d'un haricot. Elles sont le siège d'un prurit très désagréable, qui empêche le malade de dormir.

À l'avant-bras, lorsqu'on les cautérise avec l'acide sulfurique, la cicatrisation se fait très vite; la cicatrice est blanche, déprimée, nettement limitée.

Les papillomes ne s'observent que chez les ouvriers employés au nettoyage des appareils ayant servi à la dernière distillation du pétrole. En effet, ces ouvriers pénètrent très peu vêtus dans ces appareils lorsque la température est encore très élevée et que l'atmosphère est chargée de vapeurs et de gaz irritants. Ils vident les résidus huileux de la distillation et détachent le coke avec une pique en fer.

Cette affection, d'un diagnostic facile, est d'un caractère bénin. MM. Guermonprez et Derville pensent cependant qu'étant données les analogies qui existent entre ces. papillomes et l'épithelioma, il n'est pas impossible que leur évolution aboutisse à un néoplasme malin, quand le terrain sur lequel ils se développent est favorable.

Le traitement prophylactique se résume dans les précautions suivantes :

1o Protéger les avant-bras des ouvriers avec un tissu imperméable, le caoutchouc, par exemple; 2o faire disparaître les résidus de soude caustique ou les neutraliser; 3o exiger une propreté minutieuse (bain hebdomadaire, lavage des mains chaque fois que le travail est interrompu).

Le traitement curatif consiste dans la cautérisation lorsque les papillomes siègent sur les membres supérieurs, et dans l'excision lorsqu'ils sont situés à la face, parce que la cautérisation y donnerait de fâcheux résultats.

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Maladies des ouvriers qui travaillent les faux cheveux.

Le Dr Gélineau a consacré dans le Journal d'hygiène une série d'articles pour faire connaître les dangers que présente l'industrie des faux cheveux pour les ouvriers qu'elle emploie. Cette industrie a pris un grand développement depuis une quarantaine d'années, et, la production

indigène n'y suffisant plus, le commerce a dû s'adresser à la Chine et à l'Inde pour l'alimenter.

Les cheveux de cette provenance subissent, en arrivant en France, une préparation assez compliquée. On commence par les trier, les assortir et les démêler; puis on les plonge dans une solution de savon noir et de carbonate de soude, pour les dégraisser. On donne le nom de douilleurs aux ouvriers chargés de ce travail. Au sortir du bain, on réunit les cheveux et on en fait de longues mèches qu'on attache solidement près des racines. Il faut alors les assouplir, et pour cela on les place dans des terrines remplies d'un mélange d'acide chlorhydrique et d'eau chlorée qui les amincit et les décolore; ensuite on les immerge dans une solution de savon noir et de chlorate de potasse pour les rendre moins cassants, et enfin on leur donne la couleur qu'ils doivent avoir.

La teinte blonde s'obtient avec l'eau oxygénée, la couleur noire avec une décoction de noix de galle, de sulfate de fer, d'acide pyrogallique, ou de bois de campêche; on y ajoute un peu de sumac pour les lustrer et leur ôter la teinte bleuâtre particulière aux cheveux de morts.

Les cheveux ainsi préparés sont moins beaux que ceux qui sont coupés et vendus sans préparation; mais en revanche ils ont sur ces derniers l'avantage de ne renfermer aucun parasite, aucun germe infectieux.

En effet, les cheveux qui viennent des campagnes du Limousin, de la Bretagne, de la Beauce et de la Normandie sont extrêmement suspects au point de vue des principes infectieux. Or on se contente de les nettoyer et de les dégraisser en les mêlant avec de la farine de sarrasin. On les peigne ensuite pour les débarrasser des corps étrangers et des lentes, mais ils ne sont ni lavés ni passés au bain: ils peuvent par conséquent contenir des germes microscopiques des maladies du cuir chevelu et les communiquer à ceux qui les porteront.

Les ouvriers qui travaillent les cheveux sont encore beaucoup plus exposés à la contagion. Les douilleurs

principalement, en déballant et en triant les cheveux de provenance exotique, vivent au milieu de poussières remplies de débris épidermiques, de lentes, de spores, de champignons parasites appartenant aux différentes espèces de teignes. Ces poussières pénètrent dans la gorge, le larynx et les bronches; aussi les ouvriers qui les aspirent sont-ils sujets à des coryzas et à des laryngites chroniques. Presque tous ont la voix enrouée et ont mal à la gorge. Enfin, lorsque les sujets auxquels ont appartenu ces cheveux sont morts de maladies contagieuses, de la variole, de la scarlatine, de la diphtérie, les douilleurs courent des chances de les contracter, surtout lorsqu'ils se blessent avec les cardes qui servent à les démêler.

Pour les préserver de ces affections, on a conseillé aux douilleurs de porter des masques; mais on n'en a pas encore

trouvé qui ne soient gênants et les ouvriers ne veulent pas s'en servir. Lorsqu'ils se piquent avec les cardes, il leur est enjoint de laver la petite plaie avec une solution concentrée d'acide phénique; mais il serait utile, comme le demande le docteur Gélineau, de prescrire la désinfection préalable des cheveux avant qu'ils soient introduits en France, ainsi qu'on le fait pour les drilles et chiffons provenant de pays infectés.

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Les injections hypodermiques de produits organiques et minéraux.

Nous n'avons rien à ajouter à ce que nous avons écrit dans notre dernier Annuaire sur les injections hypodermiques de sucs organiques d'après la méthode BrownSéquard. Les partisans de cette pratique empruntée aux laboratoires persistent à la vanter, mais les essais faits en 1893 dans les hôpitaux de Paris avec des liquides fournis par le laboratoire même du Collège de France n'ont donné aucun bon résultat. Ce que nous voulons signaler aujourd'hui, c'est que l'on a découvert récemment

L'ANNÉE SCIENTIFIQUE.

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que bien d'autres liquides organiques produisent les effets que l'on attribue à la préparation de M. Brown-Séquard, et, bien plus, que les matières minérales fournissent les mêmes résultats avec une entière sécurité.

Depuis plusieurs années le professeur Richet a remplacé les injections du liquide Brown-Séquard par le simple sérum du sang, et il a poursuivi avec patience ce genre de médication, semé, pour lui, de succès et de revers.

La rate, la glande thyroïde, les reins, le foie, réduits en pulpe, ont été injectés dans le sang par d'autres expéri

mentateurs.

Un praticien de Paris qui jouit d'une vieille renommée, le Dr Constantin Paul, a remplacé la préparation BrownSéquard par des injections de fragments de cerveau pris dans les circonvolutions et la substance grise. Le Dr Constantin Paul annonçait, le 25 avril 1893, à l'Académie de médecine, avoir obtenu par ce moyen la guérison d'un grand nombre de neurasthéniques.

à

Mais voici qui simplifie encore la médication nouvelle. Aux liquides organiques on substitue maintenant des dissolutions de sels minéraux, et l'on en obtient de bons résultats. Bien plus, on opère avec sécurité, n'ayant pas craindre les altérations que subissent nécessairement les . liquides organiques conservés quelque temps dans des flacons chez les pharmaciens.

Le Dr Crocq, de Bruxelles, injecte une solution de sulfate de soude, comme l'avait fait d'ailleurs avant lui le Dr Luton, de Reims, dans un but analogue.

Enfin, dans un ouvrage publié en 1893, Introduction à l'étude générale de l'hypodermie, le Dr Chéron préconise un mélange de sels divers.

Le Dr Chéron a remarqué que toutes les injections hypodermiques ont une action semblable, pourvu qu'elles ne renferment pas de produits toxiques. On peut avec les solutions les plus variées obtenir les mêmes effets. C'est ainsi que les malades neurasthéniques, sous leur influence, dorment, reprennent des forces, de l'appétit, et se débar

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