Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

émettait le vœu de voir ce procédé employé par les accoucheurs dans les cas d'asphyxie des nouveau-nés. Or, au commencement de juillet 1893, le Dr Péronne, de Sedan, employait avec succès les tractions successives et rythmées de la langue chez un nouveau-né qui ne présentait plus le moindre signe de vie. Il s'était servi de la pince à pansements. Au bout de quelques tractions l'enfant a eu une sorte de hoquet, et la respiration s'établit. Il n'y eut qu'à employer simultanément les autres moyens, frictions, tapotements, bains chauds, etc.

Depuis cette époque deux autres succès aussi complets sont venus témoigner en faveur de la même méthode, l'un à la suite d'une laborieuse application de forceps, l'autre après un accouchement très retardé par des enroulements multiples du cordon. Dans ces deux circonstances il n'y avait chez le nouveau-né aucun signe de vie. Les choses se passèrent comme dans les premiers cas, et le signe du succès fut encore cette sorte de petit hoquet déjà signalé.

Il serait superflu d'insister sur l'importance pratique de ces résultats. Quelle que soit la théorie physiologique qu'on puisse en donner, l'efficacité du procédé des tractions rythmées de la langue est pleinement démontrée. Le moyen est simple, de facile exécution, à la portée de tous.

Il ne faudrait pas cependant l'employer au détriment des procédés vulgaires de respiration artificielle, notamment du procédé Sylvester, qui consiste dans l'élévation et l'abaissement des bras successivement opérées et longtemps continuées.

Le procédé Laborde est toutefois le meilleur qu'on puisse appliquer alors que tous les autres, y compris le procédé Sylvester, ont échoué.

En terminant sa dernière communication à l'Académie de médecine, le Dr Laborde signale, comme consécration pratique de ses recherches et de la méthode de physiologico-thérapeutique qu'elles ont inspirée, une note de M. le Dr H. Mareschal, médecin-major de 1re classe, sur

les secours à donner aux noyés et asphyxiés, et en général aux personnes en état de mort apparente.

M. Mareschal termine ainsi sa note:

« Nous n'hésitons donc pas à prescrire, en première ligne, l'emploi absolument immédiat de la méthode combinée dans laquelle les tractions de la langue. ainsi que les pressions sur le thorax et l'abdomen, devront être très énergiques. Et pour nous résumer, nous dirons :

Dans tous les cas d'asphyxie où le procédé de Sylvester réussira, le procédé de la langue réussira également.

Dans tous les cas où celui-là sera inefficace, celui-ci pourra être suivi de succès.

Donc il y a lieu de donner toujours à ce dernier la priorité, en l'employant soit seul, soit mieux encore combiné avec les pressions thoraco-abdominales énergiques. >>

On ne saurait trop répandre la connaissance du moyen préconisé par le Dr Laborde, afin que chacun puisse l'appliquer dans l'occasion.

9

Les progrès de l'électrothérapie: cataphorèse et bi-électrolyse.

On connaît l'expérience signalée par Edison au Congrès international des sciences médicales de 1890. Il s'agissait. d'un goutteux guéri en quatre jours de tophus, de nodosités aux doigts, pour avoir plongé ses mains dans une solution de carbonate de lithine où arrivait un courant électrique continu. Pour être sûr que l'électricité y pénétrait bien, chacune des mains était innervée dans un bain lithiné, en communication avec l'un et l'autre pôle de la pile génératrice. Le circuit était alors formé par le corps humain, bon conducteur.

L'expérience fit grand bruit. Elle était le fruit de l'incursion d'un inventeur célèbre dans un domaine jusqu'alors inconnu pour lui, celui de la médecine. Elle surprit donc beaucoup. Faire pénétrer l'électricité au sein du corps

humain pour y dissoudre un corps étranger, n'était-ce pas là un brillant idéal? Désormais plus de médicaments à ingérer, plus d'opérations redoutables à subir. Il n'y avait qu'à électriser in loco dolenti, et à mettre un agent thérapeutique convenable sur le trajet du courant électrique.

Cependant, quelque temps après, le transport électrique des médicaments (cataphorèse) tombait dans l'oubli. C'est que la guérison obtenue par Edison ne s'était pas trouvée confirmée dans la pratique médicale.

Il y avait eu d'ailleurs beaucoup de réclamations de priorité, lorsque le savant américain communiqua au Congrès de Berlin son mémoire sur la guérison cataphorétique de la goutte. Dans le même ordre d'idées et plusieurs années auparavant, son compatriote Paterson avait institué la même méthode, d'une façon beaucoup plus générale. Et plus antérieurement, dès 1750, Pirati de Venise, puis, plus près de nous, Fabré Palaprat, Bardet, enfin le Dr Foveau de Courmelles, avaient publié des recherches identiques.

C'est au dernier de ces auteurs qui viennent d'être cités, au Dr Foveau de Courmelles, que nous devons les travaux les plus récents en électrothérapie. Cet observateur a reconnu qu'à côté de la cataphorèse il existe, dans l'action des médicaments sur l'organisme en présence des courants électriques continus, des phénomènes curatifs plus généraux, plus puissants, dus aux modifications chimiques, électrolytiques, se produisant à la fois aux dépens de la partie malade et de l'agent thérapeutique surajouté. Il a vu qu'il y avait là une double décomposition, une double mise en liberté des éléments constituants, et par suite une double production de corps dans l'état chimique spécial qu'on nomme l'état naissant. Et cette modification du médicament et de la partie malade sous l'action électrique produit, par suite des affinités ainsi augmentées, des échanges nouveaux, inattendus et dont l'action curative spéciale est indéniable.

Cette méthode d'électrolyse double, que l'auteur appelle

bi-électrolyse, a été appliquée pendant plusieurs années à l'hôpital Saint-Louis. Le professeur Péan faisait à l'Académie de médecine, le 8 novembre 1892, l'éloge de la biélectrolyse à l'occasion du mémoire présenté par le Do Foveau de Courmelles à cette Académie. M. Péan voyait dans la nouvelle méthode la possibilité de supprimer certaines opérations. Il ajoutait : « Ces applications, pour être bien pratiquées, exigent, un outillage particulier, qui a été inventé par l'auteur. Sa découverte est réellement originale. >>

Le Dr Foveau de Courmelles, dans plusieurs mémoires présentés à l'Académie des sciences et à l'Académie de médecine, a exposé les principes de sa méthode, qu'il a plus longuement développés dans un cours d'électrothérapie, professé en 1892 à l'École pratique de la Faculté de médecine de Paris.

Nous renvoyons à ces diverses publications pour la description des procédés techniques de l'auteur, que nous ne saurions exposer ici, vu leur caractère trop spécial.

10

Traitement électrique des affections saturnines.

On sait que les ouvriers exerçant certains métiers qui exigent la manipulation de substances à base de plomb, sont sujets à une intoxication particulière, le « saturnisme », qui se manifeste notamment par des coliques, un liséré bleu autour des gencives, et souvent par la paralysie des muscles extenseurs des bras. Tout le monde connaît les effets redoutables de l'absorption des sels de plomb chez les peintres en bâtiment qui se servent de couleurs à base de ce métal.

Le Dr Semmola, professeur à la Faculté de médecine de Naples, a entretenu l'Académie de médecine de cette question et présenté au monde médical une nouvelle

méthode pour traiter les malades affectés de saturnisme chronique.

Le Dr Semmola rapporte que dès 1877, se basant sur l'action physiologique du courant continu employé pour activer les échanges nutritifs de l'organisme et produire un mouvement de désassimilation plus considérable, il eut l'idée, afin de provoquer l'élimination du plomb contenu dans l'organisme des saturnins, de proposer la méthode de l'électrisation par l'action du courant constant appliqué sur des centres nerveux ganglionnaires, c'est-à-dire en plaçant, pendant la moitié de la séance, le pôle positif sur la langue et le pôle négatif au creux de l'épigastre. Pendant l'autre moitié de la séance, on promène le pôle positif sur les côtés de la colonne vertébrale, et le pôle négatif sur l'abdomen.

Les expériences basées sur cette idée théorique furent faites avec l'aide du Dr Vizioli, au moyen d'une pile de Wollaston de dix grands éléments. La durée de chaque application variait entre dix et quinze minutes, chaque matin.

Les malades supportaient très bien le courant, quoiqu'il fût d'une grande intensité (100 à 150 milli-ampères).

Les premiers malades étaient affectés de coliques et d'atrophies musculaires considérables des mains et des doigts; on constatait chez eux un liséré gingival caractéristique, et l'aspect général toujours cachectique avec apparence anémique des muqueuses labiales.

L'analyse des urines, faite avant de commencer le traitement, ne révélait aucune trace de plomb.

Après trois ou quatre jours de traitement, on commença à trouver des traces de plomb dans les urines, et cette quantité alla toujours en augmentant pendant les quatre premières semaines du traitement.

A la fin de la troisième semaine, le liséré gingival avait disparu et la nutrition des muscles atrophiés était considérablement améliorée.

Après une durée de traitement qui varia entre trois et

« VorigeDoorgaan »