Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

2 millions d'hectares que comprend le vignoble français, à plus de 40 millions de quintaux métriques de foin, constituerait une erreur économique contre laquelle on ne saurait trop réagir.

4

L'utilisation des marcs de vendange.

Les marcs de raisins, après le pressurage, sont constitués par les rafles, les pellicules et les pépins, formant une masse imprégnée de liquide vineux que les plus fortes pressions ne peuvent en 'extraire. Ces mares sont tantôt donnés directement au bétail, tantôt distillés en vue de la production des eaux-de-vie, le plus souvent ils vont directement au fumier. Dans d'autres cas, on en fait des vins de sucre, par l'addition d'eau sucrée, qu'on laisse fermenter à leur contact, ou des piquettes, par de simples lavages à l'eau. Lorsqu'ils ont servi à ces dernières opérations, les marcs sont considérés comme impropres à l'alimentation du bétail.

On cherche donc à utiliser les marcs, mais en tire-t-on tout le parti possible? se demande M. Müntz, qui répond à cette question par la négative. En étudiant dans les grands vignobles du Midi, du Bordelais et de la Champagne la production des marcs et leur mode d'utilisation, M. Müntz a été amené à faire des expériences qui doivent intéresser les viticulteurs.

L'attention de M. Müntz a d'abord été portée sur la quantité de marc produite par hectare, quantité qui varie entre des limites très écartées, comme la récolte de raisin elle-même, mais qui est loin de lui être proportionnelle. Voici les résultats obtenus par M. Müntz en 1892, en opérant sur de grands vignobles, pour les quantités de marcs, à l'état frais et à l'état sec, avec la production correspondante de vin soutiré :

[blocks in formation]

28,6

17,3 387 113

Le Mesnil-sur-Oger(Champagne).

Ces expériences montrent combien sont différents les poids de marc obtenus par hectare de vignes, et combien ils sont élevés dans certains cas.

Ces marcs restent imprégnés de vin, qui n'a pas, il est vrai, toute la qualité du vin de cuvée, mais qui peut être assimilé au vin de presse, c'est-à-dire à celui que la pression fait sortir du marc. Les quantités de ce vin qui restent immobilisées dans le marc et qui sont ainsi perdues pour le rendement en vin proprement dit, sont d'ailleurs considérables. M. Müntz a trouvé par hectare jusqu'à 20- hectolitres de vin dans certaines régions, 10 et 6 dans d'autres.

On voit quelles quantités énormes de vin retiennent les marcs après leur expression et l'on comprend l'intérêt qu'il peut y avoir à les extraire sous une forme utilisable.

L'emploi des marcs au sortir du pressoir pour l'alimentation des animaux fait perdre ce vin en totalité. Leur distillation directe donne des eaux-de-vie d'une faible valeur. Le lavage pour l'obtention de piquettes pouvant servir à la consommation ou donner un alcool de vin de bonne qualité paraît mieux convenir à l'utilisation du liquide vineux resté dans les marcs. Seulement M. Müntz recommande de procéder, pour la préparation des piquettes, par déplacement, c'est-à-dire, au lieu de

noyer les marcs dans de l'eau qu'on fait passer sur plusieur marcs successifs, de les arroser régulièrement avec de petites quantités d'eau, qui chassent devant elles le liquide vineux, et s'écoulent à mesure, sans pour ainsi dire sy mélanger. On obtient ainsi, non des piquettes diluées. mais du vin, qui n'est guère inférieur au vin de presse.

Par cette méthode, presque toute la matière alimentaire reste dans le marc, mais le goût vineux qui plaît aux animaux a disparu. Comment conserver ce marc lavé et le faire consommer?

de

M. Müntz recommande de le placer dans des cuves en le stratifiant avec 5 pour 100 de son poids de sel gris. qui, non seulement aide à sa conservation, mais lui donne de la sapidité. Ainsi préparé, le marc a pu servi pendant tout l'hiver à l'alimentation d'un troupeau brebis de 200 têtes, qui l'a consommé intégralement. mélangé d'un peu de foin, sans aucune répugnance, i raison de 4 kilogrammes par tête et par jour lorsque les animaux restaient en stabulation, et de 2 kilogrammes lorsqu'ils passaient une partie de la journée au pâtu rage. Les brebis ont agnelé normalement, à raison d 130 agneaux par 100 têtes de brebis. L'alimentation at marc n'a donc nullement entravé la parturition, ce qui es à noter, puisque c'est une opinion très répandue que le poules qui consomment les pépins de raisins ne produi sent pas.

En résumé, l'extraction, par déplacement, des piquettes pour la consommation des ouvriers ou pour la distillation. et l'utilisation des marcs épuisés, pour l'alimentation des animaux, qui les transforment en viande et en fumier, sont, d'après M. Müntz, des pratiques rationnelles qui permettent de tirer des marcs de vendange le parti le plus avantageux.

હૈ

5

Le séchage des fruits.

Dans les années où la récolte des fruits est considérable en France, l'excédent de la vente est absolument inutilisé. C'est ce que l'on a vu en 1893, où les fruits étaient si abondants que les marchés en étaient encombrés et qu'on les livrait à qui voulait les prendre à des prix dérisoires. A Montmorency on abandonnait la récolte d'un cerisier à l'amateur qui se donnait la peine de la cueillir.

On se demande pourtant s'il ne serait pas possible dans ces circonstances anormales de ne point perdre un tel bienfait de la nature.

Une étude publiée en 1893 par deux de nos savants agronomes, MM. Nanot, directeur de l'École d'horticulture de Versailles, et Tristchler, ingénieur, va nous donner à cet égard des renseignements utiles, en nous faisant connaître l'immense parti que l'on tire aux ÉtatsUnis de la production fructicole, grâce à la dessiccation convenablement opérée.

M. Darc a donné dans un journal de Paris le résumé suivant du travail de MM. Nanot et Tristchler sur le séchage des fruits en Amérique.

<< Nulle part, dit M. Darc, la culture commerciale des fruits n'a pris des proportions comparables à ce qu'elle est devenue. dans l'Amérique du Nord. Des fermes entières sont consacrées à la production exclusive des fruits de table, et il n'est pas rare de rencontrer des vergers mesurant plusieurs centaines d'hectares de superficie. A Orchard-Hill, en Géorgie, il y a un verger de 320 hectares, avec 84 000 pieds d'arbres. Dans le même État, à Elberta, il existe un autre verger, de 400 hectares, complanté de 80 000 pêchers. Le Canada tend à rivaliser avec l'Union pour la culture des fruits comestibles. Sa province d'Ontario possède actuellement 80000 hectares de vergers, et leur étendue s'accroît sans cesse, ainsi que

l'exportation de leurs produits à l'étranger. La vallée d'Annapolis, dans la Nouvelle-Écosse, longue de 100 kilomètres, sur une largeur variant de 3 à 10, est entièrement plantée en pommiers donnant des fruits de choix.

<< Aucun sacrifice n'a d'ailleurs été épargné par les Américains pour approcher du résultat le plus parfait, sinon pour l'atteindre. Ils ont envoyé des agents à Malaga pour étudier sur place la préparation des raisins secs. La Californie les produit maintenant au moyen de vignobles exclusifs, dont l'un, celui de Leland-Stanford, a une étendue de 1650 hectares. On a fait venir par milliers des pruniers d'ente de Lot-et-Garonne; on a tiré les meilleures variétés d'orangers de Malte, de Blidah, des Açores, du Japon... On a créé des stations expérimentales pour étudier la culture de la vigne et rechercher les espèces le mieux appropriées à chaque sol.

<< Mais c'est seulement le surchoix, le « dessus du panier » de cette colossale production fruitière qui se vend à l'état frais ou qui est mis en boîtes de conserves (salt fruits). La plus grande partie subit la dessiccation dans des évaporateurs.

<«< Chaque fruit trouve son utilisation; on tire parti des plus médiocres, des tarés, des véreux. Les déchets mêmes, provenant du pelage et de l'écœurage des fruits à pépins, trouvent leur emploi dans la fabrication des compotes, des gelées, dans la distillerie, dans la cidrerie.

« Le dessiccateur à air chaud, l'appareil évaporateur qui, en 24 heures, prive les fruits de leur eau sans les altérer dans leur texture ni les dénaturer dans leur saveur et leur arome, parce qu'il ne les cuit point, voilà le régulateur et le bienfaiteur de la culture fruitière commerciale aux États-Unis. Les usines à évaporation de fruits fonctionnent avec une activité imposante. Naguère la région de Rochester, dans l'État de New-York, était un des greniers à blé de l'Union, et Rochester a fait longtemps concurrence à Chicago pour les minoteries. Aujourd'hui tout est changé. Les champs de blé sont devenus de luxuriants vergers, et les moulins autrefois pressés sur les deux rives du Tenessee ont disparu pour faire place à plus de 2000 établissements de séchage de fruits. Plus de 30000 personnes sont occupées, pendant l'automne et l'hiver, par l'industrie fruitière. Les salaires varient, suivant l'habileté ou la compétence des ouvriers, de 25 à 60 francs par semaine.

<< Dans toute l'Amérique du Nord, l'évaporateur tend à faire partie courante du matériel de toute exploitation agricole. Dans les États de New-York et du Massachusetts notamment,

« VorigeDoorgaan »