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comme dans certains districts du Canada, chaque ferme a son évaporateur, comme elle a sa batteuse, son moulin à vanner, ses charrues.

<< Chez nous où, sauf quelques importantes exceptions, la dessiccation des fruits tient un rôle minime dans l'économie agricole, on l'opère en général à l'aide de la chaleur solaire, agissant concurremment avec le séchage au four ou à l'étuve. Trois ou quatre passages au four alternent avec un nombre égal d'expositions au soleil.

« La lenteur de l'opération rend ce procédé difficile et sujet à des accidents plus ou moins fâcheux. Les fruits peuvent subir un commencement de fermentation et prendre un mauvais goût. L'expérience a d'ailleurs démontré que le goût propre du fruit se conserve d'autant mieux que la disparition de la partie aqueuse est plus rapide. La qualité du produit dépend donc en partie de la rapidité du traitement; or, même avec une succession favorable de beaux jours, le séchage mixte dont il vient d'être parlé dure environ une quinzaine. De plus, pendant l'exposition au soleil, les fruits deviennent le rendezvous d'une foule d'insectes qui y déposent des germes d'altération pour plus tard. »

Plusieurs de nos fruits de France pourraient, grâce à la dessiccation perfectionnée, prendre rang à la suite de la prune de conserve, qui constitue une des principales richesses du département de Lot-et-Garonne. Les statistiques officielles évaluent à 12 ou 13 millions de francs, dont 10 millions pour le seul département de Lot-etGaronne, la valeur commerciale des prunes sèches préparées annuellement dans le pays d'Agen. MM. Nanot et Tritschler inclinent à croire, d'après des renseignements recueillis sur place et puisés aux meilleures sources, que cette évaluation est fort au-dessous de la vérité et qu'on s'en rapprocherait davantage en estimant à une vingtaine de millions le chiffre des transactions auxquelles l'industrie du séchage des prunes donne lieu dans la région agenaise.

Cette industrie agricole, qui est très florissante aussi en Touraine et que pratiquent seuls avec succès les Tourangeaux, consiste moins d'ailleurs en une évaporation qu'en

L'ANNÉE SCIENTIFIQUE.

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une demi-cuisson du fruit, résultant d'opérations successives assez compliquées.

La dessiccation des figues constitue en Provence une industrie agricole dont l'importance est considérable. Ici il n'y a pas cuisson préalable, ni préparation du fruit d'aucune sorte. On se borne à enfiler la queue des figues

sur des cordes tendues à l'intérieur d'un cercle de tonnelier et à exposer le tout à l'air libre ou au soleil. Cette opération, qui se pratique en grand dans quelques villes, est aussi exécutée par les paysans, et chacun a pu voir les maisons des villages du midi de la France garnies sur leur façade de ces petits engins de famille.

On peut joindre à cette liste de fruits conservés les raisins, que les propriétaires et ménagères du midi de la France conservent en les suspendant par des fils au plafond des pièces d'appartement. D'autres fois la conservation s'opère en étalant les grappes sur des planches garnies de paille ou de foin. Et c'est ainsi que dans le midi de la France on mange en décembre et janvier des raisins presque frais.

Mais tous ces moyens relèvent plutôt de l'art de la ménagère que de l'industrie, et pour en revenir à notre sujet, c'est-à-dire au séchage des fruits par l'évaporateur américain, nous dirons : Puisque la conservation des fruits par le séchage à l'évaporateur procure de si grands avantages à l'agriculture américaine, pourquoi ne pas imiter en France ce qu'on fait aux États-Unis? Pourquoi les propriétaires ruraux et les syndicats agricoles ne mettraientils pas cette méthode à l'épreuve? Grâce à ce moyen, l'agriculteur français pourrait se créer, sans beaucoup de frais, des ressources importantes et bénéficier de produits trop négligés dont il ne retire presque rien dans les années d'abondance.

Ajoutez qu'il serait possible, grâce à ce même appareil, de dessécher et de conserver la plupart de nos légumes, et de se ménager pour l'hiver une nourriture saine et économique.

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Le rhizoctone de la luzerne.

En 1813, Pyramus de Candolle eut l'occasion d'observer, dans les environs de Montpellier, sur des racines de luzerne en voie de dépérissement, le mycélium d'un champignon parasite, auquel il donna le nom de rhizoctone de la luzerne (Rhizoctonia medicaginis). Depuis cette époque, et surtout dans ces dernières années, la maladie de la luzerne causée par ce parasite s'est répandue en France, et en particulier dans le midi et le sud-ouest, au point de devenir un redoutable fléau. L'extension croissante du rhizoctone pourrait avoir des conséquences spécialement graves pour nos départements méridionaux, où la luzerne, grâce à ses profondes racines, qui lui permettent de résister à la sécheresse, représente une plante fourragère qu'il serait difficile de remplacer.

En juin ou juillet, on voit çà et là dans les luzernières quelques pieds se dessécher, puis les pieds voisins se fanent et se dessèchent à leur tour. Les taches qui résultent de la disparition de ces plantes s'agrandissent chaque année, en même temps que de nouvelles se forment; en deux ou trois ans, de vastes luzernières peuvent ainsi être complètement détruites. Les racines des plantes malades ou mortes sont habituellement recouvertes d'une sorte de feutrage, ou d'enduit, de couleur lie de vin.

On ne trouve dans les auteurs que des renseignements incomplets ou même inexacts sur l'appareil végétatif du rhizoctone de la luzerne. Le mycélium vit en partie dans. l'intérieur de la racine, en partie à sa surface; le mycélium interne absorbe les matières nécessaires à la nutrition du parasite; le mycélium externe sert à sa propagation. M. Prunet a étudié le mode de reproduction de ce champignon, et expliqué les phases diverses de sa végétation et de sa propagation d'un pied de la plante à l'autre.

« Il serait illusoire, dit M. Prunet, de chercher une substance capable de tuer le parasite tout en respectant son hôte; le mycélium de propagation résiste mieux, en effet, aux solutions anticryptogamiques que les racines; d'ailleurs on ne saurait atteindre le mycelium interne sans tuer immédiatement la racine. »

D'après M. Prunet, la maladie peut être arrêtée par l'application du traitement suivant. De juin à août, alors que les organes de propagation et de reproduction sont encore peu abondants, défricher profondément les foyers, ainsi qu'une bande de terre de 1,50 à 2 mètres de large autour de chacun d'eux; emporter soigneusement les débris de plantes hors du champ et les brûler; enclore le défrichement d'un fossé de 0m,60 de profondeur; recouvrir les revers inclinés et le fond du fossé d'une couche assez épaisse de soufre; remplir de nouveau le fossé de terre que l'on tasse sur les bords; répandre à la surface du défrichement une couche assez épaisse de chaux. Les organes de multiplication du rhizoctone pouvant rester vivants dans le sol pendant au moins trois ans, il faut éviter de semer de nouveau de la luzerne sur l'emplacement des anciens foyers.

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L'Ephestia Kuehniella, observations nouvelles.

On donne le nom d'Ephestia Kuehniella, et vulgairement celui de papillon gris, à un lépidoptère parasite des blés, des farines, etc.

L'origine de cet insecte est un sujet de discussions. On le croit importé d'Amérique. Depuis quelques années il a envahi les boulangeries, les magasins de farines, etc., et il y occasionne des pertes considérables.

Un grand nombre de procédés ont été indiqués pour

le détruire; mais ils sont en général peu efficaces. Celui qui a donné jusqu'ici le meilleur résultat consiste à insuffler, dans les locaux contaminés, de la poudre de pyrèthre additionnée d'une petite proportion de nicotine. M. J. Danysz vient de soumettre ce dangereux parasite à une étude attentive, qui permettra peut-être de mettre les magasins de blé et de farine à l'abri de ses ravages.

Zeller, et après lui tous les auteurs européens qui se sont occupés de cette question, ont admis que l'Ephestia a été importée en Europe avec les blés et les farines américaines; mais cette opinion n'a été appuyée par aucune preuve précise. Les praticiens qui ont eu à souffrir des invasions de ce parasite et qui seuls pouvaient fournir des renseignements exacts en ce qui concerne l'époque de son apparition en France ou en Europe, ont donné à cet égard les indications suivantes :

En 1872, c'est-à-dire bien avant qu'on eût commencé à importer des farines américaines, les grands moulins à vapeur Stenia situés à Constantinople, et dirigés, à cette époque, par M. Descourty, ont été envahis par l'Ephestia.

M. Pecquart, négociant en graines et en farines de Paris, a affirmé connaître le papillon gris depuis 1840, c'est-à-dire antérieurement à l'importation en France des céréales de provenance étrangère.

M. A. Vaury, fabricant de biscuits pour la troupe, connaît la chenille (Ephestia Kuehniella et Elutella) qui ronge et détériore ses produits, depuis au moins 1865.

Enfin la plupart des meuniers assurent que l'Ephestia a toujours existé dans leurs moulins, mais que le développement de ce parasite n'a pris de grandes proportions qu'à partir de l'année 1880.

Il est donc certain que si l'Ephestia n'a été connue des entomologistes que depuis 1879, cela ne prouve nullement qu'elle n'ait pas existé antérieurement dans les pays où l'on constate sa présence 'aujourd'hui, et que

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