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chez des producteurs de Barbe-de-Capucin des environs de Paris; on espère qu'ils démontreront l'efficacité pratique du saccharate de cuivre pour faire disparaître des caves des étioleurs la maladie du minet, qui leur a causé jusqu'ici de si grandes pertes. >>

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Le ver du raisin.

La larve de la Cochylis ambiguella, vulgairement désignée sous le nom de ver du raisin, est, après le phylloxéra, l'insecte le plus redouté des viticulteurs. Ses dégâts sont parfois considérables dans les vignobles du Beaujolais, de la Bourgogne, de la Gironde, et en général de tous les climats frais. Les procédés qui ont été recommandés pour la combattre sont assez dispendieux et d'une efficacité incomplète. Le champignon parasite de la Cochylis ellemême pourrait être, d'après MM. Sauvageau et Perraud, utilisé comme destructeur de cet insecte.

En mars 1893, M. Sauvageau a observé sous les écorces de ceps, à Villefranche, un assez grand nombre de chrysalides de Cochylis, réduites à leur enveloppe de chitine, dont l'intérieur était garni de nombreux filaments mycéliens blancs, et recouvertes extérieurement de filaments sporifères, formant une sorte de bourre compacte. Des filaments semblables rampaient au voisinage, sur la surface interne de l'écorce. Il n'était pas douteux que le champignon ne fût la cause de la mort des chrysalides envahies. MM. Sauvageau et Perraud en ont obtenu facilement des cultures, et M. Boudier a déterminé le champignon dont il s'agit comme l'Isaria farinosa.

Ce champignon pousse bien sur les différents milieux habituellement usités et mieux à la lumière qu'à l'obscurité. Les cultures sur pommes de terre sont particulièrement luxuriantes; dès le deuxième jour de culture, à la

température du laboratoire, la végétation est très appa rente. Les filaments stériles, d'abord blancs en masse, prennent ensuite une teinte fauve-rosé pâle. Les spores, abondantes, donnent aux parties fructifères une teinte blanche et une apparence farineuse. L'Isaria farinosa résiste à des écarts notables de température. C'est ainsi que les exemplaires qui ont été l'origine de ces cultures ont subi pendant l'hiver un froid de 25 degrés. Leur résistance à des températures élevées n'est pas moins énergique.

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M. de Bary a montré que l'Isaria farinosa est fort répandu dans la nature, et il l'a fréquemment rencontré sur le sol, dans la mousse ou entre les feuilles tombées. Il a réussi à produire avec ce cryptogame des infections artificielles des chenilles de différents insectes. Récemment M. Giard l'a cultivé et a conseillé d'essayer de l'utiliser pour détruire les larves nuisibles à l'agriculture; mais aucun effort n'a été tenté dans ce sens.

MM. Sauvageau et Perraud ont fait à ce sujet plusieurs expériences sur la chenille de la Cochylis.

A diverses reprises, des chenilles de cochylis ont été recueillies dans un vignoble et distribuées dans le laboratoire sur des grappes fraîchement coupées, maintenues sous une cloche humide, et sur lesquelles des spores prises sur les cultures du champignon Isaria farinosa avaient été répandues. Ces expériences ont parfaitement réussi. Au bout d'un temps variant de huit à dix jours, toutes les cochylis étaient infectées et momifiées. Des cochylis portées comparativement sous une autre cloche et déposées sur des grappes dépourvues de spores se sont maintenues vivantes. Dans d'autres expériences, on a également constaté l'infection facile des papillons et même des chrysalides.

On a aussi répandu sur des grappes, dans le vignoble même, des spores d'Isaria farinosa diluées dans de la fécule; les résultats ont été imparfaits. Les résultats ont été meilleurs en aspergeant les grappes avec de l'eau dans laquelle on avait délayé les mêmes spores. Dix jours

après, le tiers ou la moitié environ des chenilles étaient momifiées.

L'Isaria farinosa peut donc être utilisé comme parasite destructeur de la cochylis. Sans doute le fait d'en asperger les grappes d'un vignoble présentera certaines difficultés pratiques et nécessitera des cultures abondantes. Les pulvérisateurs à liquide pourraient être employés pour répandre les spores, mais l'efficacité du traitement, pratiqué de bonne heure, est désormais établie. De plus, puisque M. de Bary a démontré que l'Isaria farinosa est fréquent dans la nature, puisqu'on l'a rencontré sous l'écorce des vignes et qu'il est très résistant aux variations de température, les traitements successifs ajouteront leurs effets chaque année en accumulant l'Isaria sur les souches. Lorsque en septembre les chenilles de deuxième génération se retirent sous les écorces des ceps et dans les fissures des échalas pour y passer l'hiver à l'état de chrysalide, elles rencontreront le champignon parasite et s'infecteront d'elles-mêmes. Par suite, il s'agit simplement d'exagérer les conditions naturelles d'existence de ce champignon. L'aspersion des souches deviendrait ainsi un traitement préventif. Sur des vignes ainsi traitées, on devrait naturellement éviter l'échaudage et l'écorçage.

On fonde beaucoup d'espérances sur le Botrytis tenella (ou Isaria densa) pour détruire le ver blanc ou larve du hanneton. Il n'est pas douteux que l'Isaria farinosa puisse être utilisé plus facilement encore contre la cochylis, insecte aérien, dont les habitudes relativement sédentaires sont bien connues.

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L'anthonome, insecte parasite du pommier.

A la Société nationale d'agriculture de France, M. Henneguy a attiré l'attention sur un petit coléoptère,

l'anthonome, qui, pendant les mois d'avril, de mai et de juin, fait de très grands ravages sur le pommier, en détruisant un grand nombre de ses boutons à fleurs.

Cet insecte, de la famille des Charançons, est grisbrun plus ou moins foncé; il est vif, agile, marche et vole avec une grande rapidité. Si on le prend ou s'il est inquiet, il fait le mort et ne reprend son agilité que quand le danger a disparu.

Pendant l'automne et l'hiver, il se tient caché sous les écorces crevassées du pommier, du chêne, sous les mousses, les lichens, ou les feuilles qui couvrent le sol. Au retour du printemps, il sort de sa retraite et s'accouple. La femelle, après l'accouplement, perce un trou rond dans un bouton à fleur, et y dépose un œuf. Cette ponte terminée, et elle a lieu très promptement, la femelle passe à un autre bouton à fruit, et ainsi de suite. La ponte est surtout très active quand le temps est beau et chaud.

L'éclosion a lieu du sixième au neuvième jour dans le bouton, qui continue à se développer jusqu'au moment où la larve commence à se nourrir des organes floraux.

Chaque larve naît au milieu des étamines; elle est protégée contre les injures du temps par les enveloppes florales. C'est vers la fin de mai ou au commencement de juin que cette larve a acquis toute sa croissance aux dépens de la fleur. Arrivée à cet état, elle a 8 millimètres de long. Alors elle se métamorphose en nymphe, et, huit jours après, en insecte parfait, pour continuer son œuvre de destruction, si toutes les fleurs des pommiers ne sont pas épanouies.

Le moyen de destruction consiste, quand les anthonomes circulent sur les branches avant la ponte des femelles, à étendre sur le sol et sous le pommier une grande toile ou bâche fendue de manière à pouvoir envelopper la base de l'arbre, et à secouer les branches avec une gaule munie d'un crochet, afin d'y faire tomber les insectes, et de les détruire en les plongeant dans un lait de

chaux.

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Les maïs et le Sitotroga cerealella.

Les récoltes de maïs de plusieurs de nos départements méridionaux sont en ce moment dévastées par une petite chenille qui vit à l'intérieur des grains, aussi bien de ceux sur pied que de ceux rentrés au grenier, égrenés ou non. Des dégâts considérables sont signalés dans les Landes et les Basses-Pyrénées. Dans ce dernier département le mal est si grand, que bien des cultivateurs se demandent s'il leur restera du maïs pour ensemencer.

D'après M. Lesné, préparateur au Muséum d'histoire naturelle de Paris, la chenille dont il s'agit est celle d'un petit papillon de la famille des Tinéides, le Sitotroga cerealella, connu, bien à tort, sous le nom d'Alucite des grains, les papillons du genre Alucita étant fort différents de ceux du genre Sitotroga.

Voici, d'après M. J. Lesné, le signalement de cet insecte. Sa taille n'est pas grande : le papillon, les ailes déployées, ne mesure pas plus de 13 millimètres d'envergure. La tête est lisse; les palpes sont longues et s'élèvent au-dessus d'elle : la trompe est bien développée, enroulée sous la tête à la façon habituelle. Les ailes sont étroites, pointues au sommet, d'une couleur jaune d'ocre avec de petits points noirâtres surtout vers le bout. Elles forment, au repos, un toit surbaissé, arrondi.

La chenille est blanche, glabre; sa tête est petite, brunâtre. Les quatre premières paires de pattes abdominales ne sont visibles qu'à l'aide d'une forte loupe.

Les mœurs du Sitotroga rappellent beaucoup celles du charançon du blé. Chez ces deux insectes, l'œuf est pondu sur le grain, où la jeune larve pénètre peu après l'éclosion. Elle en ronge complètement l'intérieur, sans respecter l'embryon, comme font les larves de bruches vivant dans

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