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les graines de légumineuses. La métamorphose a lieu dans le grain vidé. Seulement, tandis que le charançon ne commet ses dégâts que dans les greniers, le Sitotroga attaque indifféremment les grains sur pied et ceux qui sont engrangés. En outre, la larve du charançon ne vit guère que dans les grains de blé, tandis que les chenilles de Sitotroga se développent aussi bien dans ceux du seigle, de l'orge et même du maïs que dans les premiers.

Les procédés de destruction à employer contre le Sitotroga sont, dit M. Lesné, les mêmes que ceux en usage contre le charançon du blé. Ils peuvent se ranger sous trois rubriques :

1° Emploi des vapeurs insecticides, par exemple du sulfure de carbone. Le procédé est trop connu pour que nous y revenions.

2o Chauffage des grains suffisamment. prolongé à une température comprise entre +50 et +55 degrés.

La farine n'est pas altérée ni l'embryon tué, tandis que les insectes placés dans les mêmes conditions sont détruits. La grande difficulté est de régler exactement le chauffage.

3o Emploi des tarares à grande vitesse comme ceux qu'on utilise dans beaucoup de moulins, ou bien qu'on obtient en faisant modifier les tarares ordinaires, de manière à obtenir une vitesse de 2000 mètres par minute à la circonférence des aubes.

On sait qu'il existe un autre Tinéide, la teigne proprement dite (Tinea granella), parasite de nos provisions de grains. Le papillon se distingue très facilement de celui du Sitotroga, et la chenille, s'attaquant à toutes sortes de graines, ne vit pas dans leur intérieur. Elle file une toile assez lâche, réunissant entre eux un certain nombre de grains qu'elle entame tous. Les pelletages fréquents et la grande propreté du grenier suffisent, en général, pour se débarrasser de cette teigne.

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Deux nouvelles maladies du mûrier.

MM. G. Boyer et F. Lambert ont observé deux nouvelles maladies sur le mûrier blanc : l'une est causée par une bactérie, l'autre par un champignon.

La maladie causée par une bactérie (Bacterium Mori) est grave sur les jeunes mûriers de pépinière, dont elle compromet l'existence en arrêtant le développement des rameaux. Cette affection se manifeste extérieurement par des taches d'un brun noir, réparties, en des points quelconques, à la face inférieure des feuilles et sur les rameaux. Les taches des rameaux ont des formes et des dimensions variées; ordinairement ovales, allongées dans le sens de la longueur des rameaux, elles s'étendent fréquemment sur un seul côté de ceux-ci, mais peuvent embrasser tout leur pourtour. Elles se dépriment suivant leur grand axe et souvent se creusent en forme de trous, plus ou moins profonds, atteignant parfois jusqu'à la moelle. Très fréquemment les altérations débutent par le sommet des rameaux, qui semblent alors carbonisés sur une longueur de quelques centimètres à plusieurs décimètres et se courbent en forme de crosse. Sur les feuilles, les taches des nervures se creusent comme celles des rameaux. Sur le parenchyme, elles sont moins étendues et très rapprochées; elles forment, en se réunissant, des lésions de dimensions variables, qui passent d'une teinte. couleur rouille à une coloration noire.

Le Bacterium Mori existe dans l'épaisseur des tissus, qu'il détruit en creusant, surtout dans l'épaisseur des rameaux et perpendiculairement à leur longueur, des cavités dans lesquelles il se multiplie en colonies serrées et qui sont limitées par des cellules brunies par le parasite. MM. G. Boyer et F. Lambert ont produit artificiellepar inoculation du parasite pris sur les rameaux les

ment

L'ANNÉE SCIENTIFIQUE.

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taches du parenchyme et celles des nervures. Le Bacterium Mori isolé et cultivé en surface, sur milieux artificiels solides, donne des éminences hémisphériques qui du blanc hyalin passent au jaune.

La seconde maladie du mûrier qui est provoquée par le développement d'un champignon que les auteurs de cette recherche n'ont pu encore déterminer, est plus commune que la précédente. Elle amène chaque année la disparition d'un grand nombre d'arbres, dans toutes les parties de la région séricicole du midi de la France. Lorsqu'un mûrier est ainsi attaqué, les bourgeons ou les feuilles se flétrissent et se dessèchent. La maladie débute par le sommet des rameaux, se propage vers la base et gagne peu à peu les branches principales, le tronc et en dernier lieu les racines. Ces divers organes périssent successivement et le mûrier meurt en présentant dans le bois des colorations d'un gris plus ou moins foncé.

Ces altérations sont certainement causées par le mycélium d'un champignon parasite, qui est le plus souvent localisé dans les vaisseaux du bois et que l'on suit des parties saines vers les parties malades. Ce mycélium est variqueux, cloisonné, ramifié, d'abord blanchâtre, puis d'un jaune pâle, et définitivement brun.

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La miellée du tilleul.

On sait que, pendant les années sèches, les feuilles de certains arbres, comme le tilleul et l'érable, se recouvrent fréquemment d'une exsudation poisseuse, qui peut devenir assez abondante pour tomber en gouttelettes sur le sol. Cette exsudation, qui a reçu le nom de miellée, à cause de sa saveur, paraît être liée à l'existence d'un puceron qui vit alors en parasite sur la feuille; elle a donc une origine semblable à celle des mannes. Il était intéressant

de savoir si la même analogie se retrouve dans la composition de ces différents produits.

En 1869, Boussingault a étudié à ce point de vue la miellée de tilleul, recueillie par lui-même dans le jardin du Liebfrauenberg. Dans son mémoire il signale dans ce produit naturel la présence du sucre ordinaire, mélangé de sucre interverti et d'un peu de dextrine.

Ces conclusions, fondées uniquement sur l'examen de la miellée au polarimètre et sur la mesure de son pouvoir réducteur, avant et après l'hydrolyse, ne présentent aucun caractère de certitude. M. Maquenne a repris cette question, dont l'étude était particulièrement facile en 1893, à cause de l'extrême abondance de la miellée.

Pour extraire la miellée des feuilles, il suffit de les laver à l'eau ordinaire et de concentrer ensuite les liquides au bain-marie jusqu'à consistance sirupeuse.

Avec 100 kilogrammes de feuilles fraîches de tilleul, M. Maquenne a obtenu ainsi environ 1 kilogramme d'un sirop brun, possédant une saveur fortement sucrée, avec un arrière-goût un peu amer.

Sous cette forme le produit paraît être incristallisable; mais si on le traite d'abord par l'alcool faible, qui précipite une substance gommeuse, puis par l'alcool à 90 degrés, on ne tarde pas à voir la masse se remplir de cristaux microscopiques, qui s'attachent au verre partout où on l'a frotté.

Ces cristaux sont sans aucun doute identiques à ceux que Boussingault a vus se produire dans ses expériences et qu'il a pris pour du sucre ordinaire; cependant ils ne présentent aucune des propriétés de la saccharose. Loin de là: il a été impossible, même après plusieurs purifications des sirops par l'alcool, d'obtenir aucun produit devenant lévogyre par l'interversion, ainsi que cela devrait être si le mélange était riche en sucre de canne. D'ailleurs les cristaux de sucre se dissolvent et disparaissent dans les sirops de miellée sans en provoquer la cristallisation, alors même qu'ils sont assez concentrés pour cristalliser d'eux-mêmes après quelques jours.

Il était dès lors évident que le sucre cristallisable de la miellée devait être un polyglucose, donnant par l'hydrolyse des produits dextrogyres. Pour le démontrer, il fallait isoler les cristaux de la masse qui les emprisonnait. On y a réussi par un essorage et une suite de cristallisations dans l'alcool: on a pu de cette manière recueillir 100 grammes d'une matière absolument blanche et pure qui s'est trouvée identique à la mélézitose de la manne de Perse et par conséquent au sucre découvert autrefois par M. Berthelot dans la manne du mélèze.

En effet, le sucre de la miellée possède un pouvoir rotatoire dextrogyre égal à 88 degrés, qui se réduit à 50 degrés environ après l'hydrolyse complète; il donne lentement, par ébullition avec l'acétate de phénylhydrazine, un mélange de phénylglucosazone ordinaire, très bien cristallisée, et de phénylturanosazone gélatineuse qui, d'après les recherches antérieures de l'auteur, est absolument caractéristique de la biose qui se forme dans l'hydrolyse faible de la mélézitose. Il fond exactement à la même température que la mélézitose de la manne du Turkestan, enfin ses dissolutions cristallisent rapidement au contact d'une amorce de mélézitose vraie, tandis qu'elles ne subissent aucune influence de la part des autres sucres.

En même temps que la mélézitose, la miellée renferme un sucre réducteur, déjà signalé par Boussingault, et qui paraît être surtout formé de glucose ordinaire, car son pouvoir rotatoire ne change que fort peu avec la température; enfin on y trouve une matière gommeuse, que cool précipite en partie sous la forme de flocons bruns.

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A cause de l'indétermination qu'entraîne la présence de ce dernier produit, il est impossible de fixer la composition quantitative de la miellée; mais si l'on songe que 1 kilogramme de sirop à 50 pour 100 a donné 100 grammes de mélézitose cristallisée pure, on n'exagère pas en estimant à près de 40 pour 100 la richesse du miellat brut en mélézitose. Il y aurait donc là une source nouvelle et parfois abondante de ce sucre intéressant, isornère de la raffinose,

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