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La coque de ces œufs était mince, souple et fragile; elle était remplie d'un vitellus rappelant beaucoup, par sa couleur, sa consistance et même par sa saveur, le jaune de l'œuf de poule.

Soumis à la presse, les œufs ont laissé échapper le vitellus sous la forme d'un fluide visqueux, épais, semblable à du miel.

Ce vitellus, traité à froid par un mélange à parties égales d'éther et d'alcool, a fourni un liquide éthéroalcoolique d'un beau jaune d'or. Celui-ci, évaporé à l'air libre, a abandonné, outre une certaine quantité d'eau, une huile jaune d'or, parfaitement limpide, facile à séparer par décantation.

Cette huile rappelle par sa couleur et par sa consistance l'huile de jaunes d'œuf de poule et laisse, peu de temps après son extraction, déposer des cristaux radiés, très réfringents, qui disparaissent au bout de quelques jours.

A l'état frais, l'huile d'œufs de sauterelles a une odeur légèrement herbacée et une saveur un peu âcre, qui s'accentue plus tard. Elle rancit rapidement et prend alors une odeur d'huile de foie de morue très accentuée, en même temps que son âcreté augmente.

A la température de +2 degrés, elle prend la consistance du beurre, et, chauffée dans un verre de montre à une température relativement peu élevée, elle brûle, sans fumée, avec une flamme claire, bleuâtre comme celle de l'alcool.

La soude caustique la saponifie facilement; l'acide sulfurique concentré la colore en rouge brun, passant rapidement au noir. L'acide azotique l'épaissit, en lui donnant une couleur chair, à froid; mais par la chaleur elle se fluidifie de nouveau et passe rapidement au rouge brun, puis au noir. Sous l'action du nitrate acide de mercure, elle se solidifie en prenant une couleur fleur de pêcher, puis jaune. Le permanganate de potasse et l'acide chromique lui communiquent une teinte olivâtre, et avec la solution iodo-iodurée elle se colore en rouge brun foncé.

M. Malbot, de l'École supérieure des Sciences d'Alger, a recherché dans cette huile la présence du phosphore. L'analyse a démontré que l'huile préparée à Tlemcen par le procédé indiqué plus haut renfermait une très forte quantité de phosphore: elle a été évaluée, en anhydride phosphorique, à 1,92 pour 100 d'huile en poids. Elle ne contient pas de soufre.

La proportion d'huile contenue dans 1 kilogramme d'œufs de ponte récente a paru être environ de 40 à 50 grammes. Ce rendement serait assez grand, étant donné que l'auteur a vu chez l'administrateur de Nedroma, commune mixte de la province d'Oran, des tonneaux d'œufs résultant du ramassage opéré par les indigènes dans une seule journée.

L'huile se modifie et disparaît dans l'œuf au fur et à mesure de son développement. Elle sert vraisemblablement en grande partie à produire de la chaleur chez l'insecte; car, en plongeant un thermomètre dans une caisse d'œufs près d'éclore, M. Dubois a trouvé une température oscillant entre 41 et +42 degrés.

Si, comme il est permis de l'espérer, l'huile d'œufs des criquets algériens peut être utilisée, soit en thérapeutique, soit dans l'industrie, ce serait assurément la meilleure prime offerte à la destruction du fléau de l'agriculture algérienne.

L'EXPOSITION UNIVERSELLE

ET INTERNATIONALE DE CHICAGO

Bien qu'il ait été un moment fort injustement contesté, le succès de l'Exposition universelle de Chicago, la Foire du Monde (World's Fair), comme on l'a appelée, ne saurait être un instant mis en doute. On ne peut que rendre hommage aux efforts gigantesques qu'il a fallu accomplir pour édifier tant de palais magnifiques, et faire des marécages du grand lac Michigan un parc splendide, peuplé de constructions superbes. Sous le rapport de l'espace, l'Exposition américaine laissait loin derrière elle celle de Paris de 1889, dont elle avait neuf fois et demie l'étendue, et ne le cédait à celle-ci qu'au point de vue de l'élégance et du bon goût. L'impression qu'elle donnait était celle d'un spectacle grandiose et colossal, où s'affirmait un sentiment réel de l'art décoratif. On voyait que tout un peuple s'était appliqué à créer quelque chose de plus vaste, de plus imposant que tout ce qui avait apparu jusqu'à ce jour, et qu'il avait pleinement réussi dans son ambitieuse. tentative.

C'est le 1er mai 1893 qu'a eu lieu l'inauguration officielle, par une cérémonie assez courte d'ailleurs, et qui se tenait en plein air. On estime que trois cent mille personnes y assistaient.

Le programme, fort simple, a été vite rempli. Un pas

L'ANNÉE SCIENTIFIQUE.

XXXVII.

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teur protestant a appelé les bénédictions du ciel sur la nouvelle entreprise; le président Cleveland a fait un discours très bref; puis il a touché un bouton électrique qui a mis instantanément en marche toutes les machines de l'Exposition. Le directeur général, M. Georges Davis, a présenté les chefs de chaque département, deux orchestres nombreux ont exécuté des morceaux choisis; des chœurs ont chanté quelques hymnes appropriés à la circonstance, et la cérémonie était terminée.

Si le tableau offert aux invités était modeste, le cadre, l'entourage, le décor de cette scène représentaient la vue la plus merveilleuse peut-être qu'il ait été donné à quelqu'un de contempler. Jamais on n'avait vu de si vastes édifices que ceux qui ont été construits dans la White City (Ville Blanche), nom donné aux principaux bâtiments de l'Exposition. Des économistes estiment que la fortune réunie du monde entier n'aurait pu suffire à construire, en matériaux durables, tels que marbre, pierre, bronze, fer ou acier, avec tous ses splendides accessoires et décorations, ses fresques et ses statues, une Ville Blanche telle qu'on la voyait à Chicago.

On avait devant soi le pavillon affecté à l'administration, qui n'avait pas coûté moins de 4 millions, et qui constituait le joyau principal du grand écrin de la Ville Blanche.

A droite était le Bâtiment des Mines, énorme par ses dimensions, splendide par ses ornements, et qui était en rapport avec l'immense production de l'Amérique en minéraux, métaux et gisements métalliques.

Là, près d'une grande statue de sel, envoyée par l'Angleterre, se trouvaient réunis les cuivres de la NouvelleGalles du Sud, les fers et les aciers de l'Allemagne, les asphaltes et les ciments français, les marbres et l'or de la Californie, les pétroles américains et russes, avec quantité d'échantillons de minéralogie, appartenant à divers pays, accompagnés de modèles des machines servant à leur extraction.

Près de la section des mines, à droite, s'élevait le vaste édifice réservé à l'Électricité et à ses nombreuses applications, particulièrement à l'éclairage électrique et au transport de la force. Berceau de l'éclairage électrique, l'Amérique avait tenu à honneur de mettre sous les yeux du visiteur tout le matériel se rapportant à cette grande industrie. La toiture était ornée de dix tourelles et surmontée de quatre dômes majestueux. Deux millions et demi avaient été consacrés à sa construction. Sous la porte principale se dressait la statue de Benjamin Franklin.

En continuant son chemin sur la droite, on rencontrait le colossal édifice désigné sous le nom du Pavillon des Manufactures et des Arts libéraux, qui n'avait pas moins de 2 kilomètres de tour.

Les appareils et produits de la France, de l'Angleterre, de l'Allemagne et des États-Unis étaient groupés au centre des galeries de ce vaste bâtiment, qui était divisé en trente-quatre sections, subdivisées elles-mêmes en groupes, qui permettaient l'exhibition de plus de deux cents industries. Tout autour de l'immense galerie principale étaient installés les produits des arts libéraux.

C'est dans le Palais des Manufactures que se sont mesurés, comme en champ clos, les industriels de toutes les nations, et chacun avait fait de son mieux pour mettre son exposition en harmonie avec le vaste et beau cadre dont il disposait. Parmi les nations étrangères, la France et l'Allemagne se disputaient la palme. Si la première a conservé ce fin et ce cachet de bon goût qui caractérisent ses produits, il faut convenir que l'Allemagne, qui n'avait participé à aucune Exposition universelle depuis celle de Philadelphie, a fait constater des progrès considérables dans ses diverses industries. La grille en fer forgé servant d'entrée à cette section était de toute beauté.

L'exposition des manufactures de l'Autriche-Hongrie, ainsi que celle de la Belgique et de la Russie, étaient également fort remarquables.

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