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bazars japonais, un panorama des Alpes suisses et un superbe palais mauresque, une reproduction exacte d'une maison pompéienne.

La rue du Caire était moins intéressante que celle qui avait été créée au Champ de Mars en 1889. On y voyait des villages algériens et tunisiens, des Arabes sous leurs tentes, des temples de bouddhistes; mais on y aurait cherché vainement la célèbre danse du ventre.

Nous avons, dans cette revue rapide, donné une idée de l'ensemble des constructions dont le groupement constituait la grande foire colombienne. Il nous reste à dire un mot de la part respective que chaque nation avait prise à ce tournoi industriel.

Il y avait 55 nations et 37 colonies étrangères. Le montant total des sommes dépensées par ces différents pays s'élève à plus de trente-cinq millions de francs. Les bâtiments et l'arrangement des terrains, les lacs, lagunes, etc., ont coûté plus de cent millions.

La nation qui, après les États-Unis, avait consacré à son exposition la dépense la plus élevée était l'Allemagne, qui avait voté quatre millions. La France venait ensuite, avec un budget de trois millions sept cent mille francs. Le Japon, avec trois millions cent soixante mille francs, prenait le troisième rang; il était suivi par le Brésil, avec trois millions de dépenses.

L'Angleterre n'avait pas montré beaucoup d'enthousiasme; son gouvernement avait alloué seulement un million quatre cent cinquante mille francs, moins que la Russie, le Canada et deux ou trois autres pays. Aussi la Grande-Bretagne n'avait-elle que cinq cents exposants pour représenter son industrie. L'Exposition de Philadelphie, en 1876, avait eu huit cents exposants anglais. Mais à la galerie des Beaux-Arts onze cents tableaux étaient exhibés par des artistes anglais. Toutefois il faut dire que la moitié de leurs tableaux étaient mauvais.

Le premier volume du Catalogue officiel fait ressortir.

qu'il y avait plus de trente-cinq mille participants à l'Exposition au moment de l'ouverture, et ce nombre s'est élevé plus tard à quarante mille.

Nous avons voulu conserver dans ce volume de l'Année scientifique un souvenir de l'Exposition américaine. C'est pour cela que nous avons placé au frontispice de l'ouvrage un dessin représentant la grande balançoire construite par le mécanicien Ferris, et qui est bien, par ses dimensions et son objet, un type de l'esprit américain, qui aime la grandeur dans la banalité.

La roue Ferris, qui a été le clou de l'Exposition de Chicago, comme la Tour Eiffel avait été celui de l'Exposition française de 1889, est la réalisation, avec des dimensions énormes, des roues de nos fêtes foraines, dans lesquelles un public infatigable fait un voyage circulaire aérien, dans de petits wagonnets articulés attachés à la circonférence d'une roue.

La roue colossale de l'Exposition de Chicago ne fut autorisée qu'en décembre 1892, car l'administration de l'Exposition craignait des accidents, qui étaient toutefois peu probables, grâce aux précautions prises. Avec la fougue américaine, les pièces de sa construction étaient prêtes en janvier 1893, et son inauguration eut lieu le 21 juin.

Cette grande roue avait 76m, 175 de diamètre, 9m,141 de largeur, et elle était élevée sur fondations à 4,570 au-dessus du sol.

Mise en mouvement au moyen d'engrenages, par une machine à vapeur de la force de 1000 chevaux, elle portait, suspendues à sa circonférence, 36 voitures ressemblant à de grands wagons de chemin de fer, et offrant au public 40 places chacune. Moyennant la somme de 2 fr. 50, on avait droit à deux tours complets de roue, c'est-à-dire à 30 minutes environ de séjour dans l'appareil. Les voyageurs aériens avaient l'impression d'une sorte de voyage en ballon captif à une hauteur d'environ 76 mètres audessus de l'Exposition, dont ils découvraient, par les fe

nêtres des wagons, les aspects successifs à différentes hauteurs.

Le dessin de notre frontispice montre la roue Ferris au moment où elle va se mettre en mouvement, chargée de voyageurs. Un agent se tenait dans chaque voiture, pour en ouvrir et en fermer les portes, veiller à l'ordre et donner aux excursionnistes des explications sur le paysage qui se déroulait sous leurs yeux. Il est superflu d'ajouter que les fenêtres étaient grillagées, afin d'ôter à certains voyageurs l'envie d'interrompre personnellement leur ascension, en faisant un saut dans l'espace.

Chacun des wagons chargé de ses voyageurs ne pesait pas moins de 16 tonnes. L'essieu central de la roue, ou plutôt son axe, avait 0m,813 de diamètre et 13m, 71 de longueur. Des freins puissants, à lames d'acier, réglaient avec une précision parfaite tous les mouvements de l'appareil, lequel, entièrement asservi, ne restait jamais libre et ne pouvait faire le moindre mouvement de rotation en avant ou en arrière qui ne lui fût commandé.

La roue Ferris a obtenu un succès considérable. Cette roue monstrueuse, de 75 mètres de diamètre, qui faisait tournoyer dans les airs 2160 personnes à la fois, a couvert, en moins de trois mois, le prix de sa construction. (1 500 000 francs) par les bénéfices réalisés. Les recettes ont continué jusqu'à la clôture de l'Exposition, sur le pied d'environ 40 000 francs par jour.

On a dit que l'Exposition de Chicago s'est liquidée par un déficit de 2 millions, alors que l'Exposition de Paris, en 1889, avait donné un bénéfice de 8 millions1. Mais qu'est-ce qu'une perte de 2 millions pour les riches Américains? Et d'ailleurs, ce n'est pas l'argent qui est à considérer dans ces belles envolées du progrès. Ce qu'il faut admirer, ce qu'il faut honorer chez les organisateurs de l'Exposition des bords du lac Michigan, c'est leur

1. L'Exposition de Chicago a reçu environ 21 millions de visiteurs payants; celle de Paris, de 1889, en avait reçu 25 398 609.

noble ambition d'avoir voulu créer quelque chose de plus vaste, de plus imposant que ce qui avait été fait avant eux. Et qui peut dire que ce résultat, les Américains ne l'aient pas obtenu? Pendant que l'Angleterre, dans un esprit étroit d'égoïsme manufacturier, a renoncé depuis 1862 aux Expositions universelles, les grandes nations du continent de l'Europe et celles des États-Unis d'Amérique persistent à l'envi à maintenir et à agrandir ces assises périodiques de l'industrie et des arts. Il faut applaudir à une si noble pensée. L'Exposition que la France prépare pour la dernière année de ce siècle n'atteindra pas assurément, sous le rapport de l'étendue des surfaces occupées, celle de Chicago, mais on peut assurer qu'elle la dépassera par le déploiement des qualités propres à notre nation: la correction et la méthode, le goût artistique et la perfection de la main-d'œuvre dans l'exécution mécanique.

Il est beau de voir la société contemporaine se créer de telles rivalités dans la voie pacifique du perfectionnement industriel. Cela prouve qu'en dépit des esprits moroses et des ennemis actuels de l'ordre social, le génie de l'humanité n'a rien perdu de sa puissance, ni de ses ressources infiniment variées, ni de son caractère éminemment bienfaisant et civilisateur.

ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES

Séance publique annuelle de l'Académie des Sciences de Paris, tenue le 21 décembre 1892.

M. d'Abbadie, président de l'Académie, donne une mention sommaire de la vie et des travaux des membres titulaires de l'Académie décédés en 1892, à savoir: le professeur Richet, Armand de Quatrefages, Jurien de la Gravière, Ossian Bonnet, l'amiral Mouchez, directeur de l'Observatoire de Paris; et parmi les associés étrangers et lês académiciens libres, sir George Airy, Louis Lalanne, auxquels il faut joindre, parmi les correspondants, l'hydraulicien marquis de Caligny, le mathématicien de Louvain, Gilbert, Adams, directeur de l'Observatoire de Cambridge (Angleterre), enfin le physicien de Bordeaux, Abria.

Après le discours du président, M. Bertrand, l'un des secrétaires, perpétuels, donne l'énumération des prix, récompenses et médailles décernés par l'Académie pour l'année 1892.

Nous allons donner l'analyse des rapports des commissaires de chaque section, qui ont déterminé la délivrance de ces prix.

GÉOMÉTRIE.

Grand prix des sciences mathématiques (3000 francs). — La question mise au concours était la suivante : Détermination des nombres premiers inférieurs à une quantité donnée. Ce prix est décerné à M. Hadamard, qui a donné une solution complète du théorème proposé.

Prix Bordin (3000 francs). — La question proposée en 1890

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