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postérité. M. Wyttenbach (1) ne s'exprime pas avec moins de force sur le mérite de ce grand ouvrage : Quo opere quantum incrementi allatum sit, cum ad intelligentiam Herodoti aliorumque scriptorum, tum ad judicium et cognitionem omnius illius historic et antiquitatis, si diserta epitome signi ficare velimus, vix nobis centum paginæ sufficiant. Ailleurs (2) il appelle M. Larcher le plus exact et le plus savant de tous les interprètes d'Hérodote. M. Chardon de La Rochette (3), se rencontrant avec M. de Sainte-Croix dans l'expression de son admiration, dit que la traduction d'Hérodote mérite toute notre reconnoissance et celle de la postérité. Enfin M. Larcher a obtenu un honneur duquel ont joui fort peu de commentateurs : sa chronologie a été traduite en latin par M. Borheck (4), en allemand par M. Degen (5); et ses notes ont paru dans les principales langues de l'Europe (6).

Au commencement de 1785, le roi créa dans l'Académie un comité de huit membres chargés de faire connoître, par des notices et des extraits, les manuscrits de la Bibliothèque royale. M. Larcher fut nommé; mais il refusa, faute de loisir, et sa place fut donnée à M. de Vauvilliers (7). Il est à

Biblioth. crit. III, 2, pag. 153.

(2) Selecta, pag. 344.

(3) Mélanges, tom. 3, pag. 115.

(4) Trad. d'Hérodote, tom. 1, pag. xxxix; tom. 7, pag. 7. (5) M. Ersch, la France littéraire, tom. 2, pag. 251. (6) M. de la Rochette, Mélanges, tom. 1, pag. 59; tom. 3,

pag. 83.

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(7) Notices des Mss. tom. I, pag. iv. Je ne crois pas que le défaut de loisir fût le vrai motif de ce refus. J'ai entendu dire à M. Larcher qu'il avoit refusé n'être pas pour confrère de M. de Vauvilliers. Sa mémoire le servoit mal, puisque M. de Vauvilliers fut son successeur. Peut-être crai

le

regretter qu'il n'ait pu voulu accepter. ou n'ait pas Ayant une grande connoissance de la langue grecque, une grande habitude de lire les manuscrits il est hors de doute qu'il eût très-utilement coopéré aux travaux du comité, et nous lui aurions probablement l'obligation de lire aujourd'hui, dans les Notices, le Vocabulaire étymologique d'Orion, dont il avoit fait, pour son usage, une copie qu'il a depuis envoyée à M. Wolf. C'est en reconnoissance de ce présent que M. Wolf lui a dédié son édition de quatre Discours de Cicéron. Le mot

gnoit-il d'être associé à M. de Villoison, qui étoit un des huit commissaires, et qu'il aimoit fort peu, parce qu'au fait M. de Villoison étoit fort peu aimable. Quoi qu'il en soit, ce mot de M. Larcher prouve qu'il goûtoit médiocrement la personne de M. de Vauvilliers. Intimement lié avec M. Brunck, M. Larcher avoit épousé les sentiments et les querelles de ce savant, qui a toujours, comme on le sait, parlé de M. de Vauvilliers avec le dédain le plus impertinent. De son côté, M. de Vauvilliers ne paroît pas avoir tenté de se concilier M. Larcher. Il lut même, en pleine Académie, une dissertation, qui n'a point été imprimée, où il essayoit de le réfuter sur un point de la chronologie d'Hérodote (Voyez Trad. d'Hérod. tom. 4, pag. 288.). Au reste, M. Larcher avoit eu antrefois avec M. de Vauvilliers des relations plus amicales, et il lui avoit fort obligeamment communiqué de nombreuses observations sur Pindare. M. de Vauvilliers les cite souvent et avec reconnoissance, dans son Essai sur ce poète (p. 217, 223, 224, 228, etc. Voy. Trad. d'Hérod. tom. 5, pag. 283). M. de Vauvilliers n'est pas le seul à qui M. Larcher ait rendu de ces services littéraires. Il collationna Longin sur le Mss. de Paris pour l'édition de Toup (Voy. Toup, præf. Longin.); et sur plusieurs Mss. quelques idylles de Théocrite, de Bion, de Moschus, avec le second Autel de Dosiadas, pour les Analectés de Brunck (Voy. Brunck, præf. Anal. pag. xxvj.). Brunck lui dut aussi une bonne remarque sur Anacréon (Od. 23.), et une annonce très flatteuse de son édition de Sophocle (Journ. des Sav. 1783, déc.). En général, personne n'étoit plus obligeant, plus communicatif, plus aimable que M. Larcher.

Tidopov, employé par M. Wolf, ne seroit pas facile à entendre, sans cette explication. M. Wolf a promis de publier Orion, et il est fort à désirer qu'il puisse bientôt tenir cet engagement. Orion peut servir utilement à corriger le grand Étymologique, ou à le compléter: très-souvent il cite les noms des auteurs où il prend ses exemples, et cette exactitude le rend précieux (1).

Pendant la révolution, M. Larcher vécut dans une retraite profonde, ne s'occupant que de littérature, et particulièrement de la révision de son Hérodote dont il préparoit une seconde édition. Il fut peu tourmenté. On le traduisit devant le comité révolutionnaire; et ses papiers que l'on visita ne causèrent pas un médiocre embarras aux commissaires, gens peu chargés de grec et de latin. Pendant une nuit, il eut une sentinelle à sa porte; mais une bouteille de vin endormit le factionnaire, et le lendemain matin, muni d'un petit assignat que M. Larcher lui donna, il partit et ne revint plus (2). La persécution n'alla pas plus loin; et même, quand le gouvernement républicain, devenu plus tranquille et plus sage, eut la fantaisie d'encourager les hommes de lettres M. Larcher reçut, par décret, une somme de 3000 livres (3).

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D'après cette espèce de faveur, on peut s'étonner qu'il n'ait pas été compris dans la première formation de l'Institut. Au reste, il ne tarda pas à y entrer. La place de M. de Sacy ayant été déclarée vacante sous prétexte de non-résidence, M. Larcher, M. de Sainte-Croix et M. Chardon dé

(1) M. Bast, ad Gregor. Corinth. pag. 459.

(2) Raconté par M. de La Rochette. Voyez M. Wyttenbach, Bibl. crit. III, 2, pag. 143.

(3) Trois janv. 1795. Voyez M. Ersch.

La Rochette furent proposés pour la remplir. On élut M. Larcher (1); ce ne fut pourtant pas sans quelque résistance. Ses opinions politiques et religieuses étoient trop en opposition avec celles qui prévaloient à cette époque, pour que ce choix ne déplût pas à beaucoup de personnes; mais ses amis le servirent vivement, et l'emportèrent. Il disoit, en plaisantant, qu'il s'étoit surtout déterminé à accepter, parce qu'on l'avoit prévenu que les membres de l'Institut étoient payés en argent (2).

M. Larcher fut attaché à la section des langues anciennes de la classe de littérature et beaux-arts; mais pendant tout le temps que dura l'ancienne organisation de l'Institut, il ne fit aucun mémoire. Lorsque l'Institut fut divisé en quatre classes M. Larcher entra dans la troisième, et redevenu en quelque sorte, par ce changement, membre de l'Académie des Inscriptions, il reprit ses travaux académiques, et composa quatre dissertations (3) qui paroîtront dans les Recueils de la classe. La dernière lui avoit coûté beaucoup de travail, et donné tant de fatigue, qu'il en avoit pris du dégoût pour ce genre de recherches. « J'ai lu » écrivoit-il à M. Wyttenbach (4), «ou plutôt on a lu pour » moi (5), dans une séance de l'Institut, une dis>> sertation où je m'étois proposé de démontrer » qu'ils se sont trompés ceux qui ont écrit que » Callisthène avoit envoyé, de Babylone, à Aris

(1) Cinq therm. an iv. — 23 juill. 1796. (2) Raconté par M. de La Rochette.

(3) La première, sur les premiers Siècles de Rome; la deuxième, sur le Phénix; la troisième, sur la Pseudonymie de la harangue de Démosthène, en réponse à la Lettre de Philippe; la quatrième, sur les Observations astronomiques envoyées à Aristote par Callisthène.

(4) M. Wyttenbach, Philom. II, pag. 264. (5) Ce fut M. de Sacy qui fit cette lecture.

>> tote, des observations astronomiques faites par >> les Chaldéens, lesquelles remontoient à 1903 ans >> avant Alexandre; ou que, si Callisthène a en» voyé de telles observations, elles ne peuvent >> pas être plus anciennes que l'ère de Nabonassar, >> dont le commencement tombe en 747 avant notre » ère (1). J'ai lu et relu, pour cette dissertation, la » μezáλn oúrtağıs de Ptolémée. Tout ce travail, qui >> n'est peut-être qu'un radotage, m'a extraordi>> nairement fatigué; c'est au point que je suis à >> peu près dégoûté des mémoires et des disserta>>tions». Heureusement c'est à quatre-vingt-quatre ans qu'il commençoit ainsi à se dégoûter un peu de l'érudition.

Cette nouvelle édition d'Hérodote dont il étoit question tout à l'heure, parut en 1802. La table géographique est corrigée en beaucoup d'endroits; les notes sont fort augmentées, et il en est plusieurs qui contiennent les résultats de quelques mémoires qui devoient faire partie du Recueil de l'Académie des Belles-Lettres, et dont la suppression de cette savante compagnie avoit empêché la publication (2). L'Essai sur la Chronologie offre surtout des changements remarquables. Dans sa première édition, M. Larcher avoit hasardé quelques idées peu d'accord avec les vérités chrétiennes. Devenu, avec l'âge, et mieux savant et plus pieux, il a effacé toutes ces hardiesses.

Je devrois peut-être ne pas rappeler l'entreprise malheureuse d'un littérateur fort célèbre, qui entreprit, en 1808, de prouver que cette Chronologie étoit un tissu d'erreurs. M. Larcher l'avoit, dans ses notes, critiqué avec plus de vérité que de poli

(1) Traduction d'Hérodote, tom. 7, pag. 706; tom. 9, pag. 607. (2) Ibid. tom. 1. pag. lv.

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