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juger combien long et difficile à parcourir va être après lui le chemin qui conduira à une connaissance exacte du monde des êtres emplumés.

Après Pline, ce fut l'invasion des Barbares et ce fut la longue nuit médiévale. Pendant quinze cents ans, l'étude de l'histoire naturelle, presque absolument délaissée, n'a guère consisté qu'en de brèves et rares digressions sur ce qu'avaient affirmé les anciens et non en l'étude de la nature elle-même. Ci et là, au cours des siècles, quelques auteurs, timidement, esquissent quelques pages sur la zoologie.

C'est ELIEN, CLAUDIUS AELIANUS, né en Italie, mais qui, au début du III° siècle, disserta en grec sur les animaux, sur le porc en particulier et fit connaître quelques nouveaux oiseaux des Indes.

Plus tard, ce furent ISIDORE DE SÉVILLE (VII° siècle) et VINCENT DE BEAUVAIS (XIII° siècle), pâles reflets de Pline, et surtout GROOT, dit ALBERT LE GRAND, qui mourut en 1280. Celui-ci composa vingt-six livres De Animalibus, d'après le peu qu'on connaissait alors d'Aristote, et qui ne furent imprimés qu'en 1478. Le vingt-troisième livre s'occupe des oiseaux, mais nombre d'entre ceux qui y sont signalés sont trop mal décrits pour être reconnaissables.

Vers la même époque, l'empereur FRÉDÉRIC II D'ALLEMAGNE, grand chasseur, écrivit un ouvrage intitulé: De arte venandi cum avibus1, dont nous ne connaissons que des fragments et sur lequel nous aurons l'occasion de revenir à propos de l'historique des découvertes anatomiques.

1. De l'art de chasser au moyen des oiseaux, réédité à Munich en 1916, par V. Stadler.

Les ouvrages d'Aristote n'ont été connus au moyen âge que par des extraits tirés d'une traduction arabe. Les éditions intégrales ne parurent qu'au XVe siècle. La plus ancienne version latine de l'Histoire des animaux est celle de Gaza, mort en 1475; la plus ancienne édition grecque ne fut publiée que peu de temps après, en 1495.

C'était à l'époque héroïque des débuts de l'imprimerie. Jean Gutenberg, gentilhomme de Mayence, s'était associé vers 1450 avec Jean Fust, dont la fortune personnelle permit de mettre au point et d'exploiter sa merveilleuse invention des caractères mobiles.

Les deux associés commencèrent alors l'impression d'une Bible latine en grands caractères. L'aide de Pierre Schoeffer, de Gernsheim, qui trouva un procédé économique pour fondre les caractères métalliques et remplacer les caractères de bois, permit d'achever le travail en 1455.

Les premiers imprimeurs de Mayence faisaient mystère de leurs procédés. Ils imposaient à leurs ouvriers le serment de ne pas les divulguer, et jusqu'en 1465, sauf à Bamberg, l'imprimerie ne fut exercée qu'à Mayence.

C'est là que parut, en 1485, un ouvrage allemand devenu rapidement célèbre, le Gart der Gesundheit, par JOHANN WONNECKE VON CAUB, dans lequel parurent les premières figures imprimées d'oiseaux. Cet ouvrage eut quinze éditions successives, puis fut publié en latin, sous le titre d'Ortus sanitatis, dans lequel l'auteur latinisa son nom en celui de JOHANNES DE CUBA.

C'était un in-folio, imprimé en lettres gothi

ques, avec figures encadrées et coloriées à la main.

La partie traitant des oiseaux De Avibus compte 122 chapitres; chaque oiseau est très brièvement décrit, puis sous l'en-tête Operationes, l'auteur traite des effets thérapeutiques que l'on peut en tirer.

L' Ortus sanitatis eut, au cours du XV° siècle, cinq éditions, dont quatre sans dates, soit Mayence 1491; Strasbourg 1496, 1497 et 1499. La cinquième édition fut une traduction française qui parut en 1500 à Paris.

L'impression et la publication des ouvrages d'Aristote eut un tel retentissement parmi les lettrés, qu'au début des temps modernes, les commentateurs, éblouis, s'évertuèrent à travailler sur les données du philosophe grec et que longtemps encore, l'Histoire des animaux fut l'unique base de tout traité d'histoire naturelle.

Ces compilateurs furent de laborieux ouvriers des sciences, qui écrivirent parfois d'énormes infolios en latin, dans lesquels ils bornèrent leur ambition à copier ARISTOTE et PLINE, intercalant les faits nouveaux qui lentement et péniblement s'accumulaient.

Parmi ces compilateurs, il faut citer GUILLAUME TURNER (1500 à 1568), dit TURNERUS, théologien anglais que les hasards de sa vie de réformateur amenèrent à Ferrare, en Italie, où il se fit recevoir docteur en médecine. Puis, après les nombreuses vicissitudes d'une vie assez agitée, il se fixa définitivement en Angleterre, sous le règne d'Élisabeth. C'est alors qu'il composa l'ouvrage intitulé:

Avium praecipuarum quarum apud Aris

totelem et Plinium mentio est, brevis et succincta historia', qui fut imprimé à Cologne en

1554.

C'est le premier commentaire sur les oiseaux mentionnés par Aristote et Pline, qui ait été conçu avec une tournure d'esprit moderne et un sens critique quelque peu aiguisé. Cet ouvrage a été réimprimé à Cambridge, en 1882.

Nous voici au milieu du XVI° siècle": la science va résolument aborder l'étude de la nature.

L'ouvrage de TURNER venait à peine de sortir de presse que, simultanément en France et en Suisse, apparurent deux livres décisifs et originaux qui allaient être le point de départ de la période moderne des études ornithologiques.

Il faut marquer d'une pierre blanche l'année 1555, qui vit la publication de ces deux ouvrages fondamentaux pour l'Ornithologie scientifique, l'un en latin, l'autre en français, le premier du Zurichois Gesner, le second du Français Belon.

PIERRE BELON naquit vers 1517 à la Soulletière, près d'Oizé (Sarthe) et, comme la plupart des savants de son époque, il étudia la médecine, à Paris. Reçu docteur, il se mit à voyager et se rendit en Allemagne. A son retour, il est arrêté à Thionville, le duché de Luxembourg étant occupé par les Espagnols. Remis en liberté, il accourt à Paris, où un Mécène, le cardinal de Tournon, lui procure les moyens d'étudier l'histoire naturelle, pour laquelle il avait l'attrait le plus vif.

Aux frais de François, cardinal de Tournon, Belon fit de 1546 à 1549 un voyage dans le

1. Histoire brève et succincte des principaux oiseaux dont il est fait mention dans Aristote et Pline.

Proche Orient, entreprise hasardeuse pour l'époque. Il visite la Grèce, Crète, la Thrace et la Macédoine, Constantinople, l'Asie Mineure et Rhodes, la Palestine et l'Égypte. Il y fit fort peu d'ornithologie. Les documents qu'il y recueillit furent condensés dans un petit volume qui parut en 1554, à Paris, sous le titre de Les observations de plusieurs singularités et choses mémorables, trouvées en Grèce, Asie, Judée, Egypte, Arabie, et autres pays estranges, rédigées en trois livres.

Cet ouvrage valut à Belon, du roi Henri II, une pension de 200 écus, qui lui permit de poursuivre des études si bien commencées.

Charles IX

l'on constate que les savants étaient à cette époque tenus en haute estime lui fournit un logement au château de Madrid, dans le Bois de Boulogne, tragique libéralité, qui fut la cause de la mort de Belon. Un soir du mois d'avril 1564, comme il revenait de Paris où il avait été rendre visite à son ami Jacques du Breuil, Belon fut assassiné en traversant le Bois. Il était dans la force de l'âge, mais, à quarantesept ans, il laissait une belle et glorieuse œuvre scientifique.

Un seul des ouvrages de Belon nous intéresse ici. C'est un léger petit in-folio, de 381 pages, qui semble élégant à côté de l'énorme bouquin de Gesner dont il sera question plus loin.

Paru, comme nous l'avons dit, en 1555, il porte le titre de :

L'Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions, et naïfs portraicts retirez du naturel escrite en sept livres, par Pierre Belon du Mans.

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