VARIÉTÉS BIBLIOGRAPHIQUES HISTOIRE DE LA CÉRAMIQUE LILLOISE Précédée de documents inédits, etc., par J. HOUDOY. Paris, Aubry, 1 vol. grand in-8, avec planches en couleur. 15 D - Voici encore un livre fait pour réjouir les amateurs de vieilles faïences et de leur histoire. Déjà, M. Houdoy, dans une brochure contenant ses premières recherches, nous avait appris, - ce qu'on ignorait assez généralement, la part remarquable prise par la ville de Lille, dans la production céramique de la fin du XVII° siècle et de tout le XVIII. Aujourd'hui, complétant ses notices sur les principales fabriques lilloises par des documents nouveaux, l'auteur nous fait la révélation tout à fait inespérée d'une céramique d'art en Flandre et en Artois à la fin du xiv siècle. Il s'agit de carrelages peints et exécutés en 1391, à la demand du somptueux due de Bourgogne, Philippe-le-Hardi, pour ses résidences d'Hesdin et d'Arras; et sous la désignation de carreaux peints à imaiges et chiponnés, de carreaux peints et jolis, pour pavement, décorés par l'artiste-céramiste Jehan le Voleur, avec le concours d'un autre artiste-compositeur, Meldior-Broederlein, il est difficile de reconnaître autre chose qu'une faïence blanche, peut-être même la faïence stannisfère peinte, telle que déjà la produisaient les Arabes d'Espagne et telle que la fit plus tard, au xv° siècle, Luca della Robia, considéré jusqu'ici comme l'inventeur de la terre émaillée en Italie. Il ne manque aux précieux documents que l'auteur a publiés et judicieusement déduits, que d'être confirmés par la trouvaille, aux lieux d'emplacement, de quelque débris. Espérons que l'attention éveillée sur ce point, donnera toute satisfaction aux chercheurs, et en attendant félicitons M. Houdoy de sa découverte. Qu'on ait ici affaire à une invention ou bien à une importation venue d'Espagne, avec qui la Flandre avait des rapports suivis, on doit toujours y voir un titre glorieux de plus pour l'ancien et industrieux Nord français. Voilà ce qui constitue l'attrait, la nouveauté du volume de M. Houdoy, qu'il annonce avec raison quoique sous un titre différent, comme une nouvelle édition de ses premières recherches. On ne sait si l'industrie de ces carreaux peints avait quelques racines dans le passé, mais ce qu'on croit savoir mieux, c'est qu'elle n'eut point de continuation. Ce ne serait pas assurément la première fois, chose déplorable, que de semblables éclipses au raient eu lieu. Il faut descendre au XVII siècle et même à la fin, pour l'avénement définitif de la faïence en Flandre et particulièrement à Lille. Antérieurement, cette ville avait des potiers de terre, sur lesquels l'auteur publie d'intéressantes notes, mais rien n'établit qu'avant 1696 la faïence y fût réellement produite. En cette année fut fondé le premier établissement de ce genre par Jacques Febvrier, faïencier de Tournay, et Jean Bossut, peintre, de Gand; mais leur association dura peu. Bossut, resté seul, continua sans réussir. Après sa chute, Febvrier, qui avait regagné Tournay, reprend possession de l'usine et en fait la fortune. Il appelle à lui de bons coopérateurs et met au jour des œuvres remarquables telles que rétables d'autels portatifs, etc. D'intéressantes pièces sont publiées sur les origines de cette faïencerie, la première en date, et qui eut une longue existence. Il y en a de non moins remarquables à propos de la succession de Febvrier, décédé en 1729. Par son testament il désigna pour lui succéder, son fils Adrien, instruit par lui-même dans ses secrets, à l'exclusion de sa fille, mariée à Boussemaert, et la justice valida ses dispositions dernières. Pourtant la veuve Febvrier, prenant parti pour sa fille et aidée de son gendre, réussit à conserver la faïencerie. L'auteur suppose qu'il y eut transaction. En effet, un acte de partage qui se place au commencement de 1730, eut lieu devant M Lesage, notaire, ainsi que l'atteste un certificat du 15 juillet de cette même année. Cet acte, facile à retrouver, mit fin au procès. On doit à cette lutte intestine de connaître ce qu'il fallait de plomb, d'étain et autres ingrédients pour faire marcher l'usine; on sait le nombre de fours, d'ouvriers et la production annuelle (plus de 1,200,000 pièces); mais ce qui nous importe d'avantage, c'est la qualité vantée de la faïence et la recherche qu'en faisaient les marchands. Ceux de Douai, d'Arras, de Paris et de Lille, produisirent des certificats, qu'on peut mentionner, et qui attestèrent la bonne qualité des faïences lilloises et l'insuffisance de leur production en 1729. Peu d'années après, Boussemaert, qualifié de filletier par son beaufrère, est le seul possesseur de la faïencerie et il la fait prospérer. Il mourut en 1773 et eut des continuateurs jusqu'en 1802. Dans le temps où Lille, momentanément repris par l'étranger, allait être rendu à la France, en 1713, un sieur Barthélemy Dorez qui avait été, dans la direction des poudres et aussi, ajoutons-nous, dans celle des postes, essayait d'établir dans cette ville une manufacture de faïence et de porcelaine tendre. Ce dernier produit, qui a droit à une attention spéciale, était, pense l'auteur, en voie de fabrication entre 1711 et 1712. Quant à cette date, il faut la faire descendre, car, si nous en croyons M. de Bernières, intendant de Flandres, Dorez était encore à essayer en 1713. Il est vrai qu'il avait su persuader le magistrat de Lille et en obtenir de bonnes avances, a mais il n'avait rien fait en porcelaine et lorsqu'on lui en parlait, il trouvait toujours des obstacles.» (Lettres de mars et d'avril 1713.) Néanmoins l'établissement fut fondé et sans doute sut produire avec succès les deux sortes de poteries, puisqu'en 1729, les deux fourneaux, servant l'un à la faïence, l'autre à la porcelaine, étaient insuffisants et qu'il s'agissait d'en construire deux autres pour la même destination. L'usine Dorez, sur laquelle les documents abondent moins que pour la précédente, resta dans la même famille jusqu'en 1749 et passa ensuite en d'autres mains. Outre ces usines, l'auteur en mentionne quelques-une encore, notamment celle de Wamps, fondée en 1740 et continuée en 1755, par un sieur Masquelier qui a laissé un cahier fournissant de curieuses désignations de produits. Les autres sont trop peu connues et nous n'en parlerons pas. A mesure que le XVIII° siècle avance, la faïence décline pour faire place au nouveau produit: la porcelaine dure. De tous côtés il s'établit des manufactures, et Lille participant au mouvement industriel d'alors, eut la sienne où fut résolu avec succès, mais pour peu de temps, le problème de la cuisson de la porcelaine dure à la houille. Il faut renvoyer au livre de M. Houdoy pour tout ce qui concerne cette usine et ses produits. Une description assez sommaire est consacrée aux produits lillois. Les types, encore peu connus, y sont étudiés; quelques morceaux, surtout des premiers temps, ont un beau caractère de décoration, et plusieurs planches trop peu nombreuses de spécimens lithographiées en couleur sont d'un grand secours. Malheureusement, pour ne pas errer dans les attributions de la céramique lilloise, les marques ou signatures font trop souvent défaut. Elles seraient sans doute moins rares si Dorez avait exécuté la promesse qu'il faisait en 1713, de marquer aux armes de Lille chaque pièce qu'il fabriquerait. En résumé, l'ouvrage de M. Houdoy est consciencieux et rempli d'utiles renseignements. Nous ne pourrions que lui reprocher de n'avoir pas analysé ou donné en abrégé quelques-uns de ses documents et certaines inadvertances dans l'orthographe de plusieurs noms propres (1). Maintenant si nous ajoutons que le volume, soigneusement imprimé sur beau papier et en beaux caractères, est l'honneur des presses lilloises de M. L. Danel, on le jugera sans doute digne, comme il l'est en effet, d'être accueilli par les bibliophiles aussi bien par que les spécialistes. Ambroise MITEL. (1) Davillers pour Davillier, p. 46, 49. En vente aux prix marqués A la librairie d'Auguste AUBRY 3358. AMOURS ET INTRIGUES (nouvelles) des marchandes de modes, des grisettes, etc., par un praticien. Paris, 1830. In-18, d. rel. neuve en mar. rouge, n. rog. Figures. 6 » 3359. ALVIN (L.). L'Enfance de Jésus. Tableaux flamands, poëme tiré des compositions de Jérôme Wierix. Paris, Aubry, 1860. In-8, papier teinté. Orné de 14 planches photographiées d'après les originaux. (Belles épreuves.) 20 » Le poême est précédé d'une Imprimé à petit nombre par Louis Perrin, notice biographique sur les trois frères Wierix. Joli exemplaire relié en vélin blanc, titre calligraphié en couleur sur le dos. 3360. BANVILLE (Théodore de). Odelettes. 2 édition, précédée d'un examen des Odelettes, par Charles Asselineau. Paris, Lévy, 1856. In-18, d. rel. mar. rouge du Levant, n. rog. 7 » 3361. BERTIN DU ROCHERET, président et grand-voyer de l'élection d'Épernay,-Journal des États tenus à Vitry-le-François en 1744. Documents curieux et complétement inédits sur l'histoire et la noblesse de Champagne, publiés avec une Etude sur la vie et les œuvres de Bertin du Rocheret, par Aug. Nicaise. Paris, 1864. Petit in-8, papier vergé, titre rouge et noir. 18 » TRÈS-BEL EXEMPLAIRE, reliure pleine en mar. rouge du Levant, milieu en or, fil., tr. dor. (Petit.) 3362. BLUETTES ET BOUTADES, par J. Petit-Senn. Genève, Fick, 1865. In-12, papier vergé fort. Impression très-soignée en caractères anciens. 55 SUPERBE EXEMPLAIRE en mar, bleu, doublé de mar. orange, avec mosaïque genre Groslier, dorure à petits fers, tr. dor. (Petit.) |