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327 Numéro.

BULLETIN

1er Août 1871

DU

Bouquiniste

PUBLIÉ PAR AUGUSTE AUBRY

Avec la collaboration de Bibliophiles et d'Erudits
Paraissant le 1 et le 15 de chaque mois.

15 ANNÉE. -2° SEMESTRE.

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CHEZ AUG. AUBRY, ÉDITEUR

LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES FRANÇOIS
Rue Séguier, 18

Et chez les principaux libraires de la France et de l'Etranger.

Avis aux abonnés (Voyez au verso).

AVIS A NOS ABONNÉS

Le dernier numéro du BULLETIN DU BOUQUINISTE a paru le 15 JUILLET 1870; celui paraissant aujourd'hui 1o AOUT 1871, ainsi que ceux à paraître jusqu'à la fin de l'année, seront envoyés gratuitement à nos abonnés; de cette façon les six premiers mois de 1870 et les six derniers mois de 1871 formeront ensemble un volume pour lequel nous donnerons avec le numéro du 15 décembre une couverture spéciale et un titre afin de ne rien changer dans la collection.

A. A.

VARIÉTÉS BIBLIOGRAPHIQUES

LOUISE LABÉ

Ne serait-elle pas la Castianire d'Olivier de Magny ?

́EST une étude attachante que celle des mille petits problèmes de la bibliographie et de l'histoire littéraire. Les masses ne s'y passionnent point, il est vrai, mais les esprits studieux y trouvent des jouissances délicates et imprévues. Cela ressemble à la satisfaction d'un botaniste qui découvre une herbe nouvelle, d'un entomologiste qui assiste à l'éclosion d'un insecte inconnu. J'ai compris et partagé la joie d'un aimable poète de mes amis, qui fut en même temps enthousiaste des livres et des rimeurs du XVIe siècle (je veux dire Edouard Turquety), lorsqu'il put constater et saisir sur le fait la passion d'Olivier de Magny, un des plus charmants géniés de la Renaissance, pour Loyse Labé, la poétesse lyonnaise. On en avait déjà parlé avant lui, mais comme d'une assertion douteuse et difficile à vérifier au bout de trois siècles. Turquety lisait ses livres, qu'il n'aimait pas seulement pour être rares et beaux, mais pour être pleins d'attrayants détails, d'émotions aimables, de trésors ignorés de poésie et d'amour; il prit d'une main cette charmante et introuvable édition de Loyse Labé, imprimée à Rouen par Jean Garou (1556, in-16); de l'autre, les odes, presque aussi rares, d'Olivier de Magny (Paris, A. Wechel, 1559, in-8), un exemplaire irréprochable, relié en maroquin rouge par Trautz-Bauzonnet; puis il se mit à étudier alternativement l'un et l'autre. Le fruit de ses recherches fut un remarquable article, inséré au Bulletin du Bibliophile, de Techener (XIV série, page 1637,

année 1860), où il constate que chez les deux poètes, les pensées et les expressions se répondent à un tel point, qu'on dirait par instant un mutuel écho. « Ce sont les mêmes tableaux, les mêmes souvenirs « qui se représentent à leurs deux imaginations; tous deux évoquent << dans leurs vers ces petits jardins, où ils se rencontraient et où ils « ne doivent plus se voir. Puis ce sont des expressions identiques, « de ces mots qui ont évidemment trait à des entretiens intimes, à « des confidences de cœur à cœur. Magny se plait à rappeler à Loyse « la fatalité qui l'a amené à Lyon pour la connaitre et l'aimer; il << revient plus d'une fois sur cette rencontre qu'il qualifie de fatale, « et la belle cordière y revient également; elle prononce, comme « le poète, ce mot significatif :

Puis le voyant aymer fatalement.......

Mais voici ce qui est plus précis. Magny s'écrie :

Elle est à vous, douce maîtresse,

Cette belle et dorée tresse,

Qui feroit honte au mesme or;

Et ces yeux, deux astres ensemble.....

Or, écoutez comment s'exprime la poétesse lyonnaise dans son XXIII sonnet :

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Ce regret n'est-il pas une réponse aux vers d'Olivier? L'ode à Antoine Fumée est plus concluante, s'il est possible. Avant de tracer à cet ami le portrait de sa maîtresse, il indique sa demeure:

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Auprès de ce pont

Oppose vis-à-vis du mont,

Du mont orgueilleux de Forvière,
Entre l'une et l'autre rivière...

C'est bien, si je ne me trompe, la rue Belle-Cordière.

Dans l'ode à Jean d'Illiers (deuxième du IV livre), il la nomme úc son nom de Loyse. Il la nomme encore dans son ode à Guillaume Aubert (la onzième du livre IV), ainsi que trois autres beautés qu'il

a aimées Anne, Marguerite, Magdaleine et Loyse. Enfin, quand on a lu l'ode à sire Aymon (la septième du Ve livre), où il traite si mal le pauvre vieux époux de la belle cordière,

Trop plus ententif au long tour

De ses cordes qu'à mon amour,

le doute n'est plus permis. Mais à quelle époque remonte cet amour entrecoupé, pour Olivier, peut-être aussi pour Loyse, par d'autres affections moins sérieuses? Les odes, bien que publiées en 1559, n'ont certes pas été écrites d'un seul jet, mais composées dans un intervalle de plusieurs années, au fur et à mesuré de l'inspiration. Certaines d'entre elles remontent à la première jeunesse de l'auteur; mais à part quelques-unes qui portent leur date avec elles, il est difficile de fixer l'époque de leur composition. Les Soupirs, imprimés deux ans plus tôt, offrent déjà des traces évidentes de l'amour qui a, malgré ses intermittences, dominé la vie du poète. Parmi les sonnets ayant trait à la belle Cordière, on remarque le sonnet XXXII, qui avait été inséré à la suite des œuvres de Loyse Labé, en 1555, sous ce titre : Des Beautez de D. L. L. (c'est-à-dire dame Loyse Labé); Turquety en a signalé un autre, le LV, dont les huit premiers vers sont identiques à ceux du second sonnet de la belle Cordière. Il n'admet pas que l'un ait pu copier l'autre, mais il soutient avec raison que le sonnet commencé en collaboration a été terminé plus tard par chacun d'une manière différente.

La trace que je poursuis est moins apparente dans les Amours. On n'y trouve aucun de ces détails caractéristiques, aucun de ces coups de lumière qui donnent la vie et la réalité à tout un tableau. Un médaillon de femme orne, il est vrai, la première page du livre, mais quelle est cette muette image, dont le poète nous tait le nom, le rang, le pays, et qui se révèle à nous sous le pseudonyme énigmatique de Castianire? Elle est blonde, elle est belle entre toutes, bien qu'elle soit moins jeune que son adorateur; elle a de belles mains et de petits pieds..... Tout cela convient à Loyse Labé; mais à beaucoup d'autres aussi. A quoi donc faut-il attribuer ce vague et ce défaut de couleur ? ou je me trompe 'fort, ou le nom de Castianire cache deux maîtresses, dont le poète a entremêlé les louanges. S'il en chérit une pour sa beauté, il aime l'autre pour le charme et

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