composition des mots répond à l'idée à exprimer; si la topographie est en rapport avec l'expression; si, enfin, dans les langues qui ont même origine, les mots analogues expriment la même idée. Le mot doit se décomposer en deux parties, un adjectif d'abord, puis un substantif. Il faut d'abord chercher si, dans le langage technique, on peut trouver un terme qui puisse s'appliquer à cette localité et expliquer une position stratégique. Le voisinage de l'Arx et du Champ-de-Mars (stativa), aujourd'hui palais du Luxembourg, confirme cette idée. En effet, on trouve dans Du Cange, au mot fracta (frecta dit Littré, les Picards ont dit fretta, d'où Fretteval :) 1 Destructio; 2° sepes, italien fratta, et plus loin dans les additions fraises. Les éditeurs modernes de Du Cange eussent pu ajouter en français frettes, le mot est encore usité, non moins que l'adjectif fretté dans le vocabulaire de l'artillerie et du génie, de la technologie et du blason. De plus, en forme d'explication, le dictionnaire de Du Cange ajoute: Sepes, quod ex dejectis seu fractis arborum ramis fiat, sic appellari videtur. C'est clair. Quant à la seconde partie du mot, elle est également un emprunt fait au vocabulaire militaire mantellum, signifie au propre un vêtement, et par evtension un abri. Ces termes de fortifications sont restés dans notre langue, le verbe composé démanteler, et l'adjectif sont encore en usage. Un mantelet est un parapet portatif, disent les vocabulaires spéciaux. La porte ou volet qui ferme les sabords d'un vaisseau a le même nom. Sans avoir besoin de recourir à un Fromantel étranger, revenons à celui de la montagne Sainte-Geneviève. Nous avons dit que les deux rues qui portaient ce nom offraient un relief. Si le percement de la rue des Ecoles a dégagé le premier, la réunion du Louvre aux Tuileries a fait disparaître l'autre: c'est un fait qu'on ne saurait nier. De 1830 à 1848, pour ne pas remonter plus haut, une partie de cette voie offrait une rampe inaccessible aux voitures et conservait les traces d'un ouvrage avancé destiné à protéger et à défendre le Louvre. On ne peut nier également que la rue Froidmantel n'ait eu, dans le quartier latin, une destination analogue, quand on examine la topographie des environs, malgré les changements que le temps et surtout les hommes ont pu lui faire subir. Ici, du moins, on ne peut oublier que l'on se trouve à deux pas du palais du César Julien, dont les jardins s'étendaient jusqu'à la Seine; que le champ de manœuvres et le camp (stativa) de ses légions était sur l'en placement actuel du palais du Sénat, et qu'enfin et surtout que le sommet de la montagne était couronné par une citadelle qui dominait le cours du fleuve et commandait la cité des Parisii et la route d'Orléans. Le moyen-âge, à défaut de documents écrits et de vestiges matériels, nous a conservé le souvenir de cette forteresse en donnant à ce canton la dénomination de Clos de Lias ou de Laas, sous lequel on retrouve facilement l'arx romaine. Il n'y a donc rien que de trèslogique à voir dans ce nom de Froidmantel ou Froidmanteau la tradition d'une fortification légère, d'une fortification de campagne, d'un ouvrage avancé, construit à mi-côte, en terre, couronné de fascines, protégé par des pieux, des chevaux de frises, fretté et fraisé, en un mot, tel qu'en ont employé les Romains, nos maitres dans l'art des fortifications, et après eux les barons du moyen-âge, héritiers de leurs traditions, non moins que de leur courage. L'abbé Valentin DUFOUR. UNE NOUVELLE LETTRE INÉDITE DE CHATEAUNIÈRES Avant tout, je tiens à remplir un agréable devoir, à remercier les deux obligeants et savants bibliophiles qui ont bien voulu répondre, dans le numéro du 1er décembre 1869, aux questions posées par moi dans le numéro du 1er novembre. Grâce aux excellentes indications qui m'ont été fournies, j'ai trouvé dans les Dictionnaires de Moréri et de Bayle, dans les Remarques de Le Clerc et de Joly, dans la Biographie universelle et dans la Nouvelle Biographie générale, tous les abondants détails que je réclamais sur ce François de Grenaille, sieur de Chateannières, qui, suivant le Sorbériana, « décocha: tout à coup une prodigieuse quantité de livres. Je viens ajouter r quelque chose à ces détails par la publication d'une lettre autographe du singulier écrivain à son docte compatriote Baluze (1). Philippe TAMIZEY DE LARRÓQUE. « Monsieur, il me fache bien de n'avoir l'honneur d'estre connu de vous que par une importunité, mais je seray ravy de l'estre par mes services, quand vous me ferez la grace de me commander, et que je serai assez heureux pour vous témoigner ma reconnaissance. Dans cette protestation, je vous renvoye votre Saint-Cyprien (2), dont la lettre à Donat (3) m'a donné quelque jour pour un endroit de mon Sage hors de la Cour, que je vais faire imprimer (4) en suitte de mes trois parties du Sage résolu contre la fortune (5). Je touche là tous les désordres des cours modernes sur le modèle des anciennes. Car comme ce temps nous laisse impunément accuser l'antiquité, celle-cy nous donne pareillement la liberté de blamer le temps sous les signes des autres siècles. J'espère, Monsieur, avoir l'honneur de (1) Bibliothèque impériale. Collection dite des Armoires de Baluze, volume 364, page 23. (2) On lit dans le Moréri, de 1759, que Baluze s'était appliqué en particulier à revoir exactement les ouvrages de saint Cyprien, qn'il conféra avec plus de trente manuscrits, et que cette édition parut depuis sa mort par les soins de dom Marand, bénédi tin de la congrégation de Saint-Maur, quí y ajouta une préface, une vie du saint docteur et des notes. (In-folio, Paris, 1726, de l'Imprimerie royale.) (3) La lettre à Donat Sur le bonheur d'être chrétien est un des premiers et de plus remarquables écrits de l'éloquent évêque de Carthage. (4) Le Sage hors de la Cour a-t-il jamais été imprimé 2 Je ne le vois cité par aucun bibliographe et j'appelle sur ce petit problème d'histoire littéraire l'atten tion des lecteurs du Bulletin. (3) Le Sage résolu contre la fortune doit avoir eu plusieurs éditions. Dans le Bayle de Beuchot, on indique la date de 1650 pour le premier volume et de 1660' pour le second. Mais la lettre de Grenaille au chancelier Séguier, du 27 avril 1648, proue que la publication de cette espèce de traduction du traité de Pétrarque ? De Remediis utriusque fortunæ, est antérieure de plusieurs années à 1650o et même à 1648, et la présente lettre prouve que les trois parties avaient paru bien avant 1660. Là aussi, if y aurait des recherches à faire, et que l'on ne me dise pas que le sujet n'en vaut pas la peine, car il n'y a rien d'indifférent en bibliographie, et la plus mince découverte a son intérêt et son importance. vous en offrir un des premiers exemplaires, et de vous rendre bientost de vive voix les remerciemens que vous rend dans une parfaite gratitude, mais par un escrit muet, Monsieur, votre très-humble et très-affectionné serviteur, «< CHATEAUNIÈRES. « De ma solitude de Puygrollier, près d'Uzerche, le 20 mai 1653. A Monsieur, Monsieur Baluze (Tulle). » ÉTUDES PSYCHOLOGIQUES N° 1. Quatre heures d'angoisses. No 2. Le Petit Mimi, - par Firmin MAILLARD. M. Firmin Maillard commence sous ce titre d'Etudes psychologiques une série de notices dont on peut, dès aujourd'hui, affirmer l'intérêt. Pour mon compte, je dois l'avoir déjà dit ailleurs, — je crois que l'autobiographie, le souvenir personnel franchement raconté, sans parti pris vaniteux et sans adultération de rhétorique inutile, remplacera, dans un temps déterminé, le roman qui, lorsqu'il est bon, n'est que cela. Quatre heures d'angoisses, la première des plaquettes de M. Maillard, est le récit des sensations éveillées par une imprudence qui met l'auteur entre la vie et la mort. La seconde, le Petit Mimi, est le tableau souvent attendri d'impressions enfantines délicates et mesurées. Ce ne sont pas là œuvres de bruit et d'éclat, mais confidences qui peignent le conteur et servent à l'étude de l'homme en général. L'étudier ainsi dans ses sentiments et ses émotions vaut mieux que de s'attaquer à ses idées. M. Maillard a, paraît-il, commencé par la critique; il a été, dit-on, quelquefois dur pour autrui. Il a bien fait d'abandonner autrui et de se mettre lui-même en scène. Il échangera ainsi ses ennemis, s'il lui en reste, contre des amis. Ceux qui ont pu avoir jadis à se plaindre de ses jugements verront, qu'au fond, il n'était pas méchant. Ils trouveront dans les pages que nous leur signalons, ici, un enfant aimable, là un homme énergique et aventureux, partout un écrivain sans prétention. C'est ce qu'on ne trouve pas toujours et tout ce qu'on peut raisonnablement demander. J. ASSEZAT. En vente aux prix marqués A la librairie d'Auguste AUBRY 3647. AVAUX. Lettres du comte d'Avaux à Voiture, suivies de pièces inédites extraictes des papiers de Conrart et publiées par A. Roux. Lyon, imprimerie de L. Perrin, 1858, in-8, papier teinté. 1 350 Lettres d'Avaux. Lettres de Balzac. - Pièces concernant Fouquet. Lettres de Montausier. Lettres de M. de Maure, etc., etc. 1 50 3648. BAZIN (A.). Notes historiques sur la vie de Molière. 2o édition, revue par l'auteur et considérablement augmentée (avec notes par M. Paulin Paris). Paris, 1851, in-12, br. 3649. BOSQUET (Mademoiselle Amélie). La Normandie romanesque et merveilleuse. Traditions, légendes et superstitions populaires de cette province. Paris, 1845, in-8, br. 7. » 3650. CATHERINE DE MÉDICIS. Debtes et créanciers de la royne mère Catherine de Medicis. 1587-1606. Documents publiés pour la première fois d'après les archives de Chenonceau, avec une introduction par l'abbé Chevalier. Paris, 1862, in-8, br. Pap. vergé, 3651. CHAMP GAILLARD. S'en suivent les ténèbres du champ Gaillard, composées selon l'estat dudict lieu, et se peuvent chanter ou lire à plaisir. Imprimé à Paris, par Nicolas Buffet, près le collège de Reims, pet. in-8, pap. de Holl. Vignettes en bois, br. 6 » Très-jolie impression en gothique (caractères Sylvestre), faite par les soins de M. A. Veinaut, en 1856, chez Lahure, imprimeur; il n'a été tiré en tout que 62 exemplaires. 3652. CHRONIQUE DE RAINS (La), publiée sur le manuscrit unique de la bibliothèque du roi, par Louis Paris. Paris, 1838, in-8, sur pap. vergé. (Au lieu de 8 fr.): 2:50 3653. CIBRARIO (le chev. L.). Précis historique des ordres religieux |