et d'acide qui entrent dans la composition du sulfate de potasse, et ayant ensuite constaté combien dans cette combinaison la potasse et l'acide perdent respectivement d'eau, il me semble que la question se trouvoit résolue à priori. Cependant je dois convenir que quelques difficultés se présentèrent d'abord pour déterminer la quantité d'eau contenue dans la potasse, difficultés qui m'ont mis à même de juger, tout intéressante qu'est l'expérience de M. Bertholet, que de la potasse traitée avec de la limaille de fer n'est pas un moyen assez rigoureux pour être concluant. Mon opinion au contraire étoit comme elle est encore, que les substances propres à déceler l'eau contenue dans la potasse ne doivent pas être oxidables, et que leur action doit seulement se borner à séparer l'eau que la potasse peut contenir. Parmi les expériences que j'ai faites, voici celle qui me paroît avoir le mieux rempli les conditions que je m'étois imposées. II ЕХРÉRIENCE. 20 grammes de potasse préparée dans le laboratoire de M. Vauquelin, ont été exactement mélés avec 160 grammes de silice très-pure et qui devoit être sèche, puisqu'avant de l'employer on la chauffa pendant deux heures au feu d'une forge. Ce mélange fut introduit avec beaucoup de précaution dans un tube de verre ayant environ 2 centimètres de diamètre. Ce tube, qui avoit une de ses extrémités fermée, pesoit 72 grammes, et avec le mélange il en pesoit 252, un peu fort il est vrai; mais j'attribuai cet excès à l'humidité que la potasse avoit attirée pendant sa porphyrisation. J'introduisis ce tube dans un petit cylindre de tôle, afin d'en prévenir la fusion qu'auroit pu lui faire subir l'action immédiate du feu. Cet appareil fut soumis pendant une heure à l'action d'un feu très-modéré. Le mélange ne sentit pas plutôt l'impression de la chaleur, que tout-à-coup il se dégagea par l'ouverture du tube une très-grande quantité d'eau réduite en vapeur, dégagement qui dura environ 5 à 6 minutes; ensuite il ne se dégagea plus rien. Lorsque le tube fut refroidi, je le pesai très-exactement, il se trouva avoir perdu 5 grammes de son poids. Cette expérience que j'ai répétée plusieurs fois, même en recueillant l'eau, m'a constamment donné les mémes résultats, soit avec la potasse que j'avois préparée, soit avec celle provenant du Tome LXVII. JUILLET an 1808, B laboratoire de M. Vauquelin; d'où j'ai conclu que dans 100 parties de potasse purifiée à l'alcohol, il y en a 27,50 d'eau, et qu'en partant de ce terme, la potasse contenue dans le sulfate de potasse s'y trouve dans la proportion de 57,71 pour 100 de sulfate au lieu de 52 suivant Bergmann. Mais ce que je ne passerai point sous silence, et ce que je me plais au contraire à faire remarquer à la Classe, c'est que l'analyse des aluns faite par M. Vauquelin, démontre que le sulfate de potasse s'y trouve à peu près dans la même proportion qu'il y entre par la synthèse : résultat qui prouve combien doivent inspirer de confiance les analyses qu'a faites ce savant chimiste. Aussi doit-on regretter que M Vauquelin s'en soit rapporté à Bergmann pour les proportions d'acide et de base que ce chimiste admettoit dans le sulfate de potasse. IVE EXPÉRIENCE. Desirant connoître les proportions d'acide et de potasse contenues dans le nitrate de potasse, je fis dissoudre à chaud 100 grammes de nitrate de potasse très-sec dans 800 grammes de dissolution de sulfate d'alumine à 54o de densité. Après le refroidissement de la liqueur, j'en obtins 376 grammes d'alun. L'eau mére fut de nouveau mise à évaporer; mais les cristaux qu'elle me fournit ayant cristallisé confusément, j'ajoutai à la liqueur 10 grammes d'acide sulfurique à 66', parce que l'expérience m'avoit appris que toutes les fois qu'une semblable dissolution contenoit un acide étranger à la composition de l'alun, il étoit nécessaire qu'elle fût avec excès d'acide sulfurique pour favoriser la cristalisation de l'alun. En effet, à l'instant du mélange il s'en precipita beaucoup qui, après avoir été égoutté et séché, pesoit 84 grammes. Enfin, pour m'assurer si l'eau mère contenoit encore de l'alun, j'y ajoutai de nouveau 100 grammes de la dissolution de sulfate d'alumine. Cette addition en augmentant la densité du liquide, favorisa la précipitation du peu d'alun que la liqueur tenoit encore en dissolution. Lorsque ce dernier produit fut égoutté et séché, il s'en trouva 2 grammes qui, réums avec ce qui avoit été obtenu précédemment, donnèrent au total 462 grammes d'alun. Mais comme il avoit crista lisé dans un liquide qui contenoit des principes étrangers à la composition de l'alun, il devint nécessaire de le purifier. A cet effet je le fis dissoudre et ensuite cristalliser. Je ne retirai de cette opération que 452 grammes d'alun, à la vérité très-pur. Cette expérience que j'ai répétée plusieurs fois et à des doses différentes, m'a toujours donné des résultats qui confirment le premier; d'où j'ai conclu que si 100 grammes de nitrate de potasse avoient produit 452 grammes d'alun, c'est qu'il entroit dans la composition de 100 parties de nitrate 49,76 de potasse et 50,24 d'acide. VO EXPÉRIENCE. L'objet de cette expérience a été, comme celui de la précédente, de vérifier si la potasse et l'acide qui entrent dans la composition du muriate de potasse, y étoient dans les proportions indiquées. J'employai à cet effet les mêmes moyens que ceux que je viens de decrire, et comme il seroit superflu d'en donner de nouveau les détails, je me bornerai à en faire connoître les résultats. 100 grammes de muriate de potasse sec, traités comme dans l'expérience précédente, ont produit 607 grammes d'alun brut, mais qui, après avoir été raffinés, n'ont plus pesé que 592 grammes, résultat qui prouve d'une manière incontestable que 100 grammes de muriate de potasse contiennent 65,17 de potasse et 34,83 d'acide. Cette expérience qui, comme les précédentes, a été répétée plusieurs fois, m'a toujours donné des résultats semblables à celui-ci. CONCLUSION. Il résulte des expériences qui viennent d'être décrites, 1o Que 100 parties de sulfate de potasse contiennent 57,710. de potasse et 42,290. d'acide qui, d'après l'état de concentration où il se trouve dans le sulfate, en représente 60 parties à 66°; 2o Que pour la fabrication de 100 parties d'alun il faut 42,770. d'acide sulfurique à 66° au lieu de 30 à 31 qu'on adunet; qu'il faut 11,016. de potasse, et enfin 10,500. d'alumine, quantité égale à celle qu'a trouvée M. Vauquelin; 3o Que 100 parties d'alun très-pur contiennent 19,08 de sulfate de potasse, 30,92 de sulfate d'alumine, et 50,00 d'eau de cristallisation; 4° Que dans la composition de too parties de nitrate de potasse il entre 49.76 de potasse et 50,24 d'acide; 5o Que 100 parties de muriate de potasse sont composées de 65,17 de potasse, et 34,83 d'acide muriatique; Ba 6o Qu'il est constant que la potasse purifiée à l'alcohol contient plus que le quart de son poids d'eau, puisque, d'après les expériences qui viennent d'être rapportées, on en retire 27,50 pour 100; 7o Enfin, qu'à la faveur du sulfate d'alumine à base simple, et cristallisé, on pourra désormais, par l'analyse des substances qui appartiennent aux trois règnes, reconnoître la plus petite quantité de potasse contenue dans chacune d'elles, moyen d'autant plus rigoureux que le produit d'après lequel on en determine la proportion, pèse 9,08 pour un de potasse sèche. EXPERIENCES SUR LE SOUFRE ET SA DÉCOMPOSITION. : ... Par le même. LORSQUE les corps, dont on a tenté la décomposition, n'ont éprouvé aucune altération de la part des agens chimiques ä l'action desquels on les a soumis, on est réduit à les classer parmi les corps simples. Cependant, comme cette idée de la simplicité des corps, bien qu'il doit y en avoir de simples, se concilie peu avec les différens phénomènes de décomposition et de recomposition que la nature opère sans cesse sous nos yeux, je n'ai jamais considéré comme simples tous ceux qu'on regarde comme tels: j'ai toujours pensé au contraire, que les corps qui font partie du règne minéral, quels qu'ils soient, sont des corps composés, et que les principes qui les constituent sont les mêmes que ceux qui entrent dans la composition des substances qui appartiennent aux règnes végétal et animal; mais il ne faut pas s'y méprendre. Il y a loin de l'état où nous connoissons certains principes, à celui de la grande condensation qu'ils doivent éprouver avant d'entrer dans la composition du règne minéral. Aussi les composés de ceux qui résultent de la réunion des principes, doivent-ils différer entre eux à mesure qu'ils s'éloignent davantage du premier état, ou qu'ils sont plus près du dernier. C'est en effet ce que nous remarquons dans le règne végétal. Les huiles essentielles, par exemple, doivent étre regardées comme des composés où les principes touchent de très-près à l'état gazéiforme, tandis que les élémens qui constituent les résines et les huiles fixes, sont dans le plus grand état de condensation par rapport au règne auquel appartiennent ces substances. Mais cette grande condensation des principes qui forment les divers composés du règne végétal, est encore bien éloignée du premier degré de condensation où se trouvent les élémens qui constituent les corps du règne minéral. Aussi l'indestructibilité de ces derniers semble-t-elle tenir à la difficulté de faire rétrograder vers un état moindre de condensation des principes qui ont une tendance tout opposée. Ce que je viens de dire des différens degrés de condensation où se trouvent les principes qui constituent tous les corps de la nature, je l'ai dit il y a dix ans dans le premier Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Institut sur la décomposition des alkalis. Aussi ai-je vu avec plaisir que M. Bertholet, en adoptant cette opinion dans sa Statique chimique, l'ait sortie du rang des hypothèses. Quant à l'indestructibilité des substances minérales, à laquelle j'attribue la difficulté de faire retrograder vers un état moindre de condensation les principes qui les constituent, c'est encore là une opinion qui me paroît devoir mériter toute l'attention des chimistes. En effet, quelle force autre que celle de Pattraction mutuelle des principes qui composent tous les corps du règne minéral peut les faire résister à l'action éminemment dilatable du calorique? Aussi le feu, pour opérer la décomposition des substances minérales, ne doit-il être employé que comme intermède et non comme agent immédiat. La décomposition du soufre, qui fait l'objet de ce mémoire, va nous fournir une application du principe que je viens d'établir. Cependant, avant de tenter la décomposition des corps, il est nécessaire d'avoir sur leur composition des notions qui puis sent indiquer la nature des expériences à faire. Par exemple, relativement au soufre j'avois remarqué que l'acide sulfurique, fortement saturé de gaz nitreux, coloroit en bleu l'eau qui en était acidulée. De l'apparition de cette couleur je conclus que le carbone devoit être une des parties constituantes du soufre, et considerant ensuite la propriété qu'a cette substance de se dissoudre dans les huiles, je soupçonnai dès-lors que le soufre pouvoit bien être une combinaison de carbone et d'hydrogène; mais il y avoit loin de cette conjecture à une preuve acquise. Cependant je dus me servir de ces données, soit pour attaquer |