Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

les principes du soufre, soit pour les combiner avec un troisième principe, qui par son union pût former un composé déjà

connu.

L'azote, par exemple, me parut très-propre à donner naissance au composé que je desirois obtenir, s'il étoit vrai que l'hydrogène et le carbone fussent les parties constituantes du soufre.

En effet, ne devoit-il pas résulter de la combinaison de ces deux principes avec l'azote, un composé analogue au radical prussique, et ce produit, dont on connoît les élémens, ne devoit-il pas indiquer ceux du soufre?

Pour vérifier jusqu'à quel point mes conjectures étoient fondées, voici l'expérience que je fis:

Je soumis à la calcination dans un tuyau de fer quatre parties de charbon animal avec deux parties de sulfate de potasse; le tout fut très exactement mêlé. Je fis chauffer ce mélange jus-qu'au rouge cerise, et l'ayant laissé refroidir aux trois quarts, je le jetai ensuite dans une grande quantité d'eau.

Lorsque j'eus filtré la liqueur, elle se trouva d'une couleur verte tirant au bleu suivant la manière dont elle étoit vue à la lumière. Cette dissolution n'avait qu'une légère odeur d'hydrosulfure; sa saveur, quoiqu'éloignée de celle du radical prussique, produisoit cependant sur l'organe du goût une impression analogue à celle qui caractérise ce radical.

J'essayai ensuite si les acides en précipiteroient du soufre; mais aucun, pas même l'acide muriatique oxigéné ne troubla qu'à peine la liqueur; seulement ils en dégagèrent une odeur particulière et d'une fétidité insupportable. Cependant comme la nature de la dissolution indiquoit la présence du soufre, je voulus m'assurer s'il y en avoit ; j'y versai à cet effet quelques gouttes de dissolution de sulfate de fer au maximum d'oxigénation, ce qui occasionna aussitôt un abondant précipité noir, mais qui au moyen d'une nouvelle quantité de dissolution de sulfate de fer, passa promptement au bleu.

Je ne doutai donc plus, d'après ces diverses expériences, et surtout d'après la propriété de la dissolution, que le soufre étoit entré en combinaison avec l'azote pour former un composé analogue au radical prussique.

Ayant ensuite cherché à connoître quelle action auroit sur cette dissolution, de l'acide sulfurique saturé de gaz nitreux, je remarquai que cet acide occasionna dans la dissolution un abondant précipité jaune, qui avoit à l'œil toute l'apparence du

soufre, et qui en exhaloit l'odeur, étant brûlé sur les charbons. Cette dissolution, de même que celles précédemment examinées avec les acides, contenoient du radical prussique, et le précipité, dont il vient d'être ici question, n'étoit lui même que ce radical qui à l'instant de sa formation pouvoit être changé en bleu de Prusse en le combinant avec quelques gouttes de dissolution de sulfate de fer.

Ce composé indique donc clairement une substance analogue au radical prussique, mais qui en diffère par une plus grande fixité, puisque les acides les plus forts ne le dégagent pas de sa dissolution, tandis que tous décomposent promptement le prussiate de potasse: n'y eût-il que cette propriété qui caractérisat ce radical, elle suffirait pour le faire distinguer de celui prussique.

A l'égard de la grande fixité de ce nouveau radical, on peut l'attribuer à l'hydrogène dont la condensation parolt être aussi forte dans ce composé qu'elle l'est dans le soufre, condensation cependant que l'azote peut faire rétrograder en formant de l'ammoniaque avec l'hydrogène par la décomposition du prussiate de fer.

Quant à la question de savoir lequel du carbone ou de l'hydrogène est le principe dominant dans le soufre, on conçoit que l'opération d'après laquelle je suis parvenu à décomposer cette substance, fournit peu de moyens pour connoître la proportion de ces deux principes.

Cependant une observation qui pouvoit jeter quelque jour sur cetre question, c'est que j'ai remarqué que les dissolutions d'azote sulfuré de potasse, contiennent toutes un excès de carbone qu'elles laissent précipiter si la liqueur reste exposée au contact de l'air; d'où j'ai conclu que l'azote n'a pas trouvé dans le soufre la proportion de carbone nécessaire à la formation du radical prussique.

Dans le prochain Mémoire que j'aurai l'honneur de communiquer à l Institut, je ferai connoître les élémens du phosphore et du fer. Il y sera aussi question des métaux alkalins, dans lesquels on prétend qu'il ne doit pas entrer de carbone.

COMPTE VERBAL rendu à la Classe des Sciences physiques et mathématiques de l'Institut, le 6 juin 1808, sur l'Ouvrage de M. DE BRIDEL, intitulé: Muscologice recentiorum supplematum, seu species muscorum;

PAR M. PALISSOT DE BEAUVOIS.

La Classe m'a chargé de lui rendre un compte verbal de l'ouvrage de M. DE BRIDEL, intitulé : Muscologiæ recentiorum supplementum, seu species muscorum, et ayant pour épigraphe, Nihil est quod non mortalibus afferat usum. Je vais essayer de lui faire connoître cette nouvelle production d'un botaniste qui a été l'ami, et qui se montre le digne élève du célèbre HEDWIG.

L'auteur avoit publié en 1797 une Muscologie complète, dans laquelle, après avoir donné une histoire des mousses, il rappelle l'opinion des différens botanistes qui ont précédé HEDWIG, et qui n'ont pas dédaigné de diriger leurs recherches et leurs observations sur cette intéressante partie de la science. Toutes les parties des mousses qui avoient échappé aux anciens botanistes, y sont décrites avec autant de clarté que de précision et d'élégance. Mais les découvertes d'un grand nombre de voyageurs ayant considérablement augmenté les connoissances acquises sur ces plantes, ainsi que le nombre des genres et des espèces, M. DE BRIDEL a cru devoir publier non-seulement un supplément, mais même un nouvel ouvrage, que l'on peut regarder comme ce qu'il y a de plus complet en ce genre.

Les mousses connues depuis LINNÉ, pour faire partie des plantes qu'il nomme cryptogames, constituent un ordre important dans l'aëthéogamie. Les productions végétales qui les précèdent dans l'ordre et la méthode naturels, sont les plus simples de toutes les plantes. L'organisation des mousses est plus compliquée; elles ont, s'il est permis de s'exprimer ainsi, un degré d'organisation de plus que les algues, dont les unes se présentent sous une forme glaireuse et mucilagineuse, les autres comme de simples filamens qui flottent dans les eaux, et d'autres en expansions foliacées, tantôt membraneuses tantôt coriaces, et n'offrant le plus souvent aucun des caractères

,

tères extérieurs qui constituent la majeure partie des végétaux. L'organisation des mousses est encore moins simple que celle des champignons, des lichens et même des hépatiques dans lesquelles on commence à trouver les indices d'une fructification mieux prononcée, et plus analogue à celle des autres végétaux que nous nommons plus parfaits. En effet on reconnoît dans les mousses, de vraies racines, une tige, des feuilles, des organes particuliers et distincts qui paroissent être ceux à l'aide desquels elles se régénèrent.

Mais les lieux sombres où d'ordinaire croissent ces sortes de plantes, la petitesse de leurs organes, la difficulté de les bien observer, et le temps de leur floraison peu favorable aux recherches et aux observations, sont cause que long-temps elles sont restées dans l'oubli, et dans un oubli d'autant plus profond qu'elles n'offrent à l'œil avide de l'homme, toujours empressé de jouir, ni utilité directe, puisqu'on ne s'étoit pas occupé d'en faire la recherche, ni aucun de ces agrémens propres à flatter ses goûts ou à satisfaire ses besoins. Ce n'est que depuis un demi-siècle que quelques savans, plus instruits par la réunion de leurs propres lumières à celles que leur ont transmises leurs prédécesseurs, et convaincus que toutes les productions sont égales aux yeux du scrutateur de la nature, et dignes de ses méditations et de ses recherches; que toutes enfin ont un but d'utilité réelle, ont entrepris de consacrer leurs veilles et leurs soins à l'étude de ces plantes. MICHELI et DILLENIUS avoient les premiers indiqué la route qu'il y avoit à suivre; LINNÉ avoit commencé à y pénétrer; HEDWIG l'a presque entièrement frayée; enfin, depuis plusieurs années, beaucoup d'autres botanistes, en suivant les traces d'HEDWIG, cherchent à aplanir cette route et à la rendre plus facile, même en lui donnant une plus grande étendue.

TOURNEFORT est le premier botaniste qui ait séparé les mousses des lichens avec lesquels ont les avoit confondues, et avec lesquels le vulgaire les confond encore aujourd'hui, en appelant mousses les différentes lichenacés qui couvrent le tronc des arbres. Ce botaniste français désigne les mousses comme des plantes privées de fleurs, mais portant un fruit caché sous une coiffe (calyptra).

D'après l'opinion de MICHELI, cet organe n'est plus un fruit, mais la partie male. Il trouve l'organe femelle dans les rosettes ou étoiles qui terminent quelques rameaux de plusieurs polytrichum, mnium, splachnum, etc. Ces rosettes sont ainsi

Tome LXVII. JUILLET an 1808,

C

1

formées par de petites feuilles écailleuses entre lesquelles sont contenus ou disséminés de petits corps glanduleux. MICHELI y a observé deux sortes d'organes: il croit que les uns sont encore des mâles et les autres des femelles. Les premiers de ces petits corps diffèrent dans plusieurs espèces de mousses, ce qui a donné lieu au botaniste italien d'avancer que dans les mousses on trouve cinq sortes de fleurs, qu'il décrit.

DILLENIUS, contemporain de MICHELI, ne paroît pas avoir adopté une opinion fixe sur la fructification des mousses. II pense que l'urne est l'organe mâle; et cependant, par une de ces erreurs que l'on ne peut expliquer, il la nomme capsule. Il en est à peu près de même des rameaux étoilés des polytrichum, des mnium, etc. Tantôt il les désigne comme des fleurs femelles, tantôt les petits corps glanduleux qui y sont contenus lui paroissent être des bourgeons pareils à ceux que l'on remarque sur quelques lys, la dentaire, la bistorte, etc. ayant la faculté de donner naissance à des individus semblables à ceux qui les ont produits.

LINNÉ, en cherchant à concilier ces diverses opinions, à les rapprocher de la nature et surtout de son système sexuel, a voulu écarter toutes ces contrariétés : il a vu dans l'urne la fleur måle ou l'organe fécondant, et dans les étoiles des polytri chum, etc., la fleur femelle contenant des graines.

Tel étoit l'état de cette partie négligée de la botanique, lorsqu HEDWIG, après de savantes, de longues et de nombreuses recherches, a publié son système entièrement opposé à celui adopté par LINNÉ. Une des questions les plus importantes à résoudre étoit de déterminer si dans les autres genres que les politrichum, les mnium, les splachnum, on trouve ou des rameaux étoilés, ou les analogues des petits corps glanduleux qui y sont contenus. En observateur éclairé HEDWIG a dirigé ses travaux vers ce point important. Toutes les mousses portent une urne que ses prédécesseurs et lui-même croient ètre une fleur unisexuelle; il lui paroissoit présumable que ces plantes fussent encore munies de l'autre organe, sans lequel elles ne pourroient pas se régénérer. A force de soins et d'observations il est parvenu à le reconnoître dans la majeure partie des mousses; d'où il conclut qu'il existe dans tous. Mais dans le cours de ses recherches il a recueilli des observations précieuses qui lui ont fait penser que l'urne, organe mâle, selon MICHELI, DILLENIUS et LINNÉ, est, ainsi que l'avoit pensé TOURNEFORT, une fleur femelle, et que les petits corps glan

« VorigeDoorgaan »