attiré en raison de la différence de ces deux forces, aura ses colonnes voisines du verre plus longues, et prendra une forme concave. On peut donc ajouter aux principes que nous avons fait connoître dans ce Mémoire, le suivant : Les fluides, eau, huile de térébenthine, huile d'olives, air, mercure, sont tellement ordonnés, que l'un quelconque se comporte comme s'il avoit plus d'affinité pour le verre que ceux qui le suivent, et moins que ceux qui le précèdent. On voit aussi que la convexité et la concavité de la surface des fluides au voisinage des corps solides qui y sont en partie plongés, ne peut servir de caractère distinctif, comme le supposent tous les auteurs modernes, des fluides qui mouillent ou ne mouillent point un corps quelconque, distinction au reste qui est inexacte, attendu que tous les corps solides sont susceptibles d'être mouillés par un fluide quelconque. Je terminerai par observer, ro que l'explication que j'ai donnée des phénomènes singuliers de la forme convexe ou concave que prend un fluide dans un tube capillaire, en la rapportant à la différence d'affinité du fluide pour la matière du tube, comparée à celle du fluide ambiant pour le même tube, est neuve et me paroît mériter l'attention des physiciens ; 2o que la classification que j'ai établie des différens fluides relativement à leur degré d'affinité pour le verre, à peu près comme j'ai classé autrefois les métaux d'après leur plus ou moins grande affinité pour le fluide électrique (1), ouvre un vaste champ d'expériences qui peuvent un jour jouer un rôle important dans la statique et la dynamique chimiques. (1) Voyez le Journal de Physique du mois de pluviose an 9, tome 52. EXPOSITION DU SYSTÈME DU MONDE, PAR M. LAPLACE, Chancelier du Sénat-Conservateur, Grand-Officier de la Légion d'Honneur, Membre de l'Institut, et du Bureau des Longitudes de France, des Sociétés Royales de Londres et de Gottingue, des Académies des Sciences de Russie, de Danemarck, de Suède, d'Italie, etc. Troisième Edition revue, augmentée par l'Auteur. 1 vol. in-4°, avec le portrait de l'Auteur. Prix, 15 fr.; 2 vol. in-8°, 14 fr. A Paris, chez COURCIER, Imprimeur - Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, no 57. SECOND EXTRAIT (1). « DE toutes les sciences naturelles, dit l'auteur, l'astronomie >> est celle qui présente le plus long enchaînement des décou>> vertes... L'exposition de ces découvertes, et de la manière > la plus simple dont elles ont pu naître et se succéder, aura > le double avantage d'offrir un grand ensemble de vérités im> portantes, et la vraie méthode qu'il faut suivre dans la >> la recherche des lois de la nature. C'est l'objet que je me suis >> proposé dans cet ouvrage. NEWTON fit voir qu'on pouvoit expliquer tous lesphénomènes que présentent les mouvemens des astres par les lois de l'attraction, c'est-à-dire en supposant que tous les corps s'attiroient en raison des masses, et de l'inverse des quarrés des distances. Mais il n'eut principalement égard qu'à l'attraction du Soleil sur les planètes. (1) Le premier a été inséré tome 66, page 265. : Les géomètres et les astronomes qui ont succédé à ce grand homme, ont reconnu qu'il ne falloit pas négliger l'attraction que les planètes exercent les unes sur les autres : ce qui produit dans leurs mouvemens des changemens assez considérables, qu'on a appelés perturbations. C'est dans ces derniers temps qu'on s'est plus particulièrement occupé de calculer ces perturbations. Ces calculs ont beaucoup perfectionné la théorie des mouvemens des corps célestes. Les observateurs ont de leur côté fait les découvertes les plus précieuses. L'astronomie enrichie d'un si grand nombre de travaux, se présente aujourd'hui sous une face toute nouvelle. Laplace a entrepris de réunir dans sa Mécanique Céleste, et dans son Exposition du Système du Monde, l'ensemble de tous ces travaux intéressans, et d'en offrir les résultats, tels qu'ils sont admis actuellement par les astronomes. Mon but principal dans la rédaction du Journal de Physique, a toujours été d'en tenir les lecteurs au courant des progrès des sciences naturelles. Ils verront donc avec plaisir un extrait du savant Ouvrage que nous annonçons. L'auteur adopte la division décimale de l'angle droit (c'està-dire en cent degrés) et du jour, dont il fixe l'origine à minuit. Il rapporte les mesures linéaires à la longueur du mètre, et les températures au thermomètre à mercure divisé en cent degrés, depuis la glace fondante jusques à l'eau bouillante, sous une pression équivalente à celle d'une colonne de mercure de soixante - seize centimètres de hauteur, à zero de température. DU SOLEIL. Le Soleil est un corps très-considérable, qui régit tout notre système planétaire. Il paroît se mouvoir dans un orbe que l'on nomme écliptique. Son volume est environ quatorze cent mille fois (1384472) plus considérable que celui du globe terrestre. Sa masse n'est néanmoins que 337086 fois plus considérable que celui du même globe terrestre. D'où on a conclu que sa densité est environ quatre fois moins considérable que celle du même globe. Bouguer 1 Bouguer, par des observations très-délicates, a conclu que la lumière du Soleil est plus vive au milieu du disque, que sur ses bords. Ce phénomène paroît dépendre de l'atmosphère solaire, parce que les rayons solaires du bord du disque traversent une plus grande épaisseur de cette atmosphère, et s'y éteignent en partie. 1 LAPLACE en tire la conséquence, que le Soleil sans son atmosphère nous paroîtroit douze fois plus radieux. Le Soleil lui paroît un corps enflammé. Le disque solaire est souvent couvert de taches. On a vu de ces taches dont la largeur égaloit quatre à cinq fois celle de la Terre. L'observation de ces taches a fait voir que le Soleil avoit un mouvement de rotation sur son axe: la durée d'une révolution entière du Soleil est d'environ vingt-cinq jours et demi. On en doit conclure que le Soleil est aplati vers ses pôles. L'équateur solaire est incliné de huit degrés un tiers au plan de l'ecliptique. Le Soleil paroît avoir un mouvement particulier qui l'emporte vers la constellation d'Hercule. Ce mouvement change en épicycloïdes les ellipses des planètes et des comètes qui se meuvent autour du Soleil. Tous les autres mouvemens du Soleil ne sont qu'apparens: ils appartiennent à la Terre. DE L'ATMOSPHÈRE DU SOLEIL. Le Soleil a une atmosphère dont on ne connoît pas l'étendue. Elle ne peut pas s'étendre jusqu'à l'orbe de Mercure, dit l'auteur, parce qu'elle opposeroit au mouvement de cette planète une résistance qui en changeroit bientôt la nature. La figure de cette atmosphère doit être un ellipsoïde trèsrelevé à l'équateur. L'auteur pense que le rapport de l'axe à un diamètre de l'équateur ne peut pas être plus grand que de 2 à 3. Nous avons déjà vu que l'auteur suppose que l'atmosphère solaire a pu dans les commencemens s'étendre au-delà des orbites actuelles des planètes les plus éloignées, et ensuite se condenser à différentes périodes. «On peut conjecturer, dit-il, que les > planètes ont été formées aux limites successives de cette Aa Tome LXVII. SEPTEMBRE an 1808. ▸ atmosphère, par la condensation des zones qu'elle a dú aban>> donner dans le plan de son équateur, en se refroidissant, et » se condensant à la surface de cet astre... » (Voyez le premier extrait de cet ouvrage, tome 66 de ce Journal, p. 265.) DES PLANÈTES. Les planètes sont des corps à peu près sphériques, plus ou moins volumineux, et entièrement opaques; elles circulent dans des orbes elliptiques autour du Soleil, qui en occupe un des foyers; mais leurs mouvemens sont troublés par l'action mutuelle qu'elles exercent les unes sur les autres; ce qu'on appelle perturbations. 1 On trouvera tous les élémens des mouvemens de ces planètes dans les tableaux suivans. On connoît actuellement onze planètes, Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Vesta, Pallas, Junon, Cérès, Jupiter, Saturne et Uranus. DE MERCURE. MERCURE est la planète qui est la plus proche du Soleil. Il ne s'en éloigne jamais au-delà de 32 degrés. Sa distance moyenne au Soleil, celle de la Terre au même Soleil étant supposée 10,000,000, est o. 3870981. La masse de Mercure est posée 1. La grandeur moyenne du diamètre de Mercure est 21", 5. DE VENUS. Vinus est la planète la moins éloignée du Soleil après Mercure. Sa distance moyenne au Soleil (celle de la Terre étant supposée 10,000,000) est égale o. 7233325. 1 La masse de Vénus (celle du Soleil étant un) est 356632 |