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l'oxigène se combine avec une substance végétale jusqu'à saturation, elle devient blanche ou jaune-clair; quand on lui enlève l'oxigène, elle se colore et ressemble au charbon. La couleur brune et noire des végétaux ligneux ne paroît pas être duc, comme M. Berthollet le suppose, aux effets de l'oxigène atmosphérique; on pourroit plutôt la considérer comme une suite de désoxidation par la lumière. MM. Berthollet et Humboldt ont remarqué que les boisblancs exposés au gaz oxigène sous] une cloche, se noircissoient. J'ai fait les mêmes expériences avec le gaz muriatique oxigéné, et je trouvai que le bois et les écorces noircis, qui étoient enfouis long-temps dans le sein de la terre, devenoient parfaitement blancs sous la cloche. Néanmoins je n'ose pas contester les expériences de ces célèbres physiciens, quoique d'après l'analogie je serois tenté de croire que sous une température qui ne surpasse pas celle de l'ébullition de l'eau, la décomposition des bois blancs et des écorces ne peut pas avoir lieu.

Voici les expériences qui ont paru prouver que l'oxigène est la cause qui décolore les extraits, et non pas celle qui lui communique la couleur brune.

1o. Quand on fait infuser dans l'eau une racine ou une écorce quelconque contenant de l'extractif, et qu'on expose le liquide à une température de 20 à 30°, à l'abri de la lumière et de l'air, on observe que l'infusion est plus ou moins brune. La même chose arrive quand on emploie l'écorce extérieure d'une plante ligneuse fraiche, avec la différence que ces infusions sont moins colorées.

2o. Une infusion d'un végétal, traitée à l'abri de la lumière par le gaz muriatique oxigéné, devient plus brune, comme cela a lieu dans l'infusion de quinquina, mais bientôt après toute la couleur disparoît.

3. Lorsqu'on fait passer du gaz muriatique oxigéné dans une infusion de gentiana lutea, sa couleur disparoit, et il se précipite une poudre blanche. Cette poudre qui est insoluble dans l'eau et dans l'alun, se dissout dans les alkalis et forme une liqueur brune. La poudre paroît être l'extractif très-oxidé. L'infusion avoit acquis une couleur blanche, et ne possédoit plus d'amertume.

Je fis passer un courant de gaz muriatique oxigéné à travers une infusion peu colorée de quinquina, elle fut d'abord colorée en jaune; alors il se formoit un précipité d'un

rouge

rouge-brunâtre. Un excès de gaz le décolore et le redissout en partie. Le précipité blanc insoluble dans le gaz, est composé d'une petite quantité de gallate de chaux combiné avec 'extractif oxigéné.

4°. M. Fourcroy dit que l'extractif, tel qu'il se trouve dans le suc, ne contient pas de l'oxigène, et dans cet état il se dissout dans l'eau qui donne la propriété d'absorber l'oxigène de l'atmosphère. M. Fourcroy a généralisé cette opinion, et M. Vauquelin attribue même la couleur noire des extraits pharmaceutiques à l'oxidation de l'extractif; il a de plus l'opinion que les sucs blancs se décolorent par l'absorption de l'oxigène.

Conséquences.

a. L'extractif proprement dit, en état pur, a beaucoup de rapport avec le carbone.

b. Les sucs d'une plante vivante contiennent l'extractif oxigéné au maximum; c'est pourquoi ils ne peuvent jamais absorber du gaz oxigéné.

c. Dans les bois, écorces et racines desséchées, l'extractif se trouve dans un état désoxidé: alors, quand on le met en contact avec l'eau, il acquiert la propriété d'absorber de l'oxigène, se colorer et de former avec lui des combinaisons insolubles.

d. L'influence de la lumière et du calorique sur l'extractif est très-remarquable; une température de 25o à 30° y opère une désoxidation; et le carbone, auparavant plus saturé par l'oxigène, paroît à présent comme un oxide de carbone.

e. La couleur noire des extraits pharmaceutiques ne provient pas d'une oxidation de l'extractif; celui-ci s'y trouve plutôt dans un état désoxidé.

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RAPPORT

DE LA SECTION DE CHIMIE DE L'INSTITUT,

SUR LE DERNIER MEMOIRE

DE M. CURAUDAU,

AYANT POUR TITRE :

EXPERIENCES

Qui confirment la décomposition du soufre, celle de la potasse et de la soude; suivies d'un procédé à la faveur duquel on peut fabriquer du phosphore avec des substances qui n'en contiennent que les élémens.

M. DEYEUX, Rapporteur.

EXTRAIT.

APRÈS avoir exposé dans un préambule, combien il est utile aux progrès de la science chimique de se livrer à de nouvelles recherches tendantes à éclaircir beaucoup de difficultés qui se présentent journellement, lorsqu'il s'agit de rendre raison des différens phénomènes chimiques, l'auteur passe à l'exposition des expériences qui font l'objet de son Mémoire, et comme elles diffèrent entre elles par la nature et l'état des substances mises en jeu, il les divise en séries, afin d'établir de l'ordre, et aussi pour confondre les résultats de chaque expérience.

La première série comprend trois expériences, dont les deux premières, suivant M. Curaudau, prouvent que si on ne décompose pas le soufre immédiatement, on peut au moins opérer sa décomposition, en faisant entrer ses élémens dans la composition d'un corps destructible.

La troisième expérience a pour objet de prouver que le soufre qui résulte de la décomposition d'un sulfate par le charbon, n'est pas pourvu, pendant la calcination de toutes les propriétés qu'il avoit avant sa conversion en acide.

Dans la seconde série, l'auteur traite des expériences relatives à la potasse et à la soude, lesquelles, suivant lui, semblent prouver que ces deux alkalis sont destructibles.

Enfin les expériences rapportées dans la quatrième série, tendent à démontrer que le phosphore, le fer et la chaux ne sont pas des corps simples, et qu'on peut les fabriquer avec des substances qui n'en contiennent que les élémens.

On voit par le simple exposé qui vient d'être présenté, combien il étoit important de s'assurer de l'exactitude des faits et des expériences annoncées par M. Curaudau; aussi la Section de Chimie arrêta-t-elle que les expériences seroient répétées, et que pour plus grande commodité on choisiroit le laboratoire de chimie de l'Ecole de Médecine.

Nous croirions abuser des momens de la Classe, si nous lui faisions part des précautions qui ont été prises pour que toutes les expériences de M. Curaudau fussent suivies avec exactitude. Il suffira seulement de dire que quelquesunes d'elles ayant été répétées jusqu'à quatre fois, sans avoir pu obtenir les résultats annoncés par l'auteur, on prit le parti de l'inviter à se transporter dans le laboratoire de l'Ecole de Médecine, afin qu'en sa présence on pût opérer, et savoir si les procédés qu'on se proposoit d'employer étoient bien ceux qu'il falloit suivre.

M. Curaudau s'étant rendu à cette invitation, on choisit parmi les expériences qu'il s'agissoit de répéter, celle qui paroissoit la plus capitale. Elle avoit pour objet de fabri quer du phosphore, de la chaux et du fer avec des substances qui, suivant M. Curaudau, ne contenoient que les élémens de ces trois matières. Ces substances étoient le soufre, la potasse et le charbon de corne. Toutes furent présentées à M. Curaudau, et reconnues par lui pour être de bonne qualité. Le soin de l'opération lui ayant ensuite été confié, il la suivit avec beaucoup de persévérance pendant près de deux heures, au bout duquel temps, n'ayant pas obtenu les produits qu'il espéroit, il déclara qu'il présumoit que son défaut de succès dépendoit de ce que le fourneau dont on se servoit ne donnait pas autant de chaleur que le Kkka

sien, qu'en conséquence il demandoit à répéter encore l'expérience dans son laboratoire avec un fourneau, au moyen duquel il avoit toujours réussi à obtenir les produits indiqués dans son Mémoire.

Voulant satisfaire à cette demande, un de nous se rendit le lendemain dans le laboratoire de M. Curaudau, accompagné de M. Baruelle, chef des travaux du laboratoire de chimie de l'Ecole de Médecine, à qui les détails des autres expé-riences avoient été précédemment confiés, et qui les avoit suivies et exécutées avec ce zèle, cette patience, et surtout cette intelligence que lui connoissent tous ceux qui sont à portée de le voir journellement opérer. M. Curaudau ayant disposé ses appareils, nous lui remimes les quantités requises de charbon de corne, de potasse et de soufre que nous avions apportées, et après qu'il eut reconnu que ces matières étoient de même qualité que celles que dans une autre circonstance il avoit jugées bonnes, nous lui abandonnâmes le reste de l'opération, qui cette fois encore n'eut pas plus de succès que celles faites la veille à l'Ecole de Médecine.

Enfin, pour dernière expérience, nous consentimes qu'er notre présence M. Curaudau se servit de matières qu'il disoit avoir préparées lui-même et avec lesquelles il assuroit n'avoir jamais manqué de réussir.

En effet nous ne fûmes pas peu surpris, une demi-heure tout au plus après que le feu eut été mis sous la cornue, de voir sortir beaucoup de gaz phosphorescent, et surtout du phosphore combiné avec moitié à peu près de soufre, que nous recueillimes, en lui présentant un vase rempli d'eau; l'examen que nous fimes ensuite du résidu de la distillation nous prouva que ce résidu contenoit de la chaux et du fer, et en général des produits semblables à ceux que M. Cu-raudau avoit annoncés.

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Une différence aussi marquée entre ces produits et ceux obtenus avec les matières que nous avions préparées, en suivant les précautions indiquées par M. Curaudau, commencèrent à nous faire soupçonner que le charbon animal dont M. Curaudau venoit de se servir n'étoit pas semblable au nôtre. Pour nous en assurer, nous procédâmes à l'analyse de ce charbon, et nous ne tardâmes pas à reconnoître que ce que nous avions soupçonné existoit réellement. Il sera facile d'en juger lorsqu'on saura que 100-grammes du

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