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DE PHYSIQUE,

DE CHIMIE

ET D'HISTOIRE NATURELLE.

JUILLET AN 1808.

RECHERCHES

SUR les moyens de connoître les proportions d'acide et de potasse qui entrent dans la composition du sulfate d'alumine et dans celle du sulfate, du nitrate et du muriate de potasse;

Lues à l'Institut impérial de France, le lundi 4 avril 1808; PAR M. CURAUDAU, Professeur de Chimie applicable aux Arts, et membre de plusieurs Sociétés savantes.

EN me livrant aux recherches qui font l'objet de ce Mémoire, je n'ai point prétendu vérifier les expériences des chimistes justement célèbres qui se sont occupés de fixer les quantités d'acide et de base qui entrent dans la composition du sulfate de potasse: seulement j'ai voulu connoître pourquoi les résultats annuels de la fabrique d'alun que j'ai établie à Vaugirard, ne cadroient pas, à beaucoup près, ni avec la quantité d'acide, ni avec celle de potasse que différentes analyses ont indiqué étre contenue soit dans le sulfate de potasse, soit dans l'alun. Par exemple, lorsqu'au lieu de 31 parties d'acide, qui est la quantité Tome LXVII. JUILLET an 1808.

A

désignée comme devant entrer dans la composition de 100 parties d'alun, il en faut au contraire de 43 à 44, et qu'au lieu de 10 parties de potasse, 100 d'alun en exigeoient 15, certainement une telle augmentation dans l'emploi des matières premières dut fixer toute mon attention et m'engager à connoître la cause qui pouvoit établir une aussi grande différence entre l'analyse et les résultats d'une forte fabrication. Je soupçonnai d'abord, que le surplus de l'acide et de la potasse que j'employois, entroit dans la composition du sulfate d'alumine insoJuble qui, suivant la remarque que j'en avois faite, se formoit quelquefois. J'inclinai même assez long-temps vers cette opinion, plutôt que de croire que la quantité d'acide et de potasse qui entre dans la composition de l'alun dût être plus considérable qu'elle n'avoit été fixée par différentes analyses et sur l'exactitude desquelles j'avois toujours compté.

Cependant, en admettant l'hypothèse de la formation constante du sulfate d'alumine insoluble, je ne dus pas rester indifférent sur la perte de cette substance; je dus au contraire m'assurer des moyens qui pourroient empêcher l'alun de passer à cet état d'insolubilité. Aussi dès que j'eus acquis la certitude que toute la quantité d'acide et de potasse employée entroit dans la composition de l'alun que je fabriquois, me fut-il démontré que mes premières observations avoient été bien faites.

Mais comme il ne me suffisoit pas d'être seul convaincu de ce qui pouvoit être favorable à mes observations, il me restoit encore à constater, par des expériences directes et surtout faciles à répéter, combien il entre d'acide et de potasse dans la composition de l'alun. Il falloit aussi que je m'assurasse si les quantités d'acide et de base contenues dans le sulfate de potasse s'y trouvoient dans les proportions reconnues. Enfin, pour que mes expériences ne pussent être soupçonnées de la moindre inexactitude, il devint encore nécessaire que je préparasse du sulfate d'alumine très-pur, circonstance qui m'a mis à même d'obtenir ce sulfate très-régulièrement cristallisé, état dans lequel on n'a point encore connu cette substance saline, puisqu'au contraire sa dissolution concentrée ne donne que des cristaux lamelleux, micacés et toujours d'une forme irrégulière. J'ai eu l'honneur de faire voir des cristaux de ce sulfate d'alumine à plusieurs membres de la Classe, et particulièrement à M. Haüy, qui a bien voulu me témoigner l'intérêt qu'il mettroit à réunir à ses précieuses collections un` échantillon de ce sulfate.

Dans une Notice que j'aurai l'honneur de communiquer à la Classe, je ferai connoître les propriétés physiques de cette substance saline, ainsi que les moyens et les conditions qui peuvent en favoriser la cristallisation.

Lorsque j'eus à ma disposition une certaine quantité de ce sulfate, il me fut facile de connoître d'une manière rigoureuse les proportions de potasse et d'acide qui entrent dans tous les sels à base de potasse. Je me suis assuré aussi que ce sulfate d'alumine est un réactif très-puissant et très-sûr pour déterminer la quantité de potasse contenue dans les végétaux soit avant, soit après leur incinération. J'ai déjà entrepris sur cet objet plusieurs expériences qui compléteront un autre travail que je me propose d'avoir l'honneur de soumettre à l'examen de la Classe.

Pour revenir à l'analyse, ou plutôt à la synthèse qui fait le sujet de ce Mémoire, voici quelles ont été les expériences que j'ai faites pour déterminer les quantités respectives d'acide et de base qui entrent dans la composition de l'alun et dans celle du sulfate, du nitrate et du muriate de potasse.

Lère EXPÉRIENCE.

Dans 850 grammes de dissolution de sulfate d'alumine à 34°, la température étant à 10 degrés centigrades, je fis dissoudre à chaud 100 grammes de sulfate de potasse. Après le refroidissement de la liqueur, j'en obtins 502 grammes d'alun trèspur. Ayant ensuite soumis à l'évaporation l'eau mère restante, j'en retirai 18 grammes d'alun; enfin une troisième évaporation et cristallisation m'en fournit encore 4 grammes. Le reste de la liqueur ne donnant plus de cristaux, je le mêlai avec 25 grammes de la dissolution de sulfate d'alumine ci-dessus, afin de juger si j'avois obtenu tout l'alun que pouvoient produire 100 grammes de sulfate de potasse. Le mélange n'ayant Occasionné qu'un léger précipité d'alun, j'en conclus que la totalité de ce dernier sulfate étoit entré dans la composition des 524 grammes d'alun que j'avois obtenus.

II EXPÉRIENCE.

Dans l'hypothèse où le sulfate de potasse contenoit 62 pour 100 de potasse, je saturai 62 grammes de potasse purifiée à l'alcohol avec 48 grammes d'acide sulfurique à 66°; je mélai ensuite ce sulfate avec 850 grammes de dissolution de sultate d'alumine

à 34°, et pour le reste de l'opération je me conduisis de la même manière que dans l'expérience précédente.

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Mais quelle fut ma surprise, lorsque réunissant tous les duits d'alun obtenus, il ne s'en trouva que 408 grammes au lieu de 524 que m'avoit fournis la première expérience! Les résultats comparatifs de ces deux expériences, et que je variai d'après des quantités alternativement plus ou moins grandes de sulfate de potasse et de sulfate d'alumine, me démontrèrent donc que les proportions de potasse et d'acide contenues dans le sulfate de potasse, étoient bien différentes de celles qu'on avoit fixées jusqu'alors. En effet connoissant ce que 100 grammes de sulfate de potasse donnent d'alun, et combien on en peut obtenir avec une quantité donnée de potasse saturée ensuite d'acide, il me fut facile, en comparant les résultats de ces deux expériences, d'établir par le calcul les proportions respectives d'acide et de base qui entrent dans la composition soit du sulfate de potasse, soit de l'alun.

Par exemple, puisque j'avois obtenu avec 100 grammes de sulfate de potasse 524 grammes d'alun, et qu'au contraire 62 grammes de potasse ne m'en avoient donné que 408, je dus en conclure que la potasse contenue dans 100 parties de sulfate de potasse devoit en faire les du poids; mais réfléchissant, d'une part, que cette quantité de potasse étoit beaucoup plus considérable que celle qu'on admettoit dans le sulfate de potasse, et de l'autre, que l'acide ne pouvoit perdre que les de son poids dans cette combinaison, je dus dès-lors soupçonner que la potasse contribuoit à cette perte dans une proportion quelconque, et chercher, d'après cela, les moyens de déterminer la quantité d'eau qu'elle pouvoit contenir. Aussi fis-je sur cet objet un très-grand nombre d'expériences, et du résultat desquelles j'ai d'autant plus lieu de me féliciter, que la question qu'il s'agissoit de résoudre est des plus importantes, puisqu'aujourd'hui même, tout en convenant que la potasse purifiée à l'alcohol contient de l'eau, on n'est pas encore d'accord sur la quantité; car M. Bertholet, d'après les expériences qu'il a faites tout récemment, y en admet 15 pour 100, tandis que M. Darcet, d'après les siennes, y en a trouvé le double.

J'ai donc cru qu'en faisant connoître le travail que j'avois entrepris sur cet objet, dans d'autres vues il est vrai, le résultat de mes expériences pourroit être, dans la circonstance actuelle, de quelque utilité pour la science.

En effet connoissant par la synthèse les quantités de potasse

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